JERUSALEM (Reuters) - Ariel Sharon a fait tester ces derniers mois auprès des Etats-Unis et de l'Union européenne un plan de règlement bien plus ambitieux que son projet de retrait de Gaza rejeté dimanche dernier par son propre parti, le Likoud, rapporte aujoud'hui le journal Yedioth Ahronoth, dont l'article a été confirmé de source politique à Jérusalem.
Le Premier ministre israélien avait chargé de cette tâche Giora Eiland, le président de son conseil national de sécurité, mais on ignore encore s'il parraine personnellement ce plan ambitieux qui prévoit un retrait total de Gaza mais aussi de 89% de la Cisjordanie.
Interrogé par Radio-Israël, Eiland, a laissé entendre que la version révisée du plan Sharon s'inspirerait de ses propres propositions, en affirmant qu'elle serait "d'une plus grande portée" que celle rejetée par le Likoud. "Nous devons travailler à une solution plus générale", a-t-il ajouté.
Soumis notamment dans ses grandes lignes à la conseillère de George Bush à la sécurité nationale, Condoleeza Rice, ainsi qu'au ministre allemand des Affaires étrangères Joschka Fischer, le plan Eiland évoque des échanges de territoires et une "mise sous surveillance" par l'Egypte et la Jordanie des territoires palestiniens évacués, indique le Yedioth Ahronoth.
L'article du journal ne précise pas clairement si un Etat Palestinien sera créé à ce stade, mais, fait nouveau, ce plan serait présenté comme une initiative européenne acceptée par Israël et ratifiée lors d'une conférence internationale organisée par l'Egypte avec la participation, outre de l'UE, des Etats-Unis et de la Russie.
UN PLAN AMENDABLE
Voici, toujours selon le journal le plus lu d'Israël, les principaux points du plan:
- Israël se retire de toute la bande de Gaza et en évacue la totalité des 7.500 colons juifs.
- Les Palestiniens obtiennent 89% de la Cisjordanie, le reste, comprenant les grandes colonies juives, restant aux mains d'Israël (Le territoire cisjordanien restitué va bien au-delà que tout ce que Sharon s'est montré jusqu'à présent disposé à céder).
- L'Egypte donne aux Palestiniens une bande frontalière de son Sinaï d'une surface de 600 km2 pour "décongestionner" la bande de Gaza, un des territoires au monde les plus densément peuplés.
- L'Egypte reçoit 200 km2 de territoire dans le sud d'Israël et un tunnel est construit pour relier cette enclave à la Jordanie.
- L'accord est signé en Egypte lors d'une conférence internationale en présence des dirigeants des Etats-Unis, de l'UE et de Russie.
Un responsable israélien a précisé que le plan d'Eiland, que le dirigeant palestinien Saëb Erekat a présenté comme une diversion israélienne pour ne pas appliquer la feuille de route internationale, est susceptible d'être amendé.
POUR UNE "DIMENSION INTERNATIONALE" AU PLAN SHARON
Le "quartet" des médiateurs internationaux auteurs de la feuille de route - USA, UE, Onu et Russie - s'est réuni mardi aux Nations unies et a présenté le plan de retrait de Gaza comme une "précieuse occasion", nonobstant son rejet par le Likoud.
Le secrétaire général de l'Onu Kofi Annan, prenant la parole au nom des quatre, a déclaré à cette occasion: "Nous avons accueilli positivement l'intention affichée par le Premier ministre Sharon de se retirer de toutes les colonies de la bande de Gaza et d'une partie de celles de Cisjordanie. Cela devrait fournir une occasion précieuse dans la recherche de la paix au Proche-Orient."
Mais Annan a précisé que, pour le "quartet", "aucune partie ne doit prendre des mesures unilatérales dans le but de déterminer à l'avance le règlement de problèmes qui doivent être abordés dans le cadre de négociations, et faire l'objet d'un accord des deux parties".
De source proche de l'Onu, on indiquait que le "quartet" était d'avis que "l'initiative unilatérale de Sharon devait servir de tremplin" pour aller plus loin. "Les Américains font pression sur Sharon pour qu'il lui donne une dimension internationale", ajoutait-on.
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Proche-Orient: Sharon prépare un nouveau plan, 2 Palestiniens tués
JERUSALEM (AFP) - Le Premier ministre israélien Ariel Sharon a annoncé aujoud'hui à un cabinet divisé qu'il lui présenterait un nouveau plan de séparation d'avec les Palestiniens d'ici trois semaines, après le rejet du projet initial par son parti, le Likoud.
Sur le terrain, au moins deux Palestiniens ont été tués ce soir dans les territoires palestiniens.
Au moins un Palestinien a été tué lors d'une fusillade survenue durant une cérémonie religieuse organisée par 300 colons près du bloc de colonies juives du Goush Katif, dans la bande de Gaza, selon un porte-parole militaire israélien.
L'accrochage s'est produit quand l'armée israélienne a tiré un obus de char contre deux Palestiniens qui avaient ouvert le feu à l'arme automatique contre les fidèles venus prier sur le lieu d'un attentat perpétré le 2 mai qui a coûté la vie à une femme colon et à ses quatre fillettes.
"Le corps de l'un des Palestiniens, déguisé en femme, a ensuite été retrouvé (...) L'armée ratisse le secteur pour essayer de retrouver le corps du second Palestinien apparemment touché par les tirs", a affirmé le porte-parole.
Un deuxième Palestinien a été tué dimanche soir par des soldats israéliens à Abou Dis, en Cisjordanie, a-t-on appris de source hospitalière.
Ces décès portent à 3.976 le nombre de tués depuis le début de l'Intifada, fin septembre 2000, dont 3.001 Palestiniens et 905 Israéliens.
M. Sharon a annulé une visite prévue la semaine prochaine aux Etats-Unis en indiquant qu'il devait préparer soigneusement son plan alternatif.
Il a fait cette annonce lors d'une réunion de son cabinet consacrée à son "plan de séparation" qui prévoyait un retrait de la bande de Gaza et l'évacuation des 21 colonies juives installées dans ce territoire ainsi que celle de quatre implantations en Cisjordanie.
Mais le ministre des Finances Benjamin Netanyahu, principal rival de M. Sharon au sein de son parti, a rejeté l'idée d'un simple remodelage du plan, compte tenu de son rejet massif le 2 mai lors d'un référendum interne.
"On ne change pas un plan comme on change de chaussettes", a affirmé M. Netanyahu qui a estimé que l'élaboration d'un nouveau plan prendrait des mois, ont rapporté des ministres après la réunion.
Au cours de sa visite aux Etats-Unis, M. Sharon devait prononcer un discours à l'occasion du Congrès annuel de l'AIPAC (American Israel Public Affairs Committee), le lobby juif américain, et rencontrer le président George W. Bush.
M. Bush avait soutenu sans réserve le plan de M. Sharon à la mi-avril. Ce ralliement avait provoqué un "choc" parmi les pays arabes, a admis le secrétaire d'Etat américain Colin Powell.
Selon les commentateurs, M. Sharon a annulé sa visite aux Etats-Unis pour éviter d'arriver les mains vides devant le président américain.
Depuis son échec au Likoud, M. Sharon a entamé des consultations avec les ministres du parti et d'autres membres de la majorité pour tenter de sortir de l'impasse.
Mais il ne semble pas disposer d'une majorité au gouvernement pour faire adopter ce plan. Le ministre de la Justice Yossef Lapid, chef du parti centriste laïc Shinouï (15 députés sur 120), a réaffirmé dimanche que sa formation ne resterait pas dans la coalition si le gouvernement n'adoptait pas rapidement un plan de rechange.
Il a suggéré que le nouveau plan associe les Palestiniens à un retrait israélien de Gaza alors que le projet initial de M. Sharon ne les prenait pas en compte.
Par ailleurs, trois Arabes israéliens, détenus depuis août dernier sous le soupçon d'avoir enlevé et assassiné un soldat dont le corps avait été retrouvé en juillet dans le nord d'Israël, ont été relâchés dimanche, ce qui a suscité une polémique sur leur détention prolongée.
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