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les religions meurtrières
h
3 novembre 2010 10:57
C'est le titre d'un ouvrage paru en 2006 écrit par Elie Barnavi, sur les relations entre politique et religieux et sur le fondamentalisme des religions monothéistes, dont je vous livre un résumé ci-dessous:

Les Religions meurtrières
Elie Barnavi
11-06

1 « Religion »est un mot-valise

Les religions ne sont pas des blocs monolithiques : multitudes de courants, de pratiques, de cultes.
Il faut distinguer l’orthodoxie (ce qu’il faut croire, les dogmes et les croyances) et l’orthopraxie (ce qu’il faut faire, les rites et les pratiques).
Une religion est un système symbolique, une grille d’interprétation du monde porteuse d’espoirs et de valeurs, créatrice de l’identité de l’individu au sein du groupe et de celle du groupe face aux autres. La religion est ainsi intrinsèquement porteuse de violence, car ce sont là autant de notions qui méritent qu’on se batte pour elles.
La religion est, dans l’esprit occidental chrétien, ce qui délimite un espace consacré et celui qui n’appartient qu’aux hommes. En arabe et en hébreu, pas de traduction littérale pour « religion », mais un mot (« din », ou « dat ») qui renvoie tout aussi bien à la Loi qu’à la religion. La religion ne forme ainsi pas un espace distinct mais forme un système total qui englobe tout, y compris l’Etat.
Le relativisme culturel ne doit pas mener au relativisme moral

2 Toute religion est politique

Affaire de groupe, la religion est également affaire de pouvoir dans tout société non sécularisée.
Le groupe impose la croyance et la pratique à l’individu, contre sa volonté s’il le faut : il en va de la survie du groupe et de la survie de l’individu au sein du groupe.
La religion définit le groupe et les autres : fidèles et infidèles, orthodoxes et hérétiques
La religion crée une hiérarchie au sein du groupe : différenciation de l’homme et de la femme, séparation des purs et des impurs.
La religion définit la place de l’individu dans la société comme la volonté de Dieu : résister au groupe, c’est vouloir résister à Dieu. La religion légitime donc l’ordre social et le pouvoir en place. Elle est ainsi un instrument légitimant du pouvoir (cf. pouvoir de droit divin). Ainsi Rousseau prône une religion civile, ainsi Robespierre et Staline remplacent la religion par le culte de l’Etre Suprême.
La séparation de l’Eglise et de l’Etat, durement acquise, est propre à l’Occident. Comment peut-elle exister là où le terme « laïc » n’existe pas ? Comment peut-elle exister là où l’Etat et la Religion au sens occidental du terme n’existe pas ?

3 Le fondamentalisme est une lecture particulière de la religion

Le fondamentalisme correspond à un retour aux fondamentaux de la foi, aux textes sacrés expurgés de tous les commentaires accumulés au fil des temps. Un réformateur rétablit le texte original, le débarrasse de l’exégèse : il revient à la forme initiale. La réforme protestante est un fondamentalisme.
Le fondamentalisme est une quête de la pureté originelle, quête qui peut rapidement se transformer en surenchère, car on trouvera toujours plus pur que soi.
Le fondamentalisme devient dangereux pour la société quand ses adeptes deviennent trop nombreux ou qu’il cherche à s’emparer du champ politique, par des moyens violents, quand d’irénique, il devient révolutionnaire

4 Le fondamentalisme révolutionnaire est une lecture totalitaire de la religion

Le fondamentalisme est un retour aux sources, l’intégrisme cherche à figer les pratiques et les croyances dans un système donné comme définitivement abouti et immuable. L’un comme l’autre ne sont dangereux que lorsqu’ils cherchent à renverser le pouvoir en place, qu’ils deviennent révolutionnaires.
Le fondamentalisme révolutionnaire est un système où la religion investit l’ensemble du champ politique et privé, imposant un principe unique et exclusif de tout autre. C’est une idéologie totalitaire, au même titre que le communisme ou le fascisme


5 Les religions révélées connaissent plus que les autres la tentation du fondamentalisme révolutionnaire

Sans textes sacrés, pas de fondamentalisme, puisque le fondamentalisme est un retour aux textes sacrés. Mais il y a les textes sacrés, et ce qu’on veut bien y lire.
Les religions révélées prétendent détenir la vérité absolue, une et indivisible, et ignorent le doute, et la discipline religieuse est la voie la plus sûre pour atteindre cette vérité, que ce soit par une foi inébranlable chez les chrétiens ou une pratique respectant à la lettre les préceptes établis chez les juifs et les musulmans.

6 Le fondamentalisme chrétien est parti battu

La séparation de l’Eglise et de l’Etat, brutale en France (loi de 1905), plus souple ailleurs, est spécifique à l’Occident. L’Etat moderne se définit en Occident par une unité de territoire sur lequel un souverain légitime a le monopole du pouvoir législatif, dicté par la raison des hommes ici-bas, Dieu restant là-haut. Le politique est autonome, c’est un pouvoir laïque, influencé parfois par la religion et parfois en conflit avec elle. Cet Etat est par définition laïque.

« Donnons à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César » : dès le départ, le Christ, par la force des choses (l’Etat romain était là avant lui), fait la distinction entre le royaume de César et le royaume de Dieu. Ces deux royaumes sont alliés mais distincts, l’Eglise a donné des bornes morales à l’Etat et l’Etat a étouffé la tentation théocratique du Christianisme.

7 La chance du fondamentalisme juif a été l’Etat, sa perte aussi

Le fondamentalisme juif s’est développé dans le Sionisme et la création d’Israël, en se basant sur l’Alliance entre le peuple juif et sa Terre. Le salut du peuple passe pour les fondamentalistes juifs par le retour à la Terre Promise voulu par Dieu. La création d’Israël sert donc le dessein de Dieu et le peuple soumis à la volonté de Dieu doit se mettre au service de la puissance d’Israël. Rabbin a été assassiné par un fondamentaliste juif pour avoir voulu échanger la paix contre de la Terre appartenant à Israël par la volonté de Dieu.

Cette idéologie a trouvé ses limites dans le succès du désengagement d’Israël de la bande de Gaza, preuve qu’Israël peut exister sans correspondre parfaitement à la Terre Promise.


8 L’Islamisme est aujourd’hui la forme la plus nocive du fondamentalisme révolutionnaire

L’Islam, impliqué dans la majorité des conflits où la religion joue un rôle, fait peur. Des fondamentalistes musulmans ont déclaré la guerre à l’Occident impie et aux Etats musulmans qu’ils considèrent corrompus et étrangers aux vraies valeurs de l’Islam.
Il y a confusion en Islam entre le pouvoir et la religion : Mahomet est à la foi chef de guerre, législateur, fondateur de religion et dirigeant d’une communauté. Le politique et le législatif, même despotique, n’est pas autonome par rapport à la religion : il fait exécuter la Loi, donnée pour immuable et parfaite, et que l’on ne peut pas critiquer.
Le monde musulman, pourtant certain de détenir la seule Vérité possible et héritier de la grande civilisation musulmane du Moyen-Age, n’a rien à opposer à l’Occident. Comment sortir de cet échec?
Les imitateurs de l’Occident (Turquie, Tunisie, Shah d’Iran) ont tenté d’imposer une modernité copiée sur l’Occident qui ne peut se maintenir que par la force.
Le fondamentalisme musulman rend la non-observance stricte de la Religion responsable du déclin et de l’échec du monde musulman. L’ « Islam est la solution » pour retrouver la gloire passée : islamiser la société pour retrouver l’unité du politique et du religieux et établir le Royaume de Dieu sur terre.
Pour les populations pauvres et incultes du monde musulman, l’islamisme est la seule alternative face à des gouvernements corrompus incapables d’assurer leur bien-être et qui se révèlent prêts à composer avec les islamistes pour se maintenir en place (ex flagrant : les frères musulmans en Egypte), d’où l’islamisation des sociétés et du droit.
L’Occident est concerné à travers Al-Qaida, qui s’intéresse désormais à l’Occident et y recrute dans les communautés musulmanes issues de l’immigration. Ces recrues trouvent dans la religion un rêve d’appartenance à une communauté qu’elles ne trouvent pas dans la société civile. Déracinés, ils ne se sentent chez eux nulle part et seront chez eux dans l’ordre islamique mondial.
Produit de la mondialisation, Al-Qaida ne cherche pas à établir des Etats-Nation mais œuvre pour l’oumma globale. Leur idéologie, faite de haine de la modernité et d’un Islam basique, est véhiculée par les moyens de communication les plus modernes et les cadres d’Al-Qaida sont excellents communiquants.

9 Le combat contre le fondamentalisme révolutionnaire musulman est la grande affaire du XXIe siècle.

L’Occident démocratique est en guerre contre une idéologie globale qui entend user du terrorisme à une échelle inédite pour le mettre à mort.

La guerre contre le terrorisme actuelle semble mal engagée : on ne met pas les moyens militaires suffisants, on n’assure pas la reconstruction et l’aide internationale au développement est insuffisante.

Depuis la chute de l’URSS, l’ordre mondial se confond avec l’hyper puissance américaine, qui trouve des limites en Iraq et en Afghanistan. Un nouvel ordre mondial doit se construire, et il ne pourra être bénéfique à l’Occident que si l’Occident retrouve son unité autour du socle commun de valeurs qui ont fait sa civilisation, que les USA réapprennent la diplomatie et l’UE l’usage de la force.

Les 20M de musulmans vivent dans les communautés, souvent mal intégrés et avec le poids affectif et idéologique issu de la colonisation. Il y a un problème spécifique d’intégration des musulmans. Ces musulmans sont minoritaires, une nouveauté pour des musulmans qui sont pour la plupart majoritaires dans leur pays d’origine. Les pays d’accueil doivent pour la première fois de leur histoire accueillir une immigration de masse non européenne. Des deux modèles d’intégration, le français et le britannique plus ou moins repris par les autres pays, aucun ne fonctionne.
Le multiculturalisme est un principe erroné : des communautés sans unité de langue et de culture ne peuvent former une société. Le multiculturalisme conduit au ghetto, le Londonistan en est la preuve.
La fin de l’ascenseur social, de rôle intégrateur de l’école et de l’armée, le complexe post-colonial et le manque de volonté d’intégration des immigrés musulmans non-européens en comparaison avec les vagues précédentes d’immigration ont eu raison du modèle d’intégration français.
Face à cet échec des sociétés d’accueil, l’islamisme propose un projet de socialisation, dans lequel l’Islam est la seule identité possible, le but étant que l’islamisme devienne une force politique en Europe.
Que faire ? L’Occident doit être intransigeant sur les valeurs qui ont fait sa civilisation et les principes fondamentaux de la démocratie. Si les démocrates ne le font pas, les fascistes le feront.

Conclusion : contre le « dialogue des civilisations »

« Nous, civilisations, qui nous savons désormais mortelles (Valéry) » : une civilisation qui perd confiance en elle-même jusqu’à perdre le goût de se défendre entame sa décadence.

Une communauté a besoin d’un socle de valeurs communes (la Religion Civile chère à Rousseau) qui donne sens à son existence. En Occident, ce sont les Droits de l’homme, la nation souveraine, l’histoire, la laïcité et la démocratie. La laïcité ne s’exporte pas plus que la démocratie. Pas de dialogue possible avec les civilisations qui n’en comprennent pas la notion.

L’Occident doit se préparer à se défendre pour préserver la liberté de choix, la liberté tout court.
f
3 novembre 2010 11:08
J'ai tout lu...c'est assez synthétique et accessible...
b
3 novembre 2010 20:22
"preuve qu’Israël peut exister sans correspondre parfaitement à la Terre Promise." Terre promise un terme bien vague, sans carte géographique, ni système de coordonnées de Lambert
"Mahomet est à la foi chef de guerre, législateur, fondateur de religion et dirigeant d’une communauté." Pour d'autres Mahomet s.a.s n'est que le Messager porteur d'une nouvelle, il ne fonde rien.
"Le multiculturalisme est un principe erroné : des communautés sans unité de langue et de culture ne peuvent former une société. Le multiculturalisme conduit au ghetto, le Londonistan en est la preuve." Pourtant ce multiculturalisme est bien reçu dans les pays musulmans bérbéro-arabo-francophone. Ce qui est bon d'un coté n'est plus bon de l'autre ?
"le manque de volonté d’intégration des immigrés musulmans non-européens". Résistance à un formatage, une acculturation, ou à la perte de la foi ?
"les USA réapprennent la diplomatie et l’UE l’usage de la force." Un vœu pieu digne des protagonistes de la théorie du Clash des civilisation et adeptes du Tollé rance plutôt que de la Tolérance ? Alors qu'il faut reconnaitre qu'il n'y a qu'une seule civilisation avec toute une diversité de composantes.
"L’Occident doit se préparer à se défendre pour préserver la liberté de choix, la liberté tout court." Plutôt à soumettre un marché de milliards d'individus. Conclusion : un discours éculé et dépassé, l'Occident doit reconnaitre le droit des peuples à la diversité culturelle et religieuse, et combattre cette vague médiatique néo-colonisatrice des systèmes et modèles de pensée. On ne peut être tolérant avec des Pasteurs du type de Terry Jones et intolérant vis à vis des autres dont on considère les "identités culturelles ou religieuses" comme douteuses ... Liberté, libertad, implique Tolérance. Enfin j'ai utilisé et laissé passer à plusieurs reprises le mot Occident (concept d'ensemble flou) dont le sémantème serait bien difficile à définir : une communauté fondée sur quels référents communs ?
b
3 novembre 2010 22:39
La modération créant une désynchronisation des interventions annihile l'interactivité, vu que les posts classés en fonction du temps se retrouvent noyés par les commentaires ultérieurs. Bye
h
4 novembre 2010 10:14
Citation
blagueur a écrit:
"preuve qu’Israël peut exister sans correspondre parfaitement à la Terre Promise." Terre promise un terme bien vague, sans carte géographique, ni système de coordonnées de Lambert: La Bible définit parfaitement la Terre Promise
"Mahomet est à la foi chef de guerre, législateur, fondateur de religion et dirigeant d’une communauté." Pour d'autres Mahomet s.a.s n'est que le Messager porteur d'une nouvelle, il ne fonde rien. Historiquement faux: Mahomet est un chef politique et a créé un état et un début d'Empire que ses successeurs ont élarg
"Le multiculturalisme est un principe erroné : des communautés sans unité de langue et de culture ne peuvent former une société. Le multiculturalisme conduit au ghetto, le Londonistan en est la preuve." Pourtant ce multiculturalisme est bien reçu dans les pays musulmans bérbéro-arabo-francophone. Ce qui est bon d'un coté n'est plus bon de l'autre ? Pays musulmans bérbéro-arabo-francophone: pays dans lesquels la communauté immigrée a pour particularité unique d'être plus riche et plus éduquée que les populations locales et constitue un modèle linguistique et culturel pour l'élite au pouvoir: ce multiculturalisme hérité d'une domination culturelle et militaire (colonisation) est imposé à la population locale et ça n'a rien à voir avec le multiculturalisme en Europe où les locaux cherchent à intégrer tant bien que mal les immigrés.
"le manque de volonté d’intégration des immigrés musulmans non-européens". Résistance à un formatage, une acculturation, ou à la perte de la foi ?
"les USA réapprennent la diplomatie et l’UE l’usage de la force." Un vœu pieu digne des protagonistes de la théorie du Clash des civilisation et adeptes du Tollé rance plutôt que de la Tolérance ? Alors qu'il faut reconnaitre qu'il n'y a qu'une seule civilisation avec toute une diversité de composantes. Cette théorie de l'unicité de la civilisation est démentie par les faits, et le clash des civilisations a été théorisé pour la première fois dans les années 50 par Qotb, égyptien théoricien des Frères Musulmans. .
"L’Occident doit se préparer à se défendre pour préserver la liberté de choix, la liberté tout court." Plutôt à soumettre un marché de milliards d'individus. Conclusion : un discours éculé et dépassé, l'Occident doit reconnaitre le droit des peuples à la diversité culturelle et religieuse, et combattre cette vague médiatique néo-colonisatrice des systèmes et modèles de pensée. On ne peut être tolérant avec des Pasteurs du type de Terry Jones et intolérant vis à vis des autres dont on considère les "identités culturelles ou religieuses" comme douteuses ... Liberté, libertad, implique Tolérance. Enfin j'ai utilisé et laissé passer à plusieurs reprises le mot Occident (concept d'ensemble flou) dont le sémantème serait bien difficile à définir : une communauté fondée sur quels référents communs ? droit des peuples à la diversité culturelle et religieuse? mais c'est typiquement ce que le fondamentalisme musulman, idéologie totalitaire, ne reconnaît pas. L'illuminé Terry Jones a une influence limitée à son "église" et tout le monde l'a déjà oublié; les prédicateurs fondamentalistes qui prêchent la violence et le "martyr" ont une influence bien plus large et sont dangereux pour tous: on ne peut pas être tolérant avec eux. L'Occident peut se définir par Terre de démocratie chrétienne. Il peut aussi se définir par terre où l'on traduit les livres écrits ailleurs.
 
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