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Subventionner les aliments sains pour lutter contre l'obésité
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13 octobre 2005 10:08


Faut-il "subventionner" les aliments "bons pour la santé" ­ comme les fruits et légumes ­ pour rendre leurs prix compétitifs et favoriser ainsi leur consommation ? Cette proposition inédite est l'une des pistes avancées par l'Institut de la santé et de la recherche médicale (Inserm) dans son étude consacrée "à la prévention et à la prise en charge de l'obésité".



Commandé par l'Office parlementaire d'évaluation des politiques de santé (Opeps) et présenté, mercredi 12 octobre, ce rapport se penche sur les "déterminants économiques" du développement de l'obésité, une "épidémie", selon celui-ci, qui ne cesse de progresser en France, comme dans la plupart des pays occidentaux. Entre 1998 et 2003, sa prévalence est passée de 8 % à 11 % chez les adultes et de 2 % à 4 % chez les moins de 15 ans. Le surpoids t ouche désormais 30 % des adultes et 16 % des enfants et des adolescents.

Si cette progression est "multifactorielle" (changement de mode de vie, sédentarité, etc.), l'offre alimentaire a considérablement évolué, et les consommateurs vivent dans un environnement "nutritif" favorisant la prise de poids. Ainsi, constate l'Inserm, la plus grande disponibilité d'aliments prêts à consommer s'est accompagnée d'une baisse des prix e n faveur des produits caloriques.


"SIGNAL POSITIF"


En résumé, plus on mange gras ou sucré, moins on mange cher, les prix étant devenus "inversement proportionnels à la densité calorique". Il n'est pas étonnant, dans ces conditions, que la fréquence de l'obésité varie en fonction du niveau socio-économique des familles. Ainsi, rappelle l'étude, "le surpoids touche 7 % des enfants de cadres et professions libérales contre 25 % des enfants de chômeurs".

Pour tenter d'adapter l'offre alimentaire aux objectifs de santé publique, dix-huit Etats américains ont choisi de taxer les produits trop caloriques ( "fat tax"winking smiley. Pour éviter "les problèmes d'équité et d'efficacité" posés par cette taxe, l'Inserm avance l'idée d'une subvention des aliments à faible densité énergétique et à forte valeur diététique afin qu'ils soient plus facilement accessibles aux ménages modestes.

"La mise en place de ce type de fiscalité aurait un effet de signal positif, attirant l'attention des producteurs et des consommateurs à la fois sur les effets de la composition de leur alimentation sur leur santé et sur la détermination des pouvoirs publics à conduire une politique volontaire dans ce domaine", souligne l'Inserm.

Le rapport insiste aussi sur la nécessité d'un étiquetage nutritionnel clair, complet et visible. "Aucun argument de principe ne s'oppose à la mise en oeuvre de l'information nutritionnelle obligatoire dans la mesure où l'information est une condition nécessaire à l'exercice du libre choix", précise l'étude. Le Parlement européen n'est pas parvenu à réglementer clairement les allégations nutritionnelles et de santé sur les emballages alimentaires ( Le Monde des 30 avril et 26 mai).

Lancé en janvier 2001, le programme national nutrition santé (PNNS) avait notamment pour objectif de réduire de 20 % la prévalence du surpoids et de l'obésité chez les adultes et de stopper son augmentation chez les enfants. Le compte n'y est pas. L'Opeps estime qu'il serait "justifié de rattacher ce programme directement au premier ministre" et d'en faire une "cause nationale" , estimant que le ministère de la santé ne peut pas être le seul moteur face à cet enjeu de santé publique.

LE MONDE | 12.10.05 |

Sandrine Blanchard
Article paru dans l'édition du 13.10.05
 
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