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Quand des vendeuses de volailles se transforment en poissonnières en Afrique.
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22 février 2006 15:52
Il y a encore quelques jours, Hamen, 35 ans était une prospère vendeuse de poulets au marché de Nukafu, à Lomé. Depuis la découverte de foyers du virus H5N1 de la grippe aviaire au Nigeria, elle tente de se reconvertir dans le commerce des poissons fumés.

"Les gens n'achètent plus de poulets comme avant, depuis cette histoire de grippe aviaire. Je ne peux plus continuer à mener une telle activité, mon chiffre d'affaires a trop chuté ces derniers temps", déplore Hamen, assise au milieu d'un groupe de vendeuses de poissons fumés.

"Et puis j'ai également peur, parce que les gens racontent beaucoup de choses sur cette maladie, si bien que je ne veux plus être en contact permanent avec ces animaux", ajoute-t-elle.

Non loin d'elle, Elisabeth, 29 ans, se félicite d'avoir abandonné la vente de poulets: la grippe aviaire "est une maladie qu'on peut attraper à tout moment si on est en contact avec les poulets". Elle s'est depuis lors reconvertie avec un succès relatif dans la tomate et l'adémin, des feuilles de légume assaisonnées en sauce.

La vente de volailles, vivantes ou congelées, rapportait des revenus confortables à ces femmes, jusqu'à 15.000 FCFA par jour (plus de 20 euros). Avec la grippe, les prix ont légèrement baissé, même si les poulets continuent de se vendre sur les marchés. Par peur de la maladie, mais aussi d'un effondrement soudain des prix, beaucoup ont préféré changer temporairement d'activités, et se lancer dans un nouveau commerce de soudure, en attendant "de voir ce qui va se passer".

"J'allais m'approvisionner dans des villages situés non loin de la frontière entre le Togo et le Bénin. Or la maladie est déjà au Nigeria (voisin du Bénin) et je me méfie, il est trop difficile de maîtriser à nos frontières les sorties et les entrées des volailles", s'inquiète-t-elle.

L'importation de volailles au Togo, interdite depuis octobre en provenance de pays touchés par la grippe aviaire, est désormais soumise à autorisation en provenance des pays non touchés. Mais beaucoup d'habitants de Lomé se demandent si ces mesures sont mises en application, en raison de la corruption qui gangrène l'administration togolaise.

"Les fonctionnaires sont souvent achetés, beaucoup de choses peuvent se passer dans les coulisses", commente en langue mina du sud, Edem, elle aussi ancienne revendeuse de poulets congelés.

A 48 ans, celle-ci affirme avoir vite abandonné son activité au lendemain de la décision d'interdiction d'importation, pour "éviter des ennuis à la longue".

Depuis l'apparition le 8 février de foyers du virus mortel H5N1 de la grippe aviaire au Nigeria, qui n'est séparé du Togo que par l'étroit Bénin, les autorités ont annoncé la création de "comités locaux de vigilance" chargés de prévenir l'apparition de tout foyer d'épizootie.

Le Togo élabore également un plan national de lutte contre la grippe aviaire, comportant notamment un système d'alerte national, la formation des personnels médicaux et le renforcement de la surveillance.

Les ministres de l'agriculture et de la santé ont de leur côté entamé la semaine dernière, une vaste campagne de sensibilisation dans des marchés et aux différentes frontières du pays.

"Nous essayons de rassurer d'une part les populations, et d'autres part, nous expliquons aux revendeurs et éleveurs de volailles, les symptômes de cette maladie", explique le ministre togolais de l'agriculture et de l'élevage Charles Kondi Agba. "Nous pouvons continuer à consommer nos poulets, car la grippe aviaire n'est pas encore au Togo", tente-t-il de rassurer.

Tous droit de reproduction et de représentation réservés AFP



Modifié 2 fois. Dernière modification le 22/02/06 15:53 par massouach.
 
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