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Recherches philosophiques
W
31 juillet 2011 22:06
Bonsoir,

Merci Faqir pour ces recherches très intéressantes et difficilement trouvables :

Faqir repose ses théories quand mm en tenant compte du Saint Coran avec sources à la clé.

Il est évident que l'homme doit se défaire de ses qualités inférieures et ne penser qu'aux supérieurs!!!!

Ce n'est pas une mince affaire pour l'homme en général, de plus avec les évolutions technologiques, alors les qualités inférieures??? grand débat ma foi. Cela nous est propre et notre questionnement sur la vie en général, tu parles de crise existentielle aussi. C à peu près la mm chose.

Quant à mettre ou insinuer la philosophie comme étant une science exacte non!!!, ce n'est pas ce qu'a dit Faqir, mais elle nous permet aussi de se comprendre, comprendre les autres, ne pas confondre avec le Saint Coran qui est "LE LIVRE SACRE" par excellence avec questions réponses à la clé, maître à penser.

Je n'ai pas tout lu, seulement ta première recherche, dsl j'ai un peu bâclé, mais sujet vraiment intéressant, enrichissant. MERCI A TOUS.

ALLAH SWS I3ONKOUM RAMADAN MOBARIK
Wiem
f
1 août 2011 15:05
Assalam alaikoum

Merci sœur WIEMFEN pour ton intervention.
Je tiens d'abord à préciser que ces recherches ne constituent pas une théorie au sens propre du terme, elles consistent en une méthodologie unique, qui, tout en se référant au rationnel, ancrée parfaitement dans la Révélation et n’en est pas dissociée.
En plus, il ne s’agit pas pour l’homme de se défaire de se qualités inférieures, puisqu’elles en font partie, par exemple l’homme ne peut se défaire de son animalité, mais la question c’est de ne pas rester limité à ces qualités, à cette dimension temporelle de lui-même, sans s’ouvrir sur son autre dimension spirituelle, qui lui donne toute sa spécificité, et la question c’est de parvenir à une certain équilibre; tout en ayant les pieds sur terre, la tête cependant levée vers le ciel. A ce propos, cette "philosophie" ne permet pas de donner des réponses, mais des indications, et comme tu dis, se comprendre et comprendre les autres.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 01/08/11 15:06 par faqir.
f
1 août 2011 20:20
Assalam alaikoum


NEUVIÈME RECHERCHE

DE CE QUI FAIT LA VALEUR DE L’HOMME
AU SEIN DE LA COMMUNAUTÉ


L’homme est considéré dans sa société relativement aux nécessités (adh-dharûriyât), aux besoins (al-hâjiyât) et aux choses complémentaires (at-takmîlyât) qu’il est capable de satisfaire au profit du corps social. Ceci explique l’adage selon lequel : « la valeur d’un homme réside dans ce qu’il fait de bien ». En cela, les hommes sont semblables aux organes d’un même corps. La valeur (utilitaire) de l’œil par exemple, n’est pas la même que celle de la paupière ni celle de la paupière celle des sourcils ; mais aucun organe n’est inutile. Il en est de même de l’homme dans la société.

Bien que de valeurs différentes, aucune créature n’est vaine. C’est ainsi que les êtres humains n’ont point été crées inutilement, bien que leurs actes ne soient pas toujours bons. A ce propos le Coran affirme : « Croyez-vous que Nous vous avons crée vainement et que vous ne serez point vers Nous de retour ? » (Coran, XXIII, 15).

Il arrive toutefois que l’on ne perçoive pas toujours la secrète raison (wajhu al-hikma) pour laquelle telle personne se trouve dans telle situation ; mais on devient plus conscient du fait que l’égalité parfaite est utopique. Par conséquent personne ne devrait sous-estimer la fonction qui est la sienne dans la société quelle que soit la modestie de cette fonction.

Ceci à condition qu’il ne départisse point d’un certain réalisme, car il ne peut violer les lois naturelles (qânûn fitrati Allah) auxquelles Dieu a soumis les hommes. C’est que Dieu a donné à chacune de Ses créatures la part qui lui revient. Que chacun agisse donc conformément à la nature de ses capacités, et qu’il développe (ces dernières) autant qu’il le peut. C’est mieux pour lui et plus utile pour ses semblables.

La vérité d’une chose ne peut se transformer en son contraire, même si on s’efforçait d’y parvenir ; l’ouïe ne pourra jamais voir ni la main parler ; et aucun organe ne peut faire autre chose que ce pour quoi il a été crée.

Conclusion de la neuvième recherche.

Tout ceci peut être utile à l’être humain dans la mesure où cela lui permet de pénétrer le secret des choses (asrâru al-kâ’inât) et de le percevoir dans les plus petites créatures. Il ne peut alors dédaigner aucune d’elles quel que soit le degré inférieur où elle se trouve.




DIXIÈME RECHERCHE

LA SOCIÉTÉ HUMAINE
A BESOIN DE DIRIGEANTS


Nous avons vu dans les analyses précédentes que l’homme était plus ancré dans son « animalité » qu’il ne l’est dans son humanité ; autrement dit, il est plus animal qu’humain. Aussi a-t-il besoin d’un guide. C’est pourquoi aussi, la Sagesses divine a-t-elle fait en sorte qu’il soit comme assujetti à des lois célestes (awdhâ’ samâwiyya).

En fait l’homme a volontairement choisi cette situation et ceci en raison de sa croyance en un monde de l’Au-delà. Cette croyance a pour origine le couple « menace-promesse » (at-targhîb wat-tarhîb) et constitue pour la société humaine un garde-fou par rapport à son humanité. Par contre par rapport à son animalité, il a besoin d’un soutien (mu’âzir) et ce soutien n’est autre que les lois édictées par le pouvoir temporel (al-qawânîn as-sultâniyya).

La Sagesse divine a fait en sorte que ces lois viennent compléter les ordres divins en vue de guider l’homme et de maîtriser extérieurement son animalité. La religion et le pouvoir politique apparaissent comme associés en vue d’éduquer le comportement de l’homme, de sorte que chacun d’eux a besoin de l’autre.

Si par exemple, la religion venait à rester silencieuse sur quelque point d’ordre éthique ou autre, le pouvoir politique interviendrait et la compléterait sur ce point. Il est donc nécessaire qu’il y ait les deux ensemble. Quant à celui qui prétend que le pouvoir politique n’a pas besoin de la religion et peut à lui seul garantir les droits t les devoirs des citoyens, celui-là est dans l’erreur.

L’incroyant, en effet, ne respecte les lois que lorsqu’il est en public et nullement en secret. C’est que les sanctions rigoureuses prévues à l’encontre de tout contrevenant aux lois ne sont appliquées que sur preuves concrètes ; elles ne sont donc dissuasives que tant qu’il se sent observé. Mais qui l’empêche, lorsqu’il se trouve seul, avec de l’argent qui ne lui appartient pas ou une femme qui n’est pas la sienne, de commettre un forfait s’il sait qu’il n’est pas observé. Par Dieu ! Nul ne peut l’empêcher sauf s’il craint Dieu le Seigneur des mondes.

Celui qui, dans l’élaboration des normes fait fi des interdictions religieuses peut être suspecté dans sa foi ; c’est comme s’il permettait la transgression des lois chaque fois que l’on se trouve à l’abri des regards indiscrets. Il est homme en public et animal dans le secret.

Mais le fait que nous estimions nécessaire l’intervention d’un pouvoir sacré et tout interne (sulta diniyyya bâtiniyya) pour aider le pouvoir externe (as-sulta adh-dhâhiriyya) qu’est le pouvoir politique afin de protéger la liberté de l’homme dans son corps, ses biens et son honneur et afin qu’il soit protégé dans le secret et en public, ne signifie pas que nous concevions ce pouvoir sacré comme une simple institution (mujarrad siyâssa) appelée "loi divine".

Quelqu’un qui soutiendrait une telle conception, le ferait en pensant que cette loi divine ne s’adresse pas à lui et qu’il est parfaitement au courant de la situation réelle. Un tel individu fait donc nécessairement partie de ceux qui estiment que la violation des lois dans le secret est permise. Or c’est cela contre quoi nous avions mis en garde précédemment.

L’homme ne peut être totalement à l’abri de l’erreur que s’il considère les impératifs divins (al-awâmir al-ilâhiyya) de la même façon qu’il considère les lois humaines (al-qawânîn as-sultâniyya), c’est-à-dire des lois au sens propre et non au sens figuré (‘alâ al-haqîqa lâ ‘alâ al-majâz). C’est alors seulement qu’il rentre dans la catégorie de ceux qui croient en Dieu et au jugement dernier.

Conclusion de la dixième recherche.

Qu’il soit clair que le rôle de la religion dans la protection des droits de l’homme n’est pas moins important que celui du pouvoir politique.
m
1 août 2011 21:59
Malheureusement,tu sais que tout cela reste théorique voire inconnu dans les pays d'obédience islamique.
Chacun pour soi et ALLAH pour tous.
f
2 août 2011 12:23
Citation
mohamed.S a écrit:
Malheureusement,tu sais que tout cela reste théorique voire inconnu dans les pays d'obédience islamique.
Chacun pour soi et ALLAH pour tous.


Assalam alaikoum

Ce que tu dis est vrai, il s'agit d'abord d'instaurer une nouvelle pensée, une nouvelle culture, celle du Tawhid, que ce soit sur le plan individuel que collectif, ce que vise ces recherches, dont la finalité n'est pas que de théorie, mais surtout de réalisation.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 02/08/11 15:07 par faqir.
W
2 août 2011 12:36
Bonour,

Logiquement, mon commentaire devait paraître avant d'autres, Faqir tu en étais au 4ème paragraphe.
Je ne comprends pas, mais bon, au 9ème déjà, je suis grandement à labours!!! Alors si j'ai le temps, reviendrais sinon, aurevoir à tous et mbrok ramadan saïd à tous. ET UN GRAND MERCI POUR CET ECHANGE

ALLAH SWS I3ONKOUM
Wiem
f
2 août 2011 19:10
Assalam alaikoum


LA RÉFUTATION DES THÉORIES
DU MONDE MODERNE

(Recherches 11 à 20)


La pensée du Cheikh al-Alawi ne prétend pas devoir s’accorder à celle des philosophes modernes. C’est tout l’inverse.

Avec courtoisie mais fermeté, il analyse les mécanismes de cette dernière à la lumière de la Parole de Dieu. Pour lui, la croyance en un Être Unique dirigeant l’univers est une donnée constitutive de l’homme quelle que soit la forme qu’elle revêt. A l’échelle de l’humanité la négation de cette croyance est un fait limité à la fois dans le temps et l’espace même si aujourd’hui elle donne l’apparence d’un fait tenu pour certain.

Seul un petit groupe d’hommes a pu se séparer de la chaîne des mondes et du cercle de l’Unicité. C’est l’acte d’infidélité par excellence, puisqu’il s’oppose à un principe inné et qu’il ouvre la porte à toutes les autres infidélités.

Le Cheikh reprend alors point par point les justificatifs allégués par ceux qui s’excluent de l’Unicité.

- la conscience morale : son échec s’affirme tous les jours dans les faits. Comment en aurait-il pu être autrement quand elle s’est séparée du principe (de l’Unicité)?

- la pensée rationnelle : quand on constate qu’elle peut déjà se tromper dans son propre domaine, elle n’en est que plus incertaine dans ce qui la dépasse.

- la liberté de conscience : c’est une arme à double tranchant. Elle fait la noblesse du caractère de l’homme mais cause aussi souvent sa perte. Elle devrait être un moyen de réalisation et non de rupture avec le Divin.

Autant que la négation du Divin, il critique l’image d’un dieu personnalisé. Cette représentation de la Divinité était chose plus courante à son époque, mais contrairement aux matérialistes qui en font un motif de leur incroyance, il replace Dieu en un Infini qui est Son ordre propre.

La réfutation des tenants de la pensée moderne ne sous-entend pas un rejet des progrès sur le plan matériel. L’homme tire en effet un orgueil unilatéral de ceux-ci, sans percevoir qu’ils sont la manifestation d’un Vouloir divin.




ONZIÈME RECHERCHE

THÈSE DE CEUX QUI ESTIMENT QUE LA VOIX DE
LA CONSCIENCE PEUT REMPLACER LA RELIGION
DANS L’EMPÊCHEMENT DES HOMMES
DE COMMETTRE DES MÉFAITS


Il se peut qu’on dise ceci : « Si les anciens étaient d’accord pour estimer que l’observation des lois divines était nécessaire pour garantir à l’homme ses droits et ses devoirs, c’est parce que cela était rendu nécessaire par les conditions (historiques) de l’époque et parce qu’il fallait bien atteindre l’objectif visé pour tout réformateur, à savoir de faire régner la paix et d’en créer les conditions chez l’homme. Par contre aujourd’hui les idées ont évolué et les esprits ont progressé à tel point qu’on peut organiser ses propres affaires sans avoir besoin de recourir aux lois divines. Pour ne pas faire ce qu’il ne faut pas faire, il suffit maintenant à l’homme que la voix de la conscience (sawtu ad-damir) le réprimande de l’intérieur ».

A notre avis ceci est une plaisanterie (khuza’bala) qui ne peut tromper que les faibles, et une thèse sans fondement démentie par les faits. Le nombre des crimes quotidiens est là pour le prouver ; et ces crimes sont généralement le fait d’individus irréligieux ; qu’ils sont loin alors, ces individus, de la voix de leur conscience morale, si conscience morale il y a comme on le prétend ! Quand le libertinage (al-ibâha) s’introduit dans une communauté, il chasse la foi qui s’y trouvait et s’installe à sa place. Il ne tarde pas alors à lever tous les barrages dont fait partie la voix de la conscience.

Cette dernière constitue, en effet, un barrage entre l’individu et ses désirs, et le libertin la considère comme une entrave dont l’élimination permettra enfin (de goûter) au repos ou bien à la tranquillité. D’ailleurs si cette conscience morale s’oppose à son action, elle reste néanmoins très faible et ne donne aucun résultat (positif). C’est que ses énergies sont aussi faibles que la croyance en l’Au-delà.

Dans la mesure où le libertin ne s réfère à aucun Au-delà, une telle idée (si elle l’effleure) est considérée plutôt par lui comme une sorte de mauvaise pensée à laquelle il vaut mieux ne pas prêter attention. Il s’agit au contraire de réserver le plus clair de son temps à la satisfaction de ses désirs.

D’une façon générale, aucune personne impartiale ne peut accorder de crédit à la thèse selon laquelle la voix de la conscience peut être le garant des droits et des devoirs des hommes. Celui qui est gouverné par ses instincts (l’animalité) ne pense (en réalité) qu’à la satisfaction de ses désirs par n’importe quel moyen.

Conclusion de la onzième recherche.

Qu’on soit sûr d’une chose : Rien ne vaut le sentiment religieux et la conscience de ce qu’il y a après la mort pour aider le pouvoir politique à protéger les droits et les devoirs des gens.
f
3 août 2011 15:55
Assalam alaikoum


DOUZIÈME RECHRCHE

DE LA CONSIDÈRATION DES LOIS
ÉLABORÉES PAR L’HOMME
PAR RAPPORT AUX NORMES (al-ahkâm) DIVINES


Les juristes modernes estiment que l’homme est actuellement un être majeur et ne peut plus être considéré comme un incapable. Il peut élaborer ses propres normes, selon ses propres besoins, sans se sentir lié à aucune loi ancienne. C’est ce que pensent les juristes modernes. Abstraction faite de la vérité de ce qu’avance ce groupe, nous estimons qu’on ne peut rien en dire avant de comparer les deux types de normes : les normes divines (at-tashrî’ al-haqqi) et les normes humaines (at-tashrî’ al-khalqi).

Le juriste lui-même reconnaît qu’il lui est généralement impossible, au cours de l’élaboration des lois, de ne pas prendre en considération certaines questions personnelles ou certains intérêts particuliers. Ceci est général dans les régimes républicains et à fortiori quand il s’agit d’un pouvoir personnel et tyrannique. Aussi, le droit élaboré porte-t-il parfois non pas son propre nom, mais le nom de celui qui l’a institué.

En outre il ne peut être appliqué que s’il est accompagné de la force ; donc c’est la force qui fonde ce droit et non pas la justice (al-haqq) et la sagesse (al-hikma).

C’est pourquoi dès que la force échappe à celui qui la détient (ce qui est normal chez une créature), le droit se transforme en son contraire ou n’est pas appliqué. La force étant passée au camp opposé, celui-ci ne manquera pas de la mettre au service de ses intérêts.

C’est pourquoi on voit le peuple et surtout les classes les plus faibles ne jamais arriver à se soustraire aux conséquences des intérêts particuliers. On le voit soumis au bon vouloir de ceux qui font le droit et qui disposent de lui et de ses biens comme ils l’entendent et selon leur bon plaisir. Voilà la vérité de sa situation.

Quant aux normes divines, elles sont de nature fixe et ne peuvent être changées ; elles s’appliquent à la fois au maître et au sujet (ar-ra’îs wa-l-mar’ûs) et ne souffrent point d’exception. Celui qui vit à leur ombre est assuré pour toujours contre les changements (humains) qui arrivent sans cesse et ceci grâce au pouvoir que Dieu y a déposé.

Conclusion de la douzième recherche.

Contrairement aux lois élaborées par les hommes, les lois divines ne sont pas influencées par des intérêts particuliers quelconques.





TREIZIÈME RECHERCHE

DE LA PRISE EN CONSIDÉRATION DE CELUI
QUI DIRIGE L’UNIVERS, A SAVOIR DIEU
GLORIFIÉ ET MAGNIFIÉ SOIT-IL


L’origine profonde (al-asl al-assîl) de ce que nous venons de dire, à savoir qu’un « pouvoir » religieux qui aide le pouvoir politique à sauvegarder les droits de l’homme est nécessaire, découle (cette origine) de la croyance en l’existence d’un Être qui gouverne l’univers.

Les nations anciennes et modernes qui peuplent la terre, malgré la diversité de leurs croyances, reconnaissent l’existence d’un tel Être. Malgré la multiplicité de leurs doctrines, elles croient toutes en l’existence d’une Divinité, elles diffèrent uniquement dans l’idée qu’elles se font de la Vérité ; c’est-à-dire de Son essence et de Sa qualité (al-mâhiyya wa al-kayf). Chacun essaie de s’en faire une idée en recourant soit à la réflexion personnelle soit au livre (révélé). C’est la raison pour laquelle il y a tant de communautés et tant de sectes.

Quoi qu’il en soit, le point de rencontre de toutes les oppositions c’est l’affirmation ; seul un petit groupe a nié Son existence et s’en est remis à titre de justification à des incompétents en la matière. Ah ! Si ce groupe avait reconnu la divinité comme fondement de justification ! Il aurait alors (implicitement) admis, d’une certaine manière, l’existence (de Dieu) et aurait fait partie, malgré la non-adéquation de sa croyance, du cercle de ceux qui croient en l’Unicité.

Mais ce groupe de gens, ayant écarté (de ses convictions) un élément important s’est trouvé opposé à ce que la majorité de l’humanité avait admis. Il en subira donc nécessairement les conséquences ici-bas et dans l’Au-delà. Il en est ainsi parce qu’il s’agit de l’infidélité par excellence et que tous les autres actes d’infidélité en dérivent.

Dieu a dit : « Il en est ainsi, Dieu est le Maître des croyants. Les infidèles n’en ont point » (Coran XLVII, 11).

Autrement dit, ils ne croient pas en Lui. Une telle attitude est susceptible de heurter ceux qui croient, quels qu’ils soient.

Outre leur refus de croire, on les voit s’affairer à répandre avec enthousiasme leur doctrine (‘alâ nashri madhhabihim), croyant qu’ils ont ainsi là, l’un des savoirs dû au progrès humain. Ils ne savent pas que leur incroyance en Dieu est une force de sauvagerie. Ceci devrait être considéré comme une blessure dans le flanc de l’humanité ou comme un reste d’animalité. S’il est vrai qu’une telle croyance ait été celle des Anciens ainsi que le montre le Coran qui dit : « Ils disent : il n’y a pour nous que notre vie présente, nous vivons et nous mourrons, le temps seul nous anéantit » (Coran XLV, 24).

On ne peut donc considérer cette croyance comme étant l’un des meilleurs aspects de notre époque dite de progrès. Cette croyance est le fruit d’époques reculées et de peuples primitifs et il n’est pas étonnant que la conduite de gens de ces époques anciennes ait été comme l’a rapporté le Coran : « Ils ne sont comparables qu’à des bestiaux, et plus égarés encore, loin du chemin droit » (Coran XXV, 44). L’étonnant est ce que de telles doctrines soient professées par des hommes de valeur (min arbâb al-ahammiya) qui, s’ils s’amendaient, le monde entier serait amendé à son tour.

Conclusion de la treizième recherche.

Il faut tenter de convaincre le septique (al-mutashakkik) de rentrer dans le cercle de ceux qui affirment l’Unicité (al-muthbitîn), même avec le minimum requis pour cela. Car la Vérité ne peut sortir du cercle de l’affirmation de l’Unicité (‘an dâ’irat al-ithbât) et ne peut être saisie que là.
f
4 août 2011 16:48
Assalam alaikoum


QUATORZIÈME RECHERCHE

LA RAISON POUR LAQULLE CERTAINS
PHILOSPOHES MODERNES
REJETTENT L’IDÉE DE DIEU


Certains se demandent si la raison pour laquelle les Anciens ont rejeté l’idée de Dieu-gouverneur du monde était leur intelligence bornée (jumûd adh-dhihn) et leur tempérament rustre (salâbat at-tab’) comme l’affirme le Coran : « Ils ne sont comparables qu’à de bestiaux » (Coran XXV, 44). Comment expliquer que des hommes modernes puissent professer des opinions semblables alors qu’ils diffèrent des Anciens par un savoir plus vaste et une sensibilité plus fine ?

La réponse à une telle question est, certes, nécessaire. Si on regarde bien, on constate que la raison d’une telle attitude n’est autre que la conception erronée qu’il se font de Dieu ; c’est une conception qui n’est pas conforme à la réalité des choses. En effet, avant d’entreprendre l’étude qui l’a amené à nier l’existence d’un Dieu-gouverneur du monde, tout philosophe a certainement eu une croyance qui lui est venue par l’héritage (sabîl al-wirâtha), et quel que soit l’impact qu’une telle croyance a eu sur lui, il ne peut s’imaginer le Dieu du monde autrement que sous la forme d’un Homme se situant dans les cieux, assis sur un trône ou quelque chose de semblable ou susceptible d’être perçu par les sens. Telle est l’idée qu’il se fait de Dieu.

Quel que soit le savoir qu’il peut acquérir ou les certitudes qu’il peut atteindre par l’expérimentation scientifique (at-tajriba al-‘ilmiyya), les découvertes théoriques (al-iktishâfât al-‘aqliyya) ou l’observation par télescope, il ne peut déboucher en fin de compte que sur la vision d’un vide immense où se meuvent des étoiles en nombre incommensurable*. Certaines de ces étoiles sont des astres, d’autres des soleils et d’autres des satellites ; leur mouvement dépend de l’attraction qu’elles exercent les une sur les autres et d’autres lois de la nature (an-nawâmîs at-tabî’iyya).

Le Philosophe acquiert alors la certitude que tout est lié, que les effets dépendent de leurs causes et que la Nature agit elle-même sur ses éléments. Toutefois, il ne peut manquer de sentir qu’au-delà de tout ce qu’il a pu connaître, quelque chose d’autre doué d’un grand pouvoir existe encore. Mais malgré l’intuition de cet Autre-chose, il s’empresse d’affirmer qu’il ne s’agit encore que de Nature.

Dieu a dit : « L’homme est toujours pressé » (Coran XVII, 11). Ainsi il affirme sa négation du Créateur. Mais si on l’interroge convenablement on constatera que sa négation n’est relative qu’au dieu tel qu’il se l’imaginait, c’est-à-dire semblable à un personne, localisé dans l’espace et susceptible d’être perçu par les sens.

Il est vrai qu’un dieu qui a de telles caractéristiques est tel l’oiseau fabuleux des légendes, plus digne de négation. Ainsi leur négation concerne plutôt les caractères imaginés de Dieu et non pas le véritable Dieu qui est un pur mystère. Je crois que si on disait à l’un de ces philosophes que Dieu est une Puissance extérieure impossible à percevoir (muta’adh-dhirat al-idrâk), absolument différente de la matière (tubâyin al-mâdda), en contact avec l’homme de près et de loin, qu’Elle est plus proche de lui que sa veine jugulaire, que Son essence est encore ignorée (majhûlat al-kunh), que ni l’intuition ni les sens ne peuvent L’atteindre et que c’est à Son sujet que le Coran dit :
« Les regardes des hommes ne L’atteignent pas, mais Il scrute les regards. Il est subtil. Il est parfaitement informé » (Coran VI, 103).

Ou encore : « Rien n’est semblable à Lui ! Il est Celui qui entend et qui voit parfaitement ! » (Coran XLII, 11). Si on disait cela à un philosophe, il ne serait peut-être pas empressé à nier comme il l’avait fait auparavant alors qu’il sentait que quelque chose d’autre existait et qui dépasse ses possibilités.

Dieu a dit : « Leur science ne peut L’atteindre » (Coran XX, 110).

Le philosophe aurait pu patienter jusqu’à ce que des certitudes (al-bayân) pour croire ou nier viennent le convaincre. Il n’aurait pas dû s’empresser de nier car la négation peut n’avoir pour origine que la faiblesse des facultés (dhu’f al-idrâk). C’est pourquoi d’ailleurs celui qui affirme l’existence de Dieu peut être considéré comme un argument contre celui qui nie.

Conclusion de la quatorzième recherche.

Ce qui précède nous montre que les tenants de la négation ne nient en réalité que le Dieu tel qu’ils se l’ont imaginé ; leur négation aurait été sans objet s’ils avaient eu la moindre connaissance touchant les articles de foi de l’Islam.

* Cheikh al-Alawi a un livre intitulé « Miftâh ash-shuhûd) en ce qui se relie à l’astronomie, unique en son domaine, surtout par rapport à l’époque où il a été fait.






QUINZIÈME RECHERCHE

DE LA COURTOISIE
DANS LES DISCUSSIONS


Quand j’ai la chance de rencontrer une personne de valeur, je discute souvent avec elle avec courtoisie. C’est ainsi qu’il m’arriva un jour de rencontrer une importante personnalité moderniste qui ne croit à rien d’autre qu’à la nature (at-tabî’a al-mahda). Après avoir commencé la discussion comme il convient, c’est-à-dire de la manière la plus courtoise, je luis dis : « Je suppose que vous avez atteint la perfection (al-ghâya) dans votre art et qu’ainsi vous avez atteint la quasi certitude de l’inexistence de Dieu. »

Il répondit : « il me semble. »

Je luis dis : « Et pourtant il ne serait pas exclu qu’un reste de doute subsiste au fond de vous-mêmes et qui consiste à admettre l’existence d’une Puissance (quwwa) qui dépasse tout ce que vous avez pu concevoir, d’une Puissance impossible à connaître, qui maintient l’équilibre de l’Univers et qui empêche celui-ci de sombrer dans le désordre (al-ikhtilâl) et la disparition (at-talâshi) progressive. »

Il répondit : « Il y a toujours hésitation à admettre quelque chose qui soit difficilement perceptible et d’essence inconnue (majhûl al-kunh). »

Je lui dis : « Dans ce cas vous seriez d’accord que quelqu’un d’autre puisse affirmer ce que vous hésitez à admettre. Les possibilités intellectuelles des gens sont en effet inégales et l’homme est plus près de l’ignorance que la connaissance parfaite (al-ihâta). »

Il répondit : « C’est exact. »

Je lui dis : « Dans la mesure où vous reconnaissez, comme d’autres, l’existence d’une Puissance inaccessible que tente de circonscrire aussi bien celui qui doute que celui qui suppose ou celui qui est certain, alors qu’ensemble Elle les circonscrit tous comme il est dit dans le Coran : « (La science de) Dieu englobe toute chose » (Coran IV, 126). Quel est le nom qu’on peut lui donner ? »

Il répondit : « Je ne sais pas. »

Je luis dis : « Quel inconvénient y a-t-il à lui donner le nom de Divinité ? »

Mon interlocuteur me dit : « Je ne suis même pas arrivé à l’imaginer, à plus forte raison à lui donner un nom. »

Je lui dis : « Le fait de ne pouvoir imaginer une chose dont on sent l’existence est la substance de la foi (zubdatu al-i’tiqâd), aussi demeurez sur votre position jusqu’à ce que la certitude arrive ; car il est fort possible que le Dieu Vrai soit cette Puissance mystérieuse qui échappe à la raison la plus saine. Dieu a dit : « Leur science ne peut L’atteindre » (Coran XX, 110).

Ou encore : « Les regards ne L’atteignent pas, mais Il scrute les regards. Il est le Subtil, Il est parfaitement informé » (Coran VI, 103).

Ou encore : « Rien n’est semblable à Lui ! Il est Celui qui entend et qui voit parfaitement » (Coran XLII, 11).

C’est alors que mon interlocuteur me dit : « Si Dieu est tel que vous venez de Le décrire, alors je crois à Son existence. »

Je luis répondis : « Les croyants sont frères » (Coran XL, 10).

Avant de nous séparer en très bons amis, il me promit de ne dire ni d’écrire sur l’Islam que du bien.

Conclusion de la quinzième recherche.

Dieu nous invite à employer les moyens les plus nobles dès qu’il s’agit de transmettre la connaissance de l’Unicité divine, selon Sa parole : « Appelle les hommes dans le chemin de ton Seigneur, par la Sagesse et une belle exhortation, discute avec eux de la meilleure manière » (Coran XVI, 125).
f
5 août 2011 18:02
Assalam alaikoum



SEIZIÈME RECHERCHE

DE LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE


L’homme peut être fier de l’indépendance de son esprit et de la liberté de sa conscience mais il importe qu’il manifeste à leur égard une certaine prudence. C’est que cette liberté peut prendre possession de lui comme un tyran. Il en est ainsi pour celui qui professe la doctrine du libre arbitre. Ne vois-tu pas qu’en voulant n’adhérer à aucune école quelle qu’elle soit, il tombe dans ce qu’il voulait éviter.

Il revient ainsi à ce qu’il fuyait, et il y revient d’une façon plus vile encore qu’auparavant car au commencement au moins avait-il un modèle (muqtadi), alors qu’en fin de compte il devient un modèle (muqtadâ) que l’on suit en un domaine où il est lui-même dépourvu de l’argument décisif venu de son Seigneur. Il assumera donc malgré lui, la responsabilité de ceux qui le suivent, et sa nouvelle doctrine fera l’objet comme toutes les écoles précédentes d’éloges et de critiques (madhan wa dhamman).

Le matérialisme (ad-dahriyya) lui-même, n’est qu’une exagération de la liberté de conscience. Voulant fuir toutes les doctrines, ils n’ont fait que créer une doctrine de plus ; ce qui a eu pour conséquence de provoquer dans la société humaine le désordre et la confusion (tashwîshan wa -rtibâkan).

Avant l’apparition de cette doctrine matérialiste, la quasi-totalité des hommes croyait en un Dieu qui gouverne l’univers. Les divergences ne portaient que sur la conception de ce Dieu car ils s’accordaient sur le fait que les choses ne peuvent se diriger d’elles-mêmes.

Le croyant trouve toujours en lui-même à un degré ou un autre ce qui l’empêche de commettre des actes condamnables ou de transgresser les lois, quelle que soit la définition qu’il donne de Dieu ou la manière dont il L’affirme. C’est le meilleur que la société peut espérer du bienfait de la croyance.

Compte tenu de ce qui précède, je ne nie pas que la chose de valeur dont l’humanité peut être fière, c’est cette liberté de conscience. Mais il faut reconnaître qu’elle est loin de pouvoir tout embrasser. Sentir l’existence de cette force mystérieuse qu’on appelle Dieu, Celui-là à qui on obéit, quoi qu’Il ne nous soit pas visible, quiconque n’a point cette sensation, n’est humain que dans sa forme extérieure (insân fi-ssura) mais pas plus. C’est à ces derniers que le Coran fait allusion en disant : « Ils ont des cœurs avec lesquels ils ne comprennent rien » (Coran VII, 179).

Le véritable être humain est celui qui possède suffisamment de sensibilité (ash-shu’ûr) pour réaliser combien il est incapable et faible devant cette Force mystérieuse (al-quwwa al-ghaybiyya) et cette Puissance universelle (al-qudra ash-shâmila) qui englobe toute chose qu’elle soit près ou loin, présente ou absente. Cette Puissance est plus près de l’homme que lui-même : « Nous avons crée l’homme : Nous savons ce que son âme lui suggère ; Nous sommes plus près de lui que sa veine jugulaire » (Coran L, 16).

Conclusion de la seizième recherche.

Il ne faut pas que le penseur exagère dans l’usage de son indépendance d’esprit ; quelque soit l’orgueil qu’il peut avoir de sa pensée, qu’il n’oublie pas que d’autres ont également une pensée ; et qu’il évite de les sous-estimer.







DIX-SEPTIÈME RECHERCHE

COMME TOUTE AUTRE FACULTÈ,
LA RAISON (AL-’AQL) EST SUJETTE D’ERREUR


Il résulte de tout ce que nous venons de dire que les philosophes sont incapables de connaître les vérités métaphysiques (mâ warâ’ al-mâdda). Cela signifie qu'on ne peut recourir à eux, à propos de tout ce qui a trait au Divin (al-ilâhiyât), comme on serait en droit de l'attendre lorsqu'il s'agit de problèmes d'ordre physique (al-mâddiyât). Ceci est dû à leur usage de la raison dans un domaine qui la dépasse et à son intervention dans ce qu'elle ne saurait connaître sans s'appuyer sur une preuve (dalîl) évidente ou un argument (burhân) irréfutable (à savoir la Révélation). Aussi la raison revient-elle lassée, épuisée.

Il ne faut pas s’étonner qu’elle recule devant ce qui est au-dessus de ses forces. On constate souvent qu’elle se trompe dans ce qu’elle a l’habitude de traiter. La meilleure preuve en est que les philosophes divergent même sur les questions accessibles à la pensée (al-ma’qûlât). La Vérité n’étant pas multiple, et étant donné leurs divergences, on ne peut dire que ces derniers sont dans le vrai. Et si l’on est ainsi dans les domaines accessibles à la raison, qu’en sera-t-il lorsque celle-ci s’aventure dans les voies qui sont en dehors de sa portée.

D’une manière générale, tous les organes des sens de l’homme peuvent se tromper ; autrement comment comprendre que l’homme puisse tomber parfois dans l’erreur. Ne voit-on pas comment Dieu « Le Très-Haut » a crée les cinq sens pour percevoir les choses sensibles : l’odorat, le goût, l’ouïe, la vue, le toucher. Comme chacun de ces sens peut se tromper, Dieu a institué la raison pour les juger et non le contraire, afin qu’ils soient source de vérité et non d’erreur.

- La vue n’a-t-elle pas l’impression que les hautes montagnes ou la mer touchent le ciel ?

- De même, il arrive chez certaines personnes malades de "sentir" le miel comme amer. Il en est ainsi de tous les autre sens internes (al-idrâkât al-bâtiniyya) et externes de l’homme.

Aussi ce genre de perceptions erronées sont-elles considérées par la raison comme parfaitement vaines, car elle sait que les sens sont sujet à l’erreur. Et comme la raison elle-même n’est pas infaillible, Dieu (qu’Il soit exalté) a institué la Loi sacrée (shar’) pour sa norme. Etant donné que la Loi sacrée est la Lumière qui guide, la raison est tenue de s’y référer surtout pour ce qui n’est pas de son domaine. « Celui à qui Dieu ne donne pas de lumière, n’a pas de lumière » (Coran XXIV, 40).

Conclusion de la dix-septième recherche.

Ce qui précède montre que lorsqu’il s’agit de questions divines, on ne peut se fier aux spéculations philosophiques que dans la mesure où elles sont corroborées par le Coran ou la Tradition (Sunna). En dehors de ces questions, le problème est tout autre.



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7 août 2011 19:28
Assalam alaikoum



DIX-HUITIÈME RECHERCHE

DE LA FAIBLESSE DES ARGULENTS AVANCÉES
PAR CERTAINS MATÉRIALISTES
CONTRE L’EXISTENCE DE DIEU


En résumé, les tenants de la non-existence d’un Dieu Régisseur du monde (nafy al-mudabbir) se divisent relativement à leurs arguments en deux groupes : Alors que les uns invoquent tel argument, les autres invoquent son contraire pour défendre la même thèse. Globalement, on constate que leurs argumentations se contredisent et s’opposent. Ainsi, chaque tendance nous fournit ce dont nous avons besoin pour réfuter les arguments de chacune d’elles.

Pour être plus clair, disons que l’un des deux groupes estime que l’univers est apparu dans sa forme achevée ; autrement dit, la nature a crée toutes choses et chacune d’elles est parfaitement en harmonie. Selon eux, les choses sont liées les unes aux autres et les effets (mussabbabât) à leurs causes (asbâbihâ) sans rupture d’équilibre (ikhtilâl) en aucun cas. C’est ainsi que les choses ont été faites et c’est ainsi qu’elles continuent d’être soumises aux lois naturelles.

Ces gens-là estiment que s’il y avait en plus de l’univers et extérieur à lui, quelque chose qui s’appellerait Dieu, il aurait laissé des traces (atharuh) tels qu’un fait extraordinaire (kharqu’âda) ou une violation d’une loi de la nature (naqd tabî’a). Nous aurions alors la preuve qu’il existe un Dieu hors de l’univers. Mais puisque rien n’est venu troubler l’ordre universel, alors on ne peut que nier Son existence.

On a l’impression que ce groupe de gens voudrait que Dieu ressemble à l’homme, revenant aujourd’hui sur ce qu’Il a décidé hier. Tel est en substance leur argument. Nous estimons pour notre part, que cet argument prouve plutôt l’Affirmation (ithbât) de Dieu que Sa négation (nafy).

Le second groupe affirme avoir étudié à fond et mené une enquête approfondie sur certaines créatures : « Nous avons constaté, disent-ils, que certaines d’entre elles sont contre-nature (khilâf al-‘âda) ou plus exactement inutiles. Ainsi, par exemple, il existe une espèce d’insecte dont la force reproductrice est telle que si elle était laissée à elle-même, elle ne tarderait pas à couvrir la face de la terre en un temps record. Et pourtant nous constatons que cette espèce est bien peu nombreuse par rapport à d’autres en raison de toutes sortes de contraintes naturelles menant à sa destruction. Dans ces conditions, quel est l’avantage de leur existence ? »

Ils disent encore : « Il existe aussi une espèce animale dont chaque individu possède les caractéristiques du sexe masculin et féminin. Ne nécessitant aucune fécondation extérieure, il n’a aucun profit au contact des individus de son espèce. S’il en est ainsi, on peut dire que l’existence de cette espèce n’est qu’une pulsion gratuite et incohérente de la nature. S’il y a avait vraiment un Dieu Puissant qui régit toute chose, comme on le prétend, il n’y aurait pas de tels faits qu’on pourrait qualifier presque d’absurdes. »

Tels sont en gros les arguments avancées par ce groupe. On a l’impression que ce dernier n’admet pas que quelque chose se rapportant à la nature des êtres puisse leur échapper ; autrement, ils n’auraient pas tiré argument de ce qu’ils ignorent pour prouver l’inexistence de Dieu.

Conclusion de la dix-huitième recherche.

Il est bon pour le croyant de connaître les thèses de ces groupes. Ainsi, il ne s’imaginera pas que leurs arguments (hujjatuhum) sont plus forts que ceux énoncés par les proclamateurs (al-muthbitûn) de l’Existence de Dieu.







DIX-NEUVIÈME RECHERCHE

L’ÊTRE HUMAIN EST TROP FAIBLE
POUR EMBRASSER
TOUTES LES CONNAISSANCES


Toute personne serait prête à reconnaître sa propre incapacité d’atteindre la parfaite connaissance de ce qu’elle étudie si l’orgueil et la fierté de se croire, à tort, un esprit indépendant, ne l’en empêchaient. Une telle personne s’abandonne inconsidérément à ses théories et affirme ou nie selon son bon vouloir, comme si elle embrassait toute la science. Pourtant, la vérité exige de l’homme de ne pas nier une chose dont l’existence est possible, avant d’avoir scruté chacune d’elle en profondeur, s’être interrogé sur ce qu’il peut y avoir au-delà et sur ses possibilités de parvenir au secret de toute connaissance.

Et si, comme il est probable, il ne le peut pour les choses connaissables (al-ma’lûmât), comment le pourrait-il pour les choses inconnaissables (al-majâhîl) qui commencent là où les facultés humaines (idrâk al-insân) finissent. A une telle question, la personne interrogée ne saura fournir de réponse.

Quant au sage, il est convaincu que l’homme est trop faible pour atteindre la connaissance intégrale des phénomènes, ce qu’il est et ce qui fait de lui un être humain. Et s’il en est ainsi, comment se permet-il de nier l’existence d’une chose pour la simple raison que sa pensée ne l’a point conçue ; sa pensée serait-elle l’unique critère universel (al-mizân al-‘adl) et ce qui lui échapperait n’aurait-il point d’existence ? Je pense, au contraire, que tout peut lui échapper. Qu’est-ce qui l’empêcherait d’avoir cette conception même (que tout peut lui échapper) alors que sa perception d’aujourd’hui est plus grande que celle d’hier et d’avant-hier ? Peut-il admettre que sa perception puisse encore augmenter ? Sans doute la réponse ne peut être qu’affirmative. De ce fait, la diminution est inhérente à quelque chose susceptible d’augmentation. Le sage peut se féliciter d’avoir compris que ce qu’il ignore encore des secrets de la création est infiniment supérieur de ce qu’il en connaît ; sinon son éloignement de la sagesse serait égal à son éloignement de cette vérité inscrite dans le cœur de tout sage. D’une manière générale, le plus grand des savants est le plus modeste, le plus émerveillé devant l’immensité du mystère de la création. C’est à ceux-là que fait allusion le Coran en disant : « Il ne vous a été donné que peu de science » (Coran XVII, 85).

Conclusion de la dix-neuvième recherche.

Attirons l’attention de l’homme sur le fait que ce qu’il ignore est plus grand que ce qu’il connaît afin qu’il soit prêt à recevoir l’enseignement de plus savant que lui, conformément à cette parole de Dieu : « Au-dessus de tout savant, il y a plus savant » (Coran XII, 76).
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10 août 2011 16:21
Assalam alaikoum


PHILOSOPHIE ET TRANSCENDANCE

(Recherches 20 à 22)


La perception unitaire de la pensée islamique ne dissocie pas philosophie et religion si le terme de philosophie est pris au sens de « métaphysique ».

Loin de couper l’homme de son principe créateur, une telle philosophie est une étape sur le chemin qui mène par delà les voiles denses de la matérialité vers ce que « Nul œil n’a vu, nulle ouïe n’a entendu, et nul esprit ne peut concevoir » (Hadith).

Avant de franchir cette porte, le doute est un obstacle naturel. Il ne faut pas le voir dans son seul aspect négatif, mais plutôt comme une position de retrait provisoire, liée aux limitations de l’état humain. La patience devient alors une vertu, un acte de foi.

L’incertitude est déjà une Grâce divine. Rien, en effet, ne force l’homme à croire en une divinité et il faut donc qu’une certaine part en lui l’ait rencontrée, expérimentée, afin de pouvoir en douter. Le contact a été peut-être trop bref ou trop subtil pour qu’il en garde un souvenir net.

Le développement des "sens" intérieurs aidera l’homme à préciser cette perception. Mais celui dont la sensibilité est faible n’a point à préjuger de ce qu’il ignore. Cependant il y aura toujours, quelle soit la valeur des preuves apportées, des hommes décidés à ne rien admettre au-dessus d’eux-mêmes si c’est cela qui est à l’origine de leur existence.

Pour les autres, l’immense majorité de l’humanité, la réalité de ce lien est une évidence ; le nier serait se nier soi-même. C’est pourquoi interdire à l’homme cette prise de conscience, c’est chose impossible.

La vie de chacun d’ailleurs, n’est rien d’autre qu’une tentative, plus ou moins réussie, de reconquérir sa place au sein de la dimension universelle.








VINGTIÈME RECHERCHE

LA VRAIE PHILOSOPHIE
NE CONTREDIT PAS LA DOCTRINE
DE LA PURE UNICITÉ


Il est très courant de constater que dans la compréhension commune des gens, le terme de philosophie est devenu le symbole de la doctrine corrompue (sû’ al-‘aqîda). Ceci est dû à l’athéisme (al-ilhâd) professé par certains philosophes. En réalité cette position est celle des intrus ou des philosophes qui n’arrivent pas à dépasser les choses sensibles (al-kathâ’f) pour arriver à ce qu’elles cachent de subtil (al-latâ’if).

Or c’est un principe premier de la philosophie que celui de chercher à connaitre la nature d’une chose, selon la capacité (at-tâqa) et les dispositions (al-isti’dâd) du chercheur. Nul doute que celui qui va, dans sa démarche, au fond des choses, avec un regard sincère et une intelligence pénétrante (bi nadharin sâdiq wa bassîra nâfidha) ne manquera pas d’arriver au point de percevoir le lien reliant cette chose à un monde invisible : objet de recherche du sage et fraîcheur des yeux des gens de l’Unicité (‘al-muwahhidûn).

A ce point les conceptions des philosophes rencontrent ou s’approchent de celle des grands hommes de toutes les religions. Dans ces conditions la poursuite d’une telle recherche ne peut mener qu’à la pure Unicité, même si au début on risque de s’égarer. Mais ceci n’est possible que s’ils ne s’arrêtent pas à la peau, mais vont à la pulpe à l’inverse des matérialistes qui ont décidé de n’accorder aucune importance à ce qui est au-delà de la matière, c’est-à-dire aux choses spirituelles. Au contraire, ceux qui ont regardé au-delà du matériel, ont vu des idées vierges (abkâr al-ma’âni) leur sourire à travers les phénomènes. Ce qui les amena à déclarer qu’il existe une main agissante derrière les voiles denses de la matérialité, possédant seule le pouvoir exécutoire et le jugement catégorique.

Ils ont maintenant la certitude qu’il existe un pouvoir caché dont les actions se manifestent aux sens à travers les phénomènes et qu’au-delà, il y a ce que « Nul œil n’a vu, nulle ouïe n’a entendu et nul esprit ne peut concevoir » (Hadith). Ainsi sont-ils arrivés à reconnaître la nécessité de baisser la tête et de courber l’échine devant cette extraordinaire Puissance que la nature humaine ne peut imaginer.

Telle est en résumé, la conception de cette catégorie de gens. Elle se trouve à la limite de ce qu’on peut atteindre en métaphysique. Aussi est-il précisé dans le Coran : « Alors que leur science ne peut L’atteindre » (Coran XX, 110).

Conclusion de la vingtième recherche.

Il ne faut pas croire que la philosophie, par sa nature, mène nécessairement à la négation de Dieu (ilhâd). Il est vrai cependant qu’elle est cause de chute pour celui qui n’est pas préparé. Ceci en métaphysique (al-ilâhiyât) et non en les autres parties de la philosophie.
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14 août 2011 19:28
Assalam alaikoum




VINGT-ET-UNIÈME RECHERCHE

LE DOUTE EN UN RECTEUR (MUDABBIR)
DU MONDE EST L’UNE DES PREUVES
DE SON EXISTENCE


Il n’est pas exclu qu’il existe dans la nature originelle de l’homme (al-fitra) ce qui le guide pour trouver à partir de toute chose la preuve de l’Existence de Dieu et ceci, dans la mesure où il utilise son intelligence et une sensibilité saine. Mais très souvent l’être humain refuse de reconnaître la preuve, même lorsqu’il la trouve : « Certes, l’homme est ingrat envers son Seigneur » (Coran C, 6).

Etant donné que rien n’est absolument vide de signes de l’Existence d’une Régisseur du monde, il convient à l’homme sage de ne pas négliger ce qui lui permet d’affirmer l’Existence du Créateur de l’univers. D’autant plus qu’il est capable de déduire d’une chose son contraire. Comment peut-il négliger les sagesses lumineuses contenues dans les créatures et les mystères cachés (al-mughayyabât al-mustatara) derrière elles, alors qu’il est certain que ce qui lui en échappe est plus grand que ce qu’il en connaît.

Mais hélas ! Pourquoi ne considère-t-il pas que la Vérité fait partie de ce qui lui est caché, et ne patiente-t-il pas un peu quitte à rester encore dans le doute. Et qu’il regarde bien, peut-être y trouvera-t-il (dans le doute) même la preuve de l’existence de ce dont il doute ; car ce doute est une chose ; or, en toute chose il y a un signe (âya) de Dieu. Il n’est pas étonnant alors qu’il puisse y trouver un signe prouvant l’existence de Dieu. En effet, il suffit de lui accorder un minimum d’attention pour constater qu’il (le doute) est composé de deux contraires : la Négation (an-nafy) et l’Affirmation (al-ithbât). Ceci sans que l’une veuille prendre la place de l’autre. Ce fait est un signe spécifique qui se rencontre rarement. D’autre part, si on se penche sur ces deux contraires, on constate que les données de l’affirmation se conçoivent seulement grâce à une influence extérieure. Quelle est donc cette source d’influence qui a nécessité un tel degré d’affirmation dans un cœur libre de tout lien ? Il serait illogique de dire que cette affirmation est apparue de rien ; ou alors, il faut admettre qu’un homme intelligent puisse nier une existence du domaine du possible. Or, ce qui est impossible est impossible, et on ne peut hésiter sur son existence.

Nous dirons en résumé que l’Affirmation de l’Existence de Dieu a été rendue possible par les sens intérieurs (al-ihsâssât al-bâtiniyya), et que l’homme ne peut être insensible. Mais il ne faut que celui dont la sensibilité est faible juge ceux dont la sensibilité est plus forte. Ce qui vient d’être dit sur l’affirmation considérée comme l’effet d’une cause extérieure ne peut s’appliquer à la négation. Car celle-ci est l’expression d’une absence de lien ; elle est liée à l’inexistence de l’être humain. «Dieu vous a fait sortir du ventre de vos mères, vous ne saviez rien » (Coran XVI, 78). Une fois l’être humain parvenu à maturité (istakmala al-wujûd), alors il commence à sentir l’existence d’une Puissance inconcevable à l’extérieur. Tantôt il l’affirme, tantôt il la nie. Sa part de foi est égale au degré de son affirmation – laquelle est un dû de cette Puissance – intérieure.

Un tel fait est considéré comme éminemment précieux même s’il est infime. Quand il se produit, il devient l’échelle (mi’râj) permettant à l’homme d’atteindre le niveau de la foi. Il peut également, tout en étant attentif à ce degré d’affirmation, méditer sur certaines causes qui le mèneront jusqu’à cette foi. Elle finira par prendre dans son intérieur une place non négligeable. Et s’il reste confiant (sakana), il trouvera la Paix dans sa conscience : surtout s’il ajoute sa propre foi à la certitude d’autrui, vu les arguments s fortifiant les uns les autres.

Ajoutons que la situation de celui dont nous avons parlé dans cette recherche est celle de celui qui ne sous-estime pas ce qui fait partie du Mystère divin (al-ghayb) et non de celui qui est en mesure de rejeter même ce qui fait partie du manifesté (ash-shahâda). Que Dieu nous vienne en aide.

Conclusion de la vingt-et-unième recherche.

Il s’agit ici d’un simple examen en vue d’attirer l’attention du lecteur. Il est en effet difficile de faire admettre une preuve à l’opposant décidé à n’en admettre aucune, fusse celle de l’univers entier.







VINGT-DEUXIÈME RECHERCHE

LE CULTE EST INNÉ EN L’HOMME


La Nature divine (al-fitra al-ilâhiyya) déposée au sein de l’humanité ne cesse d‘inciter l’homme responsable à revenir à son Créateur et à se soumettre à Ses obligations et Ses interdictions. C’est un sentiment impossible à étouffer entièrement quoi qu’on fasse. Tout le monde sait l’attirance qu’éprouve malgré lui l’être humain pour un tel principe : « Selon la nature que Dieu a donnée à l’homme en le créant » (Coran XXX, 30).

Il est donc impossible d’enlever ce principe enraciné dans l’être quels que soient les efforts faits dans ce sens par l’homme moderne. Oui, il a essayé, mais en vain. Il constate son impuissance devant la Nature éternelle enracinée dans l’homme (an-nuzû’ al-khâlid at-tab’ fi-l-bashar) depuis son apparition. Attirance qui durera tant que durera l’homme, même si elle peut perdre certains de ses caractères. Et il est presque certain qu’il n’existe pas de conscience qui en soit dépourvue.

Certains le reconnaissant ou pourraient le reconnaître, si ce n’est la tyrannie de l’amour propre qui les empêche d’affirmer hautement la Vérité des faits.

Disons en un mot que la servitude (al-‘ubûdiyya) en l’homme est plus attirée par le principe d’adoration (al-ma’bûdiyya) que le fer par l’aimant. Ce qui le prouve est que l’homme le recherche dans les choses extérieures ; tantôt il se l’imagine dans les pierres, tantôt dans le feu. Comme l’assoiffé dans le désert voyant un mirage, il se dirige vers lui croyant que c’est de l’eau. «Mais quand il l’atteint, il ne trouve rien sinon Dieu » (Coran XXIV, 39).

Conclusion de la vingt-deuxième recherche.

Que l’on médite sur la sagesse de la Parole de Dieu : « Tous ceux qui sont dans les cieux et sur la terre se présentent au Miséricordieux comme de simples serviteurs » (Coran XIX, 93).
f
15 août 2011 23:54
Assalam alaikoum



CIVLISATION ET RELIGION

(23ème Recherche)


Le Cheikh al-Alawi nous démontre ici que civilisation et religion sont une seule et même chose. Le terme de religion est toujours pris dans ces recherches au sens de lien et non pour désigner une institution.

Si l’on regarde bien l’évolution de l’humanité de ses débuts jusqu’à nos jours, on constate une tendance générale à se dégager des origines inférieures et plus particulièrement de l’animalité. Chacune de ces étapes s’est accompagnée d’un élargissement de la conscience comme si l’humanité constamment se dirigeait vers son origine supérieure.

Malheureusement ce mouvement n’est pas continu, et certains sursauts de l’animalité viennent freiner cette ascension. Et le Cheikh de préciser :

« L’homme moderne a plus besoin de religion que le primitif n’a besoin de civilisation. »

L’extraordinaire dans une telle pensée c’est que, comme celle de tout grand réformateur, elle ne nie aucun des acquis de l’homme.

La Tradition (à ne pas confondre avec coutume) ne se limite pas à l’irruption en ce monde de sa révélation, mais est un phénomène permanent, quotidien, obéissant à un Vouloir divin toujours présent. Dans ce contexte le progrès de l’«homme ignoré» et les progrès de sa connaissance de la matière, sont les deux pôles d’une réalité en mutation perpétuelle.







VINGT-TROISIÈME RECHERCHE

L’HOMME MODERNE
A PLUS BESOIN DE RELIGION
QUE LE PRIMITIF N’A BESOIN DE CIVILISATION


Cette recherche s’adresse à ceux qui s’imaginent que la religion est une chose et la civilisation en est une autre. Mais en réalité la religion de chaque peuple représente la civilisation qui était la sienne avant qu’il ne tombe dans la facilité voire même la déchéance. Telle est la Loi naturelle (an-nâmûs) qui convenait pour l’homme à chaque époque et qui était également l’œuvre de Dieu.

Mais supposons que la religion et la civilisation soient deux choses différentes, nous dirons alors que l’homme moderne a plus besoin aujourd’hui de religion qu’il n’a eu besoin de civilisation aux époques antérieures. Mais en fait, l’homme n’a jamais cessé, ne serait-ce qu’un jour, de tendre vers la civilisation.

Depuis l’époque où il grimpait aux arbres, se nourrissant de leurs fruits et se couvrant de leurs feuilles, et jusqu’à ses stades ultérieurs, l’homme n’a cessé de progresser dans l’échelle de l’évolution, avec épanouissement de sa conscience. A aucun moment de ses stades évolutifs il ne perdit sa tendance à se civiliser. Il a toujours lutté contre la nature pour se différencier de son espèce générale, et s’éloigner de sa condition d’hier jusqu’à ce qu’il arrive au stade actuel. Il passera par d’autres stades encore que Seul Dieu connaît et que l’avenir dévoilera.

Quoi qu’il en soit, il faut bien constater que l’homme moderne a plus besoin aujourd’hui de religion qu’il n’avait besoin de civilisation dans le passé. Autrement il est plus proche de la régression que du progrès. « Bientôt le jour se lèvera. »

« Selon la coutume (sunnat) que Dieu a eue envers leurs devanciers, car tu ne trouveras pas de changement dans la coutume de Dieu » (Coran XXXIII, 62).

Conclusion de la vingt-troisième recherche.


Il semble qu’une civilisation sans dimension religieuse ne peut être assurée de continuité dans le progrès. Mais toute science appartient à Dieu.
A
16 août 2011 01:34
De la philosophie, il est bon d'en retenir la démarche interrogative systématique qui rejoint les prescriptions en la matière peuplant le Saint Coran : s'interroger sur la Création pour témoigner de l'existence d'un unique Créateur s.w.t.
Ainsi la philosophie fait partie de la démarche du musulman, donnant du sens à la Chahada comme la seule réponse à l'existence et à l'unicité d'Al Haq s.w.t, validant par là la véracité du Message, du naba'e, du messager, du Nabi Mohamed s.a.s. La philosophie est un point de passage de la Hira, de l'errance interrogative, à al Yaqin, de la certitude.
L'interrogation est en fait la recherche d'une relation pertinente, finalisée, visant à réduire une vérité potentielle en une vérité réelle objective ou du moins une intime conviction. L'interrogation peut recourir au raisonnement par l'absurde pour assoir une vérité, sans pour autant basculer dans le chirk ou le koufr. Prendre pour hypothèse la non existence ou la non unicité pour démontrer une impossibilité, et par conséquent que l'hypothèse est nécessairement fausse. L'hypothèse du polythéisme s'avère fausse car elle implique nécessairement le monothéisme. Ainsi la philosophie par elle même ne contredit pas l'islam, car sinon il faudrait s'interdire de s'interroger, au contraire elle sert l'islam (voir les conversions résultantes d'interrogations).
En second lieu, les raisonnements par analogie développés ci-dessus me semblent simplistes, comme les catégorisations développées dans un but essentiellement politique, considérations dépassées de la modélisation en règnes animal, végétal, minéral ou encore du cerveau reptilien, vision analytique de la Vie, de la Création, que l'atome à unifié dans une marche vers le Tawhid.
Pour conclure l'homme n'a pas trois origines, mais bien une seule, descendant d'Adam, d'une mAda, matière, d'une ossature, 3dam, 3adome ou atome, d'un 3alaq, caillot ou colle gluante (gluon) (collagène, liaison adomique) dotée d'un 3aql .... winking smiley
Wa assalamou 3alaikoum ...
f
16 août 2011 17:42
Assalam alaikoum


Le fait de parler d’origines inférieures de l’homme ne signifie pas nier son origine adamique, seulement, à propos de sa création, il faut distinguer deux aspects : l’aspect physique temporel déterminant l’ « être connu », et l’aspect métaphysique spirituel déterminant l’ « être inconnu », qu’on peut appeler l’essence de l’homme : sa caractéristique spécifique, d’Homme, par laquelle il s’est distingué totalement de ses origines inférieures, qui sont autant d’étapes nécessaires constitutives de la réalité humaine, témoignant certes de son passage par la chaîne de la création, mais ne déterminant pas pour autant son être véritable.

Ainsi ce qui serait simpliste c’est de nier cet aspect temporel de l’homme, alors qu’on le voit se manifester dans l’embryon, comme il serait simpliste, en contrepartie, de réduire l’homme en cet aspect, et faire abstraction de l’autre aspect essentiel de son être.

En fait, dans cette perspective, l’origine de l’homme n’est pas posée comme un problème extérieur à lui-même, qui remonterait à la nuit des temps. C’est une question personnelle à laquelle chacun se doit de répondre : quel est notre degré de délivrance vis-à-vis des choses inférieures terrestres, en revanche, notre degré de rattachement aux choses supérieures célestes ?

On ne peut comprendre notre situation existentielle que dans cette dialectique entre l’inférieur et le supérieur, entre le multiple et l’Un.



Modifié 2 fois. Dernière modification le 16/08/11 17:45 par faqir.
f
17 août 2011 16:07
Assalam alaikoum



LA LOI DIVINE

(Recherches 24 à 27)


Elle est le garant des fondements de l’être humain, la protection de ses intérêts essentiels.

Durant l’existence humaine, la Loi divine intervient sur tous les centres d’intérêts de l’homme. Ceux-ci peuvent se subdiviser en trois catégories :

- Les éléments nécessaires à son existence ;

- Les choses utiles à sa vie ;

- Les éléments complémentaires.

Ensemble ils forment le tissu humain. Si bien qu’on ne peut toucher à l’un sans léser l’autre, à l’exemple de toute organisation sociale. De même qu’à chaque fonction correspond un organe, à chaque besoin correspond une nécessité. Si l’on en arrivait à nier les éléments complémentaires ou les choses utiles de la vie, on porterait préjudice aux éléments nécessaires fondamentaux de son existence. Ceux-ci sont la : la vie humaine, la raison, la croyance, la perpétuation de l’espèce, les biens matériels.

La Loi divine est venue pour les protéger. Pourtant son action semble porter plus sur les choses utiles et les éléments complémentaires. Pourquoi ? Les éléments nécessaires font partie intégrante de l’instinct humain. Personne ne doute qu’il ne lui faille respirer, boire, manger. C’est une Loi divine implicite.

Par contre, plus on s’éloigne du noyau da base, plus la liberté de choix est possible. En intervenant sur les autres plans, la Loi divine devient plus apparente car plus sujette aux critiques humaines. Elle vient prôner les vertus dans la manière de se comporter, de vivre en société. Elle nous demande un effort pour nous dégager de l’animalité.

La raison humaine ne peut envisager sereinement tous les aspects d’un problème, car d’une part elle se présente souvent sous l’aspect d’avis personnels contradictoires, d’autre part elle privilégie certains besoins de l’homme au détriment d’autres.

Dans la tradition islamique, la référence exemplaire est le Prophète Mohammed, sur lui la Prière et la Paix, celui qui a parcouru le cercle des vertus, l’axe du Tout.

Mais le principal rôle de la Loi divine, peut-être plus caché, est de protéger les éléments nécessaires dont la croyance est le pilier central. En protégeant ce qui fait précisément l’homme et en lui permettant sa réalisation, la Loi divine se garantit elle-même de l’ignorance humaine. Mais comment la différencier des lois humaines ?

- Elle n’est pas le fruit d’une institution ;

- Elle est universelle, donc valable pour tous ;

- Elle vise à la protection des éléments nécessaires à l’homme en se dévoilant dans les choses utiles et les éléments complémentaires ;

- Elle s’occupe mieux des affaires générales de l’homme qu’il ne le fait lui-même de ses affaires particulières.

Hors de ces critères, une Loi divine serait bien humaine. A condition de se conformer à ses enseignements, le bonheur de l’homme sera assuré.







VINGT-QUATRIÈME RECHERCHE

LES LOIS DIVINES N’ONT ÉTÉ PRESCRITES
QUE POUR GARANTIR LES FONDEMENTS DE L’ÊTRE HUMAIN
ET PROTÉGER SES INTÉRÊTS ESSENTIELS


On sait que l’être humain a un nombre d’intérêts qu’il serait fastidieux de dénombrer, mais dont on peut dire qu’ils se ramènent à trois catégories :

- Les éléments nécessaires à son existence (darûriyât li wujûdih) ;

- Les choses utiles à sa vie (hâjiyât li qawâmih) ;

- Les éléments complémentaires lui permettant d’élargir le champ de ses rapports avec la société (takmiliyât li tawassu’âtihi fil-mu’âmalât).

Chacune de ces catégories dépend de celle qui la précède. On ne peut prendre en considération les choses utiles avant les éléments nécessaires, ni les éléments complémentaires avant les choses utiles. Quoi qu’il en soit de la subdivision adoptée, nous dirons que les choses nécessaires se ramènent à cinq éléments fondamentaux que la Loi divine est venue protéger ; ce sont :

- La vie humaine (an-nafs) ;

- La raison (al-‘aql) ;

- La croyance (al-‘aqîda) ;

- La perpétuation de l’espèce (an-nasl)

- Les biens matériels (al-mâl).

La plupart du temps, l’existence humaine ne se perpétue que par l’ensemble de ces éléments de base dont chacun soutient à son tour d’autres éléments fondamentaux. En d’autres termes, chaque élément nécessaire fondamental dépend d’autres éléments nécessaires. A plus forte raison pour ce qui est des choses utiles et des éléments complémentaires.

Si nous considérons les éléments nécessaires à la préservation de la vie par exemple, nous constaterons qu’ils sont au nombre de cinq éléments principaux :

- La nourriture (al-mat’am);

- La boisson (al-mashrab);

- L’air qu’on respire (al-hawâ) ;

- Le vêtement qui protège (as-sitr) ;

- Et le logement qui abrite (al-ma’wâ).

Il en est de même pour chaque élément fondamental (des cinq) ; en effet chacun d’eux requiert les moyens nécessaires à son obtention.

S’agissant des choses utiles, nous dirons que ce sont les choses dont l’être humain peut se dispenser parfois, mais au prix de grosses difficultés dans sa vie sociale (ma’a dhankin fi ‘ayshihi). Quant aux éléments complémentaires ce sont des choses ajoutées et qui peuvent paraître inutiles à la préservation de la vie humaine. En réalité ils complètent les choses utiles comme ces dernières complètent les éléments nécessaires.

Ainsi le rejet total des éléments complémentaires porte-t-il atteinte aux choses utiles comme le rejet total de ces dernières porte atteinte aux éléments nécessaires.

Quant à la Loi divine, elle ne permet pas qu’une quelconque atteinte soit portée aux intérêts de l’être humain, ni que ces derniers soient diminués. C’est pour cette raison, et du fait qu’elle ne reconnaît pas la maturité de l’homme, qu’elle s’est réservée le droit d’intervenir dans tous les aspects de sa vie ; autrement elle l’aurait laissé agir à sa guise. D’ailleurs qu’aurait-il fait de plus que ce qu’il a fait maintenant et ce qu’il a fait dans le passé ou de ce qu’il fera plus tard. « L’homme est vraiment très injuste et très ingrat » (Coran XIV, 34).

Conclusion de la vingt-quatrième recherche.

Qu’on sache que la Loi divine a plein droit pour intervenir et préserver les intérêts de l’être humain ; ceci dans tous les aspects de sa vie et dans toutes les situations. Et il en sera ainsi avec ou sans l’accord de l’homme.
f
18 août 2011 14:59
Assalam alaikoum



VINGT-CINQUÈME RECHERCHE

L’EFFET DE LA LOI DIVINE EST PLUS APPARENT
DANS LES ÉLÉMENTS COMPLÉMENTAIRES
QUE DANS LES ÉLÉMENTS NÉCESSAIRES


Les instincts humains contiennent en eux ce qui incite à la préservation des éléments nécessaires (adarûriyât), ce qui est différent pour les choses utiles (al-hâjiyât) et surtout pour les éléments complémentaires (at-takmîliyât). Il n’y a rien dans la nature humaine qui incite à la réalisation de ces derniers ; parfois même c’est le contraire qui se produit. C’est pourquoi nous voyons la Loi divine s’intéresser particulièrement à eux.

Cela se voit dans le cas de la préservation de la vie par rapport à la sauvegarde de la vertu humaine par exemple ; alors que pour la raison, toutes les deux doivent être préservées, pour la Loi divine, il peut arriver que la première doive être sacrifiée pour la seconde. Pourtant, souvent on ne trouve pas de soi-même, du « Moi » (nafs) ce qui incite à la préservation de la vertu humaine, sur lequel on puisse compter (même si cette vertu soit ancrée dans la nature humaine originelle, dans la fitra) ; c’est que pour lui, les vertus morales relèvent des éléments complémentaires dont on peut se passer généralement. Alors que la Loi divine les voit d’une manière toute différente et leur accorde la plus grande importance. Ce qui le montre cette parole du Prophète (hadith) : « J’ai été envoyé pour parfaire les vertus morales ».

Cet emplacement des vertus par le Moi comme de simples compléments peut être illustré concernant la nourriture, qui est une nécessité pour l’homme, et qu’en la nature humaine des instincts qui y incitent, alors qu’il n’y a pas d’indication par le Moi quant à la manière bonne ou mauvaise de se procurer cette nourriture.

Il en de même lorsqu’il s’agit de faire ses besoins ; ceci est une nécessité pour l’être humain dont la nature se charge de leur évacuation. Quant aux autres modalités telles que le choix du lieu, l’usage d’un abri, l’emploi des moyens de propreté, etc., rien dans la nature ne nous y incite.

Certes cela peut être indiqué par la raison, mais que peut-elle seule devant les divergences des opinions individuelles.

Conclusion de la vingt-cinquième recherche.

Il convient de connaître l’utilité de la Loi divine pour la protection des intérêts de l’être humain. Une telle connaissance permet en effet de mieux voir sa nécessité pour l’existence humaine.







VINGT-SIXIÈME RECHERCHE

DES OBJECTIFS DE LA LOI (MAQÂSID ASH-AR’)
VISANT LA PROTECTION
DES ÉLÉMENTS NÉCESSAIRES


Nous avons vu précédemment que la Loi divine était plus apparente dans les choses utiles et les éléments complémentaires que dans les éléments nécessaires. C’est que la préservation de l’utile et du complément, est la condition même de la préservation du nécessaire que la Loi est venue protéger. En dernière analyse les buts de la Loi divine ne vont pas au-delà de la préservation des cinq éléments nécessaires fondamentaux : la vie humaine ; la raison ; la croyance ; la perpétuation de l’espèce ; les biens matériels.

Si nous procédons à une analyse philosophique de toutes les normes (ahkâm) de la Loi, nous ne manquerons pas de constater qu’elles ont toutes pour fin dernière la préservation des cinq éléments.

D’ailleurs il semble que la philosophie moderne ne dise pas autre chose que cela, du moins dans la mesure où ses enseignements visent le bonheur de l’homme, comme elle le prétend.

A moins que cette philosophie n’estime que la croyance ne soit pas un élément nécessaire à l’existence humaine, ce qui serait de sa part juste si elle déterminait le sens de l’homme en dehors de sa caractéristique de communication (an-nâtiqiyya). Or l’homme est un animal doué de parole qui ne peut, sans croyance, évoluer vers l’Unité, ce qui aurait pour conséquence de nier sa sensibilité intérieure (ihsâssâtihi al-bâtiniyya), et sa force spirituelle qui fait de lui un être humain. Cette position est absurde. On ne peut imaginer l’être humain sans croyance aucune, car la négation, tout en supposant qu’elle existe chez quelqu’un, est précisément sa croyance personnelle. Négation qui le pousse à commettre des actes allant à l’encontre de ce que l’homme est Homme.

Etant donné que l’homme ne peut réaliser pleinement son sens sans la croyance, il est naturel que celle-ci fasse partie des éléments nécessaires que la religion s’est attachée à préserver.

Conclusion de la vingt-sixième recherche.

Qu’il soit clair que la Religion garantit à l’être humain son bonheur, à condition qu’il se conduise conformément à ses enseignements.








VINGT-SEPTIÈME RECHERCHE

LA LOI DIVINE
S’OCCUPE DES AFFAIRES GÉNÉRALES
DE L’HOMME MIEUX QU’IL NE LE FAIT
LUI-MÊME DE SES AFFAIRES PARTICULIÈRES


Les préoccupations de la Loi divine visent uniquement à procurer des bienfaits à l’homme et à éloigner de lui les maux, et cela avec une subtilité que l’être humain est incapable d’atteindre. En effet, quelle que soit l’évolution de ses facultés, l’homme n’a pas la capacité suffisante lui permettant de se protéger contre ses mauvais désirs (et la Loi divine est venue le protéger contre ses propres mauvais désirs). Ces derniers l’amènent à s’occuper de ses intérêts personnels sans tenir compte du fait que cela porte parfois aux intérêts d’autrui.

« Selon la nature que Dieu a donnée aux hommes, en les créant » (Coran XXX, 30).

Tout homme porte en lui une certaine quantité d’injustice ; aussi fera-t-il du mal à son prochain chaque fois qu’il en a l’occasion. Ce fait est confirmé par la parole du Prophète (sur lui la Prière et la Paix) : « L’injustice est sous l’aisselle de tout homme. Et c’est l’exercice du pouvoir qui la dévoile. »

Il vaut mieux pour l’être humain se placer sous l’autorité de la Loi divine que sous celle de son semblable. Nous pensons que l’homme équitable comprendra ce à quoi nous faisons allusion et admettra notre théorie dans la mesure où il prend pour guide sa propre expérience.
« L’âme (nafs) est, certes, instigatrice du Mal. Sauf pour celui à qui Dieu accorde Miséricorde » (Coran XII, 53).

Conclusion de la vingt-septième recherche.

Il s’agit d’inviter l’être humain à entrer dans le cercle de ceux qui pensent que les choix faits par la Loi divine sont meilleurs pour l’homme que ceux préférés par lui-même.



Fin
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