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La récession fera mourir 700 000 enfants africains par an
H
5 mai 2009 15:54
La Banque mondiale redoute que la crise économique, qui commence à affecter l'Afrique subsaharienne, n'y fasse basculer 6 millions de personnes dans l'extrême pauvreté, avec moins de 1,25 dollar par jour de revenu. Shantayanan Devarajan, son économiste en chef pour l'Afrique, précise les menaces qui pèsent sur ce continent.

L'Afrique avait été relativement épargnée par la crise jusqu'au début de 2009. Quelle va être la dégradation de sa conjoncture ?

La crise l'a atteinte en janvier-février et elle se diffuse par quatre canaux : la chute de la demande de matières premières, le reflux des investissements étrangers, le recul vraisemblable de l'aide internationale et la baisse des envois de fonds à leur famille des travailleurs émigrés. Nous avons calculé que ces envois reculeraient de 4,4 % cette année.

La croissance africaine de 5 % par an avait permis de faire reculer la pauvreté de 8 points (de 58 % à 50 %) de 1995 à 2005. En matière de lutte contre la pauvreté, l'Afrique a fait mieux que l'Inde. C'est dire les progrès de ce continent et la menace que fait peser une croissance qui retombera de 4,9 % à 2,4 % en 2009 du fait de la crise. Des problèmes politiques vont apparaître.

Pourquoi ?



Pendant plus de dix ans, la forte croissance, le recul de la séropositivité et de la pauvreté, une meilleure alimentation ont récompensé les réformes de structures et de gouvernance parfois douloureuses que ces pays ont eu le courage de mener dans les années 1990. De ce fait, les opinions publiques étaient en train de se rallier à ces efforts, qui ont fait tomber le taux d'inflation africaine de 18 % à 11 %.

Si la récession s'installe, le soutien populaire risque de disparaître. D'autant que les pays riches conduisent des politiques inverses de celles qu'ils ont conseillées aux pays africains. Ils nationalisent leurs banques et accroissent leurs déficits budgétaires après avoir dit qu'il fallait privatiser et réduire les dépenses. Inévitablement, les hommes politiques africains se demandent s'ils doivent faire pareil !

Pourtant, vous prévoyez que les économies africaines ne tomberont pas en récession...


En Europe, la récession multiplie dramatiquement le nombre des chômeurs, mais quand la reprise sera là, tout rentrera dans l'ordre. En Afrique, le simple recul de la croissance de 2 % ou 3 % a des conséquences graves et persistantes. Nous avons calculé à partir des précédentes crises que la récession contribuera à faire mourir au cours de leur première année 700 000 enfants africains par an.

Les causes de cette surmortalité sont toutes imputables à la crise : nutrition dégradée, eau potable plus rare, assainissement plus inefficace, services de santé moins présents, parents obligés de délaisser leurs enfants pour assurer la subsistance de la famille, etc.


L'Afrique avait-elle décollé avant que la crise ne la frappe ?


La croissance y demeurait fragile. Son taux d'investissement (15 %) était trop faible par rapport aux taux d'Asie du Sud (25 %), sans parler de la Chine (35 %). Les entreprises y ont du mal à se développer, par exemple en raison de réglementations paralysantes : au Kenya, par exemple, il faut pour créer une entreprise satisfaire à dix procédures qui durent en moyenne 48 jours, alors qu'en Asie du Sud il suffit de sept procédures et de 32 jours. Cela coûte cher !

Le manque d'infrastructures (routes, ports, lignes électriques) nuit à la rentabilité des investissements. Il n'y a toujours pas d'augmentation de la productivité agricole. Les services demeurent insuffisants : nous avons calculé que, sur 100 dollars dépensés pour le service de santé au Tchad, 1 seul dollar sert effectivement au malade. Le taux d'absentéisme des enseignants ougandais s'élève à 27 % : un jour sur quatre, les élèves n'ont pas de cours !

Que fait la Banque mondiale pour combattre la récession ?

Sur les 43 milliards de dollars d'aides que la Banque mondiale dépense en trois ans pour les pays les plus pauvres dans le cadre de l'Association internationale de développement (AID), la moitié est destinée à l'Afrique. Nous augmentons l'aide à l'agriculture qui reçoit, cette année, 1 milliard de dollars contre 400 millions par an seulement, il y a cinq ans. Nous espérons que les bailleurs de fonds tiendront leurs promesses d'aide.

Etes-vous optimiste, malgré tout ?

Oui, car en quelques mois le continent a subi une crise pétrolière et une crise alimentaire et les gouvernements y ont bien réagi, refusant de céder à la démagogie, comme l'instauration d'un contrôle des prix, et affirmant qu'il fallait maintenir le cap des réformes sans lequel aucun développement durable n'est possible.


Le Monde
C
5 mai 2009 21:40
J'ai lu cet article que j'aais l'intenter ici.Quel scandale!Se prépare-t-on à cette catastrophe pour tenter de l'éviter?Les gros moyens nécessaires sont-ils mis en oeuvre pour tenter de sauver ces enfants?Que dalle!
Ils seront inexorablement broyés par le rouleau compresseur de l'économie de marché ultralibérale sans avoir rien compris à ce qui leur arrivait.Imagine-t-on une seule seconde une telle situation en France ou en Europe même?Non.Mais ce sont juste des enfants africains!C'est vraiment choquant.
Et cerise sur le gâteau dans l'horreur:le cynisme de cet économiste qui a le toupet d'être "optimiste"
parce que les réformes continuent!Les mêmes "réformes" qui tuent les enfants africains!..
 
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