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Quelques idées reçues sur Morsi en Turquie
A
13 septembre 2013 20:30
par Redaction | jeu, 12/09/2013 - 17:52

Mots clés : Istanbul, Mona Makram Ebeid, Hussein Ali Agrama, Égypte, Turquie, morsi, Armée, Laicité, opposition, frères musulmans, Proche-Orient

par Ali Zeynel Gökpinar (Istanbul)

En Turquie, la question du renversement du président égyptien Morsi par l'armée est l'objet d'un profond clivage, entre pro et anti-AKP. De ces positions ont émergé un certain nombre d'idées reçues sur les Frères musulmans que le chroniqueur Ali Zeynel Gökpinar analyse pour Zaman.

En dépit de la situation égyptienne actuelle, il est nécessaire de faire toute la lumière sur certains arguments qui circulent dans l'opinion publique turque vis-à-vis de l'Egypte sous Mohamed Morsi. Pour les sympathisants de l'AKP, les Frères musulmans sont innocents. Pour les autres, ils n'ont pas réussi à mettre en place une véritable démocratie et Morsi, en tant que président, ne s'est jamais adressé à tous les Egyptiens.Tous ces arguments sont vrais, d'une façon ou d'une autre, mais présentent des défauts. Les Frères musulmans ont commis plusieurs erreurs.

Les pouvoirs spéciaux du président

Le décret constitutionnel leur a donné aux Frères musulmans des pouvoirs spéciaux que même l'ancien président, Hosni Moubarak, n'avait sans doute pas. Même si Morsi a supprimé ce décret, cet aspect est devenu le point critique du conflit entre Morsi et les forces de l'opposition. Morsi et les Frères musulmans ont tenté à de nombreuses reprises d'inclure des groupes politiques et religieux divers dans le processus de transition, en offrant à des représentants des postes au sein du gouvernement par exemple. Morsi a aussi exclu des figures importantes et n'a pas réussi à former des alliances avec des groupes politiques clés.

«Morsi n'a pas islamisé l'Egypte»

Les pro-Gezi accusent également Morsi de ne pas avoir représenté tous les Egyptiens et d'avoir tenté d'islamiser le pays. Selon eux, Morsi méritait d'être renversé par l'armée. Les débats de plus en plus nombreux sur l'islam et l'utilisation de symboles islamiques montrent que Morsi voulait élargir l'influence de la charia en Egypte. Pourtant, l'histoire nous apprend que l'islam est depuis longtemps un point de référence des acteurs politiques en Egypte. Rappelons les amendements constitutionnels de Moubarak qui réglementaient les lois du statut personnel, inspirés de l'islam. Comme l'a observé l'anthropologue égyptien Hussein Ali Agrama, Moubarak avait choisi de ne pas islamiser l'ordre public, même s'il en avait le pouvoir. Il est donc faux de dire que Morsi ait été le seul homme politique à s'appuyer politiquement sur l'islam ou à vouloir supprimer la laïcité du pays.

Un coup d'Etat à la vue de tous

Autre argument de l'AKP, l'Etat profond égyptien est l'auteur du putsch. Pour certains chroniqueurs, c'est l'armée qui a réaffirmé son pouvoir le 3 juillet dernier. Ces arguments sont étranges car les Frères musulmans n'ont pas lancé de réforme dans le domaine de la sécurité visant à renvoyer l'armée et cette dernière n'a jamais accepté une telle position. Quant aux arguments de l'AKP concernant l'Etat profond, concentrons-nous sur les représentants de l'Etat égyptien pour déceler la vérité. Mona Makram Ebeid, célèbre copte et ancien membre du parlement égyptien, a déclaré au lendemain du coup d'Etat qu'en février 2013, la SCAF (Conseil suprême des forces armées) voulait que d'importantes figures publiques forment un comité pour répondre aux demandes des citoyens. Ce comité a contacté le mouvement Tamarrod en avril et tous deux ont essayé de collaborer. On constate donc qu'il n'y avait pas d'Etat profond mais plutôt un coup d'Etat qui se développait à la vue de tous. Par conséquent, personne ne peut dire que l'Etat profond a orchestré le coup d'Etat, ni que la SCAF a réaffirmé son pouvoir politique.

Rétablir la justice en Egypte

Enfin, selon certains Turcs, les postes de pouvoir ont été massivement occupés par les Frères musulmans après la révolution du 25 janvier. Ceux-ci avaient en effet la possibilité de remplacer les membres du gouvernement par des membres de leur parti mais ils ne l'ont pas fait. Il est vrai également que Morsi avait tenté d'écarter certains juges, mais le système judiciaire, en tant qu'institution, a créé une crise politique en réponse à ces expulsions. De fait, le manque de stratégie dont a fait preuve Morsi lorsqu'il a rapidement écarté les représentants et officiers de police qui étaient associés au régime de Moubarak l'a isolé.
24 septembre 2013 13:00
Citation
AyseDeCharleroi a écrit:
par Redaction | jeu, 12/09/2013 - 17:52

Mots clés : Istanbul, Mona Makram Ebeid, Hussein Ali Agrama, Égypte, Turquie, morsi, Armée, Laicité, opposition, frères musulmans, Proche-Orient

par Ali Zeynel Gökpinar (Istanbul)

En Turquie, la question du renversement du président égyptien Morsi par l'armée est l'objet d'un profond clivage, entre pro et anti-AKP. De ces positions ont émergé un certain nombre d'idées reçues sur les Frères musulmans que le chroniqueur Ali Zeynel Gökpinar analyse pour Zaman.

En dépit de la situation égyptienne actuelle, il est nécessaire de faire toute la lumière sur certains arguments qui circulent dans l'opinion publique turque vis-à-vis de l'Egypte sous Mohamed Morsi. Pour les sympathisants de l'AKP, les Frères musulmans sont innocents. Pour les autres, ils n'ont pas réussi à mettre en place une véritable démocratie et Morsi, en tant que président, ne s'est jamais adressé à tous les Egyptiens.Tous ces arguments sont vrais, d'une façon ou d'une autre, mais présentent des défauts. Les Frères musulmans ont commis plusieurs erreurs.

Les pouvoirs spéciaux du président

Le décret constitutionnel leur a donné aux Frères musulmans des pouvoirs spéciaux que même l'ancien président, Hosni Moubarak, n'avait sans doute pas. Même si Morsi a supprimé ce décret, cet aspect est devenu le point critique du conflit entre Morsi et les forces de l'opposition. Morsi et les Frères musulmans ont tenté à de nombreuses reprises d'inclure des groupes politiques et religieux divers dans le processus de transition, en offrant à des représentants des postes au sein du gouvernement par exemple. Morsi a aussi exclu des figures importantes et n'a pas réussi à former des alliances avec des groupes politiques clés.

«Morsi n'a pas islamisé l'Egypte»

Les pro-Gezi accusent également Morsi de ne pas avoir représenté tous les Egyptiens et d'avoir tenté d'islamiser le pays. Selon eux, Morsi méritait d'être renversé par l'armée. Les débats de plus en plus nombreux sur l'islam et l'utilisation de symboles islamiques montrent que Morsi voulait élargir l'influence de la charia en Egypte. Pourtant, l'histoire nous apprend que l'islam est depuis longtemps un point de référence des acteurs politiques en Egypte. Rappelons les amendements constitutionnels de Moubarak qui réglementaient les lois du statut personnel, inspirés de l'islam. Comme l'a observé l'anthropologue égyptien Hussein Ali Agrama, Moubarak avait choisi de ne pas islamiser l'ordre public, même s'il en avait le pouvoir. Il est donc faux de dire que Morsi ait été le seul homme politique à s'appuyer politiquement sur l'islam ou à vouloir supprimer la laïcité du pays.

Un coup d'Etat à la vue de tous

Autre argument de l'AKP, l'Etat profond égyptien est l'auteur du putsch. Pour certains chroniqueurs, c'est l'armée qui a réaffirmé son pouvoir le 3 juillet dernier. Ces arguments sont étranges car les Frères musulmans n'ont pas lancé de réforme dans le domaine de la sécurité visant à renvoyer l'armée et cette dernière n'a jamais accepté une telle position. Quant aux arguments de l'AKP concernant l'Etat profond, concentrons-nous sur les représentants de l'Etat égyptien pour déceler la vérité. Mona Makram Ebeid, célèbre copte et ancien membre du parlement égyptien, a déclaré au lendemain du coup d'Etat qu'en février 2013, la SCAF (Conseil suprême des forces armées) voulait que d'importantes figures publiques forment un comité pour répondre aux demandes des citoyens. Ce comité a contacté le mouvement Tamarrod en avril et tous deux ont essayé de collaborer. On constate donc qu'il n'y avait pas d'Etat profond mais plutôt un coup d'Etat qui se développait à la vue de tous. Par conséquent, personne ne peut dire que l'Etat profond a orchestré le coup d'Etat, ni que la SCAF a réaffirmé son pouvoir politique.

Rétablir la justice en Egypte

Enfin, selon certains Turcs, les postes de pouvoir ont été massivement occupés par les Frères musulmans après la révolution du 25 janvier. Ceux-ci avaient en effet la possibilité de remplacer les membres du gouvernement par des membres de leur parti mais ils ne l'ont pas fait. Il est vrai également que Morsi avait tenté d'écarter certains juges, mais le système judiciaire, en tant qu'institution, a créé une crise politique en réponse à ces expulsions. De fait, le manque de stratégie dont a fait preuve Morsi lorsqu'il a rapidement écarté les représentants et officiers de police qui étaient associés au régime de Moubarak l'a isolé.

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