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Sarko l'Algérien
a
19 juillet 2007 20:45
Sarko l'Algérien : l’éditorial d'aujourd'hui de Jean Daniel, directeur du Nouvel Observateur.

Dans l'avion qui le conduit à Alger, le mardi 10 juillet, Nicolas Sarkozy évoque la cérémonie du 14-Juillet. Normal. Sauf que ce n'est pas celle à laquelle il présidera quatre jours plus tard et qui comprend un hommage fervent et sans précédent à l'Union européenne. Le président français, lui, pense au 14-Juillet... 2008! Tout simplement. Et cette idée illumine son visage d'une excitation enfantine. Car, imaginez, cette célébration serait, pourrait être, et en fait sera «formidable» parce qu'elle réunira les pays de toute la Méditerranée, celle des deux rives, celle de l'Europe et de l'Afrique. Rien de moins. «Je crois plus que tout à la force des symboles. Après l'Union européenne, ce sera l'Union méditerranéenne.» Telle est la grande idée qu'il entend «vendre» aux Algériens en choisissant leur capitale pour effectuer son premier voyage officiel hors d'Europe. Le premier partenaire de la France devrait être le président Abdelaziz Bouteflika, avec lequel Nicolas Sarkozy a entrepris, depuis longtemps et à l'insu de tous, de tisser des liens d'estime et de sympathie. Il avait son plan. C'est du président algérien que le président français a reçu les premières félicitations, à 20h10, le soir de son élection.

L'Union méditerranéenne en un an ? N'est-ce pas rêver à l'impossible alors que le Liban flambe, qu'Israël est instable, qu'il y a deux Palestine, deux Chypre, deux Sahara. Rêver de l'impossible? Le président dit qu'il ne fait que cela. Ses deux ennemis ont toujours été le doute et la résignation. Seul l'impossible vaut la peine d'être tenté. Mais en ce cas, y croit-il vraiment? Réponse: pour agir il faut croire ou faire comme si l'on croyait. Donner du temps au temps? C'est bon pour ceux qui veulent durer, non pour ceux qui veulent réformer.

Une évidente complaisance le conduit à tirer une loi globale de chacun de ses comportements. Il théorise alors, et de manière sentencieuse, toutes ses humeurs. Pas le temps de réfléchir? Mais pendant cinq ans, observe-t-il, il n'a fait que cela! Il en fait trop? Avant lui, les autres n'en ont pas fait assez. S'il sent que la formule ne fait pas mouche, qu'elle a trop servi, il a un sourire supposé entraîner l'indulgence pour les inévitables servitudes du métier. Mais il a aussi une façon astucieuse de riposter. Quand le président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali se plaint amèrement du sort que lui réserve la presse française, Nicolas Sarkozy lui répond que ce n'est rien, mille fois rien, à côté du traitement que lui-même a subi! Le président tunisien a dû passer de la plainte à la commisération.

Le jeudi suivant, 12 juillet, il doit faire à Epinal, comme jadis de Gaulle - toujours la force du symbole -, son grand discours sur les institutions. «i» A cause de formules de ce genre, j'ai imprudemment évoqué récemment le souvenir de Mendès France. Mais avec Mendès France, on n'en était pas constamment à se demander si sa stratégie de persuasion l'exposait au risque de paraître bateleur et racoleur, si sa simplicité était faite de démagogie et s'il n'était populaire que parce qu'il était populiste. En fait, il y a plutôt du Bonaparte en Sarkozy, devenu d'ailleurs le chef d'une droite vraiment bonapartiste.

Que fais-je dans cet avion? J'ai voté Ségolène et ne le regrette pas. J'ai horreur de la jubilation masochiste des hiérarques du Parti socialiste devant l'échec de leur candidate. Face à la droite, le socialisme ne s'est tout de même pas déshonoré. Avec Mauroy, avec Rocard, avec Jospin, ça a même été le contraire. La façon dont Eric Besson a trahi les siens pour devenir ministre me paraît le comble de la forfaiture. Quant à Nicolas Sarkozy lui-même, j'ai sévèrement critiqué un voyage qu'il avait fait aux Etats-Unis pour dénoncer la politique de son propre pays tout en étant le numéro deux du gouvernement, risquant ainsi de discréditer la fonction à laquelle il prétendait. Et si je me suis toujours interdit de dire ou de laisser entendre que l'ancien ministre de l'lntérieur de Jacques Chirac pût être le moins du monde raciste, xénophobe ou fascisant, j'ai douté en revanche fortement des orientations de sa politique étrangère.

...
a
19 juillet 2007 20:52
...suite...

Il y aura donc une certaine continuité de la politique étrangère. Et comme j'ai derrière moi une longue vie de familiarité avec le Maghreb et la Méditerranée, j'ai été invité à voir comment les ambitieux projets du nouveau président pouvaient être accueillis. Mais en fait, et avant toute chose, si avec Nicolas Sarkozy commence une ère nouvelle, c'est d'abord dans la rupture qu'il opère avec le style, les méthodes, le langage, les gestes de ses prédécesseurs lorsqu'ils incarnent le visage de la France à l'étranger. Tous ceux qui se font une idée avantageuse de la présidence de la République doivent revoir leur copie. Si vous pensez que le président ne doit pas se départir d'une certaine superbe, que son autorité doit garder quelque secret sinon un parfum de mystère, que ses propos doivent révéler une conscience un peu suffisante du rang que son pays occupe dans le concert des nations, bref, si vous évoquez de Gaulle, ou Giscard d'Estaing, ou Mitterrand, alors vous devez vous apprêter (c'est ce que j'ai fait) à tomber de haut et à revenir de loin. Je dois dire que les interlocuteurs algériens et tunisiens de Nicolas Sarkozy n'ont pas été les moins surpris, les moins divertis, et parfois même les moins séduits, par le spectacle d'un président de la République française exprimant, avec les mots de tout le monde et avec une cordialité aussi naturelle, la défense non pas de la grandeur mais des intérêts de son pays. Dans son dialogue avec le président Abdelaziz Bouteflika, Nicolas Sarkozy s'est présenté comme un jeune chef d'Etat qui n'avait jamais participé à aucune des tragédies qui séparaient la France de l'Algérie, qui n'avait de toutes ces souffrances qu'une connaissance indirecte et qui ne pensait, mais de manière obsessionnelle, qu'à l'avenir. Ce nouveau président français a entrepris de «ringardiser», comme il pourrait le dire lui-même, les préoccupations de repentance et les états d'âme sur la signature d'un «pacte d'amitié». C'est sans doute aller vite en besogne! Mais c'est la première fois que j'entends un représentant de la France abandonner, vis-à-vis de l'Algérie, l'habituelle attitude de paternalisme complexé et de protection coupable pour ne voir en elle qu'une puissance égale à celle de la France, disposant d'un immense territoire, de ressources considérables et objet de convoitises planétaires. «Je suis pour une reconnaissance des faits, pas pour le repentir, qui est une notion religieuse et n'a pas sa place dans la relation d'Etat à Etat.»

Quels sont les faits? L'Algérie est le premier partenaire économique de la France sur le continent africain. Les Français sont les premiers investisseurs, hors hydrocarbures, et les deuxièmes, hydrocarbures inclus, derrière les Etats-Unis. Or, le 10 juin, les Etats-Unis et l'Algérie ont signé un protocole d'accord dans le délicat et important domaine du nucléaire civil. C'est la signature de ce protocole qui a conduit Nicolas Sarkozy à une stratégie immédiate et offensive, préconisant, outre un rapprochement de GDF et de Suez avec la société algérienne d'hydrocarbures Sonatrach, la fourniture par la France des équipements indispensables à l'édification d'un nucléaire civil algérien. Ce sont ces données qui commandent l'avenir des relations franco-algériennes, franco-maghrébines et euro-méditerranéennes. Nicolas Sarkozy déclare avec tranquillité qu'il entend conclure avec les Algériens un partenariat si privilégié, si exceptionnel et qui profiterait de manière si égalitaire aux deux parties que cela dissuaderait les ambitions compétitives des autres grandes puissances. Il montre qu'il connaît suffisamment son dossier mais aussi celui des Algériens: sérieux progrès.

La différence générationnelle a-t-elle altéré la communication entre le jeune chef d'Etat français et le président Bouteflika, beaucoup plus âgé? Je n'en sais rien. Il m'a semblé qu'Abdelaziz Bouteflika connaissait déjà le réalisme lyrique et l'impatience survoltée de Nicolas Sarkozy. Mais il a décrété publiquement, et s'adressant à moi, que son homologue français était un «patriote», qu'il défendait son pays de la même manière que lui-même le faisait. Et il avait trouvé normal, il y a quelques mois, qu'un candidat à la présidence de la République française demandât à tous les citoyens français d'aimer leur pays. Pour «l'immigration choisie», on verra plus tard. Ce que les Algériens veulent par dessus tout c'est garder chez eux leurs élites. Même s'il est bien vrai qu'ils ne font pas encore tout pour cela.

...
a
19 juillet 2007 20:54
...suite et fin.

Cela dit, les Algériens ont de sérieuses difficultés de gouvernance. L'audacieuse politique de «réconciliation nationale» n'a pas définitivement tari les sources du terrorisme islamiste ni diminué la douloureuse amertume de ses victimes.. Les généraux sont loin d'avoir perdu toute influence. L'autorité du président Bouteflika tire une bonne partie de sa force de ce qu'il n'existe aucun autre recours politique dans le pays. Pourtant, la vitalité des jeunes Algériens et leur capacité d'adaptation au monde moderne ne laissent pas d'impressionner les étrangers. Ce sont eux qui pourraient sans doute, dans un avenir proche, devenir les vrais interlocuteurs de Nicolas Sarkozy. Il reste que, comme me l'ont confié plusieurs responsables algériens, si le président français tient sa promesse de s'engager personnellement dans une coopération maghrébine et méditerranéenne dont l'axe serait en quelque sorte Paris-Alger, et cela sans nuire à l'orgueil national et aux intérêts du Maroc et de la Tunisie, alors le voyage officiel d'Etat de décembre prochain de Nicolas Sarkozy à Alger pourrait déboucher sur un accord historique.

Jean Daniel
Le Nouvel Observateur
n
19 juillet 2007 23:15
tout le monde sait que sarko et boutef s'estime !!!! business business !!!!!
l
20 juillet 2007 09:05
Je coyais qu'il avait la nationalité française. Boutef se fera soigner beaucoup mieux en france avec l'attention de Sarko l'algérien, qui n'est pas marocain.
m
20 juillet 2007 10:59
sarkozy le sportive aurait fait courire bouteflika le malade...
lors de son voyage en algerie sarkozy a etait invité a monter sur une tribune pour ecouter les deux hymnes national francais et algerien,normal,mais?SARKOZY le sporife a devancer bouteflika le malade de pres de trois metres,alors que bouteflika le malade avait d mal a suivre le rythme de sarkozy le sportife,é au meme temp sarkozy regarder vers les generaux algeriens pour leur dire qu il n est plus possible de rester deriere...
sans pitié le sarkozy.
b
20 juillet 2007 11:37
Quelle naiveté maghrébine et quelle hypocrysie " danieliènne" ! Ainsi donc Sarko est devenu algérien!
L'Algéreie est courtisée pour sa position géostratégique et pour son pétrole,ni plus ni moins.Sarko
le "Hongro-français" est tout simplement Sarko le Français.Il veut devenir Sarko le Gaulois et pourquoi
pas Nicolas De Gaulle.Il traine le complexe de "fils d'immigré".Il veut que l'histoire de France retienne son nom .Se singulariser , c'est envisager le remodelage revolutionnaire et historique de l'espace méditerannéen.Si à cette occasion ,les pays du Maghreb trouveront avec bonheur leur compte , Sarko le sauveur pourrait devenir Sarko le méditérannéen!Les ambitions démesurées des autres peuvent devenir salutaires pour nous!
V
20 juillet 2007 11:55
Citation
a écrit:
Quand le président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali se plaint amèrement du sort que lui réserve la presse française, Nicolas Sarkozy lui répond que ce n'est rien, mille fois rien, à côté du traitement que lui-même a subi! Le président tunisien a dû passer de la plainte à la commisération.



Clap Clap Clap ooooh ouaaaiiii , y a qu'à regarder les guignols de l'info ....
20 juillet 2007 15:04
Jean Daniel devrait prendre sa retraite. De l'eau a coulé sous les ponts depuis qu'il a quitté son algérie natale et où il s'appelait encore Jean Bensaïd, et depuis sa "fameuse" interview de Fidel Castro et de JF Kennedy, laquelle, à elle seule, ne peut faire de lui un bon analyste ad vitam aeternam...
"Avec un H majuscule"
 
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