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Selon les experts, l'islam a des racines profondes en Amérique
S
5 janvier 2007 14:32
Selon les experts, l'islam a des racines profondes en Amérique / Des experts discutent de l'autobiographie d'Omar Ibn Saïd


Nations Unies - L'islam est si profondément enraciné aux États-Unis et tellement intégré à l'expérience américaine que ce lien est devenu invisible aux yeux d'un grand nombre, affirment les experts en études islamiques.

L'influence de l'islam en Amérique a été mise en lumière par une exposition de l'autobiographie (qui date de 1831) d'Omar Ibn Saïd, esclave amené d'Afrique de l'Ouest aux États-Unis. Ce livre, seule autobiographie connue rédigée par un esclave durant son asservissement comprend une sourate du Coran, la Sourate Al-Mulk (Le Royaume).


L'autobiographie, écrite en arabe, décrit certains événements de la vie d'Omar Ibn Saïd, sa foi inébranlable en l'islam et son ouverture d'esprit envers d'autres « peuples qui craignent Dieu ».


L'exposition s'est tenue dans le hall principal du siège des Nations Unies du 27 juin au 1er juillet. L'ouverture de l'exposition était accompagnée d'un débat sur « Les racines de l'islam en Amérique ».

Né au XVIIIe siècle dans la région du Futa Turo, entre les fleuves Sénégal et Gambie, Omar Ibn Saïd consacre 25 années de sa vie à l'étude d'éminents spécialistes de l'islam de la région. Capturé en 1807 lors d'un conflit militaire, il est réduit à l'esclavage par ses ennemis, vendu à des Européens, puis envoyé par bateau en Caroline du Nord où il travaille pour un planteur jusqu'à sa mort, en 1864.


Cette autobiographie, considérée comme l'un des trésors de la littérature antérieure à la guerre de Sécession, avait disparu depuis les années 1920. Retrouvée dans un vieux coffre en Virginie en 1955, elle a été vendue aux enchères en 1998 à Derrick Beard, qui collectionne des objets afro-américains et islamo-américains des XVIIIe, XIXe et XXe siècles.


Cette autobiographie, affirme M. Beard, montre que l'islam est présent depuis longtemps en Amérique. Cet ouvrage a d'abord appartenu à un abolitionniste qui voulait démontrer que les Noirs n'étaient pas des être inférieurs, ajoute-t-il.

La table ronde, composée de spécialistes afro-américains et américains de confession musulmane, a élargi le débat au legs et aux valeurs apportés par les immigrants musulmans aux États-Unis, à l'instar de centaines d'autres groupes d'ethnies et de confessions diverses, venus de plein gré refaire leur vie, ou encore, comme Omar Ibn Saïd, envoyés aux États-Unis en esclavage.

La contribution constante des musulmans à la richesse de la culture américaine est si ancrée dans la société qu'elle s'y fond désormais presque complètement. Il est nécessaire de rappeler à la plupart des Américains que parmi leurs musiques préférées ou encore parmi les mots qu'ils utilisent, certains prennent leurs racines dans l'islam. Les descendants d'Omar Ibn Saïd et d'autres esclaves sont libres depuis longtemps et les Américains de confession musulmane sont très présents aux États-Unis puisqu'ils figurent parmi les musiciens, les athlètes, les chercheurs et les architectes les plus renommés et respectés du monde, pour ne nommer que quelques professions, ont observé les participants à la discussion.

Sylviane Diouf, chercheuse du Centre de recherche Schomburg sur la culture noire (Shomburg Center for Research in Black Culture), a dit que l'un des legs les plus significatifs que nous ont laissé les premiers musulmans est le « triomphe de la résistance humaine ».

« Imaginez que vous êtes un esclave qui coupe la canne, du lever au coucher du soleil, ou encore que vous cueillez le coton, et que vous vous considérez néanmoins comme un érudit, un chef religieux, un étudiant et que vous écrivez, a déclaré Mme Diouf. Vous mettez sur pied des écoles pour enseigner la lecture et l'écriture à vos enfants alors que vous êtes vous-même en esclavage, et le faites en secret. C'est cela le triomphe de la résistance humaine. »

Mme Diouf a également rappelé les traces de l'influence islamique sur la musique, les traditions culturelles et le vocabulaire des Amériques qui restent fortes de nos jours.

Dans le blues, « la mélopée de style islamique, l'appel à la prière ... tout est là », dit Diouf.

Selon Zahid Bukhari, chercheur au Centre pour la compréhension entre musulmans et chrétiens à l'université de Georgetown, si l'on demandait aux musulmans du monde entier de nommer les cinq personnalités musulmanes les plus aimées du XXe siècle, « je suis certain que deux personnalités américaines figureraient parmi les cinq : Muhammad Ali et Malcom X ».


M. Bukhari a indiqué que, d'après ses recherches, la population musulmane américaine se situe au-dessus de la moyenne nationale en matière d'éducation, qu'elle est plus jeune et dispose d'un plus grand nombre d'érudits et d'experts dans tous les domaines, que l'ensemble des communautés musulmanes du reste du monde.


M. Bukhari a aussi parlé de « l'étendue et de la profondeur des racines » de la communauté musulmane américaine.

Aux États-Unis, de nos jours, « 35 % des musulmans sont nés aux États-Unis ; 64 % sont originaires de 80 autres pays. Cela vous donne une idée de la diversité de la communauté musulmane américaine. »


« Supposons que vous êtes musulman, vous vivez dans un pays et voulez rencontrer d'autres musulmans d'une autre partie du globe, vous n'avez actuellement qu'un seul choix : soit vous allez faire le Hadj (pèlerinage à la Mecque) pour pouvoir retrouver d'autres musulmans, soit vous allez en Amérique. C'est cela la diversité de la communauté musulmane », a dit M. Bukari. »

Omar Ibn Saïd a transcrit un chapitre du Coran en 1831, a-t-il dit, mais d'autres esclaves et d'autres noirs libres ont aussi transcrit le Coran en Amérique. Pendant la guerre de Sécession, par exemple, une ville du Sud allait être détruite. Les responsables d'une université locale ont alors demandé à l'armée de l'Union de leur permettre de sauvegarder des livres. Un seul livre a été sauvé sur toute la collection, et il s'agissait d'un exemplaire du Coran », a dit Bukari.


M. Beard, le propriétaire de l'autobiographie, a remarqué à l'occasion de ses déplacements sur le territoire américain, lorsqu'il s'est rendu dans des quartiers défavorisés, que « la vraie vitalité et la vie économique » sont présentes uniquement dans les communautés musulmanes. « Je constate l'existence du commerce, un sens de la moralité, un sens du respect. »

« L'impact de l'islam aux États-Unis est significatif et positif », a-t-il dit.


Toutefois, M. Beard a indiqué qu'après avoir récemment voyagé au Moyen-Orient, il trouvait que les musulmans d'autres pays n'avaient pas une bonne compréhension de la vie aux États-Unis. Ils ont une vision « complètement différente, ils ne sont pas au courant du phénomène économique qui se produit en Amérique et ne savent rien de la diversité ethnique et religieuse de l'Amérique », dit-il.
 
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