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Raison et Révélation chez Ibn Taymiyya et Averroès
S
23 décembre 2016 23:05
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a écrit:
Concernant la Raison : Ibn Rushd utilise indifféremment dans ses textes les concepts de « raison » (‘aql), « philosophie » (falsafa) et « sagesse » (hikma), qui sont pour lui de simples synonymes. Cette imprécision dans les termes lui permet de trouver dans les versets du Coran une justification à l’activité philosophique, puisque certains versets évoquent la nécessité de raisonner et réfléchir (« voilà des signes pour un peuple qui raisonne ? » Coran 2.164) et d’autres versets évoquent le concept de sagesse (« Il lui enseigna le Livre et la Sagesse » Coran 2.129), ce qui permet à Ibn Rushd de créer un lien avec l’étymologie grecque du terme philosophie (sophia = sagesse). Si la Philosophie et la Raison désignent la même chose, alors dans ce cas les versets qui incitent à « raisonner » feraient effectivement l’apologie de la philosophie. Il fusionne donc Raison et Philosophie et les considère comme des termes synonymiques et interchangeables, car la Raison, pour lui, n’est rien d’autre que la production écrite des philosophes grecs. En conséquence, quand Ibn Rushd dit : « la Raison et la Révélation ne sont pas contradictoires », il faut comprendre « la philosophie d’Aristote et les contraintes dogmatiques de l’Islam ne sont pas contradictoires (quand on manipule les textes révélés) ».



Modifié 2 fois. Dernière modification le 23/12/16 23:06 par Solitaire6.
S
23 décembre 2016 23:06
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a écrit:
Il s’agit bien évidemment de graves confusions sémantiques qui s’expliquent soit par une manipulation délibérée des mots afin de convaincre un public sensible au vocabulaire religieux, (c’est l’avis de certains auteurs occidentaux, tel Léo-Strauss, qui affirmait qu’Ibn Rushd dissimulait derrière des références islamiques un profond mépris pour la religion), soit il s’agit d’une incapacité à faire des distinctions sémantiques élémentaires (je penche pour cette deuxième explication). Ibn Taymiyya s’oppose à lui sur ce point en distinguant nettement Raison et Philosophie, selon deux argumentations

1.1 Il rappelle premièrement cette évidence : les philosophies peuvent se tromper. C’est à dire que se réclamer de la Raison, en faire même un objet de culte, ne suffit pas à éviter les erreurs de raisonnement et à incarner réellement « la Raison ». Alors qu’Ibn Rushd lit Aristote avec une ferveur naïve et quasi-religieuse, Ibn Taymiyya lit et étudie les textes philosophiques mais avec prudence et esprit critique, ce qui peut l’amener à valider certains de leurs raisonnements lorsqu’ils sont corrects, mais aussi à critiquer les erreurs logiques.

Contrairement aux vrais traditionnalistes, Ibn Taymiyya ne recours pas systématiquement à des arguments religieux dans cette critique de la philosophie, car il sait que ses adversaires n’y sont pas sensibles. Il se contente de pointer les erreurs « rationnelles » des textes. Dans la « lettre palmyrienne », il consacre par exemple un long passage à contester la typologie des contradictoires présente dans la logique aristotélicienne. Les rationalistes musulmans utilisaient cette classification forgées par les philosophes grecs, dans le but de nier certaines descriptions de Dieu dans le Coran (Lettre palmyrienne. Epitre I, chapitre 3). Ibn Taymiyya démontre point par point les erreurs logiques présentes dans cette classification et propose même une autre classification logique qui prouve que les noms et attributs divins présents dans la révélation sont parfaitement rationnels. De ce fait, quand ce dernier affirme que la Raison est conforme à la Révélation, il signifie qu’un raisonnement correct amène à confirmer la véracité des textes révélés, alors que les philosophies et les rationalistes opposent à la religion des thèses philosophiques qui reposent sur des raisonnements fallacieux.

Pour transposer à notre époque la différence entre Ibn Rushd et Ibn Taymiyya et pour exposer toute la pertinence de ce dernier dans notre contexte, on dirait que le premier est semblable aux Arabes laïcs qui manifestent une admiration béate envers la production intellectuelle occidentale comme si la science sous sa forme actuelle était une vérité incontestable. Ils transfèrent paradoxalement envers des auteurs séculiers une foi toute « religieuse », tandis que nous, en tant que musulmans occidentaux (convertis ou natifs d’occident), n’éprouvons aucun complexe d’infériorité vis-à-vis des auteurs occidentaux, ce qui nous permet de reconnaître leurs qualités quand il y en a, mais aussi d’appréhender leurs productions avec un regard distant et critique (ce qui est justement peu apprécié par les intéressés). D’ailleurs, Ibn Taymiyya était originaire de la ville Harrân, centre des études philosophiques dans la région, ce qui explique sa double érudition : islamique et philosophique, et son sens critique.

1.2 Par ailleurs, Ibn Rushd utilise la définition « populaire » de la philosophie, qui consiste à considérer la philosophie comme le simple fait de réfléchir. « La philosophie n’est rien d’autre que le fait d’étudier les choses existantes » affirme-t-il dans Fasl al-Maqâl. Dans ce cas en effet, la philosophie ne serait pas contradictoire avec la religion. Cependant, Ibn Taymiyya démontre que la philosophie n’est pas le simple fait de réfléchir, mais qu’il s’agit d’une véritable doctrine née avec Platon qui conçoit le langage comme supérieur au réel, contrairement à l’Islam où le langage n’est que la tentative de représenter le Réel et non l’inverse. J’ai tenté d’expliciter ce point fondamental dans la préface de la Tadmuriyya [1]. Mais je suis conscient qu’il est particulièrement dur à comprendre et qu’il faudra le développer dans d’autres écrits pour le rendre plus limpide dans l’esprit de nos contemporains. Il faut retenir ici qu’Ibn Taymiyya considère Raison et Révélation comme concordants, mais la Philosophie et la Religion comme opposées.

[www.nawa-editions.com]
23 décembre 2016 23:29
il serait bien de remettre la raison sur le devant de la scene, trop de gens foncent tete baissé dans les hadiths et en font mm de l'association divine en les sacralisant... les hadiths sont écrits par des hommes et ne font pas acte de vérité absolue!!! on doit les critiquer, si la raison ou la logique ne le valide pas et qu'on a pas d'explication dans le coran pour ce hadith, on ne peut pas le valider ... bcp de hadith wahhabite sont apparus il y a peine 200 ans , et parmis les premiers certains sont apparus 100ans aprés la venue du coran... il faut remettre la raison sur le devant de la scene... j'aimais bcp lire les débats mutazilites des premieres années de l'islam periode de grande découvertes scientifique et d'apogée islamique avant le déclin du monde musulman par l'interdiction de la philosophie...
24 décembre 2016 00:00
c'est très intéressant.
le sens critique est un moyen comme un autre mis à notre disposition, peu être même indispensable, car inné et indissociable de nous. l'amputer pour une meilleur compréhension dites authentiques revient à se couper une jambe pensant qu'ainsi on avancerait mieux !



Modifié 1 fois. Dernière modification le 24/12/16 00:01 par Roi de Coeur.
*
24 décembre 2016 07:40
Salam alayk

@ khattabi_amazigh:

Les hadiths ne sont pas la LOI celle-ci étant uniquement le Coran. La Sunna explique le Coran, mais compte tenu de la falsification passée d'un grand nombre de hadiths, c'est uniquement le Coeur et l'esprit qui peuvent reconnaître la véracité.




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khattabi_amazigh a écrit:
il serait bien de remettre la raison sur le devant de la scene, trop de gens foncent tete baissé dans les hadiths et en font mm de l'association divine en les sacralisant... les hadiths sont écrits par des hommes et ne font pas acte de vérité absolue!!! on doit les critiquer, si la raison ou la logique ne le valide pas et qu'on a pas d'explication dans le coran pour ce hadith, on ne peut pas le valider ... bcp de hadith wahhabite sont apparus il y a peine 200 ans , et parmis les premiers certains sont apparus 100ans aprés la venue du coran... il faut remettre la raison sur le devant de la scene... j'aimais bcp lire les débats mutazilites des premieres années de l'islam periode de grande découvertes scientifique et d'apogée islamique avant le déclin du monde musulman par l'interdiction de la philosophie...
M
24 décembre 2016 09:08
As Salam Alaykoum

Partage très intéressant mon frère

L'analyse de Cheikh Ibn Taymiyya (qu'Allah lui fasse miséricorde) est d'une justesse implacable Chef
S
24 décembre 2016 09:19
Wa 'alaykum us-salâm )
Citation
Cocotte minute a écrit:
As Salam Alaykoum

Partage très intéressant mon frère

L'analyse de Cheikh Ibn Taymiyya (qu'Allah lui fasse miséricorde) est d'une justesse implacable Chef
 
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