jeudi, 8 mars 2007 à 22:10 Rediffusions : 21.03.2007 à 01:50
Tu seras un homme, ma fille (France, Belgique, 2004, 54mn) ARTE F Réalisateur: Agnes Bert
Dans le nord de l'Albanie, la tradition autorise certaines femmes à vivre comme des hommes. Haki, Sokol, Shkurtan et Samie ont fait ce choix et racontent pourquoi. Une parole émouvante filmée avec délicatesse.
Dans un jardin verdoyant aux herbes folles, un vieil homme sec attrape une poule et lui tranche le cou. Mais Haki n'aime pas plumer la volaille : "Je n'ai jamais fait aucun travail de femme avant 40 ans. Maintenant je suis seule, il faut que je m'y mette." Sa silhouette longiligne, son éternelle cigarette et sa veste d'homme élimée sont trompeuses : Haki est une femme. Dans les villages du nord-est de l'Albanie, autour de Bajram Curri, elles sont quelques-unes, comme elle, à vivre la vie d'un homme. La tradition les y autorise - ou plus précisément le kanun, loi archaïque qui régit les relations sociales depuis des siècles. Dans les familles qui ont perdu un père ou un fils, une fille peut remplir le rôle de chef de famille. Et les jeunes filles qui refusent de se soumettre à leur dure condition de femme peuvent également adopter ce statut d'homme. À une condition : jurer solennellement de rester vierges. Haki, Sokol, Shkurtan et Samie ont fait ce choix. Par goût, pour aider leurs familles, par soif de liberté - souvent un subtil mélange des trois. Elles ont renoncé au mariage, à la maternité, à l'amour. En échange, elles ont gagné le droit d'aller où bon leur semble, de faire un métier qui leur plaît, de ne pas être soumises à un mari ou un frère. À force d'obstination et de travail, elles ont gagné le respect de tous.
INFORMATIONS SUPPLÉMENTAIRES Homme et fière de l'être Dans ce beau coin reculé des Balkans, la réalisatrice a rencontré plusieurs femmes qui ont choisi de devenir des hommes. Parmi elles, se détachent les visages de Haki, Samie, Sokol et Shkurtan. Samie, qui doit approcher de la cinquantaine, est la plus jeune ; les trois autres femmes sont de la génération précédente. Seule ou entouré de proches, sous les arbres du jardin ou dans son intérieur, chacune se raconte par bribes : pourquoi elle a fait ce choix, comment elle a vécu, quelle place elle occupe dans la communauté. Dans une société encore largement dominée par les hommes, une parole revient : "je n'avais pas envie de souffrir comme toutes les femmes", disent-elles en substance. La nécessité de faire vivre la famille après la mort d'un père ou d'un frère n'a fait que les conforter dans leur décision. Agnès Bert a trouvé la bonne distance pour filmer leur parole : pas de curiosité déplacée, une réelle générosité. Les femmes parlent en confiance, souvent avec humour. Le décor de leurs confidences est celui d'une région magnifique. Les feuillages bruissent et filtrent une belle lumière d'été. Cela ajoute à l'impression de sérénité qui se dégage de ces témoignages, alors que ces femmes n'ont certainement pas eu une vie facile.
Citation a écrit: À force d'obstination et de travail, elles ont gagné le respect de tous.
C'est difficile à comprendre qu'il faille des conditions particulière pour qu'une femme ait les droits d'un "homme" quand on a baigné dans une autre culture
Citation a écrit: loi archaïque qui régit les relations sociales depuis des siècles
elles ont bien du courage aussi celle qui n'atteignent pas ce statut d'"homme"
merci Angelo, je regarderais certainement
Nota : ce tire est souvent repris comme l'expression de l'idée qui s'en dégage
Modifié 3 fois. Dernière modification le 09/03/07 15:15 par La Boetie.
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