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« Retrouver l’universalisme dans le monde arabe », un entretien avec Samir...
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9 décembre 2004 22:15
Dans « Considérations sur le malheur arabe », Samir Kassir analyse le sentiment d’impuissance du monde arabe contemporain. Et rappelle qu’un avenir prometteur s’ouvrait à lui au XIXe siècle. Un élan à reconquérir.

Le ton de votre livre n’est pas polémique mais pédagogique...

Samir Kassir : On parle si mal du monde arabe qu’il m’a semblé nécessaire de remettre à plat certaines conceptions. Notamment celle qui voudrait que les Arabes soient condamnés à toujours vivre dans les conditions dramatiques du présent. Il y a trois ou quatre décennies, les Arabes paraissaient avoir un avenir plein de promesses. Il faut certes se demander pourquoi cela n’a pas été le cas, mais, plutôt que d’analyser cet échec, la priorité a été pour moi de rappeler que les Arabes ont connu un processus de modernisation et que les valeurs de l’universalisme prévalaient parmi eux il n’y a pas très longtemps. En ce sens, c’est un livre de mobilisation contre le discours de la victimisation. Et c’est peut-être là qu’il y a de la polémique. Mais c’est une polémique qui prend sens d’abord par rapport à ce qu’on peut entendre dans le monde arabe lui-même ­ où je vis.

Le mot « malheur » du titre, parce qu’il se situe dans un registre psychologique, ne porte-t-il pas à discussion ?

J’ai choisi à dessein un mot qui s’inscrit dans le registre de la perception. Le problème arabe n’est pas seulement le mal-développement ou les disparités sociales, même si celles-ci sont énormes. Ce qui est spécifique au monde arabe, c’est la perception d’une impasse permanente, d’un avenir obstrué, d’une espérance impossible.

L’impuissance, c’est le sentiment dominant ?

En un sens, c’est un sentiment panarabe. L’intervention en Irak l’illustre par excellence. Le sort de la Palestine en est un autre révélateur, bien plus ancien et encore plus dévastateur. L’incapacité des Arabes à faire cesser l’occupation est paradoxalement mise en relief par le fait qu’ils se savent soutenus par les trois quarts de l’humanité. Mais l’impuissance ne s’estompe pas si on délaisse l’angle panarabe. Quand on examine les pays arabes un à un, on se rend compte qu’ils sont paralysés chacun pour une raison. Si on doit noter, ici ou là, des éléments positifs, ils sont toujours neutralisés par la persistance de nombreux problèmes, plus graves les uns que les autres.

Ce sentiment d’impuissance a été intégré par les dirigeants de ces pays...

Certains ne veulent pas se l’avouer parce qu’ils sont au piège de leur rhétorique, comme la Syrie baasiste. Mais prenez le cas de l’Égypte : ses dirigeants agissent comme s’ils avaient pris acte de l’impossibilité pour eux de jouer un rôle dans les relations internationales. Même chose pour l’Algérie. Pendant l’ère Boumédiène, Abdelaziz Bouteflika était l’incarnation même d’une politique entreprenante. Aujourd’hui, Bouteflika, devenu Président, n’est plus que l’ombre de ce qu’il fut à l’échelle du monde arabe, de l’Afrique et du tiers monde. Ce n’est pas une question de vieillissement, le pays qu’il dirige est bien différent de celui qu’il représentait naguère.

Le sentiment d’impuissance débouche sur celui de victime...

Il y a une exagération du statut de victime. Les Arabes oublient volontiers les autres victimes du Nord industriel et colonial. Et, même en admettant que les Arabes sont des victimes, je pense que tout n’est pas permis à la victime, et certainement pas le terrorisme aveugle. Beaucoup de gens en Occident veulent confondre la résistance avec le terrorisme, mais inversement ­ ce phénomène est assez récent ­ un certain nombre d’Arabes tendent à confondre le terrorisme avec la résistance, en célébrant, par exemple, certaines « techniques » de lutte comme les attentats suicides. J’y suis moi-même opposé non seulement à cause des cibles que de telles opérations visent, mais aussi à cause des références eschatologiques du procédé : le martyre confine alors à une offrande religieuse qui finit par effacer la signification politique du sacrifice. Malheureusement, il y a beaucoup de complaisance à cet égard dans les médias arabes. Mais rejeter la victimisation ne signifie pas s’abandonner à l’autoflagellation. Il faut aussi reconnaître, et là je m’adresse aux Européens, une particularité historique et géopolitique du monde arabe, en l’occurrence que c’est la seule région du monde qui continue de souffrir, quarante ans après la décolonisation, des séquelles du colonialisme. Je veux parler ici d’Israël, en rappelant à la suite de Maxime Rodinson que c’est un fait colonial. Cela n’implique pas une position de refus par rapport à la solution des deux États. Il s’agit seulement de comprendre quelles ont été les conséquences de l’implantation d’Israël pour les peuples alentour. Je n’accorde aucun crédit aux discours des dirigeants arabes qui ont justifié l’autoritarisme par la persistance du conflit israélo-arabe. Mais il est vrai aussi que ce conflit a suscité une telle dilapidation d’énergie, de moyens, de temps, qu’il a fini par contribuer au mal-développement. Et qu’il explique en grande partie pourquoi on en est là au début du XXIe siècle, quand le XIXe siècle avait été si prometteur.

Que s’est-il passé au XIXe siècle ?

D’abord, un effort de modernisation et de réforme des structures étatiques, à la fois à l’échelle de l’État ottoman et à celle de certaines provinces, notamment en Égypte, qui a été pionnière en la matière. On peut parler alors d’un Second Empire ottoman, dans lequel le tarbouche remplace le turban, tandis que le costume européen domine. En parallèle, il y a aussi un réveil culturel. Ce n’est pas un phénomène propre aux Arabes : c’est le cas des Grecs, des Serbes, des Arméniens, sans parler des Turcs. Dans tous les cas, ce réveil culturel a un caractère protonationaliste. Cet éveil culturel, c’est ce que les Arabes ont appelé la Nahda, la Renaissance. C’est un mouvement extraordinaire d’adaptation de la culture arabe aux thèmes qui viennent du XVIIIe siècle, c’est-à-dire les Lumières, les valeurs de la Révolution française et les idéaux du progrès. Le décalage chronologique n’est pas grand. Songez, le premier débat sur la condition féminine à Beyrouth date de 1848 !

m
10 décembre 2004 03:42



Bizarrement tout les pays que vous venez de citer ne represente pas reellement une entité Arabe (La Turquie, l'Afrique du nord et de moindre l'Egypte, le Liban)
La majorité des populations n'ont pas adherer au grand projet virtuel du monde Arabe, ceci a mis en echec leur vision du developpement et de rassemblement regional, resultat : le 1er echec.
Les même causes engendre les mêmes effets, nous nous faisons que parler d'un passé qui a causé beaucoup de dégats, on a imposé aux populations des dogmes et des structures qui n'etaient pas les leurs, on arabise les populations a outrance, on casse tout se qui est mode de vie et pensé tradionnelle des populations pour la presenté ensuite a un espace regional en 6eme dimmenssion et qui n'ont aucun rôle a jouer.
Cela ma fait rappeler une citation au moment ou il y avait un brin de civilisation, de developpement et de modenisation en Algerie, si on est des Arabes pourquoi Arabisé , si on est pas des Arabes pourquoi arabisé .

Encore une fois la Nahda n'a pas ete attribué au monde Arabe mais au monde musulman, vous vous imaginé combien d'hommes et de femmes que vous pouvez exclure par cette vision selective.

Ils auraient ete preferable et souhaitable de parler du monde musulmans et ce qu'il pouvait presenter comme altenative, nous n'oublions pas que Djamal Eddine El-Afghani et Mohamed Abdou a qui ce dernier revient le merite sur l'emancipation de la femme etaient les pionniers de cette reforme dans le monde musulman et non le monde Arabe.

D'ailleurs vous le dites si bien , Bouteflika le pays qu’il dirige est bien différent de celui qu’il représentait naguère.

bien a vous
2
10 décembre 2004 13:41
Salam mustangd10,

Le titre est 'un entretien avec Samir Kassir', cela vaut dire que ces propos sont de Samir Kasrir.
Pour le reste, j'ai posté cet article avant de le lire. J'y manquerai pas de répondre.

m
10 décembre 2004 22:37
Je sais 2 Loubna qu'il appartient a un autre auteur tu la si bien mentionné au debut de ce poste, t'en fait pas j'ai pris note.
bien a vous
 
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