Sénégal: Reprise d'Air Sénégal international - L'Etat s'installe dans le cockpit de la filiale de la Ram La Royal Air Maroc détient 51 % contre 49 % pour l'Etat du Sénégal. Elle dispose d'une flotte de quatre avions et emplois plus de 560 personnes.
Wal Fadjri (Dakar) 31 Octobre 2007 Seyni DIOP
Le gouvernement du Sénégal a décidé de reprendre en main la gestion de la compagnie Air Sénégal International (Asi). L'annonce a été faite, hier, par le ministre des Transports terrestres et des Transports aériens, Farba Senghor, lors d'une conférence de presse au Building administratif.
Cette reprise passera cependant par une recapitalisation de la société qui exigera du Sénégal une contribution à hauteur de 24 milliards francs Cfa pour s'octroyer les 75 % du capital de la société.
Le plan de sortie de crise d'Air Sénégal International concocté par l'Etat du Sénégal et la Royal Air Maroc (Ram), actionnaire majoritaire de ladite compagnie, en mars dernier, n'a finalement pas permis à cette dernière de sortir de la zone de turbulences.
Le déficit de la compagnie s'accentuant pour atteindre 12 milliards de francs Cfa, le Sénégal en a tiré toutes les conséquences en décidant de reprendre à son compte la gestion de la compagnie. Cependant, informe le ministre des Transports terrestres et des Transports aériens qui a effectué un voyage à Casablanca dans ce sens auprès des autorités de la Ram, la décision a été prise d'un commun accord avec la partie marocaine. Ainsi, à l'issue des discussions, il a été décidé de maintenir les activités de la compagnie, tout en procédant à sa recapitalisation au profit de l'Etat du Sénégal. Mais cette décision devra être entérinée par l'Assemblée générale des actionnaires prévue ce jeudi 1er novembre.
Selon la partie sénégalaise, 'cette situation de faillite de la compagnie est due à la gestion d'Asi par la partie marocaine qui a engendré des pertes estimées à près de 12 milliards de francs Cfa au 31 décembre 2006, et plus de 11 milliards pour le seul exercice de 2006'. Et Farba Senghor de révéler que ces pertes sont dues 'à des factures tardives de la Ram des exercices précédents non provisionnés par Asi alors que les états financiers étaient régulièrement approuvés par le Conseil d'administration'.
Cependant, la recapitalisation de la société sera uniquement assurée par le Sénégal qui devra y injecter la rondelette somme de 24 milliards de francs Cfa. Ce qui lui permettra d'un coup de s'accaparer de 75 % des actions de la société contre 25 % pour la partie marocaine. Mais en ce qui concerne l'assistance technique, les deux parties ont, d'un commun accord, décidé de mettre sur pied une commission mixte qui se penchera, dès le 5 novembre prochain, sur la question. Il s'agira aussi d'étudier les modalités de cette recapitalisation, le transfert de la gestion de la Ram et celui des garanties en cours, ainsi que des modalités de maintien du partenariat technique. Cette commission décidera aussi si la partie marocaine va se retirer totalement de la compagnie ou non. En effet, les deux parties se sont aussi entendues sur un éventuel retrait total de la Ram au profit de l'Etat du Sénégal.
Cette reprise d'Air Sénégal International est l'une des options qui étaient proposées par le président de la Ram, lors de sa rencontre avec le président Abdoulaye Wade, au cours de la crise d'Asi du mois de mars dernier. Une crise qui avait poussé les travailleurs de la compagnie à observer une grève de 72 heures pour réclamer, entre autres, une revalorisation des salaires et l'intégration des intérimaires.
Air Sénégal International est le fruit d'une coopération entre pays du Sud. Elle a été portée sur les fonts baptismaux en février 2001. La Royal Air Maroc détient 51 % contre 49 % pour l'Etat du Sénégal. Elle dispose d'une flotte de quatre avions et emplois plus de 560 personnes.
... Maroc: La RAM s'apprête à débarquer d'Air Sénégal
Libération (Casablanca) 1 Novembre 2007 Mohamed Kadimi
L'aventure de la RAM au Sénégal touche-t-elle à sa fin ? Tout laisse croire que la compagnie marocaine n'a même pas eu le temps nécessaire pour réaliser un retour sur ses investissements.
Le contrôle s'effectuera à travers une injection par l'Etat du Sénégal de 30 à 36 millions d'euros dans le capital de la compagnie.
Cette recapitalisation fera passer à 75% les parts de l'Etat sénégalais dans le capital d'ASI, contre 49% actuellement, et à 25% celles de la RAM, contre 51%.
A retenir qu'au début la RAM est allée apporter son écot et son expertise pour sauver une entreprise publique sénégalaise qui était, non seulement, à la dérive mais dans une phase avancée de liquidation. L'affaire Air Sénégal International n'était pas à caractère commercial, elle avait des raisons éminemment politiques. Les relations entre le Maroc et le Sénégal étaient à la fois séculaires et d'excellente qualité. Aussi, le Maroc n'a pas seulement apporté son aide au transport aérien civil sénégalais mais aussi au transport maritime et fluvial via la convention signée en avril 2005 avec ce pays et portant sur la création de la société de navigation maritime mixte pour la gestion et l'exploitation de navires devant assurant la liaison maritime Dakar-Ziguinchor en Casamance.
En rapport avec sa perte du contrôle du capital de ladite compagnie, la RAM a souligné dans un communiqué : «Rejoignant les propositions faites par Royal Air Maroc aux Hautes Autorités Sénégalaises en avril 2007, le Sénégal opte pour la reprise de la majorité du capital et de la gestion de la compagnie Air Sénégal International». Il est également souligné que « suite à des tensions de croissance et à des événements exceptionnels enregistrés au cours de l'année 2005 (incidents techniques sur les avions), la trésorerie de la compagnie Air Sénégal International s'est dégradée avec une dette importante au titre des arriérés. Cette situation a été aggravée par le climat social et d'autres facteurs liés à l'environnement de la compagnie». Ces événements auraient, donc, mis Air Sénégal International dans une situation difficile menaçant la poursuite de son exploitation et la conduisant à une cessation de paiement.
Face à cette crise, Royal Air Maroc, partenaire stratégique d'Air Sénégal International a effectué, en septembre 2006, un apport sous forme d'avance en compte courant associé, de 10 millions d'euros, ce qui a permis de renflouer la trésorerie de la compagnie
En parallèle, la compagnie publique marocaine a mis en place un plan de redressement d'urgence pour pérenniser l'activité de la compagnie. Ce Plan a porté sur la rationalisation de la gestion de la flotte et du réseau, la mise en oeuvre de mesures fortes de développement du chiffre d'affaires, le renforcement des synergies avec Royal Air Maroc, l'amélioration des process ainsi que la mise en conformité avec les meilleurs standards internationaux et notamment la certification IOSA prévue pour être obtenue fin 2007.
Or toutes ces mesures se sont avérées insuffisantes et n'ont pas pu amorcer cette crise. Aussi, la RAM a proposé aux autorités plusieurs scénarii de sortie de crise parmi lesquels figurait la reprise, par la partie sénégalaise, de la majorité dans le capital ainsi que la gestion de la compagnie.
Le quotidien sénégalais «le Soleil» a rapporté que M. Farba Senghor a déclaré, mardi : «le Sénégal va reprendre Air Sénégal International, la compagnie d'aviation qu'il avait avec le royaume du Maroc. Il a été constaté que la gestion d'Air Sénégal International par la partie marocaine a enregistré une perte accumulée de plus de douze milliards de Francs CFA en fin 2005 et plus de onze milliards pour le seul exercice 2006. Cette perte est due essentiellement à des factures tardives de la Royal Air Maroc, des exercices précédents non provisionnés par Air Sénégal International, alors que les états financiers étaient régulièrement approuvés par le conseil d'administration», a déclaré M. Farba Senghor, selon la même source.
La presse sénégalaise a également rapporté que cette décision sera entérinée par l'Assemblée générale des actionnaires du 1er novembre.
Par ailleurs, les deux parties ont également convenu de créer une commission mixte qui sera opérationnelle dès lundi prochain « pour étudier les modalités de recomposition du capital de la société, du transfert de la gestion de la Ram vers l'Etat du Sénégal et du transfert éventuel des garanties en cou
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