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Sarko et les flics, la rupture
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8 juin 2010 18:46
Le 8 juin sur Arte est diffusé un documentaire sur les gardiens de la paix. Un film inquiétant sur l’état de la police. Désabusés, traumatisés, en proie à des dysfonctionnements, les policiers se confient malgré leur devoir de réserve.

L’histoire devait être belle, glorieuse ; le socle d’un mandat. La promesse sécuritaire comme slogan de campagne, Nicolas Sarkozy, le premier flic de France, garantissait la rupture.

Mais trois ans plus tard, rien ne va plus. Les chiffres sur lesquels Sarkozy a tout misé sont en berne. Et le moral des bleus dans les rangers. Un film, diffusé le 8 juin sur Arte, fait le récit d’une police désabusée, traumatisée, en proie aux dysfonctionnements, prête à exploser.

Le film traite pour sa plus grande part la police en banlieue et les conséquences des émeutes en 2005 et 2007. Une autre partie est consacrée aux "bleus" de province, acculés par la pression du chiffre, en colère ou en dépression face aux choix gouvernementaux.

Première scène, mardi 23 mars 2010 à Melun, on assiste à l’hommage exceptionnel du policier Jean Serge Nerin assassiné 6 jours plus tôt par l’ETA. A l’extérieur de la cour d’honneur, plusieurs centaines de policiers en civil, silencieux. Sarkozy prend la parole, « Quiconque porte atteinte à un policier, un gendarme, à un fonctionnaire, par l’insulte ou un mauvais geste, porte atteinte à la République ». Soudain on aperçoit à l’image une douzaine de policiers qui lui tournent le dos. Sitôt le discours présidentiel achevé, les policiers se retournent. « Un affront pouvant couter la révocation pure et simple. Symbole d’un malaise profond » conclut le commentaire.

Les journalistes Jean-Michel Décugis et François Bordes ont demandé des autorisations pour filmer à l’intérieur des commissariats. Accès refusé. « Jamais la police n’a été aussi frileuse comme si on voulait nous cacher quelque chose » note Décugis. Qu’à cela ne tienne, les journalistes ont filmé en caméra flouté deux keufs de banlieue et à visage découvert plusieurs policiers, syndiqué, retraité ou simplement courageux voire exaspéré. Leur constat est amer.

Une prime au silence

Après les émeutes de 2005, et de 2007 à Villiers-le-Bel, la violence est montée d’un cran et la haine progresse des deux côtés. Une réalité embarrassante pour la place Beauvau et l’Elysée qui préfèrent cacher les impairs. Comme cette fusillade déclenchée à Villiers-le-Bel pendant les émeutes où 17 policiers de la compagnie Bravo sur 21 sont blessés. Un flic témoigne en visage caché : « On a voulu en parler à la presse. On nous a fait comprendre via notre patron, via l’Elysée et Beauvau qu’en fait il ne fallait rien dire, que notre carrière pouvait se terminer du jour au lendemain. Alors pour nous calmer, on nous a promis 600 euros de prime à tous ceux qui ont vécu Villiers le Bel et finalement les 600 se sont transformés en 300 euros de bons-cadeaux et une réception en grande pompe à l’Elysée. »

Quelle réalité existe sur le terrain ? Celle du discours de tolérance zéro prôné par Sarkozy ou les notes internes de la police, très restrictives ? Les mots d’ordre selon plusieurs témoins sont de se servir le moins possible de son arme ou de son taser ; d’éviter de nouvelles émeutes quitte à ne pas répondre aux provocations.

Pour exemple, nous sommes en voiture dans la cité des Bedottes (93) avec Yannick Landurin, un policier syndiqué. Un scooter joue du rodéo et provoque le policier. Mais celui-ci précise qu’il a pour ordre de ne pas répondre de peur que le jeune tombe, se tue et provoque ainsi des émeutes. Conséquence pour ces flics : les actes ne suivent pas le discours et les flics, sous pression, en nombre insuffisant, sont tentés de faire justice eux-mêmes.

Réponses de voyous

On apprend par deux policiers au visage caché que de plus de plus de gardiens de la paix mènent des « expéditions punitives » malgré les 3423 policiers sanctionnés par l’IGPN, la police des polices. « Aux voyous faut répondre comme des voyous sinon ils comprennent rien » confesse un interviewé. La marmite semble pleine et certains prédisent qu’aux prochaines émeutes, des flics pourraient eux aussi user de leur arme.

Pour Pierre-Yves Delachaux, mandaté comme observateur dans un commissariat du 93 après les émeutes de 2005, le problème de la police en banlieue est avant tout structurel. La quasi-totalité des effectifs ont moins de trente ans. « Ils manquent les flics expérimentés, ce que j’appelle les sangliers, qui ont développé de l’intelligence. En gros on livre à soi-même deux bandes de jeunes qui s’affrontent. En plus, 80% viennent de province et n’ont aucune idée de ce que représente la banlieue ». Les effets de com’ essoufflés, la police et la population attendent des réformes profondes. Des promesses pour 2012 ?
assalam o alykoum
 
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