Radicalisation et psychiatrie. L’Ordre des médecins monte au créneau
Le secret médical est un "principe fondamental", a rappelé, ce jeudi l’Ordre des médecins. Une réponse au ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, qui envisage d’impliquer les psychiatres dans le repérage des individus radicalisés souffrant de troubles psychologiques.
L’Ordre des médecins est sorti de sa réserve, ce jeudi, après propos des discussions actuelles autour des liens entre radicalisation et psychiatrie. L’organisme « rappelle la nécessité absolue de préserver les principes fondamentaux de l’exercice professionnel, en particulier celui du secret médical », dans un communiqué publié sur son site Internet.
Pas favorable à de « nouvelles dérogations »
Il précise toutefois que « dans certaines circonstances exceptionnelles, la loi permet aux médecins de passer outre au secret médical en cas de danger probable ». Puis poursuit : « c’est pourquoi l’Ordre préconise la pleine application des textes en vigueur, et en particulier ceux du Code pénal qui s’adressent à tout citoyen, plutôt que de créer de nouvelles dérogations » dont « on ne peut mesurer les possibles dérives ultérieures ». L’Ordre national des médecins, qui se dit « ouvert au dialogue avec les autorités », avait déjà exprimé cette position en janvier dans un document de neuf pages.
Selon le Code pénal, « quiconque pouvant empêcher par son action immédiate, sans risque pour lui ou pour les tiers, soit un crime, soit un délit contre l’intégrité corporelle de la personne s’abstient volontairement de le faire est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 € d’amende ».
En outre, le Code pénal autorise les médecins à informer « le préfet […] du caractère dangereux pour elles-mêmes ou pour autrui des personnes qui les consultent et dont ils savent qu’elles détiennent une arme ou qu’elles ont manifesté leur intention d’en acquérir une ».
Le ministre de l’Intérieur veut trouver « un moyen »
Cette sortie de l’Ordre des médecins fait suite aux propos du ministre de l’Intérieur qui a indiqué, mardi, qu’il voulait mobiliser les hôpitaux psychiatriques et les psychiatres « pour identifier les profils qui peuvent passer à l’acte ». En estimant qu'« à peu près un tiers » des personnes signalées pour radicalisation « présentent des troubles psychologiques ».
« Il est clair que le secret médical c’est quelque chose de sacré mais en même temps, il faut trouver le moyen qu’un certain nombre d’individus, qui effectivement souffrent de troubles graves, ne puissent pas commettre des attentats », a avancé Gérard Collomb, qui souhaite « trouver le juste équilibre ».