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[Sahara] Les dessous d'un conflit
y
1 juillet 2005 00:05
le Sahara occidental et la construction de l'union maghreb arabe

Fraternité Matin (Abidjan)
ANALYSE
30 Juin 2005


Par Jean Vincent Zinsou, historien, ambassadeur
Abidjan

Le conflit du Sahara occidental persiste, chargé d'une importance qui dépasse le simple enjeu territorial. Tant que son statut ne trouve pas de solution définitive, il reste la dernière lutte de décolonisation sur le continent africain.

A travers le combat du Front Polisario pour l'indépendance, ce conflit révèle toutes les questions sur ce qu'est un Etat. Il défie toute tentative de solution, directe et constitue l'enjeu principal des relations régionales, à la fois symbole, prétexte et épine dans les rapports entre l'Algérie et le Maroc, car c'est bien là le fond de l'affaire.

La question du Sahara occidental est le produit d'une histoire complexe

Déclenchée en 1975 avec la "Marche verte", le conflit entre le Maroc et le Front Polisario - soutenu par l'Algérie - est dans l'impasse. Malgré les efforts déployés par l'ONU, les plans de règlement successifs se heurtent à l'intransigeance de l'une ou l'autre partie. Conflit de basse intensité, conflit oublié, cette guerre vieille de trente ans pourrait bien continuer à s'ensabler encore. Depuis 1975, le Maroc et le Front Polisario se disputent l'ancienne colonie Espagnole du Sahara Occidental. Sous l'angle de la décolonisation, on pouvait y percevoir la coexistence de deux nationalismes, celui des Marocains se référant aux " droits historiques" pour plaider le maintien de la délimitation des frontières vigeur avant la décolonisation, et le nationalisme Sahraoui qui fonde la légitimité de sa revendication sur ce qui était devenu la norme de la défunte Organisation de l'unité africaine (OUA) depuis 1964, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Deux nationalismes mais aussi deux appréciations opposées du droit et de l'histoire.

Ce conflit, qui a vu le jour dans un contexte régional dominé par les rivalités hégémoniques, a évolué dans un premier temps, en permettant à chacun des pays limitrophes du Sahara de consolider son Etat. Cette guerre s'est rapidement révélée être un moyen pour le Maroc de faire l'Union autour du trône et de renforcer une légitimité entamée par les crises des premières années de la décennie 70 (émeutes, grèves ouvrières et estudiantines, coups d'Etat visant la personne du roi HASSAN II, etc.). Pour l'Algérie, après avoir représenté un moyen efficace de limitée la puissance hégémonique du Maroc et un enjeu de politique intérieure utilisé par les différents pôles de la classe politique pour s'isoler mutuellement, elle demeure une affaire à rebondissements, mise en avant chaque fois que le pays voit sa suprématie amoindrie. En même temps que l'engagement de ces deux pays dans cette guerre du Sahara contribuait à consolider leurs Etats et mettait en exergue leurs velléités hégémoniques, un acteur nouveau apparaissait sur la scène régionale à travers la revendication de son indépendance et de son identité propre: Le front Polisario.

Pour mener son combat pour un territoire qu'il considère comme le sien, ce mouvement a d'abord développé une idéologie transnationale avant de constituer un "Etat" en exil, la République arabe Sahraouie démocratique (RASD), proclamé unilatéralement en février 1976. Face à cette action, le Maroc a d'abord développé la stratégie du " dossier clos", persuadé que ses méthodes viendraient à bout de la résistance armée du Polisario. Mais l'aide fournie par la Libye et l'Algérie aux combattants sahraouis, ainsi que la capacité de ceux-ci à dominer militairement le terrain contribuèrent à rendre de plus en plus difficile la négation d'une vraie guerre. Ces atouts devaient également permettre au belligérant sahraoui de se distinguer au plan militaire et diplomatique jusqu'en 1979, et d'isoler ainsi l'adversaire.

Victime d'une guérilla largement favorable au Polisario qui lui faisait essuyer de multiples revenus, isolée au plan diplomatique et exposée à de vives critiques sur sa gestion du conflit au plan interne, la monarchie marocaine a dû, dès le début des années 80, bouleverser sa stratégie du conflit. Désormais, elle avait pour principaux objectifs, d'une part, " d'épuiser" l'ennemi en le privant de ses avantages tactiques sur le terrain et en lui faisant concurrence sur le plan diplomatique par l'adhésion au principe du référendum (Nairobi, 1981), d'autre part, d'essayer de faire " éclater" le mouvement en portant atteinte à la cohésion du corps social sur lequel il s'appuie, provoquant des ralliements de Sahraouis de Tindouf au Maroc.

Le 30 août 1988, des deux parties engagées dans le conflit faisaient connaître , à Genève, leur approbation d'un plan de paix proposé par l'ONU. Plusieurs dates furent fixées pour la tenue d'un référendum, régulièrement reportées pour cause de divergences profondes entre les belligérants.

Depuis, c'est le statu quo , une sorte de "ni paix ni guerre" qui incite ces protagonistes d'entrer en plein dans l'après -conflit. Cette appréhension à affronter la paix explique peut-être la prolongation des hostilités depuis 1988, d'autant que le maintien de l'état de guerre a procuré des ressources importantes à chacun des acteurs.

Les avantages tirés de la situation de guerre.

Pour le Maroc, dans les années 70 caractérisées par différentes crises et autres coups d'Etat militaires, la "récupération" du Sahara, présentée comme une " réunification du royaume" par le rattachement de l'ancienne colonie espagnole, a certainement constitué un dérivatif politique et l'opportunité de faire l'union sacrée autour de la monarchie.

Elle permettait à la fois de satisfaire le nationalisme populaire marocain et d'attribuer aux Forces armées royales (FAR) d'autres tâches en les éloignant du champ politique qu'elles avaient convoitée par deux fois, en 1971 et 1972. Dans le même temps, une solution politique apportée à l'affaire du Sahara par le biais de la tenue d'un référendum pourrait humilier une armée dont la seule raison d'être, depuis des décennies, consistait à récupérer les " territoires spoliées".

Une autre difficulté est celle liée à l'assimilation d'un nombre élevé de Sahraouis dont la conscience politique est très aiguisée. En effet si, jusqu'à présent, les Sahraouis ralliées au Maroc contestent les déviances du Polisario, il n'en demeure pas moins vrai qu'ils ont été imprégnés, durant les vingt ans de lutte, de l'idéologie du Polosario, socialiste, indépendantiste et hostile à l'idée de monarchie. Aussi, leur intégration dans le royaume marocain comporte-t-elle des risques de déstabilisations pour le régime en place.

Compte tenu des difficultés que semble réserver la paix, et des ressources position que procurait la guerre du Sahara, la proposition d'attente d'un référendum a permis à l'acteur marocain, au plan interne, de réconforter une opinion publique et, au plan international, d'être en accord avec les demandes de l'ONU favorables à une consultation électorale.

L'extension du conflit dans le temps a permis aux Algériens de prendre position pour l'une ou l'autre des parties, tout en résultant parallèlement au minimum l'aide au Polisario. Sur la présidence de Houari Boumediene, l'affaire du Sahara a pu constituer un enjeu de taille entre les deux principaux Etats de la région, elle changera radicalement de nature sous la présidence de Chadli Bendjedid, devenant un fardeau économique, idéologique et politique. La logique même de ces réformes imposait une autre conception de la politique régionale et internationale et donc une autre gestion du dossier saharien. Les engagements pris pour la construction de l'Union du Maghreb arabe (UMA), dont Alger se voulait le principal artisan, ont conduit le gouvernement à pacifier ses relations avec le Maroc, en contournant provisionnement l'affaire du Sahara.

De plus, à partir de 1988, l'Algérie s'est trouvée placée dans un nouvel espace politique. Le projet d'ouverture démocratique proposé par le président Bendjedid, correspondait au fait à la recherche d'une nouvelle légitimité pour le pouvoir. Ce passage d'une forme de légitimité acquise dans la lutte pour l'indépendance à une autre, fondée sur l'ouverture démocratique, ne pouvait être sans effet sur la politique saharienne de l'Algérie, dans la mesure où une prise en compte des mouvements politiques les plus importants comme les FIS était désormais nécessaire. Or, pour des raisons essentiellement idéologiques, les islamistes de tous bords ne partagent pas l'idée de soutenir le Polisario. Toutes ces raisons ont conduit le gouvernement Algérien à vouloir se défaire de la question du Sahara.

Pour cela, le référendum lui permettait de se décharger de toute prise de position radicale, de mettre en sommeil l'aide apportée au Polisario et de s'abriter derrière l'idée d'une consultation qui représente finalement une porte de sortie honorable pour le pays qui avait, quelques années auparavant, investi l'ensemble de sa diplomatie pour amener plus de 70 Etats à reconnaître la RASD comme l'Afrique du Sud et le Kenya récemment.

Si le Maroc et l'Algérie ont pu tirer profit des ajournements répétés de la procédure référendaire, le Front Polisario a également trouvé des avantages dans cette situation . Depuis 1988, la multiplication des ralliements des Sahraouis de Tindouf au Maroc en réponse à l'appel de Hassan II " aux frères égarés" révèle l'échec de la politique du mouvement de libération.

De surcroît, au plan international, l'effondrement du communisme, et par là même des valeurs dont s'inspirait pour une large part, l'idéologie du Polisario, a pu plonger la population des camps de Tindouf dans un doute profond quant à leur combat et leur destinée.

Du fait de ces handicaps, le Polisario en tant que mouvement des deux parties ayant à s'exprimer dans le cadre du référendum annoncé. S'il était tenté de refuser cette solution, il s'exposerait à sombrer dans l'oubli et consacrerait la victoire du camp adverse. Mais, en l'acceptant, il court le risque de se voir vaincu au terme du référendum, auquel cas il pourrait de voir simplement rayé se l'histoire. En l'occurrence, sa marge de manoeuvre paraît de ce fait très étroite.

Dans l'immédiat, il doit son salut et sa survie à la demande d'un référendum qui lui permet de continuer d'exister et de faire valoir le bien-fondé de son combat. Sur le long terme, sa survie dépend étroitement de sa victoire, mais il dispose de très peu de moyens pour affaiblir l'adversaire devant les urnes.

Ainsi, chacun des acteurs a trouvé un intérêt certain à reporter l'issue du conflit et donc à prolonger une guerre qui, paradoxalement, a pu représenter un facteur d'équilibre régional et, dans une certaine mesure, national. De ce fait, le conflit ne pourrait s'éteindre de lui-même. Ainsi, Rabat n'était pas en mesure de favoriser un " pourrissement" de la situation qui lui aurait pourtant profité si l'on considère le rapport des forces. On a le sentiment que le conflit a été délibérément reconduit à partir de 1988, alors que, compte tenu de la faiblesse du protagoniste sahraoui, il aurait pu s'éteindre, faute d'armes, de combattants, de motivations Dans ces conditions, les divergences entre les deux parties sur la composition du corps électoral font figure de simples instruments ayant été utilisés pour faire durer le conflit et repousser son issue.

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Un article très intéressent écrit par personne neutre, qui nous apprend beaucoup de choses, lisez-le..

Amicalement.
V
1 juillet 2005 00:19


mmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmh

pas mal , j'ai quelques objections , mais c'est assez equilibré dans l'ensemble

je donne 8,5/10 , 9 meme
s
1 juillet 2005 13:22
Je suis fils de sahraoui installé à zakouta à côté de sidi kacem exactement oueld dlim,à travers notre histoire on n'a pas eu d'autres pays que le maroc.PASSE PORT CARTE D'IDENTITE...Et ceci avant même la marche verte.Aujourd'hui j'ai beaucoup de famille installé à fes entant que patron de construction d'immeuble.Ce mec de pol je ne le connais pas mais par contre je lui demande de libérer le reste de ma famille qui ont été déporté de force en Algerie...j'en ai marre le sahara est marocain.à la ligne sinon on va creer un front de libération de mes freres séquestrés à tindouf et ce mec là il a beaucoup de sang sur les mains pour être mon président.....pour savoir je suis 100 fois plus cultivé que lui alors s'il y'aura un jour un président ca sera moi.En france j'ai expliqué mon histoire à des algériens et ils ont compris le manège de leur président.......
V
1 juillet 2005 13:59
bien dit sinic
o
1 juillet 2005 23:17
Merci pour cet article objectif

Il est très intéressent, il souligne bien les vrais raisons de ce conflit. Mais malheureusement certains se bornent à la version officielle.
m
2 juillet 2005 15:12

Si j'ai bien compris l'article le problème se situe entre Marocains, Sahraouis et dissidents alors que vient faire l'Algérie ? Cela d'une part.

Le Maroc exige actuellement de discuter avec les Sahraouis, les vrais, ceux qui sont nés sur territoire algérien le droit international leur attribue la nationalité du pays. Et voilà un autre problème qui surgit et qui irreversiblement va faire durer l'affaire pour donner l'avantage au Maroc qui commence à bouger, je parle du peuple. Les Marocains sont déterminés de démasquer le vrai coupable de la supercherie, et le combat que nous menons sur ce forum vient étayer la thèse de la continuité. Nous n'aurons que gain de cause. Nous défendons notre terre, les généraux défendent l'air.

sans rancune

mag3
B
3 juillet 2005 00:51
mag3 a écrit:
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> Les Marocains sont déterminés de démasquer le vrai
> coupable de la supercherie,
> mag3

Oui c'est vrai après ils vont envoyer 6 gendarmes pour arrêter le coupable...

Fais nous signe quand l'enquête s'achève.

Mag3 tu peux nous dédicacer le livre que tu viens d'écrire à propos de l'afrique du nord vu et revu par tes soins afin que je puisse l'offrir à un aveugle comme moi...






Modifié 1 fois. Dernière modification le 03/07/05 01:03 par BenMhidi.
m
3 juillet 2005 03:36

BenMhidi,

Tu me déçois en discutant de cette manière. Il y a des civilités à observer lorsqu'on n'a pas son interlocuteur en face, les yeux dans les yeux.

Toi et averoes vous utilisez un langage qui m'est absolument insolite.

Au début, vous êtes rentrés tous les deux par la grande porte, nous vous avons accueilli avec tous les honneurs.

Et voilà que la soirée s'achève et vous paraissez tout minables.

D'habitude, un hôte quand il est bien élevé, il montre des qualités de bienveillance, une certaine courtoisie qui sied à son honneur et à son hiérarchie.

Mais dès qu'il voit que les événements le dépassent il pavoise par l'invective, ce qui ne correspond guère au protocole de l'hôte qu'il est.

J'ai fait la même ramarque à ton compère averoes, qui, dépourvu de moyens de persuations s'est livré aux invectives et aux boutades, armes du déshérité.

Alors BenMhidi rejoinds dans les calendres, ton compère.

Achevé, le temps des diatribres dont lesquelles vous excellez.

Imbus de valeurs naguère inconnues, infatués d'une doctrine obsolète, austère et étroite, le discours devient piètre comme le chat qu'on jette par la porte et revient par la fenêtre,

sans rancune


mag3
 
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