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Soufisme
a
4 mai 2006 23:19
Le soufise reste l'une des philosophies les plus riches de la pensée musulmanne, et malheuresement bien ignorée de la generation actuelle des musulmans surtout les jeunes.
Que connaissez vous de soufisme ? sachant que l'histoire politique et historique du Maroc est trés etroitement lié au ZAWAYA-sorte d'Ecole de soufisme -qui ont preservé le Maroc contre les guerres de croisades portuguais et espagnols , et qui etaient à l'origine de la forte resistance contre l'envahisseur français (contre ADAHIR ALBARBARI notamment) .
s
4 mai 2006 23:38
Salam aleykoum wr wb

Regarde ca mon frère c'est un trés bon site de mise en garde contre le soufisme qui est une des pires sectes

[soufi.over-blog.com]

wa salam
P
4 mai 2006 23:41
Salam smiling smiley

Le probleme avec le soufisme c'est qu'il demande des choses en priant au prophete sws

alors que le prophete sws est le meilleur des croyants mais c'est un etre humain

il ne faut pas lui donner une autre place ou d'autres pouvoirs que allah swt lui a donne


un autre probleme leur facon de prier , de dire anasheed ( en oscillant de la tete ) n'a ete en aucun

cas donne par la sunna ( walahou a3lam) que le prophete sws nous a laisse ..


et puis le fait qu'ils aient un cheikh..

tout ca me laisse perplexe oua lahou 3lam
********************************************************* Seigneur, Tu entends nos prières, Tu connais nos secrets, et ce que cachent nos coeurs ne peut T'être dissimulé. Nous T'adressons la supplique de ceux qui sont dans le besoin et affaiblis; nous n’avons d'autre Dieu que Toi auquel nous nous adressons, ni d'autre Miséricordieux duquel nous espérons Sa MiséricordeSeigneur, embellis-nous par la beauté de la foi, et fais de nous des guides bien guidés. Seigneur, Ouvre nos coeurs à l’Islam et à la foi. Seigneur, fais dans nos oeuvres une facilité, fais qu’après la diffculté vienne la facilité et facilite nous toutes nos affaires. [ Allahouma Amine ]
m
5 mai 2006 10:53
Citation
sayf'al'islam a écrit:
Salam aleykoum wr wb

Regarde ca mon frère c'est un trés bon site de mise en garde contre le soufisme qui est une des pires sectes

[soufi.over-blog.com]

wa salam


je trouve que tu y vas un peu fort.
Z
5 mai 2006 10:55
Salam,
N'oublions pas que la tradition musulmane au Maroc émane du soufisme...
Ne parlons pas de secte , on n'est pas en presence d'Ismaelien ou d'Ahbaches comme meme!
$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$ Le texte que je viens de taper a porté plainte :S $$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$
t
5 mai 2006 11:44
salam, bonjour, smiling smiley

Il y a un seul Islam smiling smiley

Mais il y a plusieurs lectures différentes de l'islam, si certains en lisant le Coran y voient d'abord l'édification du coeur il faut l'accepter.

Quand les musulmans sont partis à banou qorayda il y a eu un dileme sur salat asr certains on prié de suite les autres non et tous les deux avaient raisons.

Il faut l'accepter.

Si le soufisme c'est l'édification du coeur d'après ce que le prophète saws faisait alors celà ne fait pas parti d'une secte mais si on y rajjoutte des choses qui n'ont aucun fondement en matière d'adoration comme le dervichisme alors il faut retourner aux sources de l'islam.

tawmat smiling smiley
s
5 mai 2006 11:54
Citation
sayf'al'islam a écrit:
Salam aleykoum wr wb

Regarde ca mon frère c'est un trés bon site de mise en garde contre le soufisme qui est une des pires sectes

[soufi.over-blog.com]

wa salam

salamalikoum
barakallahoufik pour ton lien je ne connaissez pas cette secte ou du moins je ne savais pas ke s'en était une smiling smiley
[b][i][u][center][color=#9966FF] LA CREATION D’UNE FEMME[/color][/center][/u][/i][/b][b][i][center][color=#FF00CC] La femme fut créée d’une côte de l’homme, Pas de sa tête pour être au dessus de lui, Ni de ses pieds pour être piétinée, Mais d’une de ses côtes pour être son égale, Sous son bras pour être protégée Et près de son cœur pour être aimé. [/color][/center][/i][/b]
t
5 mai 2006 13:06
salam, bonjour, smiling smiley

Dire que le soufisme est une secte c'est très grave et de plus celà n'a aucun sens.

Kheir inchallah

tawmat smiling smiley
m
5 mai 2006 13:51
Citation
siham69 a écrit:
Citation
sayf'al'islam a écrit:
Salam aleykoum wr wb

Regarde ca mon frère c'est un trés bon site de mise en garde contre le soufisme qui est une des pires sectes

[soufi.over-blog.com]

wa salam

salamalikoum
barakallahoufik pour ton lien je ne connaissez pas cette secte ou du moins je ne savais pas ke s'en était une smiling smiley


Le soufisme n'est pas une secte.

Amicalement
s
5 mai 2006 14:14
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mafalda a écrit:
Citation
siham69 a écrit:
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sayf'al'islam a écrit:
Salam aleykoum wr wb

Regarde ca mon frère c'est un trés bon site de mise en garde contre le soufisme qui est une des pires sectes

[soufi.over-blog.com]

wa salam

salamalikoum
barakallahoufik pour ton lien je ne connaissez pas cette secte ou du moins je ne savais pas ke s'en était une smiling smiley


Le soufisme n'est pas une secte.

ba alors c koi????



Amicalement
[b][i][u][center][color=#9966FF] LA CREATION D’UNE FEMME[/color][/center][/u][/i][/b][b][i][center][color=#FF00CC] La femme fut créée d’une côte de l’homme, Pas de sa tête pour être au dessus de lui, Ni de ses pieds pour être piétinée, Mais d’une de ses côtes pour être son égale, Sous son bras pour être protégée Et près de son cœur pour être aimé. [/color][/center][/i][/b]
'
5 mai 2006 16:03
Bismillâhir Rahmânir Rahîm...

Assalâmou 'alaykoum wa rahmatoullâhi wa barakâtouh...




Lorsqu'on parle de "spiritualité musulmane", on pense souvent "soufisme", cette fameuse science dont on entend dire, parfois, qu'elle serait "une version ésotérique de l'islam". Les opinions sont très tranchées, et les débats souvent passionnés au sujet du soufisme :

- certains affirment qu'il s'agit du développement et de l'approfondissement de l'aspect intérieur des enseignements de l'islam,

- d'autres leur répondent sèchement qu'il s'agit d'une pure innovation ("bid'ah"winking smiley.

Qu'en est-il exactement ?

En fait tout dépend de ce qu'on entend par le terme "soufisme". Le savant Aboul-Hassan An-Nadwî (mort en 1999) a ainsi fait une analyse remarquable de la question dans son livre "Tazkiyah wa ihsân yâ tasawwouf wa souloûk" (qui, je crois, a été traduit en arabe sous le titre "Rabbâniyya, lâ rahbâniyya"winking smiley. Les 4 points suivants ressortent de son ouvrage :

Lire la suite içi, in châ Allâh: [www.maison-islam.com]


Lire également: [www.maison-islam.com]




Wassalâmou 'alaykoum wa rahmatoullâhi wa barakâtouh...
t
5 mai 2006 18:27
Citation
siham69 a écrit:
Citation
mafalda a écrit:
Citation
siham69 a écrit:
Citation
sayf'al'islam a écrit:
Salam aleykoum wr wb

Regarde ca mon frère c'est un trés bon site de mise en garde contre le soufisme qui est une des pires sectes

[soufi.over-blog.com]

wa salam

salamalikoum
barakallahoufik pour ton lien je ne connaissez pas cette secte ou du moins je ne savais pas ke s'en était une smiling smiley


Le soufisme n'est pas une secte.

ba alors c koi????



Amicalement


Salam

Soeur Siham 59 c'est toi qui n'aime pas qu'on dise que les tablighs sont une secte ?

Tu combat les talafs qui disent que c'est une secte mais quand les talafs disent que le soufisme est une secte tu acquiesce ?

Kheir inchallah

tawmat
t
5 mai 2006 18:27
[quote 'Adel]Bismillâhir Rahmânir Rahîm...

Assalâmou 'alaykoum wa rahmatoullâhi wa barakâtouh...




Lorsqu'on parle de "spiritualité musulmane", on pense souvent "soufisme", cette fameuse science dont on entend dire, parfois, qu'elle serait "une version ésotérique de l'islam". Les opinions sont très tranchées, et les débats souvent passionnés au sujet du soufisme :

- certains affirment qu'il s'agit du développement et de l'approfondissement de l'aspect intérieur des enseignements de l'islam,

- d'autres leur répondent sèchement qu'il s'agit d'une pure innovation ("bid'ah"winking smiley.

Qu'en est-il exactement ?

En fait tout dépend de ce qu'on entend par le terme "soufisme". Le savant Aboul-Hassan An-Nadwî (mort en 1999) a ainsi fait une analyse remarquable de la question dans son livre "Tazkiyah wa ihsân yâ tasawwouf wa souloûk" (qui, je crois, a été traduit en arabe sous le titre "Rabbâniyya, lâ rahbâniyya"winking smiley. Les 4 points suivants ressortent de son ouvrage :

Lire la suite içi, in châ Allâh: [www.maison-islam.com]


Lire également: [www.maison-islam.com]




Wassalâmou 'alaykoum wa rahmatoullâhi wa barakâtouh...[/quote]


salam, bonjour,

Allah y jazik frère 'Adel pour ta science et ta réactivité.

tawmat
a
5 mai 2006 20:12
salam à tous,
j'ai lancé ce debat dans le sens que chacun parmi nous peut apporter ce qu'il sait de soufisme,je vois que la passion l'emporte sur la lucidité et l'analyse religieux ou historique de soufisme.

Le soufisme reste l'une des richesse incontournable de la civilisation arabo-musulamnne, l'un des penseurs de soufisme,(les plus admirés et respectés par la plus part des intellectuele musulmans) est bien Abou Hamid Ahmed ALGHAZALI, l'auteur du livre "Ihyaa 3ouloum adine" .
le soufisme se definit plus par une independance total par rapport à tout ce qui est à "terre à terre".Dans ce sens, le soufiste dedie sa vie à une priere constante , son esprit est plus occupé par l'addmiration de Dieu que par la "tracasserie quotidienne" ,il evite tous les conflits lié à l'argent, la passion et le pouvoir,TOUT en TRAVAILLANT pour subvenir à ses besoins necessiteux mais sans chercher à s'enrichir.

Le soufiste reste trés respecteux de la SUNNA et le Coran, je ne sais pas en quoi ces intolerants le qulifie de sectaire!
D'ailleurs , un soufiste ne cherchera pas à convaincre X ou Y de faire comme lui ou de se joindre à lui.Il reste trés loin des conflits ,c'est pour ça il s'isole (tant qu'il peut).



Modifié 1 fois. Dernière modification le 05/05/06 20:16 par abdou-bordeaux.
a
18 mai 2006 20:38
extrait de "Les itinéraires du soufisme dans le monde" de Faouzi Skali( Directeur des Rencontres de Fès-Maroc).
-----------------

Le soufisme remonte, selon les soufis eux-mêmes, au prophète. On trouve en effet un livre qui affirme que les premiers écrits sur le soufisme ne furent rien d'autre que les différentes formes de spiritualité connues par le prophète, ses compagnons et tous ceux qui ont été dans leur prolongement. Le soufisme n'est donc pas né en marge de l'islam, mais il en est suite naturelle avec des expressions multiples qui, toutes, reflètent l'approche réellement spirituelle du prophète, de son enseignement et de sa religion.
Ibn Khaldûn, l'historien et le fondateur de la sociologie, dans sa Muqaddima (« Les Prolégomènes ») va, lui aussi, aborder cette tradition soufie, mais il le fait également dans un autre livre, plus spécialisé, intitulé Chifâ al-Sâ'il (« La guérison de celui qui le demande »). Il y aborde la question de la place du soufisme au sein de l'islam. Lui aussi va rattacher cette spiritualité à l'origine en insistant sur le fait que la forme de cette spiritualité a beaucoup changé au cours du temps. La forme a été communautaire à l'époque du prophète puis il y a eu des formes d'enseignement spontané autour de certaines personnalités. Ensuite le soufisme s'est développé jusqu'aux formes confrériques plus tardives, jusqu'à des formes un peu plus intellectuelles qui sont mises en question par Ibn Khaldûn. Il s'agit des soufis tardifs comme Ibn ‘Arabî qui produisent une expression philosophico-spirituelle du soufisme d'une grande complexité. Cet andalou était appelé, de son temps, le « fils de Platon », « ibn Aflatûn ». Il a laissé des sommes métaphysiques tout à fait excessives qui n'étaient pas toujours du goût de certaines personnes qui lui préféraient une spiritualité plus commune. Elles donnaient donc par rapport à ces réflexions la priorité à une spiritualité qui s'en tenait au plan du comportement et qui ne visait pas des formes abstruses qui pouvaient susciter certaines confusions.
Il y a là différentes approches qui semblent en quelque sorte se différencier de l'approche historique classique que l'on peut avoir sur ce sujet. On dira alors que le soufisme apparaît en Iraq au IIe siècle de l'hégire comme un mouvement à part qui se constitue autour d'H'asan Basrî ou de Râbi‘a Al-‘Adawiyya mais aussi d'al-Hârith al-Muhâsibî qui, lui aussi, a laissé des écrits sur la psychologie spirituelle. Puis il y eut les personnalités du Khorasan, une région située au Nord-Ouest de l'Iran, qui fut une importante pépinière de spirituels.
Toutes ces personnalités vont enseigner le soufisme, la plupart du temps de façon non écrite. Al-Hârith al-Muhâsibî fut une exception à cet égard. Ils le feront aussi de façon non organisée, puisque, à cette époque, la relation entre l'enseignant et ses disciples était très relâchée car on pouvait très facilement passer d'un enseignant à un autre, en recevant ainsi des sapiences, des enseignements lapidaires. La figure la plus emblématique de cette période est celle de Junayd, sans cesse donné comme référence. La caractéristique de son enseignement est qu'il se préserve des critiques ou des réactions que l'on peut s'attendre à avoir lorsqu'on donne cet enseignement.
Après tous ces personnages, il y aura une autre période, qui sera celle de la recherche des significations éthiques du comportement. Après l'enseignement oral de Basri et d'autres dont on rapporte l'enseignement essentiellement oral ou des poésies mystiques, il y aura une plus grande interrogation sur le sens de cet enseignement et son orthodoxie. Cela va créer une autre période qui commencera avec Muh'ammad ibn al-H'usayn al-Sulamî ou Abû al-H'asan ‘Alî Hujwîrî. Ces personnes vont théoriser l'enseignement soufi et la relation qu'il peut nouer avec l'islam ordinaire.
La synthèse de tous ces écrits sera faite par Abû H'âmid al-Ghazâlî, lui-même d'origine persane. Il écrira un livre Revivification des sciences de la religion. Dans ce livre, Ghazâlî va expliquer l'importance de cette spiritualité. Il va non seulement la théoriser, mais il écrira aussi un livre autobiographique où il rapportera son propre itinéraire d'érudit, qui alla de la Nidhâmiyya, où il atteint les sommets de la notabilité théologique, au soufisme. Dans un autre de ses livres, Munqidh min al-dâlal (« Erreur et Délivrance »), il expliquera qu'arrivé au sommet de la connaissance théologique, il est entré dans une crise existentielle qui fut celle du doute. Il devint malade et c'est à ce moment qu'il passe de la religion en tant que théologie à la prise de conscience que la religion est d'abord une expérience spirituelle. Et il a fui la ville où il avait sa fonction d'enseignant et de clerc car il était pris dans tout un réseau de relations en particulier avec le sultan. Il va donc quitter cette ville pour apprendre la science du cœur auprès des illettrés. Après onze ans de pérégrinations, il reviendra au savoir mais avec un point de vue complètement différent. Il écrit alors une oeuvre fondamentale où il prend ses distances avec la religion devenue forme d'institution temporelle, celle qui donne des possibilités de carrière à des hommes qui utilisent le savoir comme moyen de pouvoir. Voilà son itinéraire historique.
Le mot « soufi » vient de « çûf » qui veut dire laine. Cela représente des hommes qui s'adonnent à des exercices spirituels. Ghazâlî dit que, loin d'être des marginaux, ils sont au centre de la religion car ils en donnent le sens même.
À partir de là, de ces mouvements individuels ou marginaux, il va y avoir, mais beaucoup plus tard, la constitution des confréries qui vont mailler la société et devenir de plus en plus importantes. Les œuvres de Ghazâlî seront brûlées à Marrakech et en Andalousie. Les jurisconsultes se sentaient en effet touchés par les thèses de Ghazâlî. Cela s'est produit au XIIIe siècle, à l'époque des Almoravides. Et cela est d'autant plus surprenant que les Almoravides sont issus d'un mouvement soufi, mais avec le temps, il arrive ce qui arrive dans tout mouvement de ce type, il y a passage vers une aspiration plus temporelle et une institutionnalisation du pouvoir. Et cet ordre du pouvoir est soutenu fortement par les jurisconsultes. Les critiques de Ghazâlî contre les carriéristes de la religion toucheront donc ces hommes qui vont le considérer comme un hérétique. Cela aura des conséquences sur tout l'Occident de l'islam et sur le Maroc en particulier.
Malgré toutes ces réactions, il va y avoir une organisation confrérique communautaire qui se développera avec l'effondrement du califat abbasside et de l'état des Seldjoukides. Les premières confréries vont naître à cette époque, et elles seront rapidement de plus en plus codifiées. Elles vont apparaître, au départ, à Bagdad en Iraq. Et l'un des premiers fondateurs en est Moulay ‘Abd el-Qâdir al-Jilanî, originaire de la ville de Guilan, située en Iran. Cet homme va vivre à Baghdad, y étudier, y enseigner et former les premières communautés confrériques qui auront une prospérité extraordinaire car elles essaimeront dans tout le monde musulman. On les trouvera en effet en Chine, en Afrique noire et en Orient. Se développeront donc la qadiriyya puis la naqchabandiyya.
Des hommes comme Rifâ‘îi ou Suhrawardî seront les codificateurs des confréries spirituelles soufies. Ce dernier écrira un livre, Exposition des savoirs, qui est la codification de l'adâb, des comportements nécessaires pour pouvoir poursuivre un enseignement spirituel et se rattacher à une voie. Le rôle du maître et du disciple y est précisés. Cet homme a eu une relation particulière avec le calife abbasside Nidham, qui lui a demandé d'écrire une codification de la chevalerie spirituelle, la Futuwwa, à l'usage des gens du pouvoir qui étaient ainsi invités à appliquer certains principes spirituels. La Futuwwa insiste sur la vigueur de la jeunesse, qui est la vigueur de l'âme ou de la spiritualité. C'est ce qui donne une force qui peut amener un certain comportement, une certaine façon d'être dans la société et dans la relation aux autres. Ce fut là quelque chose d'assez exceptionnel dans l'histoire musulmane. Les hommes chargés de l'organisation sociale ont décidé de faire promulguer une charte spirituelle définissant le comportement idéal.
Mais ce projet n'a manifestement pas tenu à cause de l'invasion mongole qui a tout remis en cause. Par la suite, il y eut des confréries proches ou éloignées du pouvoir. Mais si cette expérience n'a duré qu'un temps, elle s'est perpétuée à travers une autre forme de Futuwwa qui s'est manifestée dans les guildes de métier. Les corporations de métier se sont en effet constituées en corporations initiatiques comme dans le compagnonnage européen. Le métier devient inséparable d'une formation spirituelle. Cela va avoir des formes multiples en Iran, en Asie centrale, dans le Caucase ou en Anatolie où les corporations de métier turques joueront un rôle important et cela jusqu'au XIXe siècle.
Il y aura aussi des relations avec le soufisme et là, je ferai une petite parenthèse pour éviter des confusions multiples. Dans beaucoup de pays musulmans, on en est arrivé à croire que le soufisme est une espèce de marginalité pure et simple, une ascèse excessive qui n'a plus rien à voir avec le monde. Cette perception historique n'est pas née par hasard. Mais les choses sont autrement plus subtiles et plus complexes. L'ascèse et le soufisme sont des choses totalement différentes. Le soufisme ne propose pas l'ascèse mais des détachements intérieurs, ce qui est très différent. Il y eut deux mouvements représentatifs de cette difficulté de lire, la Futuwwa mais aussi la malâmatiyya, la voie du blâme.
La malâmatiyya est un mouvement qui dit que toute évolution spirituelle, si elle n'est pas contrôlée, est la recherche de la notoriété sociale. Le mystique est alors plus préoccupé par les images que les autres se font de lui que par sa progression. À partir de là, les malâmatis pensent que tout peut être faussé, y compris dans le soufisme. Il faut donc tout faire pour être déconsidéré par les autres. Cette voie va à l'encontre de l'ego et libère du poids de l'opinion d'autrui. La voie de la malâm, du blâme, va apparaître. On va susciter le scandale et traiter de fous les autres. Pire, il y a ceux qui vont pousser le blâme contre eux-mêmes jusqu'à attirer l'indifférence la plus totale de la part des autres. On ne les voit plus. Ils n'existent plus pour la société. Ibn Arabî avait ainsi reconnu un marchand de henné comme étant d'une très grande spiritualité. Personne ne s'apercevait de sa valeur. Chez lui, le détachement avait été poussé jusqu'à l'invisibilité, exactement comme chez certains malâmatis. Voilà une attitude qui peut se comprendre du point de vue de la spiritualité, mais qui est aussi improductive du point de vue social. Que peut-on faire en effet pour la société ?
Répondre à cette question engage à explorer d'autres possibilités. À l'inverse de la malâmatiyya, il y aura la Futuwwa, qui est par excellence le choix d'un acte social. Et il y a une perspective spirituelle dans cet acte. L'exemple est donné par un persan qui, un jour, rencontre un groupe qui entourait Junayd, un grand maître spirituel. Ce Persan, Haddad, ne parlait pas l'arabe. Néanmoins, les habitants de Baghdad entourant Junayd lui ont demandé une définition du terme de droiture. Haddad a répondu qu'ils étaient plus compétents que lui. Cependant Junayd proposa une définition et il demanda à Haddad d'en faire de même. Il répondit que la droiture, c'est essayer d'être droit sans exiger des autres qu'ils le soient. Et Junayd répondit que cet homme avait donné une définition qui était insurpassable.
C'est cela, la Futuwwa. Il faut essayer de faire que l'art soit pur et libéré de tout conditionnement, ce qui est extrêmement difficile. On attend en effet souvent une reconnaissance des autres et l'on devient même exigeant envers eux. C'est cela qui donne une liberté dans l'action. C'est cette philosophie de l'action qui est à l'œuvre dans la Futuwwa ou dans le code d'honneur des artisans, lorsqu'il s'agit de déterminer le juste prix pou de définir le travail bien fait. On a ici toujours l'opposition entre la nécessaire visibilité pour irriguer la société et la retraite, l'anticonformisme social, lui-même, aussi absolument nécessaire à l'évolution de cette société car toute société peut mourir de « bien-pensance », de conformité.
Il y eut ensuite d'autres personnages que l'on trouvera tout au long de l'histoire du soufisme, même si cela a aujourd'hui un peu diminué, ce sont les mejdoub-s ou les extatiques. Ces personnages sont issus de la société traditionnelle et sont très respectés. Ils sont tellement noyés dans leur spiritualité qu'ils sont déconnectés de la vie sociale. Ils peuvent avoir des attitudes inattendues et imprévisibles. Car leur voie est de bannir toute convention. Ils ne se laissent pas enfermer dans des formes données.
 
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