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Réflexion sur le socialisme......Celia Hart
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30 décembre 2004 23:37
Cuba : Considérations en marge du crime, par Celia Hart.


28 septembre 2004
[Non, le stalinisme n’a été en rien positif dans la seconde guerre mondiale. Staline nous a livré le fascisme sur un plateau d’argent. Mais l’URSS n’a t-elle pas aidé la jeune révolution cubaine ? Non ! Ma révolution a perduré malgré l’URSS. ]

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Rebelion, 26 août 2004.

Ce 20 août, cela a fait une année de plus qu’a été commis l’atroce assassinat de Léon Trotsky. Je ne sais pas si quelqu’un a déposé une fleur devant La Faucille et le Marteau qui veillent sur sa dépouille.

Peu importe, il se pourrait que nous ne soyons pas encore prêts à l’enterrer. Il se pourrait que tous les révolutionnaires ne soient pas parvenus à savoir qui était celui qu’a assassiné Ramon Mercader à Coyoacan.

A tous ceux qui me répètent : "Tu veux faire revivre Trotsky", je répète jusqu’à satiété et avec toujours plus de véhémence qu’il faudra qu’ils l’assassinent à nouveau, et cette fois avec des armes plus sophistiquées.

Mais c’est ainsi. Ce 20 août, le vieux Léon, 64 ans après sa mort, est plus vivant que jamais. Non pas parce que plus de personnes s’en souviennent, mais parce que plus de personnes ont besoin de s’en souvenir. La vie est un caprice de la nécessité et le vent est en train de souffler à gauche.

Il y a quelques jours l’Amérique a commencé à se réveiller. Nous étions la Belle au Bois Dormant attendant qu’on l’embrasse pour se relever. Qu’elle cesse de dormir, cette demoiselle métisse !

Caracas se propose d’être la capitale de la gauche mondiale, dans un instant où tous les drapeaux, toutes les couleurs et toutes les images qui renvoient aux temps passés ne font plus qu’un seul drapeau. Il y a là le Juillet de France, l’Octobre russe, le Janvier cubain, et encore l’Espagne internationaliste et inédite des années 30, les oeillets du Portugal, Allende... toujours à la Moneda, et bien d’autres. Pour une fois se trouvent réunis les disparus d’hier avec les vivants d’aujourd’hui. Réunis tous ceux qui peuvent l’être. Le temps de la réforme et de la coexistence avec la bourgeoisie touche à sa fin.

Rarement après tant de combats, il ne leur est aussi difficile qu’aujourd’hui de dissimuler les luttes pour l’indépendance économique, contre la corruption et pour la justice sociale...

Ce n’est pas un hasard. Après nous avoir tant trompés avec les fausses lunes de la globalisation, du néolibéralisme et les défunts fossiles socialistes, la vérité surgit comme un arc-en-ciel après l’orage.

J’ai la certitude que la chute du mur de Berlin a été une chance. C’est dommage qu’elle ne se soit pas produite plus tôt. Le merveilleux Eduardo Galeano l’a dit un jour à peu près ainsi : "Ce n’est pas notre mort, alors pourquoi la pleurer ?". Elle nous a libéré le chemin de l’action révolutionnaire, sans interférence de Moscou comme patron de la gauche mondiale. L’engagement est désormais uniquement avec nos peuples et nos consciences.

Un savant allemand salua ainsi, le 17 mars 1883, la disparition de son meilleur compagnon :

"Le fait pourtant bien simple que l’homme a besoin d’abord de manger, de boire, d’avoir un toit et de se vêtir avant de pouvoir se consacrer à la politique, aux arts, à la religion, etc., a été occulté jusqu’alors par la mauvaise herbe idéologique. C’est pourquoi la production des moyens de vie immédiats, matériels, et par conséquent la phase économique correspondante de développement d’un peuple ou d’une époque, est la base à partir de laquelle se développent les institutions politiques, les conceptions juridiques, les idées artistiques... et par rapport à laquelle elles doivent donc s’expliquer, et non l’inverse comme cela s’était fait jusque là" [1].

Cela nous l’avons trop oublié et nous nous sommes mis à faire les choses à l’envers. C’est pourtant une vérité toute aussi essentielle que la loi de l’impossibilité d’un mouvement perpétuel. Marx a fait une découverte... il n’a rien inventé. On ne peut lutter vraiment pour une cause politique, territoriale, raciale et même morale qu’en se confrontant, en dernière instance, dans la lutte de classes. Je souligne en dernière instance.

Il y a des questions pour lesquelles il n’y a pas de moyen terme. On a déjà essayé beaucoup de choses. On a déjà gâché beaucoup de temps et d’argent à attendre que la Terre se décide à tourner dans l’autre sens. Vous voyez bien où nous sommes arrivés : la légendaire Athènes pleine de lumières et de soldats ! Comment pourrions nous expliquer à nos ancêtres grecs que même une fois tous les quatre ans nous ne déposons pas les armes. Sous les prétextes les plus puérils, par des destructions toujours plus féroces, ils ruinent un Moyen-Orient aussi légendaire que la cité hellénique. Il y a dans ces Olympiades plus de soldats en compétition que d’athlètes. Dopage, mercantilisme, bannières troquées, beaucoup d’avions et d’armes pour assurer qu’un but soit marqué proprement ou qu’un score soit authentique. Ah ces conservateurs, "on ne sait pas de manière vraiment scientifique ce qu’ils sont en train de conserver", comme le disait le prophète Carl Sagan.

Suivons la route de Karl Marx, sa route si solitaire et implacable. La société bourgeoise est corrompue par elle-même. Aussi honnêtes que nous soyons ou que nous voulons être, nous sommes entraînés sur la pente des voleurs si nous ne parvenons pas à nous dépasser. Le vol s’appelle plus-value. Ces vols accumulés avec ce monstre qu’est l’impérialisme sont destructeurs. Aucun moyen d’y échapper. L’héritage que nous laissons à nos enfants est rempli de mensonges, de la sueur et du sang de la partie bonne de l’humanité, celle qui est de l’autre côté de la barrière, qui s’appelle prolétariat, qui n’a rien à perdre mais un monde à gagner, comme le crie le Manifeste communiste. C’est la seule classe sociale à avoir dans ses mains et dans son coeur la force de construire la nouvelle société. Il n’y a de Royaume en ce monde que le sien. Quelle que soit la définition le prolétariat reste en son principe cette classe sociale qui par son travail remplit les tirelires des mêmes exploiteurs bourgeois. Cette découverte a changé le cours du monde. Cette découverte nous a donné pour la première fois une arme concrète et a converti nos batailles en une.

Un ouvrier londonien est exploité de la même manière qu’un ouvrier d’Irlande du Nord. Bien sûr, les ouvriers catholiques d’Irlande du Nord sont plus exploités, mais ce sont bien toujours les travailleurs de Londres qui peuvent le plus faire pour ceux d’Irlande du Nord. De même les travailleurs d’Israël devraient être les meilleurs alliés du peuple palestinien souffrant. En Euskadi et en Catalogne, on continue avec la même habileté à voler les prolétaires. Les travailleurs de Madrid pourraient être des porte-drapeaux de leurs luttes. Ce n’est pas si compliqué.

Qu’en est-il de la Chine ? Une camarade m’a expliqué qu’en Chine aussi on a oublié Karl Marx. La Chine est-elle socialiste parce que le Parti l’affirme ? Quel parti ? La révolution socialiste existe t-elle en Chine ? Cette camarade m’a laissée songeuse. Je n’ai pas les réponses. Ce qui est certain c’est qu’il y a des travailleurs en Chine, et que ces travailleurs sont liés au reste du monde.

Je compte sur l’aide des travailleurs du beau peuple nord-américain pour sauver ma révolution ; pour liquider le blocus, pour liquider les mensonges à notre égard. Ce peuple qui s’est convoqué une fin de semaine avec Fahrenheit 9/11 sera un des protagonistes de la préservation de la révolution cubaine. Les EU doivent compter trouver sur leur chemin la révolution cubaine quand ils cherchent à liquider une expérience internationaliste dans tel ou tel pays.

Prenons quelques exemples de ce qui fonctionne ainsi partout. Si ce n’était pas le cas, il n’y aurait aucun moyen d’unir le prolétariat et la phrase finale du Manifeste ne vaudrait plus rien. Je ne nie pas que les particularités de chaque endroit configurent des formes de luttes variables et que dans les régions les plus pauvres de la planète l’ennemi s’acharne encore plus, si bien que dans notre action concrète nous devons prendre en considération ces différences. Mais ce qu’il faut, c’est les prendre en compte et non les convertir en obstacles. Il ne m’échappe pas non plus qu’il y a des injustices concrètes contre lesquelles nous devons être les premiers à réagir. Le Che l’a dit à ses enfants avant d’entreprendre le rêve de la révolution latino-américaine :

"Soyez surtout capables de sentir, au plus profond de vous mêmes, toute injustice commise par quiconque en quelque partie du monde. C’est la plus belle qualité d’un révolutionnaire".

Il est tout à fait vrai que la lutte pour la révolution mondiale n’exclut pas de soutenir les luttes contre toutes les injustices locales et particulières, bien au contraire. Nous communistes devons veiller à rester en dehors des tranchées académiques et lire plus dans le livre de l’histoire et des faits. Si on ne le comprend pas ainsi, nos programmes seront des livres remplis de bulles d’air. Prenons le cas exemplaire suivant :

Julio Antonio Mella fut sans conteste le révolutionnaire et l’activiste politique le plus important des Caraïbes au cours des années 20. Il fonda la Fédération Estudiantine Universitaire, la Ligue Anticléricale, la Ligue Anti-impérialiste, l’Université Populaire José Marti. Mais il fut aussi le fondateur du premier Parti Communiste de Cuba. Il n’eut pour cela à rejeter aucune idée de José Marti, mais à les mener à leurs ultimes conséquences. Dans ce premier parti communiste, Marti fut sans doute le membre d’honneur. Comme l’a souligné Fidel, Mella "était le Cubain qui fit le plus dans le moins de temps". Mella a été le plus authentique révolutionnaire parce qu’il comprit intellectuellement et sentimentalement les idées du socialisme. Il parvint à être à la fois le plus convaincant des communistes des Caraïbes, le révolutionnaire le plus conséquent et le lutteur social le plus engagé. Le dictateur Machado n’a pas eu d’ennemi plus redoutable. Les tendances stal inistes du PCC non plus. C’est pourquoi Machado ordonna son assassinat à Mexico. Mella ne cessa pas d’être le meilleur cubain en devenant le meilleur communiste. C’est tout le contraire ! Il était le meilleur communiste en étant le meilleur patriote cubain.

Il y a une différence essentielle entre patriote et chauvin. Le patriote considère son pays dans le cadre des conflits internationaux alors que le chauvin est un "villageois vaniteux" qui croit que le monde s’arrête à ses frontières. Julio Antonio Mella, emblème de la jeunesse communiste de Cuba, fut le premier élève de José Marti. Parlons encore de Mella. Il prononça les phrases suivantes en défendant précisément la pensée de José Marti :

"Les révolutionnaires d’Amérique qui veulent renverser les tyrannies dans leurs pays respectifs ne peuvent ignorer cette vérité ; ceux qui feignent de l’ignorer ne peuvent voir la réalité clairement soit par ignorance soit par mauvaise foi. On ne peut plus vivre sur la base de principes de 1789. En dépit de la mentalité rétrograde de certains, l’humanité a progressé et pour faire les révolutions de ce siècle il faut compter sur un nouveau facteur : les idées socialistes en général, avec telle ou telle nuance, s’implantent dans tous les endroits du globe".

Ce globe est en train de se suicider au milieu de tant de confusion, repu de tant de bagnoles, de gadgets en plastique, de guerres, de terrorisme et surtout, de stupidité.

C’est quoi le pire : la guerre ou les terroristes ? L’axe du mal ou l’axe du bien ? Mais avons-nous encore un axe ?

Le vieil allemand l’a expliqué très simplement, mais nous avons perdu l’habitude du raisonnement, envahis que nous sommes par tant de mauvaise télé, plus pleine de câbles que d’idées, tant de papier toilette, de faim, de corruption et de désespérance. Il n’est pas besoin de connaître Karl Marx pour aboutir à ces conclusions. "Un morceau de pain et un verre d’eau ne trompent jamais", disait José Marti avant de connaître Marx. Qu’est-ce qui nous trompe nous ? L’impérialisme, en premier lieu. Le stalinisme, ensuite, celui qui a eu recours à l’assassinat du 20 août, qui se reflétait à l’intérieur des organisations communistes et qui subtilement, sans que nous nous en rendions compte, nous atomisait.

La droite est restée sans voix dans cette bataille. Entre ses mains l’humanité a failli disparaître. Et la gauche ? C’est quoi la gauche ? Quelle son option ? Qui a tué Trotsky ? Ont-il tué l’ennemi ? Où situons-nous Staline : à gauche ou à droite ?

Le 20 août nous a donné quelques pistes. Rapprochons-nous de la scène du crime et observons la duperie dans laquelle nous vivons depuis plus de 60 ans. Pourquoi ne parlait-on jamais du 20 août dans les dénommés pays socialistes ? Parce que le stalinisme comme manière de faire s’était emparé de tout. C’est le statu-quo, il n’a pas disparu. Son virus nous poursuit subtilement.

Engels disait sur la tombe de Marx qu’il avait été "l’homme le plus exécré et calomnié de son temps". Et bien Trotsky l’a été plus encore. Il fut calomnié non seulement par l’impérialisme mais par des millions de communistes qui se laissèrent entraîner sans le vouloir par les sirènes du stalinisme. Il en résulta que la victime du stalinisme fut bien plus que le locataire de la maison de Mexico. Il y eut une autre tentative d’assassinat à Coyoacan : avec Trotsky il s’agissait de tuer l’idée même de la Révolution. Dans une grande mesure, on continue à nous embrouiller.

Mais par chance, ces idées ne peuvent être tuées. L’assassinat de Léon Trotsky a constitué la tentative d’assassinat de la parole de la révolution socialiste. Mais la parole est l’arme la plus puissante dont nous disposons. J’ajoute que la vérité en histoire est aussi évidente que dans la nature. Même si vous ne connaissez pas les "principes" de Newton, vous n’allez pas jeter votre verre de vin, car la force de la gravitation le briserait. De la même façon, même si vous n’êtes pas au courant des crimes politiques de Staline, vous n’essayez pas d’établir le socialisme dans un seul pays, car comme le verre de vin se briserait l’espérance de générations entières. Le Che ne croyait pas en Staline, malgré ce qu’il a pu dire une fois. Il s’est lancé à la conquête du bonheur de mon continent pour des raisons qui ont plus à voir avec le 20 août qu’avec toute autre chose, qu’il en ait été conscient ou pas.

Le stalinisme, au-delà du seul Staline, nous a bien trompé. Il a tué Trotsky et c’est passé pratiquement inaperçu dans l’histoire. Il a fallu l’écroulement de l’URSS et du socialisme européen pour nous ouvrir les yeux et pour réaliser que le verre de vin était tombé et avait sali le tapis de taches bien difficiles à enlever... Une de ces taches tomba à Mexico il y a 64 ans sur la tête du meilleur de tous les léninistes. Le stalinisme nous a fait croire que c’était pour la révolution. Mais l’unique révolution possible était précisément celle qu’on voulait assassiner. Bien que cela paraisse fantasmagorique, celui qui confisqua les idées du marxisme tomba dans son propre piège. Il ne lui suffisait pas d’assassiner tant de gens, tant de mots, tant de bons desseins. Il gît inerte sans URSS et sans socialisme. Pour le moins à Mexico le drapeau rouge protège nos efforts.

La Révolution Permanente est comme le dragon à mille têtes. Elle renaît à chaque fois que nous voulons en couper une. "Enfin seuls", après six décennies perdues pour penser à la signification du 20 août. Non, le stalinisme n’a été en rien positif dans la seconde guerre mondiale. Staline nous a livré le fascisme sur un plateau d’argent. Mais l’URSS n’a t-elle pas aidé la jeune révolution cubaine ? Non ! Ma révolution a perduré malgré l’URSS.

Fidel l’a dit (usant des mêmes mots que le Commandant) alors que nous étions tous affamés et plein d’incertitudes, que l’URSS tombait : "Ils veulent nous offrir Lénine ? Alors il est nôtre". Il y a eu à Cuba une Arche de Noé anonyme contenant les meilleures idées du socialisme dont Trotsky. Ce qui a fait gagné ma révolution (je dis bien ma révolution), ce qui fait gagner la révolution bolivarienne au Venezuela, ce sont les idées de la révolution permanente. La révolution de Chavez n’a aucun avenir sans ces idées qui nous ont fait gagné le 15 août. Il n’est nullement nécessaire que Chavez et son peuple proclament que leur révolution doit être socialiste. Là n’est pas l’important. Il ne faut pas non plus qu’ils prennent telle ou telle mesure pour satisfaire aux revendications de quelques sectaires. Ce que je sais c’est que s’il veut absolument et courageusement appliquer sa Constitution et son Evangile des Pauvres, il trouvera sur sa route, qu’il le veuille ou non, la lutte de classes. Si sa révolution est vraie comme je le crois, elle continuera de convaincre de l’importance de la révolution l’Amérique latine et le reste du monde.

Sans un engagement de classe, Bolivar continuera à donner des coups d’épée dans l’eau. Chavez doit soutenir le verre de Bolivar, sinon nous nous retrouverons tous à donner nos coups dans l’eau, et il n’y aura ni vin ni révolution. Chavez, avec l’aide de son Dieu, doit continuer à voir au-delà de ses frontières. Les frontières du Venezuela sont aussi celles de ma petite île et ne s’achèvent pas en Extrême Orient. Pour les révolutionnaires, les frontières n’existent pas. Tout juste servent-elles pour les Jeux Olympiques.

Au jour d’aujourd’hui, après tant de manipulations des uns ou des autres, il n’y a qu’une seule manière d’être authentiquement chrétien, patriote, de lutter pour l’égalité : être révolutionnaire. Ils tuèrent Trotsky pour cette raison : il était révolutionnaire. Que la jeunesse le sache ! Proposons lui une attitude virile face à l’histoire. Nous ne poussons pas nos enfants à aller étudier à Havard ou à la Sorbonne pour ensuite leur demander de ne pas penser. Penser, douter et interroger sont les meilleurs drapeaux d’une jeunesse qui s’engage dans l’avenir.

On supposait que Staline avait décidé de l’histoire de l’URSS. Qu’en reste t-il en dehors de la mafia, de la corruption et du désenchantement ? On pense que l’URSS a aidé Cuba dans sa lutte contre l’impérialisme. Il n’en est rien ! La révolution cubaine a été sauvée par le peuple cubain et les principes internationalistes de Marti, du Che et de Fidel. Qu’a cherché à sauver l’URSS ? Elle a tenté de sauver le socialisme à l’intérieur de ses propres frontières. Elle a échoué. Elle n’a pu sauver le socialisme à l’intérieur de ses propres frontières tout simplement parce que c’était impossible. Le socialisme dans un seul pays est impossible de la même manière qu’il est impossible de soumettre au caprice l’expansion de l’univers.

Un monde meilleur non seulement est possible, mais est urgent contre la barbarie... Qu’ils le veuillent ou non, malgré tous les obstacles qu’il mettent sur sa route, la révolution socialiste est l’unique alternative. De surcroît c’est toujours la plus belle et la plus captivante de toutes les alternatives.

C’est assez qu’on me dise que le socialisme est en piteux état. Le socialisme ne l’a encore jamais remporté. Il y a eu des révolutions socialistes. Mais pas tant que ça. Je suis fière d’avoir grandi dans l’une d’elles. La bonne nouvelle du socialisme est à venir.

Alors nous devons voter la confiance au Chef de l’Armée Rouge. Donnons-lui la parole.

De tout ce que j’ai dit je ne propose rien d’autre que deux principes : l’internationalisme et la révolution permanente. Ces deux principes sont aussi indispensables au socialisme que l’hydrogène à la molécule d’eau. L’univers a explosé il y a plus de 15 mille millions d’années. La lune tourne parce qu’elle est prisonnière de la gravitation. Si nous cessons d’être infantiles, nos petits-enfants verront autre chose qu’un nouvel éléphant et un nouveau type de baleine comme produits de la sélection naturelle. La génétique et le clonage sont des réalités bien au-delà de nos volontés chagrines. De la même façon, l’internationalisme et la révolution permanente sont les conditions nécessaires au socialisme. La lutte pour le socialisme est l’unique alternative de l’humanité si réellement celle-ci inscrit des plans de survie à son agenda.

A tous les camarades : ce qui pousse sur nos peuples, c’est le fascisme, la misère et l’injustice et ce qu’on nous propose en échange de notre somnolence c’est des emplâtres sur nos blessures. Ne laissons pas faire !

Tout naturellement la jeunesse aime la révolution. Tous les jeunes portent dans leur coeur la graine du changement et de l’altruisme. Mais aucun jeune ne doit être appelé par des moyens mensongers, inutilement sectaires et chauvins. Des moyens qui mènent à tout type de société sauf la socialiste.

Ce qui défit l’URSS après Lénine fut tout sauf le socialisme. Le socialisme est synonyme d’intelligence, de volonté, d’action mais jamais de discipline servile. Rosa Luxemburg disait : "Le socialisme n’est pas, précisément, un problème de couteau et de fourchette, mais un mouvement de culture, une grande et puissante conception du monde".

Les jeunes sont socialistes par la naissance ! Nous en faisons des réactionnaires par nos propres doutes. Là sous notre nez il y a la révolution en Amérique du Sud... Une chose est certaine : elle ne va pas nous attendre si nous ne la voyons pas. José Marti écrivait : "Des veines il faut sortir la pourriture. Le mauvais sang doit sortir des veines enflées qu’il faut ouvrir, sinon c’est l’asphyxie. Ouvrons la voie à la révolution sinon la révolution s’étouffera".

Portons un toast à la voie de la révolution. Ne nous contentons pas de savoir la vérité. Dans le discours précité de Engels, il disait aussi : "Marx était avant tout un révolutionnaire". Le Che disait à peu près la même chose : "Il vaut mieux cesser d’être que cesser d’être révolutionnaire". Engager la jeunesse dans la voie de la révolution mondiale est la tâche première pour tous les communistes. Sans jeunesse on ne peut rien faire. Avec elle on peut vraiment partir à l’assaut du ciel.

Le 20 août, c’est le moment de dégainer l’épée. Staline est bien mort dans une région du monde qu’il prétendait dominer. Lançons au stalinisme le même assaut.

Trotsky est dans la lutte auprès de Marx, de Lénine, du Che... Ce qui manque c’est que nous nous unissions en utilisant nos différences dans des projets communs.

Mella le soulignait en évoquant à l’unisson deux devises similaires pour nous appeler à lutter : <I class=spip>Prolétaires de tous les pays, unissez-vous et <I class=spip>Se rassembler est la parole du monde. Marti de son côté rappelait la nécessité de s’unir "non pas théoriquement, mais pratiquement, en appliquant l’idée au moyen".

"Les communistes n’ont d’autre patrie que le monde" disait aussi Mella, et de plus nous avons la force de la vérité avec les armes les plus belles pour la faire connaître.

Le 20 août doit se convertir en un jour de combat. Reprenant l’irremplaçable Silvio Rodriguez, j’ajoute que la pensée qu’ils voulurent effacer à Mexico ce jour-là "est un livre sauvé de la mer" et Trotsky "un mort qui apprends à embrasser".

Trotsky renaît. Il nous faut aiguiser la pointe du crayon, dépoussiérer le fusil et nous remplir d’un authentique engagement d’amour.


Celia Hart

(Celia Hart est la fille des révolutionnaires cubains Armando Hart et Haydée Santamaria.)

Traduit de l’espagnol (Cuba) par Gérard Jugant

[www.legrandsoir.info]


 
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