MOGADISCIO, 21 avr 2006 (AFP) - Somalie: les islamistes déclarent la guerre sainte contre des chefs de guerre
Les tribunaux islamiques, puissants dans la capitale somalienne Mogadiscio, ont déclaré vendredi la "guerre sainte" contre une alliance politique somalienne qui affirme s'opposer au terrorisme et à l'extrémisme islamique et serait soutenue par les Etats-Unis.
"Il est temps de combattre les éléments impies qui sabotent les efforts de paix et servent les intérêts des non-Somaliens qui ne pourraient pas s'intéresser moins à notre bien-être, notre culture et notre religion", a lancé un imam Sheikh Nur Ollow, membre des tribunaux islamiques.
Il s'exprimait lors d'une manifestation dans le sud de Mogadiscio, organisée après les prières du vendredi et à laquelle participaient des centaines de personnes.
"Il est temps d'aider ceux qui veulent la paix et l'harmonie parmi les Somaliens et ceux qui veulent les enseignements d'Allah", a-t-il ajouté.
"Nous ne serons pas gouvernés par quelques chefs de guerre financés par l'ennemi de l'islam", a-t-il prévenu.
Un second chef religieux, lui aussi affilié aux tribunaux islamiques, Sheikh Mohamed Ibrahim Sulley, lui a emboîté le pas.
"Comme il est dit dans le Coran, la lutte contre ceux qui font la promotion des combats contre l'islam est une guerre sainte", a-t-il lancé. "Toute guerre contre les chefs de guerre est une guerre sainte et un sacrifice au nom d'Allah", a-t-il ajouté.
"Eliminons ces seigneurs de guerre et mettons en place une administration pacifique qui a le soutien de la grande majorité de la population à Mogadiscio", a-t-il encore dit, encourageant la foule à chanter des slogans anti-américains et contre les chefs de guerre.
"A bas les agents de l'Amérique et à bas les agents qui encouragent les enseignements sataniques", ont-il lancé, selon un correspondant de l'AFP.
Ces déclarations étaient clairement dirigées contre le parti de l'Alliance pour la restauration de la paix et contre le terrorisme" (ARPCT), une coalition de chefs de guerre et de ministres du gouvernement de transition créée le mois dernier. L'ARPCT, qui affirme s'opposer au terrorisme et à l'extrémisme islamique, serait soutenue par les Etats-Unis, selon des sources diplomatiques.
Il existe une lutte d'influence à Mogadiscio entre les tribunaux islamiques, qui montent en puissance, et les chefs de guerre traditionnels, qui contrôlent des quartiers de la capitale.
Les miliciens des tribunaux islamiques et ceux de l'ARPCT se sont affrontés en février et mars à Mogadiscio, faisant au moins 85 morts. Depuis début avril, aucun accrochage sérieux n'a été signalé entre les deux camps, mais les chefs coutumiers n'ont pu leur faire signer un accord de cessez-le-feu.
Cette semaine, plusieurs centaines de familles ont commencé à fuir leur maison à Mogadiscio, craignant des combats imminents, selon des habitants.
On compte à Mogadiscio une douzaine de tribunaux islamiques, qui veulent faire appliquer la charia et utilisent des miliciens pour imposer leur loi, alors qu'il n'existe pas d'autre système juridique dans la capitale.
La Somalie, pays pauvre de la Corne de l'Afrique, est en guerre civile depuis 1991.
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