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« Retour du religieux », ou « retour du spirituel » ?
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7 mars 2008 10:24
« Retour du religieux », ou « retour du spirituel » ?

Par Eric "Younès" Geoffroy
vendredi 7 mars 2008

Les religions instituées, on le sait, sont actuellement déconsidérées - notamment en France. On reproche par exemple aux trois religions monothéistes de susciter la violence, l’intolérance et l’intégrisme. On parle en Europe de "société post-chrétienne", et la crise que traverse la culture islamique, en particulier dans les pays arabes, n’est pas moindre. Une chose est sûre : la conception d’une religion centrée sur elle-même et dont le slogan serait « Hors de l’Eglise point de salut » n’est plus viable, quelque soit la religion envisagée.

La mondialisation recèle en fait une dimension très positive, insoupçonnée - une "ruse de Dieu" ? - : nous sommes désormais sommés de nous ouvrir à l’universel, sans quoi la religion deviendra une formidable machine de guerre, instrumentalisée de part et d’autre. Si la religion n’est pas nourrie de l’intérieur par une spiritualité authentique et exigeante, elle tourne à l’hypocrisie, accouche du matérialisme ou de toute autre forme de réaction, favorise le développement des sectes ou d’un occultisme de mauvais goût, etc.

En islam sunnite, c’est le tasawwuf, ou soufisme, qui a assumé ce rôle d’équilibre entre les aspects extérieur (zâhir) et intérieur (bâtin) de la Révélation, de coeur vivant de la religion et d’ouverture à l’universel. Non point le "maraboutisme" dégénéré - effectif - qu’ont dénoncé certains musulmans, mais la spiritualité des grands maîtres, ou encore des "oulémas-soufis" comme Ghazâlî, Nawâwî, Suyûtî et bien d’autres.

On attribue à Ghazâlî, précisément, d’avoir réconcilié "orthodoxie" et soufisme, fâchés depuis l’affaire Hallâj (m. 922). Fort de cette reconnaissance, le soufisme a même été utilisé par des savants (dont Ghazâlî) et des gouvernants (tels que Saladin), en tant que mystique sunnite tempérée, pour lutter contre l’influence du chiisme, notamment ismaélien.

C’est dire que le soufisme historique n’est donc pas ce courant marginal, sectaire et déviant qu’on nous présente parfois. Il a imprégné toute la culture islamique jusqu’au XIXe siècle, et favorisé l’intégration de nombreuses couches de la société dans cette culture1. Attaqué par les wahhabites et autres salafis, puis par les modernistes, le soufisme s’est trouvé dans le creux de la vague au XXe siècle, du fait de sa propre sclérose plus que des attaques des réformistes (Afghânî, ‘Abduh...) : ceux-ci, en effet, sont pour la plupart restés attachés à leur patrimoine soufi2. Parallèlement, depuis le XVIIIe siècle, des maîtres ont procédé à une réforme interne du soufisme.

La suite : [oumma.com]
 
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