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Les révélations sur le “meurtre” de Yasser Arafat.....
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23 juillet 2012 20:41
Y aura-t-il un printemps palestinien ?
Les révélations sur le “meurtre” de Yasser Arafat surviennent à un moment où la Cisjordanie traverse une grave crise économique et où les Palestiniens rejettent de plus en plus leurs dirigeants.

12.07.2012 | Oussama Othman | Elaph



Règlement de comptes
Les révélations sur l’empoisonnement supposé de Yasser Arafat ont permis à sa veuve, Souha, de régler ses comptes avec les successeurs de son mari et de demander l’exhumation de sa dépouille. Dans Elaph, l’écrivain palestinien Salmane Massalha souligne que, si Mme Arafat respectait son mari, elle ne serait pas allée vivre dans le luxe en Occident (à Malte, après avoir été chassée de la Tunisie), mais serait restée en Palestine auprès de son peuple.

Les révélations de la chaîne satellitaire Al-Jazira, selon lesquelles Yasser Arafat [décédé en 2004] aurait été empoisonné par du polonium, surviennent dans un moment critique pour l’Autorité palestinienne. Premièrement, elle connaît des difficultés financières sans précédent. Deuxièmement, son choix de tout miser sur la négociation [avec Israël] l’a menée dans une impasse. Troisièmement, on assiste à une montée de la colère populaire contre les accords de paix d’Oslo. Aussi, l’idée d’une visite de Shaoul Mofaz [ministre de la Défense israélien au moment de la mort d’Arafat, il devait se rendre le 30 juin à Ramallah] a déclenché des protestations [réprimées], beaucoup y voyant le retour de l’assassin sur le lieu du crime [la visite est reportée].Quelles seront les conséquences pour l’Autorité ? Assistera-t-on à un “printemps palestinien” ? Il faut tout d’abord rappeler que l’Autorité est considérée par les Palestiniens – du moins ceux qui adhèrent au choix de méthodes pacifiques – comme une simple étape sur la voie devant mener à un Etat palestinien souverain sur les Territoires occupés en 1967, y compris Jérusalem-Est. Tant que son existence sert ce but, ils lui apporteront leur soutien. Le Premier ministre de l’Autorité palestinienne, Salam Fayyad, a satisfait aux demandes sécuritaires d’Israël, a réussi à établir des institutions dignes d’un Etat et a instauré une gestion financière à la hauteur des exigences internationales. Mais, en face, le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou n’est pas prêt à donner suite.Malgré cela, l’Autorité palestinienne continue de respecter scrupuleusement les accords d’Oslo, y compris en ce qui concerne la coordination sécuritaire et la répression des Palestiniens appelant à la lutte. Car elle ne veut donner à Nétanyahou aucun prétexte de revenir sur les concessions israéliennes.Mais, aujourd’hui, l’Autorité est nue. Elle a eu recours à des feuilles de vigne en parlant de “lutte pacifique”, puis en cherchant à obtenir sa reconnaissance en tant qu’Etat membre au sein de l’ONU, mais rien de tout cela n’a suffi à faire durablement illusion. L’Autorité revendique deux succès, à savoir la sécurité et la situation économique. Or il n’y a pas de sécurité puisque les forces d’occupation israéliennes peuvent toujours, en vertu desdits accords d’Oslo, intervenir en plein jour et en coordination avec la police palestinienne. Par ailleurs, l’économie ne fonctionne qu’à crédit. Les capacités des banques locales ayant été épuisées, l’Autorité, en plus des aides qu’elle attend chaque fin de mois de la part des donateurs internationaux, pourrait être amenée à demander un prêt de 1 milliard de dollars à la Banque mondiale. Paradoxalement, Al-Quds Al-Arabi a récemment révélé les salaires versés aux ministres, ambassadeurs et autres hauts responsables. On y apprend qu’un “salaire mensuel de 35 000 dollars est versé aux présidents de différentes administrations, telles que le fonds d’investissement palestinien, l’autorité de l’eau, de la Bourse, etc.” En outre, “les ambassadeurs et chargés de mission palestiniens à travers le monde sont aussi nombreux que le corps diplomatique d’une grande puissance. A quoi s’ajoutent les frais des nombreux voyages de certains responsables palestiniens.”Pour ce qui est des suspicions sur la mort par empoisonnement d’Arafat, certains pensent que cela pourrait entraîner des procédures devant la justice internationale. Toutefois, l’affaire est politique plus que juridique. A l’époque des faits, George Bush junior avait accusé Arafat de verser dans le “terrorisme” et avait en quelque sorte donné carte blanche à Ariel Sharon, alors Premier ministre, qui avait déclaré qu’il ne se sentait plus lié par la promesse de ne pas le tuer.L’annonce d’Al-Jazira selon laquelle il existerait des preuves de son assassinat aura de fortes répercussions sur la vie politique palestinienne. Beaucoup de choses ont été politiquement passées sous silence, et notamment le fait que les exécutants de l’assassinat auraient été, selon toute probabilité, palestiniens. Ainsi, la question refera surface de savoir qui, parmi les Palestiniens, avait intérêt à sa disparition.Y aura-t-il un “printemps palestinien” ? S’il y a coïncidence entre une faillite politique, un effondrement économique et la persistance des méthodes répressives des forces de l’ordre, alors les protestations et demandes de réformes pourraient toucher aux bases de l’Autorité, à savoir les accords d’Oslo, et au choix [de tout miser sur la négociation avec Israël], qui révèle toute sa faiblesse.
 
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