Les Parisiens de l'Ouest votent à droite, ceux de l'Est et du Nord votent à gauche et cette bipolarisation politique de la capitale s'est accentuée aux dernières élections présidentielle et législatives. Cette fracture électorale entre les quartiers de l'Ouest parisien et ceux du Nord et de l'Est correspond à de très fortes inégalités économiques et sociales, comme le démontre une étude rendue publique par la ville de Paris, mercredi 27 juin.
Cette première radiographie détaillée de la situation des parisiens en terme de revenus, de logement et de démographie a été établie par l'Observatoire des familles, créé en 2005 et présidé par Olga Trostiansky, adjointe (PS) chargée de la petite enfance et de la famille à la Ville de Paris. Cette étude s'appuie sur les données Insee du recensement national de 1999, de la caisse d'allocations familiales de Paris, de la direction générale des impôts, du rectorat et des administrations parisiennes. Elle livre pour la première fois des données par arrondissement.
NIVEAU DE VIE. En 2004, le quart des familles les plus aisées déclare des revenus fiscaux quatre fois plus élevés que le quart des plus pauvres. Les habitants du centre et de l'Ouest de Paris - 6e, 7e, 8e et 16e arrondissement - gagnent en moyenne plus de 60 000 euros alors que ceux qui vivent dans l'Est et le Nord de Paris - le 18e, 19e et 20e - déclarent un revenu moyen de moins de 20 000 euros.
Quant au revenu médian - au-dessous duquel se situe la moitié de la population -, il est quatre fois supérieur dans le 7e (69 060 euros en 2004) que dans le 18e (17 870 euros). Le 18e compte ainsi 29 % de familles à très bas revenus contre 16 % sur l'ensemble de Paris. Ces disparités de revenus s'expliquent par les différences de catégories sociales : la part des cadres et des professions intellectuelles supérieures est nettement plus importante à l'Ouest et au Centre - 5e, 6e, 7e, 8e et 16e - qu'à l'Est et au Nord - 18e, 19e et 20e où se concentrent ouvriers et employés.
FAMILLES. Si Paris a gagné 28 000 habitants entre 1999 et 2006 grâce à une reprise de la natalité, le 18e et le 19e détiennent le record du taux de natalité : 18,5 naissances pour 1 000 habitants en 2004. En revanche, les quartiers centraux du 5e et du 6e arrondissement ont un taux deux fois plus faible : 9,5 naissances pour 1 000 habitants.
Les familles sont inégalement réparties sur le territoire parisien : les foyers avec enfants forment 25 % à 30 % des ménages dans les quartiers de l'est comme le 13e, le 19e et le 20e arrondissement tandis que les personnes sans enfant se concentrent dans les quartiers centraux des 1er, 2e, 4e, 5e et 6e arrondissements. Paris regroupe un nombre très élevé de familles monoparentales - 26 % contre 17 % en France - qui vivent en majorité dans le 13e, 14e, 18e et 20e.
LOGEMENT. A Paris, le nombre de familles vivant dans des logements sociaux est plus élevé que dans le reste de la France : 25 % contre 16 %. Les écarts entre l'Est et l'Ouest sont importants : sur les 40 800 familles demandeuses d'un logement social, les deux tiers habitent dans sept arrondissements - les 10e, 11e, 12e, 13e, 18e, 19e et 20e.
Dans ces trois derniers, de 23 % et 28 % des familles sont inscrites sur le fichier des demandeurs de logement. Les immeubles insalubres sont surtout concentrés dans les 10e, 11e, 18e et 20e.
Les logements sociaux regroupent notamment des familles monoparentales et des familles nombreuses : 35 % des familles qui vivent en HLM sont monoparentales et 44 % de celles qui ont quatre enfants et plus habitent dans un logement social.
NATIONALITÉ. Sur l'ensemble de la capitale, 14,5 % des habitants n'ont pas la nationalité française. Les familles étrangères forment entre 26 % et 35 % des foyers familiaux dans les 2e, 10e, 18e et 19e.
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