Feu, Feue, adj. (feu, feû — Ménage dérivait ce mot du latin felix, heureux, à l’aide des formes intermédiaires suivantes : felix, felicis, felice, felce, feu. Notre feu, pour défunt, serait ainsi le makaritês des Grecs et le felicis memoriæ des Latins ; mais les dérivations indiquées par Ménage sont toutes de fantaisie. D’autres ont indiqué le latin fuit, il fut, d’où l’italien fu, qui est employé avec la signification de notre mot feu : La fu madama. Feu est certainement la contraction du vieux français feü ou fahu, qui s’employait dans le même sens, et il est probable que feü ou fahu représente une forme barbare fadutus ou fatutus, qui peut se rapporter à fatum, destin). Défunt, décédé, qui est mort naguère : Feu mon père. Ma feue mère. Feu ma mère. Le feu roi. J’ai connu dans mon enfance un chanoine de Péronne âgé de quatre-vingt-douze ans, qui avait été élevé par un des plus furieux bourgeois de la Ligue : il disait toujours : Feu monsieur de Ravaillac. (Volt.)
J’ai toujours été nourri par feu mon père, Dans la crainte de Dieu, monsieur, et des sergents.
Racine
— Gramm. Selon l’Académie, lorsque cet adjectif est placé après l’article, il signifie mort le dernier, il prend un e muet devant un nom féminin, et il ne peut être employé au pluriel, d’où il résulte qu’on doit écrire : Le feu roi, la feue reine, et qu’on ne pourrait pas dire : Les feus princes. Placé avant l’article ou un déterminatif quelconque, feu est toujours invariable : Feu mon père, feu ma tante. Il l’est aussi devant un nom propre ; par exemple on dirait : feu Marie Dumont.