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Ramassis De Clichés Racistes Dans Le Journal Municipal d’Arras
S
15 octobre 2009 15:46
Jean-Marc Maurice, conseiller municipal FN à la mairie d’Arras, fait encore parler de lui. Dans sa tribune du numéro de septembre d’ Arras-Actualités, principale publication de la mairie d’Arras, il s’est fendu d’un véritable pamphlet raciste, sous couvert d’un texte intitulé « Pourquoi nous disons non à la construction d’une seconde mosquée à Arras ? ».[1]

Dans ce texte, qui en dit plus long sur sa méconnaissance des religions que sur son attachement aux valeurs laïques et républicaines, l’élu frontiste lance un mot d’ordre aussi grotesque que stupéfiant : « Si vous ne voulez pas d’une France ou l’on détruit les églises et construit des mosquées, pour que la fête de l’andouillette ne devienne jamais la fête de la merguez, consultez mon blog et diffusez le tract "Non à l’islamisation de la France" ».

La pomme de discorde pour Jean-Marc Maurice : la vente par la mairie d’un terrain municipal à l’Amicale des Travailleurs et Commerçants Marocains (ATCM), destiné à la reconstruction en dur de la plus ancienne mosquée de la ville, El Nour, située rue Matisse. [2]

Rappelons simplement que la mosquée El Nour a vu le jour en version préfabriquée en 1983, sur un terrain mis à disposition par la mairie au temps de l’ancien maire Léon Fatous. L’ATCM a simplement sollicité la mairie afin d’obtenir un permis de construire et d’acheter le terrain qu’elle loue à la ville depuis des années. Il ne s’agit donc pas d’une nouvelle mosquée comme J.M. Maurice le prétend, mais d’une reconstruction en dur financée par des dons privés. « Surtout des familles modestes. On fait donc des collectes dans toutes les mosquées de France », explique un fidèle de la mosquée dans La Voix du Nord.[3]

Alors, quels sont ces faits « indiscutables et inquiétants » que l’élu FN attribue à l’Islam ? Les mosquées seraient « interdites aux femmes et aux non-musulmans », ce qui remettrait en cause le « principe d’égalité, devise de notre république ». Eh bien, cette affirmation est fausse et simpliste, tout comme les suivantes, monsieur Maurice, et nous ignorions que les militants du Front National étaient de grands féministes.[4] Quant aux « repas hallal dans les cantines », en quoi seraient-ils plus choquants que l’immuable poisson-du-vendredi, un héritage de la tradition chrétienne dont personne ne s’offusque ? Mais ce détail aura certainement échappé à Jean-Marc Maurice, qui se drape dans sa dignité de défenseur des valeur républicaines quand ça l’arrange, et qui s’offusque, du reste, que l’ATCM soit autorisée à payer pour financer un lieu de culte.

C’est le racisme, et non la défense de la laïcité, qui motive ces propos de Jean-Marc Maurice, lui qui affirmait en mars dernier : « Moi je suis bien avec tout le monde. Je vais dans les quartiers ? On vient me parler ! J’ai même mangé dans un kebab»[5]. Le 14 septembre, le conseil municipal d’Arras a d’ailleurs adopté une motion rejetant les propos tenus dans la tribune de l’élu frontiste, même si le maire Jean-Marie Vanlerenberghe était plus réservé : « Il y a des règles. Je n’ai pas voulu censurer ce qui n’est pas diffamatoire.» [6]

Pourtant le caractère diffamatoire de cette tribune, vérifiée par les services de la ville avant sa publication, saute aux yeux. Jean-Marie Vanlerenberghe conserve l’attitude qui consiste à ne froisser personne qu’il avait adoptée lors de la tenue de la convention européenne du FN en mars dernier à Arras. Le maire avait alors justifié la location d’une salle municipale au Front National en arguant que la réservation de la salle s’était faite de façon « administrative » [7], et que la mairie n’avait pas le choix. Or, il pouvait se fonder sur l’article L.2212-2 du code général des collectivités territoriales qui lui permettait de refuser la mise à disposition de la salle s’il existait un risque de trouble à l’ordre public. Ce risque était bien réel, la convention du FN ayant lieu en plein centre ville.

Le maire d’Arras, qui se décrit lui-même comme un démocrate et un humaniste, se retranche une fois de plus derrière des arguments de nature juridique pour laisser passer les propos intolérables du Front National. Mais les arguments juridiques peuvent masquer de grandes différences de traitement dans la pratique. Ainsi en va-t-il des conditions de plus en plus restrictives d’utilisation de la Maison des Sociétés que la mairie impose aux syndicats et aux associations (suppression des signes d’appartenance syndicale, etc.) Pour soi-disant combattre l’extrême-droite, la mairie se contente de simples déclarations d’intention, alors que les pressions qu’elle exerce sur la vie syndicale sont, quant à elles, bien réelles.

[bellaciao.org]
 
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