Menu
Connexion Yabiladies Ramadan Radio Forum News
Rien ne va plus entre les USA et l'Egypte
a
21 juin 2006 16:30
EGYPTE - 18 juin 2006 - par ABDALLAH BEN ALI

La « crispation autoritaire » du régime de Moubarak exaspère l’administration Bush.

Le Caire retient son souffle. Depuis que, le 1er juin, Francis J. Ricciardone, l’ambassadeur des États-Unis, s’est rendu pour consultation à Washington, où il s’entretient du « cas égyptien » avec des responsables du département d’État et de la Maison Blanche, chacun s’interroge sur l’avenir des relations, déjà passablement tendues, entre les deux pays. À la veille de son départ, le diplomate n’avait pas fait mystère de l’irritation que lui inspire « la farouche résistance aux réformes » manifestée par le régime du président Hosni Moubarak (78 ans). En tout cas, par une partie de celui-ci. Il s’était notamment déclaré « déçu » par le sort réservé aux opposants et aux militants des droits de l’homme.
Depuis, les choses sont allées de mal en pis. Le 4 juin, le ministère égyptien des Affaires étrangères a ordonné à Gina London, la directrice du bureau cairote de l’International Republican Institute (IRI), une ONG présidée par le sénateur John McCain qui se consacre à la promotion de la démocratie à travers le monde, de suspendre ses activités. « Personne ne les a autorisés à travailler ici », affirme-t-on en haut lieu. L’institut avait pourtant pignon sur rue depuis presque un an. Subventionné par le département d’État, il s’apprêtait à lancer un ambitieux programme d’aide aux partis politiques locaux, notamment ceux de l’opposition. « Le pouvoir n’a jamais vu l’IRI d’un très bon œil, commente un universitaire égyptien. Alors, depuis la détérioration de ses rapports avec l’administration Bush, il le considère carrément comme le cheval de Troie de l’Amérique en Égypte. »

La réponse du berger à la bergère n’a pas tardé. Moins d’une semaine plus tard, un groupe d’exilés égyptiens issus de la minorité copte (chrétienne) a confirmé la tenue le 19 juin, aux États-Unis, d’un colloque sur « les libertés religieuses des minorités au Proche-Orient ». Vif émoi au Caire, où les dirigeants avaient tout fait pour torpiller la manifestation. Très hostiles au régime, les organisateurs, regroupés au sein d’une ONG baptisée « Coptes unis », reprochent à Moubarak son « autoritarisme » et ses pratiques « répressives et discriminatoires » à l’égard des chrétiens. Seule consolation pour les dirigeants égyptiens : le symposium n’aura pas lieu au siège de l’ONU, à New York, comme envisagé un moment, mais dans un hôtel du New Jersey.

Entre le vieux raïs et l’administration Bush, le torchon brûle depuis l’élection présidentielle de septembre 2005. Les Américains n’ont en effet pas digéré - et n’ont jamais sérieusement envisagé de cautionner - la « crispation autoritaire » provoquée, au Caire, par la consultation. Trois mois plus tard, Aymen Nour, le principal challengeur de Moubarak, a été jeté en prison, les municipales ont été reportées à 2008 et l’état d’urgence en vigueur depuis 1981 a été reconduit pour deux ans. Pis encore, le 18 mai, le rejet du pourvoi en cassation de Nour a été ressenti à Washington comme un camouflet. Une semaine auparavant, Gamal Moubarak, le fils et successeur présomptif du raïs, avait été reçu à la Maison Blanche. Sur un ton ferme, ses interlocuteurs lui avaient exprimé leur « vif désir » de voir l’opposant libéré. Après le verdict, les dirigeants américains, furieux, se sont empressés de dénoncer une « parodie de procès » débouchant sur une « erreur judiciaire ».

Pour une fois, Moubarak choisit de se rebiffer. Le surlendemain, il s’en prend violemment aux États-Unis, fustige leur « unilatéralisme » et les politiques « iniques » qu’ils mènent dans la région. Sans précédent depuis les accords de Camp David, qui, en 1978, jetèrent les bases de l’alliance stratégique entre les États-Unis et l’Égypte. En vertu de ces textes, les premiers versent à la seconde quelque 2 milliards de dollars par an.

Est-il concevable que Ricciardone suggère à l’administration Bush de remettre en cause une partie de cette aide ? Peu probable, mais les Américains, qui ont déjà renvoyé aux calendes grecques le début (prévu pour cette année) de la négociation d’un accord de libre- échange, pourraient s’abstenir d’accorder à l’Égypte la moindre aide supplémentaire. Ils l’avaient déjà fait en 2002. À l’époque, il s’agissait d’obtenir la libération d’un autre opposant, Saad Eddine Ibrahim…


JeuneAfrique.com
 
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com
Facebook