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A quoi pensent les Algériens
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26 mars 2011 11:06
À quoi pensent les Algériens ?
Vive l’espoir, le mariage, le « business », la harga et le reste. Ici, tout est possible et impossible à la fois, contradictoire et compliqué, prometteur et désespérant...

PAR MALEK BECHIR, CORRESPONDANCE D’ALGER

Une société divisée entre le souci de préserver ses traditions et un désir de modernité. Un pouvoir en pleine transition, partagé entre la volonté d’« ouvrir » et l’irrésistible tentation de « tout fermer ». Une jeunesse déchirée entre l’envie de partir vers une Europe plus tendre et celle de construire quelque chose « pour son pays ». Oui, l’Algérie est un pays schizophrène ! Le plus grand pays du Maghreb essaie d’avancer en même temps qu’il freine. Ses décideurs sont plus que jamais confrontés à l’échec de la génération de 1962 dans la construction de ce qui aurait dû être une grande nation, au bilan mitigé de plus de vingt ans de socialisme et à la gestion contestée d’un libéralisme confus. Et le problème de la succession du président Bouteflika n’éclaircit pas l’horizon...

La population, faute de pouvoir exprimer ses traumatismes des années 1990,[ se referme sur elle-même. Désabusée par la politique et les affaires de corruption ou de clientélisme, résignée sur l’utilisation de la manne pétrolière et simple spectatrice des décisions diplomatiques, elle se concentre sur elle-même et ses aspirations à un mode de vie plus confortable. Sans se laisser décourager par la dureté du quotidien, les Algériens continuent à avoir envie de plus et de mieux. La société bouillonne et cumule les atouts : la jeunesse, le dynamisme, la créativité, la niaque, la débrouillardise, les ressources. Ici, tout semble possible parce que tout est possible. À quoi pense donc l’Algérie de 2010 ? Le tour de la question de A à Z.

AMNISTIE. À partir de 1995, quatre lois d’amnistie ont été promulguées afin de convaincre les islamistes armés de déposer les armes. Si ces textes ont permis à un certain nombre d’entre eux d’abandonner leur maquis et ont favorisé, en parallèle avec la lutte des militaires sur le terrain, un relatif retour au calme, ils passent mal auprès des Algériens. « On pardonne à des tueurs sans leur demander de comptes et on sanctionne de manière disproportionnée les automobilistes pour une infraction au Code de la route », souligne un militant d’une association de défense des victimes du terrorisme. Le mois dernier, un groupe de cheikhs salafistes s’est même rangé aux côtés de l’État et a appelé les hommes de Droukdel, émir d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), à déposer les armes. Un vrai piège pour le pouvoir, qui doit donner des preuves de rigorisme, pour les convaincre que les islamistes armés ne sont pas en train de combattre un État « impie ». C’est tout le dilemme : une partie de la société pense que le régime est trop islamiste, alors que les islamistes pensent qu’il ne l’est pas assez.

« BUSINESS ». Pizzeria, pièces détachées auto, taxiphone… du petit commerce du coin de la rue jusqu’à la boîte de communication, tous les « business » qui rapportent vite et facilement de l’argent sont bons… Dans une société où le travail n’est pas une valeur, où beaucoup d’argent circule, et où ceux qui deviennent riches sont ceux qui ont des « connaissances », le rêve algérien s’incarne dans le business. Et, quand on a réussi, il faut le montrer. Garer son 4x4 dans un quartier in et s’afficher près d’un magasin de marque, dans un café branché – où on ne sert surtout pas d’alcool. À Alger, c’est à Sidi Yahia que les nouveaux riches essaient de se mêler à la jeunesse dorée (enfants de militaires, de politiques et d’entrepreneurs fortunés). Discrète, cette dernière préfère dépenser son argent à l’étranger.

CONSO. Un des sujets préférés des Algérois au ramadan dernier ? L’ouverture du premier centre commercial algérien, à Bab Ezzouar, dans la banlieue de la capitale. Le seul projet de ce type qui ait réussi à voir le jour, sur une idée et sur les investissements d’un pied-noir suisse, Alain Rolland, comprend boutiques de marques sur plusieurs étages, cafés branchés, bowling, hypermarché, cinémas, escalators et ascenseurs transparents… « Après la décennie noire, l’heure n’est plus aux revendications politiques, mais au confort matériel », résume Hakim Addad, secrétaire général de l’association Rassemblement Actions Jeunesse. On veut consommer et, comme le pouvoir d’achat ne le permet pas (le salaire minimal est d’environ 150 euros), on achète à crédit. Dans les villes, les boutiques, souvent improvisées, d’électroménager et de hi-fi se multiplient. Le plus bel exemple de cette frénésie reste l’achat de petites voitures asiatiques, comme les Maruti. En 2008, le crédit auto aurait permis de réaliser jusqu’à la moitié des ventes de véhicules neufs de cette marque. L’année d’après, le gouvernement décida au contraire de supprimer tous les crédits à la consommation afin de « maîtriser l’endettement des ménages algériens ». Trop tard : en 2010, la plupart, ayant contracté un prêt, n’arrivent plus à le rembourser. Et les ventes de voitures ont plongé.

ÉLITE. Beaucoup de journalistes, chercheurs, artistes ont été assassinés pendant les années 1990, d’autres ont fui le pays. Ceux qui sont restés se retrouvent pour la plupart marginalisés. « Celui qui ne pense pas comme le système est automatiquement contre le système, constate un sociologue algérois. Selon cette vieille tradition de la mentalité militaro-révolutionnaire, le pouvoir ne considère les intellectuels que lorsqu’ils véhiculent son idéologie ou sa propagande. Le moindre signe d’indépendance de la pensée est considéré comme subversif. » Pour preuve, les universitaires, nouvellement soumis à une autorisation de leur ministère de tutelle pour participer à des colloques à l’étranger. Les plus fortes têtes, elles, ont le choix. Soit parler et se faire blacklister (auteurs exclus des prix littéraires, éditeurs privés de subventions publiques, journalistes harcelés par la justice, chercheurs suspendus de leur poste à l’université…), soit s’arranger en se faisant offrir des postes de responsabilité.

FRANCE-ALGÉRIE. « Je devais accompagner ma mère en France pour qu’elle puisse se soigner. Elle a eu son visa, moi pas. » Pour Narimane, 25 ans, comme pour ceux qui veulent rendre visite à de la famille, s’inscrire dans une université ou faire un peu de « trabendisme », l’Hexagone est synonyme de visa. Les médias algériens, eux, se chargent d’alimenter les polémiques, de plus en plus nombreuses à l’approche du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie, qui sera célébré le 1er juillet 2012. Ainsi le passé de François Mitterrand pendant la guerre d’Algérie a-t-il fait la une des journaux, tout comme les coups de gueule des chefs d’entreprise français contre le protectionnisme algérien, ou encore les petites phrases autour du projet de loi sur la criminalisation de la colonisation. Côté algérien, les tensions sur ce sujet ont été désamorcées fin septembre par Abdelaziz Ziari, le président de l’Assemblée populaire nationale ayant déclaré que le projet de loi présenté en mars n’était plus à l’ordre du jour. Rien ne doit venir gâcher la nouvelle embellie des relations algéro-françaises. Après Claude Guéant et Michèle Alliot-Marie, Jean-Pierre Raffarin, intronisé « Monsieur Investissements en Algérie », est attendu à Alger avant la fin de l’année. Une nouvelle rencontre se prépare sur la révision de l’accord de 1968 pour que le régime spécial de l’Algérie en matière d’immigration lui soit plus favorable. « Si nous sommes si réactifs par rapport à ce que dit Sarkozy ou à ce qui se passe de l’autre côté, analyse Lyes, un journaliste, c’est parce que nous vivons dans le fantasme de la France et de l’immigration à travers notre histoire commune, nos liens familiaux avec les immigrés là-bas et les chaînes de télé que nous captons. »

GÉNÉRAUX. Dans l’imaginaire des Algériens (et des étrangers), les généraux, ce « cercle de hauts gradés », ces « décideurs », comme les appellent les partis d’opposition et certains médias français, font la pluie et le beau temps en Algérie, tiennent via des hommes de paille les principales richesses du pays. Qu’en est-il réellement ? C’est souvent par manichéisme et par paresse intellectuelle qu’on leur impute tous les maux du pays. S’il est vrai qu’ils contrôlent encore fermement certains circuits du pouvoir et de l’argent, les décisions politiques et économiques relèvent de plus en plus de mécanismes complexes, résultats d’alliances et de réseaux.

« HARRAGA ». Misère, chômage, absence de loisirs, idéalisation de l’Europe, manque de perspectives… Tout le monde connaît dans son entourage quelqu’un qui a tenté de partir clandestinement de l’autre côté de la Méditerranée. Les officiels assurent que la loi de criminalisation de la harga (en juillet 2008, le Conseil de gouvernement a voté une loi sanctionnant la sortie illégale du territoire national par une peine pouvant aller jusqu’à six mois d’emprisonnement) a contribué à faire baisser le nombre de départs. Difficile de trancher. En moins de deux mois, plus de 200 Algériens ont été interceptés sur les côtes espagnoles. Et une trentaine d’autres se trouvaient parmi les quelque 100 immigrés clandestins qui se sont échappés du centre de rétention de Cagliari, en Sardaigne, le 11 octobre dernier. À Annaba, Collo, Oran et Béni Saf, la harga est devenue une industrie. Et, contrairement à une idée reçue, les émigrés clandestins ne sont pas que des jeunes désoeuvrés : on sait maintenant que des étudiants, des cadres, des fonctionnaires, peuvent risquent leur vie en Méditerranée.

ISLAMISATION. Le voile qui se généralise, le retour du salafisme via les halaqate (groupes de discussion), la fermeture des bars dans les villes, l’appel à la prière à la télé… Si les intégristes armés ont été contenus, l’islamisation des moeurs, elle, est de plus en plus visible. Il est de bon ton de se montrer dans le quartier avec un tapis de prière à la main, d’écouter le Coran au bureau, de pratiquer la prière en groupe, y compris dans les administrations publiques. Du jamais vu depuis les années FIS.

JUSTICE. Les Algériens ne se font guère d’illusions sur leur justice. « Pour gagner une affaire, il faut connaître les tarifs des juges et des procureurs », résume un avocat pénaliste du barreau d’Alger. La seule ligne directrice de la justice est une ligne téléphonique. Les caricaturistes Le Hic et Dilem dessinent d’ailleurs régulièrement des juges accrochés à leur téléphone pour recevoir des instructions. En évoquant les grosses affaires – Sonatrach, autoroute est-ouest, Khalifa, etc. –, l’avocat résume : « Aucun juge ne peut instruire une affaire aussi importante sans qu’il y ait derrière des règlements de comptes entre clans, ce qui décrédibilise le fonctionnement de la justice. »

KABYLIE. Région historiquement frondeuse, la Kabylie a toujours posé problème au pouvoir central, qu’il soit « turc », « français » ou « algérien ». Encore aujourd’hui, elle est souvent perçue par le pouvoir comme une « région hostile ». Champ de bataille où la présence de l’État n’est que militaire ou administrative, région sans moyens, sans travail, où se développe le business du kidnapping, imbriquée avec les maquis terroristes, la Kabylie renvoie aussi à la question « qu’est-ce qu’être algérien ? ». Depuis le printemps berbère de 1980, il a y eu des avancées. L’état civil accepte les prénoms amazighs ; une télé amazighe a été lancée en 2009 ; et un haut-commissariat à l’« amazighité » a vu le jour. Mais l’enseignement piétine (il n’existe plus que 11 wilayas où apprendre le tamazight, contre 16 en 1995), la langue n’a toujours aucun statut. Plus personne, même chez les Kabyles, ne croit aux discours des officiels autour de l’identité amazighe. Le dogme dominant, « on est algérien, musulman et arabe ou on ne l’est pas », a tout balayé.

LAÏCITÉ. « Aujourd’hui, dans le monde arabe, les laïcs ne représentent pas grand-chose. C’est entre le pouvoir et les islamistes que se joue le rapport de forces. » Dixit Abderrazak Makri, vice-président du Mouvement de la société de la paix (MSP), parti islamiste légal. Laîkyine, en arabe, est une transposition de la laïcité à la française : en Algérie est laïc celui qui veut que la sphère publique soit laïque, séparée de toute influence de la religion. Le terme de laïcité, qui circule surtout dans les milieux francophones, n’est évidemment pas représentatif de la société. Pourtant, la solidarité populaire avec les non-jeûneurs arrêtés pendant le ramadan dernier, à Ighzer Amokrane, Aïn El-Hammam ou Larbaâ Nath Irathen, en Kabylie, a montré que d’autres franges de la société restent attachées à cette notion de séparation et à la liberté de culte. La preuve que la minorité laïque n’est pas la seule à réclamer plus de tolérance, à vouloir porter un bikini sur la plage ou à assumer une sexualité différente…

MAROC. À l’exception des villages proches de la frontière est et des familles mixtes depuis des générations, côté algérien, la fermeture terrestre avec le Maroc n’est une obsession que pour les milieux diplomatiques et les journaux. Tout comme la question du Sahara occidental. Pour la rue, le Maroc, c’est avant tout le kif (zetla en algérien) et, surtout, un voisin familier avec qui renouer, les enjeux réels de cette brouille qui dure depuis des décennies n’étant pas réellement bien compris.

NOUVEAUX MÉDIAS. Face à des médias audiovisuels verrouillés, une presse écrite vieillissante ou rarement indépendante malgré de gros tirages (plus d’un million d’exemplaires vendus chaque jour tous titres confondus), les Algériens, accros à l’actualité, se tournent de plus en plus vers Internet, où s’ouvrent des sites d’information aussi réactifs que des agences de presse (TSA, Algerie-Focus, Viva l’Algérie, Dernières Nouvelles d’Algérie…), quand ils n’utilisent pas eux-mêmes le Web pour créer l’actualité. Mobilisations sur Facebook (affaire Gharbi, patriote condamné à mort), parodies sociales et politiques sur YouTube, forums, les initiatives se multiplient sur la Toile.

OUYAHIA. La rumeur d’Alger le donne futur président. Mais le Premier ministre part avec deux handicaps majeurs. En premier lieu, son impopularité : il a été l’exécutant des politiques du FMI à la fin des années 1990 qui ont conduit au démantèlement des services publics et à la compression des effectifs. Ensuite, Ahmed Ouyahia est kabyle. Et, pour une large partie de l’opinion publique, kabyle signifie laïc, antimusulman. Lors du dernier ramadan, l’homme s’est montré en djellaba blanche au cours d’une cérémonie officielle dans une mosquée. Une première, susceptible de mettre en avant ses atouts : il ne fait pas partie de la génération de 1962, la « famille révolutionnaire », travaille beaucoup et connaît ses dossiers sur le bout des doigts en tant que pur produit de l’administration algérienne doublé d’un esprit brillant.

POUVOIR. En s’imposant comme seul acteur sur la scène politique (l’opposition est limitée, le Parlement, marginalisé, et le débat public, restreint), Abdelaziz Bouteflika a réglé la question du rapport au pouvoir. Si personne ne veut réellement de changement – le président a été réélu en 2009 avec 90,24 % des voix et un taux de participation proche de 75 % –, la question de la succession se pose plus que jamais. En haut lieu, en tout cas, le débat a été lancé. Dans la rue, les bouleversements qui captivent sont plutôt des changements de proximité, comme le récent remaniement des wali (équivalent des préfets) début octobre. C’est du wali ou du président de l’assemblée populaire communale (APC, équivalent du maire) qu’on attend une autorisation pour ouvrir un local commercial, avoir accès à un logement social, obtenir une connexion internet en moins d’une semaine, etc. Le rapport au pouvoir est aussi lié au rapport de chacun avec les forces de sécurité. En particulier dans les villes, surtout à Alger, où les dizaines de barrages filtrants aux entrées de la ville provoquent d’interminables embouteillages qui chamboulent tous les emplois du temps…

RENTE PÉTROLIÈRE. Les 150 milliards de dollars de réserves de change, il n’y a que le gouvernement (pour s’en féliciter) et certains médias et ONG (pour dénoncer la non-redistribution) qui en parlent régulièrement. Bref, la rente pétrolière n’est pas un sujet de discussion quotidien. Sauf quand le commun des Algériens cherche des réponses aux traditionnelles coupures de courant estivales, aux routes mal entretenues ou encore au manque de couvertures dans les hôpitaux, et se demande comment, avec autant d’argent, les symptômes du sous-développement peuvent persister. Ces derniers mois, ces interrogations ont été accentuées par les scandales de détournement d’argent, dans les dossiers de l’autoroute est-ouest et – surtout – de Sonatrach, première entreprise en Afrique, sur laquelle reposent 98 % des devises du pays.

RETOUR DE LA DIASPORA. « Si je pouvais me promener dans la rue avec une cigarette sans me faire agresser par les hommes et que je gagnais bien ma vie, bien sûr que je rentrerais en Algérie ! » Kahina, 25 ans, est professeur de français à Paris. Comme des dizaines de milliers de « z’migrés », elle rentre tous les étés au pays, pour montrer à la famille combien elle a réussi sa vie en France et pour dépenser ses euros. Si le conservatisme est de plus en plus pesant, surtout dans les villes de l’intérieur, comme Sétif, Constantine ou Mostaganem, la fin du terrorisme et le fantasme d’un pays immense et riche où tout est possible, où tout est à construire, nourrissent un nouveau « rêve algérien ». Le phénomène n’est pas aussi visible qu’au Maroc. Mais, depuis les années 2000, on voit des chercheurs, chefs d’entreprise, jeunes diplômés algériens, tenter un retour au bled. « J’ai suivi un ami qui est revenu un an avant moi, raconte Mourad, et nous nous sommes associés pour créer une start-up. Même si ce n’est pas évident, parce que rien n’est facile en Algérie, je ne regrette pas d’être revenu chez moi. »

SEXE. Comme dans beaucoup de pays arabes et musulmans, le sexe est tabou. Mais s’il y a bien un sujet qui préoccupe tous les Algériens et toutes les Algériennes, quels que soient l’âge et le milieu, c’est bien celui-là… D’autant qu’il est étroitement lié au mariage, passage obligé pour mener une vie sexuelle normale, voire, quand le jeune couple a un peu d’argent, pour quitter le cocon familial. Résultat : le nombre de mariages par an est en hausse constante (341 000 mariages en 2008, dernier recensement) et, conséquence de ces unions précipitées, parfois arrangées, le nombre de divorces aussi. En 2009, le ministère de la Justice en a comptabilisé plus de 40 000, soit près de 7 % en plus chaque année… Problème : cette hypocrisie sociale a un prix, et ce sont les femmes qui le paient. En pratique, elles sont de moins en moins nombreuses à arriver vierges à leur mariage – le nombre d’avortements clandestins est évalué à 8 000 par an, bien en deçà de la réalité, et la réparation d’hymen par chirurgie se pratique largement en catimini. Aux yeux de la loi et du code de la famille, pourtant, les femmes restent considérées comme des citoyens de seconde zone. Quant au sida, il n’existe aucun chiffre officiel. Les Algériens ne se sentent pas concernés – tabou de la religion oblige – et pensent dans leur majorité que la maladie touche surtout les Subsahariens.

TERRORISME. Peu concernés par ce qui se passe au Sahel, les Algériens suivent un peu plus les événements en Kabylie, où les islamistes tuent régulièrement des militaires, des gardes-forestiers, et organisent encore des faux barrages. En parlant des terroristes, ils les désignent rarement comme faisant partie d’Al-Qaïda, à leurs yeux une création américaine. Pour eux, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) ayant prêté allégeance à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) reste 100 % algérien. En d’autres termes, l’idéologie d’Al-Qaïda n’expliquerait pas toujours la mobilisation dans les maquis. D’autant que, depuis 2006, banditisme et terrorisme sont étroitement liés. Plus de 50 personnes ont ainsi été enlevées en Kabylie depuis quatre ans, puis relâchées après versement de rançon ou mobilisation de la population.

TRIBU. La famille reste le « repère » existentiel numéro un. Et ça commence dans la rue. Comme le dit si bien Fellag, c’est « l’inceste national » : on s’interpelle en s’appelant yemma, khouya, ammou, familia. C’est la tribu qui détermine les choix privés et professionnels. Bel exemple : l’entreprise familiale est un des modèles économiques qui fonctionnent le mieux – les capitaines d’industrie sont tous portés par une famille, Cevital, Soummam, Ifri, etc. Dans le public, ce sont les fils, cousins, neveux… que l’on essaie de caser quand un poste se libère. Dans la sphère privée, si les mariages arrangés sont de moins en moins nombreux, on se marie encore et toujours à une famille avant de former un couple.

UNIVERSITÉ. Dans la dernière édition du classement de Shanghai, la première université algérienne (celle de Tlemcen) apparaît à la 3 509e position. Étudiants « recrutés » en masse pour justifier une politique du chiffre et profs payés au rabais : l’université algérienne est en crise. Quant aux diplômes, ils ne sont pas reconnus à l’étranger. Un drame pour ceux qui ont les moyens de partir en Europe/aux États-Unis/au Canada pour poursuivre leurs études, car ils doivent tout recommencer du début. Une licence ou un magistère ne valent pas non plus grand-chose en Algérie. Pour avoir une chance de trouver un travail, les jeunes en sont réduits à multiplier les diplômes en économie, lettres, communication.

VERTS. « Vous nous avez fait honte », « L’Algérie touche le fond », « Défaite humiliante » : au lendemain du match perdu par l’Algérie face à la République centrafricaine pour les éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations, les médias ont été sans pitié pour les Verts. Oubliés les « Bravo », « Magnifique », « Merci »… qui avaient suivi la qualification pour la Coupe du monde. Pourtant, il ne faudrait qu’une toute petite victoire pour que les Algériens reprennent leurs défilés dans les rues. Le pouvoir l’a bien compris : le foot canalise la colère sociale. Ou exacerbe la liesse populaire. Via un projet de professionnalisation des clubs, il s’est lancé dans la construction de nouveaux stades et dans la formation.

ZAOUÏAS. Ces confréries religieuses traditionalistes ont été longtemps et jusqu’à présent combattues par les salafistes. Le président Bouteflika – dont le père était un gardien de zaouïa à Oujda, au Maroc – a réactivé leur puissance et leur influence, spécifiquement à l’intérieur du pays et lors des campagnes électorales. L’un des objectifs recherchés : opposer ces confréries, représentantes de l’« islam maghrébin authentique », aux salafistes (vus comme une importation saoudienne ou afghane). Pour avoir un poste de directeur d’école ou ouvrir un centre commercial dans une petite ville, il est très important de se rapprocher de zaouïas. Même la société algéro-égyptienne Djezzy, en conflit avec le gouvernement algérien, a dépensé des millions pour des cérémonies d’hommage à des chefs de zaouïas afin qu’ils intercèdent en sa faveur auprès du pouvoir .


[www.afriquemagazine.com]
s
26 mars 2011 23:29
le grand peuple d'Algérie ne peut même pas penser !!! car il sait la détermination des sanguinaires généraux algériens ils tirent à balles réelles ou égorger comme on égorge des moutons donc le peuple il n'ose même pas penser
je hais l'hypocrisie
g
26 mars 2011 23:34
Citation
sakki a écrit:
le grand peuple d'Algérie ne peut même pas penser !!! car il sait la détermination des sanguinaires généraux algériens ils tirent à balles réelles ou égorger comme on égorge des moutons donc le peuple il n'ose même pas penser

Salam

Tout à fait sakki , et dire qu ils sont dirigé par ça !
 
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