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Rapport aux femmes des enfants battus...
s
11 février 2020 11:45
Salam alaykom

c'est un sujet délicat car ça touche à la construction psychologique de la personne

à cause des maltraitances qu'on subit dans notre enfance, on ne construit pas bien notre estime de soi
et on se sent faible car on nous a renvoyé cette image et surtout quelque chose a été brisé à l'intérieur et c'est de la que vient la douleur, elle vient de cette blessure intérieure

mais al hamdolilah l'estime de soi ça se répare

et c'est ce travail de reconstruction qui permet de sortir de toutes ces émotions liées au passé

et sortir de ce blocage car même si tu es loin de ta maman, dans ta tête tu n'as pas fait le travail de guérison donc ça te poursuit

Vouloir se venger peut se comprendre comme sentiment mais ça n'apporte rien de bénéfique car tu alimentes ta colère et tu restes dans le problème au lieu d'en sortir.

aujourd'hui tu es encore dans la colère de ce qui s'est passé, c'est une des étapes du processus de guérison (prise de conscience, colère, deuil, pardon, rebond)

Il te faut maintenant avancer dans cette épreuve vers le chemin de la guérison et pas le chemin de la haine (qui mène au malheur)

je te souhaite le meilleur inshAllah
11 février 2020 23:21
Pourrait on en discuter alors ?


Citation
Auboutdemesreves a écrit:
Salam

Merci pour message sincère et réconfortant, ceci dit je ne pense pas que tu comprend l’ampleur de la maltraitance que j’ai subi en tant qu’enfant, adolescent et jeune adulte.

Je fais souvent des rêves où j’ai mon membre sectionné, ce n’est pas seulement de la maltraitance et la violence physique et verbale, j’aurai pu pardonné ça sans problème, mais une castration ça jamais de la vie.

Je n’ai que haine pour elle, le sois disant paradis sous ses pieds et bientôt, selon ma patience, pour l’Islam aussi, qu’elle a toujours mis sur la balance pour justifier son droit de me faire du mal et impunément.

Arrêtez de battre vos enfants, ceux qui partiront ne reviendront plus.
12 février 2020 23:42
Salâm Auboutdemesrêves,



Tu t'écries en pleine nuit être au bout de ta vie. De cette vie, tu écris le cauchemar qu'elle a été dans la réalité de ton enfance. Les cauchemars que t'en fais encore à l'âge adulte.

Pourtant, tu t'es choisi pour pseudo « Au bout de mes rêves ».

Alors, avant toute chose, permet nous de te souhaiter pour le restant de ta vie justement de faire honneur à ce pseudo qui n'est pas anodin du tout et d'aller au bout de tes rêves...
D'aller atteindre cet horizon que tu t'es fixé, ces rêves que tu t'es choisis...
De garder cette ténacité à faire dorénavant valoir tes droits sur cette vie que tu n'as pas choisie mais subie...
De poursuivre ta remise en question d'un monde qui tourne à l'envers de manière à te trouver de nouveaux repères, plus sains, plus équilibrés...
De mobiliser au mieux cette rage intérieure contre l'injustice, pour en dégager la rage de vaincre, la rage de vivre...
De transformer ton agressivité en force créatrice et t'en servir pour te bâtir, te reconstruire toi-même comme on aurait dû le faire pour toi, afin de devenir l'Homme que tu as envie d'être, celui que tu dois être, la personne à laquelle tu aspires... Tu apprendras à t'aimer toi-même plus que quiconque ne pourra t'aimer et mieux que personne ne saurait le faire... Et tu te mettras à soigner l'enfant blessé, détruit, meurtri en toi... Pour un jour, pouvoir faire la paix avec le passé.

Peut-on faire la paix avec le passé ?

Oui.

Tu feras un jour la paix, Auboutdemesrêves... Elle adviendra.

Mais pour l'heure, le temps est à la guerre. Quelle guerre ?

La guerre contre ce psychotraumatisme complexe qu'est la maltraitance physique et psychologique qui laisse des traces visibles et invisibles, conscientes et inconscientes sur le psychisme d'abord, le corps aussi, les relations familiales, sentimentales, sociales... Sur tous les champs de la vie, en somme.


Tu sais, plein d'enfants vivent des traumas, qu'ils soient simples (évènement isolé) ou complexes (évènement répétitif). Plein d'enfants voient leur vie changée brutalement, et basculent d'un côté à un autre, comme une cassure sur la ligne d'une existence qui fait que TOUT change à ce moment précis et ils entrent en enfer. Et puis, tu as plein d'enfants comme toi qui voient leur vie ne jamais être construite, et n'ont aucune ligne, aucune existence et RIEN ne change jamais. L'enfer, ils ne connaissent que ça.

Durant l'enfance, l'adolescence, chacun réagit comme il le peut, selon ses capacité, selon sa personnalité, selon ses forces, ses faiblesses, sa résilience... Chacun se protège du mieux qu'il peut et met en place des mécanismes de défense, des espèces d'échappatoires pour assurer sa survie psychique et surmonter coûte que coûte, vaille que vaille la réalité infernale du quotidien... Tous réagissent comme quelqu'un qui se retrouve face au danger et qui cherche à y échapper à tout prix.
Il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises manières de faire. Il n'y a pas tellement de choix. Il n'y a pas de processus à proprement dire conscient. Il a juste un instinct, une pulsion de vie qu'on ne contrôle même pas et qui prend le relais.

Puis, l'enfant grandit, l'enfant se construit malgré tout pour tenir un minimum l'équilibre. Fragile. Il devient adulte en âge, en corps, intellectuellement, professionnellement, au yeux de la société. Mais affectivement et psychologiquement, à l'intérieur malheureusement, rien n'est terminé. L'enfant n'a pas grandi. Loin de là. Il reste encore un enfant démuni : démuni d'amour, de confiance, démuni de repères, démuni de tant de choses manquantes, lacunaires. L'enfer n'est plus la réalité, certes. Mais la réalité psychique de l'adulte, c'est encore la réalité infernale de l'enfant. Psychiquement, il reste encore l'enfant dans le même enfer. Et l'enfer se rejoue, tout le temps. Dans la réalité qui est cauchemardesque. Et dans les cauchemars qui sont trop réels.

Dans tout ça, l'enfant/adulte est scindé en deux : celui qu'il paraît de l'extérieur et dont les autres sont à des années-lumières d'imaginer la réalité psychique, et celui qu'il est réellement à l'intérieur et qui ne se donne pas à voir : par peur, par honte.

Et au mileu, le passé et le présent sont confondus. Les traumas sont trop vivaces. Les bourreaux sont projetés sur autrui à qui il est impossible d'accorder la moindre confiance. Les repères sont inversés, brouillés, flous. Tout ce sur quoi le sujet s'est construit pour affronter la réalité passée devient faux. Et tous ces mécanismes de défense qui protégeaient de l'agression de l'autre sont à présent inopérants, inadaptés et ne font qu'enfermer et couper du monde : aucune confiance en les femmes ou aucune confiance en les hommes, à en devenir schizo.
12 février 2020 23:42
Car...

Comment ressentir le besoin de l'autre quand dans le même temps une voix hurle à l'intérieur qu'il ne faut absolument pas avoir confiance en l'autre ?
Comment croire en l'amour d'une femme quand sa propre mère n'en a pas été capable pour son propre enfant ?
Comment croire en l'amour de l'autre quand on a connu de l'autre que la violence, l'indifférence ou l'abandon ?
Comment construire un couple quand nos propres parents se sont détruits en couple et que c'est l'enfant qui en a été déchiré qui en porte les stigmates ?
Comment avoir confiance en la bonté de l'humain, de l'inconnu quand tout ce qu'on a expérimenté des plus proches c'était la cruauté, l'humiliation ?

Et mille et autres questions, incompréhensions, doutes qui s'entrechoquent avec violence dans l'esprit et qui pourrissent encore plus le peu d'estime, le trop peu d'amour et la confiance en soi qu'on a pas et qu'on a jamais eus.

Le cerveau bloque sur ces questions. Le cerveau bloque émotionnellement et cognitivement sur les affres du passé, dans les méandres de la souffrance. Le cerveau n'a de cesse de réfléchir, de questionner, de renverser, de retourner dans le passé, d'explorer, de ressasser à l'infini, jour et nuit, au rythme des insomnies. Les traumas s'en retrouvent sur-alimentés et le sujet n'en sort donc jamais. A force, le psychisme développe des symptômes post-traumatiques. Il continue à survivre. Comme avant. Survivre. Avec pour seul repère, l'enfer. Sans espace-temps.

Sauf que survivre, c'est difficile et on s'épuise à un moment. On tend plus vers le fond, vers le renoncement à la vie. Pensant être au bout de la vie. Comme toi, en ce moment.

Et pourtant... Il y a une partie en toi, celle qui nous a écrit, celle qui a choisi ton pseudo, celle qui cherche encore une porte de sortie de l'enfer, qui tend encore et toujours vers la vie.

Parce que de la vie, tu n'en es pas au bout, non. Tu en es au contraire tout au début.

Tu es à la fin de la survie. Au début de la vie.
Quand on arrête de survivre, on commence à vivre.

Dans le processus de reconstruction en psychotraumatologie, cette étape n'est possible que lorsque l'inconscient est conscientisé et que le conscient se met à verbaliser, à poser des mots sur ses maux, à extérioriser sa vie psychique.

C'est l'étape qu'on pourrait assimiler à un déballement : tout sort, n'importe comment, tout se mélange. Un peu comme si le conscient vomissait ce qu'il lui remontait de l'inconscient sans pouvoir trier et remettre à leur place les éléments. Et un vomissement, c'est agressif, c'est violent. Faut que ça sorte, et de la manière que ton psychisme juge adéquate en fonction de ta personnalité : ici par la révolte, la rébellion, la colère. Et il n'y a rien d'inquiétant en cela.
C'est la prémisse au soulagement, à la "digestion" émotionnelle.


Auboutdemesrêves, tu n'en es certainement pas au bout de ta vie. Pas encore au bout de tes rêves. Mais entre : tu es au début de ta reconstruction psychique.


Tu sais... Toute blessure est cicatrisable. Quelle qu'elle soit. Aucune plaie sur la peau ne reste béante. Même quand on ne la soigne pas, elle se referme d'elle-même. Plus difficilement. Mais... Naturellement.

Ton psychisme sans même que tu en aies conscience est en train de se reconstruire. Et la reconstruction passe par la prise de conscience de la destruction. Pour le dire autrement, il scanne l'état des lieux de tes traumas : il en prend la mesure, la violence, l'impact.

Et puis, dans quelques temps et avec le temps, il surmontera... La vie psychique se reconstruira petit à petit.

Si tu en es là, c'est que ton esprit juge que c'est le moment : tu as les ressources intérieures (force, aspirations, rêves à accomplir, buts, objectifs) et/ou extérieures (vie sociale, professionnelle, amis, soutien, psy) nécessaires pour surmonter tes traumatismes et le drame de ta vie. C'est à toutes ces ressources qu'il faut maintenant te raccrocher pour te remettre, t'en sortir, avancer et te reconstruire... Et enfin... VIVRE

Parce que, oui, la vie comporte des saloperies, des drames, des horreurs, des injustices, des irresponsables, des gens qui te détruisent, des proches qui te meurtrissent. L'erreur est humaine. L'horreur aussi.
Mais la vie, elle comporte aussi sa part de beauté, des merveilles, des ptits bonheurs, des âmes inconnues comme sur ce forum pour te donner un ptit mot, un encouragement, de l'aide, de la chaleur humaine.

La vie est ainsi faite. Et de ce que la vie a fait de toi, tu t'y adapteras.

Tu verras...

.
12 février 2020 23:42
Auboutdemesrêves,


Je m'arrête là pour ce soir.

Je n'ai pas cherché à être profonde dans l'analyse. Tu souhaitais qu'on te parle, alors je t'ai parlé. Simplement.


Toutefois, il y a nombre de choses intéressantes dans ton écrit qui mériteraient qu'on s'y attarde : ta relation à ta mère que tu projettes sur les femmes ; la propre projection de ta mère sur toi de sa relation aux hommes ; la stratégie d'adaptation de ton frère ; l'angoisse de la castration (tu n'en as pas conscience non plus, mais tu es en train de dépasser le stade libidinal, donc logique que tu aies fixé dessus) ; ton agressivité et colère présentes qui ne sont que la conséquence du refoulement de l'enfance et qu'il ne faut pas refouler à nouveau ; ta consultation chez un psychiatre et son non-diagnostic, la place du rêve dans ta construction etc.

Si l'envie de comprendre te dit et que tu te sens prêt, reviens-nous faire signe...


Belle et douce soirée à toi, malgré la pesanteur du sujet...



PS : pas le temps de relire les fautes...






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