Menu
Connexion Yabiladies Ramadan Radio Forum News
Le retour des traders assoiffés d'Assedic: un mythe!
a
27 février 2009 18:19
Après avoir dilapidé l’argent des contribuables, les traders, jetés à la rue par la finance londonienne, reviendraient maintenant en France… pour vider les caisses de l’assurance chômage ! C'est la rumeur qui court depuis quelques semaines : les employés français des grandes banques londoniennes, rentrés au pays, bénéficieraient de mirobolants Assedic dès lors qu'ils justifient de quelques jours de travail en France depuis leur retour.

Tout a commencé le 17 février, à la tribune de l’Assemblée nationale, par la voix du socialiste Alain Vidalies, scandalisé par cette « astuce » permettant aux anciens traders de toucher « 6.366,80 euros par mois bien que n'ayant jamais cotisé aux Assedic ».

207 bénéficiaires du système en France depuis le 1er novembre… et pas tous traders !
Contacté par Marianne, le député explique avoir trouvé l’information dans un article des Echos de la veille, Vent de déprime sur la City, qui décrivait l’ambiance morne du secteur de la finance londonien en crise : « Les Français, de leur côté, commencent à rentrer au pays pour toucher le chômage plus généreux des Assedic. »


Un article du Point et un autre du Canard enchaîné avaient déjà attiré l’attention sur ce phénomène. La réponse de l’Unedic était alors passée quasi inaperçue. Elle éclaire pourtant la « combine » d’une lumière bêtement juridique : l’indemnisation de ressortissant de l’Union européenne dans un autre pays tombe sous le coup du règlement 1408 de l’Espace économique européen, retranscrit dans le Code du travail, qui garantit une indemnisation sur la base du salaire perçu dans un autre Etat membre à condition que la personne ait travaillé plus d’un jour et moins de quatre semaines. Le montant de l’allocation est alors de 37,3% du salaire étranger antérieur.

Calculette en main, le plafond de 6366€ évoqué par les journalistes ne peut être atteint qu’à condition d’avoir perçu un salaire mensuel à l’étranger de… 20000€ ! Or, selon l'Unedic, seules 24 personnes atteignaient ce plafond en septembre 2008. Quant au mécanisme d’indemnisation des Français ayant perçu un salaire à l’étranger, le Pôle emploi indique qu’il n’a été utilisé que 207 fois entre le 1er novembre 2008 et le 20 février 2009.


Un « truc qui se sait » à Londres et qui sauve de la panade
C'est peu, d'autant que ces 207 bénéficiaires sont simplement des Français ayant travaillé dans l’un des 27 Etats membres, pas forcément des traders. Qui plus est, le système est réciproque, bien que plus avantageux en France: les traders concernés ont tous cotisé de l’autre côté de la Manche pour une indemnité chômage touchée par d’autres.

Alain Vidalies trouve néanmoins ce « kit pour se faire indemniser en France », politiquement choquant : « il y a deux millions de bénéficiaires de l’Unedic en France dont la moyenne d’indemnisation tourne autour de 900€, précise le député des Landes. Certes le règlement de 1971 doit être appliqué mais il serait pour moi raisonnable d’envisager un plafonnement. »

A Londres, ce système d’indemnisation est « un truc qui se sait » dans le milieu de la finance, où on parle de « filière Mac Do », la restauration rapide fournissant des CDD de courte durée assez facilement. Du pain bénit pour tous ceux qui ont besoin, à leur retour, de justifier de jours de travail en France. Mais le mécanisme est plutôt perçu comme une sécurité que comme une aubaine : « la vie à Londres est extrêmement chère, 25 à 30% de plus qu’à Paris, remarque un employé d’un groupe bancaire international. Quand un trader passe d’un salaire de 80000 livres annuels [environ 80000€ aujourd'hui, avec la dévaluation de la livre, NdR], plus autant de bonus à zéro avec des traites sur le dos, il ne rentre pas en France pour piller les Assedic : il revient pour habiter chez ses parents et trouver un moyen de bouffer ! »

à suivre
a
27 février 2009 18:20
suite et fin:

Selon le Center for Economic Studies, plus de 60000 salariés de la City de Londres devraient perdre leur job entre 2008 et 2009. Un chiffre auquel il faut ajouter tous les employés des prestataires de services dépendant des traders. A commencer par le secteurs de la restauration, deuxième employeur des Français dans la capitale britannique ! « Les traders n’épargnent pas, ils flambent ! explique un employé de la finance à Londres. Toute une partie de l’économie de la ville est morte. » Bref, on est loin des hordes de jeunots en costumes trois-pièces assoiffés d'Assedic qui envahissent les rues de Paris. Mais les traders sont des bouc-émissaires tellement pratiques : arrogants et flambeurs, ils donnent envie de croire qu'ils sont responsables de la crise de A à Z et que le système lui-même n'est qu'une de leurs pauvres victimes…


Mercredi 25 Février 2009 - 15:33
Sylvain Lapoix

source:
[www.marianne2.fr]
 
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com
Facebook