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Regard critique sur le processus de paix
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8 février 2005 22:53
Une nouvelle ère vient paraît-il, de commencer au Moyen Orient. La recherche d’un accord de paix final entre Israéliens et Palestiniens, au moins à première vue, semble plus proche qu’à aucun moment de l’histoire.
Cependant, la recherche de la paix doit être accompagnée par des actions tangibles et constructives de la part des deux parties. Depuis la mort du Président Arafat le 11 novembre, des rumeurs favorables ont filtré dans les medias internationaux. Les navettes diplomatiques ont repris entre les parties concernées et le Quartet, avec les allées et venues de nombreux officiels gouvernementaux, la « feuille de route » est devenue un boulevard.

Un grand nombre de fonctionnaires et d’officiels gouvernementaux ont été enchantés et électrisés par la conduite de l’Autorité nationale palestinienne. On lui a présenté l’équivalent de trois examens d’entrée, pour rejoindre l’arène du processus de paix. Les trois tests étaient :

La période de transition qui a suivi la mort du président Arafat.
Les élections palestiniennes (présidentielles, parlementaires, municipales).
La conclusion d’un accord de cessez-le-feu qui englobe toutes les factions palestiniennes.

Tout d’abord, la mort mystérieuse du Président Arafat a été un véritable choc pour les Palestiniens, leurs instances politiques, et pour beaucoup d’autres dans le monde. En dépit du degré prévisible d’incertitude et d’appréhension qui accompagne toute transition structurelle, l’ère post Arafat a montré des indicateurs positifs à la fois dans le domaine de la construction de la nation et dans celui du processus de paix. Par exemple, beaucoup ont pensé que, avec la vacance de pouvoir et d’autorité laissée par Arafat, la Palestine allait vers un état d’anarchie, ou, plus encore, vers une guerre civile redoutée et vaine. Cependant, les Palestiniens et en particulier l’Autorité palestinienne se sont avérés répondre avec beaucoup de maturité, et peut-être au-delà des espérances

Le second test pour les Palestiniens s’est présenté sous la forme de l’organisation d’indispensables élections à grande échelle. Deux des trois étapes des élections ont commencé, et jusqu’à maintenant le processus démocratique a été salué par les médias internationaux comme un événement dans l’histoire moderne du monde arabe. Même si les élections n’étaient pas entièrement libres (à cause principalement de l’occupation israélienne), ni avec un taux de participation élevé, le fond de l’argument est que, en dépit de tous les obstacles les élections se sont déroulées avec succès. En termes de valeurs et de processus démocratique, les élections ont été contrôlées par de nombreux envoyés spéciaux gouvernementaux et non gouvernementaux dans la région, qui n’ont eu que des remarques ou des commentaires positifs sur le déroulement des élections.

Le troisième test, et semble-t-il le plus difficile, que les instances politiques palestiniennes ont à affronter, était et est la recherche d’une véritable trêve englobant toutes les factions palestiniennes, sans s’aliéner aucun groupe. S’y ajoute la difficulté de s’efforcer d’entreprendre la mise en œuvre d’un cessez-le feu, dans la situation actuelle d’occupation militaire. Un aspect paradoxal de ceci est que, alors que les personnes qui vivent sous occupation ont un droit légal et international inhérent de résister à l’occupation par tous moyens à leur disposition (selon l’Assemblée générale des Nations Unies, résolution 3103, article 51 de la Charte de l’ONU, et les droits et les devoirs des personnes vivant sous occupation, stipulés par la 4ème Convention de Genève), les membres de la Communauté internationale, avec Israël, ont exercé des pressions sur les Palestiniens pour qu’ils acceptent « une cessation des violences », comme préambule des négociations qui pourraient éventuellement mener à l’indépendance de l’Etat de Palestine. En même temps, les Palestiniens essayaient vainement d’exercer des pressions sur la communauté internationale et Israël pour aboutir à une cessation des violences des Israéliens envers les Palestiniens. Le préambule pour le processus de paix, semble-t-il, est une suspension du droit international en faveur d’Israël. Comme en beaucoup d’occasions précédentes, Israël agit au dessus du droit international.

Il faut être deux pour danser le tango ! Le côté palestinien remplit ses responsabilités internationales et ses obligations, prenant l’ initiative authentique de mesures instaurant la confiance, afin de prouver ses intentions et sa bonne volonté, mais l’Autorité palestinienne reste, jusqu’à présent, sans partenaire pour danser le tango. A première vue, Israël a répondu par la réciproque à l’initiative palestinienne. Les trois dernières semaines, beaucoup de gestes de bonne volonté et de gages ont été proposés du côté israélien, toutefois, malheureusement, sans absolument aucun changement sur le terrain pour le Palestinien moyen qui vit sous cette occupation horrible, injuste, et prolongée.

En termes d’efforts de paix, le bilan israélien est tout à fait honteux pour un état qui se considère comme la seule démocratie du Moyen Orient.

Il n’y a pas eu d’allègement des restrictions de mouvement entre les villes palestiniennes. Les couvre-feu demeurent, la déshumanisation aux check points est toujours une expérience de routine quotidienne pour les Palestiniens. Chaque jour, le meurtre de Palestiniens, en toute impunité, continue, ainsi que la reprise de la construction illégale du « Mur de l’Apartheid », avec la bénédiction de la Cour Suprême d’Israël. Se poursuivent aussi la menace que constitue toujours l’existence de la très raciste « Loi des Absents », l’interdiction pour les résidents de Cisjordanie d’entrer dans Jérusalem Est occupée, la loi proposée et déjà en partie en vigueur qui ne permet qu’aux détenteurs de la carte d’identité de Jérusalem de pénétrer en Cisjordanie avec un permis israélien, et finalement la continuation des attaques épouvantables qui endeuillent Gaza depuis plus de quatre ans.

Il faut être deux pour danser le tango ! Si les temps sont mûrs, comme les médias internationaux essaient de le souligner, il est grand temps pour Israël de prendre des mesures concrètes pour, dans un premier temps, bâtir la confiance, et dans un deuxième, payer de retour les mouvements préliminaires enthousiastes de l’Autorité palestinienne, et enfin de s’asseoir à la table de négociations avec leurs homologues palestiniens, afin de mettre fin aux souffrances que ce conflit a apportées à des millions de personnes (à la fois Palestiniens et Israéliens). La route qui s’ouvre n’est pas aisée, mais c’est un effort qui vaut d’être fait des deux côtés, ainsi que pour le monde dans son ensemble.

www.Miftah.org
traduction : Anne Jégou, Afps

La liberté des autres étend la mienne à l'infini.
 
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