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Quand le Prophète (sur lui la paix) quitta ce monde
L
30 janvier 2005 00:35


"Nous parlions du "pèlerinage d'adieu", raconte Abdullâh Ibn Omar ; le Prophète était parmi nous, et nous ne savions pas ce qu'était le "pèlerinage d'adieu"" (Bukhârî 4141). En fait le Prophète (sur lui la paix) avait dû employer cette formule, et ses Compagnons la répétaient. Mais ils ne comprenaient pas encore que l'"adieu" signifiait l'"adieu du Prophète" (Fat'h ul-bârî).

Ce fut pendant ce pèlerinage d'adieu, à Arafa, le 9 dhul-hijja de l'an 10 de l'hégire, que le Prophète reçut la révélation suivante : "Aujourd'hui J'ai complété pour vous votre religion et J'ai parachevé le bienfait dont Je vous ai comblé. Et J'ai agréé pour vous l'islam comme religion" (Coran sourate 5, partie du verset 3) (Bukhârî). Selon Ibn Omar, c'est aussi pendant cette période, durant les jours qui suivirent ("awsatu ayyâm it-tashrîq"winking smiley, que la sourate An-Nasr fut révélée au Prophète (Al-Bazzâr, Al-Bayhaqî, cité dans Al-Itqân, p. 63) : "Lorsque vient l'aide de Dieu et la victoire et que tu vois les gens entrer par groupes entiers dans la religion de Dieu, alors proclame pureté de Dieu avec Sa louange et demande-Lui Son Pardon, Il est pardonneur". Ibn Abbâs commente ainsi cette sourate : "Lorsque vient l'aide de Dieu et la victoire" : "il s'agit de la conquête de la Mecque ; c'est là le signe de l'imminence de la fin de ta vie terrestre" ; "alors proclame pureté de Dieu avec Sa louange et demande-Lui Son Pardon, Il est pardonneur" (Bukhârî 4043).

Durant ce même pèlerinage d'adieu, le Prophète dit à ses Compagnons lors d'un discours : "Par Dieu, je ne sais pas, peut-être que je ne vous rencontrerai plus après ce jour en ce lieu..." (Dârimî 227). Lors de ce pèlerinage d'Adieu, il dit aussi pendant un discours : "Vous serez questionnés (par Dieu) à mon sujet (le Jour Dernier). Que direz-vous donc ? – Nous témoignerons que tu as transmis le message et que tu nous as conseillés sincèrement" répondirent les Compagnons. Le Prophète leva alors son doigt vers le ciel, l'inclina vers l'assemblée des gens et dit en trois fois : "O Dieu, sois-en témoin" (Muslim 1218, Aboû Dâoûd, Ibn Mâja).

Quelques mois passèrent après le retour du Prophète du pèlerinage. Un jour, revenant d'un enterrement dans le cimetière de Al-Baqî', à Médine, le Prophète rentra chez lui ; son épouse Aïcha se plaignait d'une migraine, et elle dit : "Ah, ma tête !" Le Prophète fit : "Ce serait plutôt à moi de me plaindre d'un mal de tête. Tu n'as pas à craindre de mourir avant moi : si cela devait arriver, je te donnerais le bain funéraire moi-même, t'envelopperais dans le linceul, ferais la prière sur toi et t'inhumerais moi-même". Elle répliqua : "Par Dieu, c'est comme si je voyais que si tu faisais cela, tu reviendrais ensuite dans mon appartement et y passerais du temps avec une autre de tes épouses !" Le Prophète sourit à cette boutade. Aïcha ajoute : "C'est ainsi que débuta sa dernière maladie" (Dârimî 80). Et c'est alors qu'il se trouvait dans l'appartement de son épouse Maymûna qu'il commença à se sentir vraiment mal (Muslim 418). Plus tard il demanda la permission à ses autres épouses de rester chez Aïcha, et elles la lui donnèrent. Il se rendit alors chez Aïcha en s'appuyant sur al-Fadhl et Alî ; ses pieds traînaient par terre tellement il était à bout de forces (Muslim 418). Ceci se passait un lundi (Fat'h ul-bârî, tome 8 p. 177).

Le Prophète continuait malgré tout à diriger les prières à la mosquée. Mais, épuisé par la maladie, il ne pouvait plus enseigner à ses Compagnons. Anas raconte qu'Abû Bakr et al-'Abbâs, passant près d'un groupe de Ansâr assis, remarquèrent qu'ils pleuraient. "Qu'est-ce qui vous fait pleurer ? demandèrent-ils. – Nous pensions aux assemblées que le Prophète avait avec nous" répondit le groupe ansarite. On informa le Prophète de ce fait (Bukhârî 3429). Celui-ci demanda que l'on verse sur lui l'eau de sept outres. La tête bandée, il sortit ensuite de chez lui. Il dirigea la prière ; puis il se dirigea vers la chaire (Bukhârî 4178), en formulant des salutations et des demandes de pardon à Dieu (istighfâr) en faveur des martyrs de Uhud (Bukhârî 3816, avec commentaire de Fat'h ul-bârî). Le Prophète monta en chaire, fit les louanges et les éloges de Dieu, puis dit : "Je vous recommande de bien agir envers les Ansâr. Ils sont mes confidents et mes proches. Ils se sont acquittés de leurs devoirs, il reste maintenant ce qu'ils méritent" (Bukhârî 3588). "Le nombre des autres gens augmentera, mais celui des Ansâr diminuera, jusqu'à ce qu'ils ne soient plus que comme le sel dans la nourriture. Que celui parmi vous qui aura une responsabilité par le moyen de quoi il peut faire du tort à des gens et faire du bien à d'autres, accepte donc de celui (des Ansâr) qui fait le bien et pardonne à celui qui fait du mal" ; c'était, ajoute Ibn Abbâs, la dernière assise où le Prophète fut présent (Bukhârî 3429). Le Prophète dit aussi : "Il y a un serviteur de Dieu à qui Dieu a donné de choisir entre ce qu'il veut de la fleur de ce monde et ce qui se trouve auprès de Lui ; il a choisi ce qui se trouve auprès de Dieu". Abû Bakr éclata alors en pleurs et dit : "Nous donnons pour toi nos pères, nos mères, nos personnes et nos biens !" Abû Sa'îd devait raconter : "Nous fûmes étonnés de la réaction de Abû Bakr : le Prophète raconte que Dieu a donné le choix à un homme, et lui pleure et dit : "Nous donnons pour toi nos pères et mères !" En fait cet homme dont le Prophète parlait, c'était lui-même, et Abû Bakr le comprit." Le Prophète dit alors : "Abû Bakr, ne pleure pas. La personne envers qui je suis le plus redevable quant à sa compagnie et son aide est Abû Bakr. Si je devais prendre un ami intime, cet ami intime serait Abû Bakr ; mais [l'intimité du coeur est réservée à Dieu, et par rapport à Abû Bakr] il y a la fraternité et l'affection de l'islam. Qu'aucune petite porte menant à la mosquée ne soit gardée sauf celle de Abû Bakr" (Bukhârî 454, 455) ; Abû Sa'îd ajoute : "Le Prophète ne devait plus jamais monter en chaire" (Dârimî, 77). S'adressant à l'ensemble de ses fidèles Compagnons, le Prophète dit encore : "Je vous précède. Je serai un témoin pour vous. Votre rendez-vous est au Bassin ; je le vois de là où je me trouve. Je ne crains pas, vous concernant, l'associationnisme, mais je crains que vous entriez en compétition pour (les richesses de) ce monde" ; c'était, affirme 'Uqba, le dernier regard que j'ai pu poser sur le Prophète (vivant) (Bukhârî 3816).

Malgré tout, le Prophète continuait à diriger les prières dans sa mosquée. Dans la soirée de mercredi à jeudi ou de jeudi à vendredi, le Prophète dirigea la prière qui suit le coucher du soleil (maghrib) ; il avait la tête bandée ; il récita pendant la prière la sourate Wal-mursalâti 'urfan. Umm ul-Fadhl raconte : "Il ne devait ensuite plus diriger aucune de nos prières (où la récitation se fait à voix haute)" (Bukhârî 4166 etc., Tirmidhî 308). L'heure de la prière suivante (salât al-ishâ) étant venue, le Prophète voulut se rendre à la mosquée pour la diriger aussi, et il demanda : "Les gens ont-ils accompli la prière ? – Non, ils t'attendent, ô Messager de Dieu". Il demanda alors qu'on verse de l'eau dans une bassine ; il prit une douche. Mais, voulant se lever, il perdit connaissance. Revenant à lui quelques instants après, il demanda de nouveau si les gens avaient prié, et reçut la même réponse. Il prit de nouveau une douche mais, à nouveau, perdit ensuite connaissance. La scène se répéta une troisième fois encore. Il dit alors : "Dites à Abû Bakr de diriger la prière" (Bukhârî 655, Muslim 418). C'est ainsi que Abû Bakr dirigea les prières les jours suivants.

Plus tard – soit samedi soit dimanche (Ar-Rahîq al-makhtûm, p. 526) – le Prophète sentit quelque allègement. Aidé de al-Abbâs et de Alî, il se rendit dans la mosquée pour la prière du début de l'après-midi (zohr). Abû Bakr était en train de diriger la prière, et le Prophète demanda qu'on le fasse s'asseoir à côté de lui ; ce fut alors lui qui dirigea la prière tout en étant assis, pendant que Abû Bakr, debout, répétait les formules du takbîr qu'il prononçait (Muslim 418).

La mosquée était orientée vers la Mecque, au sud, et l'appartement de Aïcha se trouvait dans la même direction : il était situé à gauche et en avant par rapport à la mosquée, tout en lui étant contigu, de sorte que le Prophète n'avait qu'à en écarter le rideau pour se rendre dans la mosquée. Le lundi matin, les Compagnons qui habitaient dans le voisinage accomplissaient la prière de l'aube sous la direction de Abû Bakr, dans la mosquée de Médine. Anas raconte : "C'était Abû Bakr qui dirigeait les prières pendant que le Prophète était malade de sa dernière maladie. Lorsque nous fûmes lundi et que nous étions en train d'accomplir la prière, le Prophète écarta le rideau de la chambre et nous regarda, debout ; son visage était (lumineux) comme la page d'une copie ; puis il sourit ; nous faillîmes alors nous détourner de la prière à cause de la joie que nous ressentîmes en apercevant (ainsi) le Prophète. Abû Bakr recula pour rentrer dans le rang derrière lui, pensant que le Prophète allait venir diriger la prière. Mais celui-ci fit signe de sa main, voulant dire "Complétez la prière", et baissa le rideau. Nous n'eûmes plus l'occasion de le voir vivant. Il devait mourir dans la journée" (Bukhârî 648, 649, Muslim 419). Dieu Seul sait quel bonheur dût étreindre le cœur du Prophète et le fit sourire de joie lorsqu'il vit, ce matin là, le résultat de ses efforts : il avait, par la permission de Dieu, fait sortir ces hommes du paganisme et les avait amenés à l'adoration de Dieu l'Unique, et les voilà qui étaient debout, tournés vers Dieu, sous la direction du plus valeureux de ses Compagnons, Abû Bakr ; les voilà qui priaient Dieu ensemble, unis devant Lui. Des Arabes de la jâhiliyya il avait fait les meilleurs hommes de sa Communauté. Il avait accompli sa mission : la Kaaba avait été rendue au culte de l'Unique, et après des années et des années d'efforts et de sacrifices, il avait vu les gens adhérer par groupes entiers au message que Dieu l'avait chargé de transmettre. Il avait transmis le message, et il laissait une Communauté unie et éduquée dans la foi profonde. Il pouvait s'en aller le cœur heureux.

A mesure que la matinée de lundi avançait, l'état de la santé du Prophète empirait. Le Prophète souffrait à tel point que sa fille Fâtima se plaignit : "Comme mon père souffre !" Le Prophète lui dit alors : "Après aujourd'hui, ton père ne connaîtra jamais plus de souffrance" (Bukhârî 4193). Appuyé sur Aïcha, il trempait sa main dans une écuelle d'eau placée à proximité puis la passait sur son visage et disait : "Il n'y a de divinité que Dieu. Il y a des affres quand vient la mort" (Bukhârî 6145). "O Dieu, aide-moi face aux affres de la mort" (Tirmidhî 978). A un moment donné, le frère de Aïcha entra dans la pièce avec dans la main une branchette de siwâk ; le Prophète regarda celle-ci et Aïcha comprit ; elle prit le siwâk des mains de son frère, le nettoya et le donna au Prophète, qui se brossa alors les dents soigneusement (Bukhârî 4184). Aïcha raconte qu'elle l'entendit murmurer : "O Dieu, accorde-moi Ton Pardon et Ta miséricorde, et fais-moi rejoindre les compagnons les plus élevés" (Bukhârî 4176, Muslim 2444, At-Tirmidhî 3496). "Avec les compagnons les plus élevés, dans le paradis, avec ceux que Tu as comblés de Tes bienfaits : les Prophètes, les Justes, les Martyrs et les Pieux. Et ceux-là sont d'excellents compagnons" (Ahmad 23315, Fat'h ul-bârî, 8/172). Aïcha raconte que, le regard levé vers le toit, le Prophète murmura : "O Dieu, les compagnons les plus élevés" ; ce furent les derniers mots qu'il prononça et il rendit le dernier soupir (Bukhârî 4194, Muslim 2444).
Fâtima, en proie à une intense émotion, s'exclama : "Mon père ! Il a répondu à Dieu qui l'a rappelé ! Mon père ! A Gabriel nous annonçons son décès ! Mon père ! Dans le Paradis se trouve son lieu d'accueil" (Bukhârî 4193).

La terrible nouvelle se propagea comme l'éclair, semant la douleur chez les Compagnons. Abû Bakr, qui s'était rendu à Sunh, dans les faubourgs de Médine, accourut dès qu'il apprit la nouvelle. Les gens pleuraient (Fat'h ul-bârî, 8/180). Abû Bakr se rendit directement dans l'appartement de sa fille Aïcha, et se dirigea vers le Prophète, qu'on avait recouvert d'un drap ; il découvrit son visage, l'embrassa sur le front ; des larmes roulèrent sur ses joues et il dit : "Mon père et ma mère pour toi ! Dieu ne te fera pas connaître deux morts ; la mort qui t'était prédestinée, tu l'as connue". "Tu es agréable dans la vie comme dans la mort" (Fat'h ul-bârî 8/184). Pendant ce temps, Omar ibn al-Khattâb, d'habitude si fort, refusait de croire que le Prophète avait quitté ce monde, et il menaçait même ceux qui diraient pareille chose. Abû Bakr sortit et, à l'extérieur de l'appartement de Aïcha, annonça que le Prophète était mort ; puis il récita le verset : "Muhammad n'est qu'un messager ; d'autres messagers l'ont précédé ; s'il mourait ou était tué, retourneriez-vous sur vos pas ?" (Coran 3/144). "Je tombai alors par terre, mes jambes ne me portant plus, raconte Omar ; je venais de comprendre que le Prophète avait quitté ce monde" (Bukhârî 4187).
On demanda alors à Abû Bakr : "O Compagnon du Prophète, va-t-on accomplir la prière funéraire sur le Prophète ? – Oui. – Et comment ? – Des personnes entreront dans la chambre, diront "Allâhu Akbar", invoqueront Dieu et enverront des salutations sur le Prophète, puis sortiront. Un autre groupe entrera ensuite, et fera de même. Et ainsi de suite jusqu'à ce que tous les gens soient entrés et aient fait ainsi. – O Compagnon du Prophète, le Prophète sera-t-il inhumé ? – Oui. – Et où ? – Là même où Dieu a repris son âme. Car Dieu n'a repris son âme quand dans un lieu qui convient (à son inhumation)" (Shamâ'ïl at-Tirmidhî, n° 379). Abû Bakr rapporta aussi la volonté du Prophète lui-même : "Dieu ne rappelle à Lui un prophète que dans le lieu où celui-ci aimerait être enterré" ; puis il dit : "Qu'il soit inhumé à l'endroit où se trouvait son lit" (Tirmidhî 1018). Les gens surent alors que c'était ainsi qu'il fallait procéder. Puis Abû Bakr ordonna que les proches parents du Prophète lui donnent le bain funéraire. Ensuite un groupe de Muhâjirûn se rendirent auprès des Ansârs afin de se concerter et désigner celui qui succéderait au Prophète en tant que dirigeant de la Communauté des musulmans (Shamâ'ïl at-Tirmidhî , n° 379).

Le Prophète était mort lundi quand la matinée était très avancée (Fat'h ul-bârî 8/180). Toute le journée de mardi passa dans la prière funéraire que les Compagnons récitèrent sur lui de la façon que Abû Bakr avait décrite. Le Prophète fut ensuite inhumé dans la nuit de mardi à mercredi ("laylat al-arbi'â"winking smiley (Ahmad, n° 25145). Fâtima devait ensuite dire à Anas ibn Mâlik : "Anas, vos âmes ont-elles pu supporter de répandre la terre sur le Messager de Dieu ?" (Bukhârî 4193).

La douleur resta longtemps vive. Les Compagnons se souvenaient tant de la personnalité, de l'apparence physique et des qualités du dernier Messager ! Anas disait : "Il était le plus beau des hommes, il était le plus généreux des hommes, et il était le plus courageux des hommes : une nuit, les gens de Médine furent la proie d'un effroi à cause d'un fracas qu'ils entendirent ; des hommes s'avancèrent alors dans la direction de là où était venu le bruit ; mais ils virent le Prophète revenir, qui les avait précédés pour se rendre compte de ce dont il s'agissait ; il était monté sur un cheval à cru, l'épée ceinte autour du cou et il disait : "Vous n'avez rien à craindre, vous n'avez rien à craindre " (Bukhârî 5686 etc., Muslim 2307). Anas se souvenait encore : "J'ai été son serviteur pendant dix ans ; jamais il ne m'a dit : "Fff !", ni : "Pourquoi donc as-tu fait ainsi ?" ni : "Ah si tu avais pu faire ainsi !" (Bukharî 5691, Muslim 2309). Son épouse Aïcha disait : "Jamais le Prophète ne s'est vengé pour lui-même…" (Bukhârî 3367) ; "Le Prophète n'a jamais frappé quelqu'un de sa main : ni une femme ni un serviteur ; le seul cas où il ait pu frapper fut quand il était sur le champ de bataille dans le chemin de Dieu…" (Muslim 2328). Alî décrivait le Prophète et concluait en disant : "Celui qui le rencontrait de façon soudaine était impressionné ; et celui qui le fréquentait et apprenait à le connaître l'aimait. Toute personne qui le décrit ne peut dire que ceci : "Ni avant lui ni après lui je n'ai vu quelqu'un de comparable à lui"" (Tirmidhî 3638).

Les Compagnons se souvenaient avec émotion de ces jours matériellement difficiles mais ô combien heureux, quand le Messager de Dieu était parmi eux. Et ils se souvenaient que le Prophète leur avait dit un jour : "Par Celui dans la Main de qui se trouve l'âme de Muhammad, un jour viendra où aucun d'entre vous ne pourra plus me voir ; pouvoir me voir lui sera alors plus cher que sa famille et ses biens" (Muslim 2364). Mais que pouvaient-ils faire ? Le Prophète n'avait-il pas dit aussi : "Qu'ai-je à faire de ce monde ? Je suis comme un voyageur qui s'est reposé à l'ombre d'un arbre ; puis le voyageur est reparti, laissant là l'arbre" (Tirmidhî 2377). Et de fait, à sa mort il n'avait laissé ni pièce d'or, ni pièce d'argent (Bukhâri 4192) ; sa cotte de mailles se trouvait alors placée en gage chez un juif de Médine, auprès de qui il avait acheté de l'orge à crédit pour nourrir sa famille (Bukhârî 4197). Lui qui avait institué la zâkât, il avait exclu sa personne, sa famille – les Banû Hâshim – et sa descendance jusqu'à la fin des temps de la liste de ceux qui pouvaient en bénéficier.

Les Compagnons se consolaient, se disant que là où le Prophète était allé était bien meilleur pour lui que la vie de ce monde et tout ce que celui-ci contient. Un jour, après le décès du Prophète, Abû Bakr dit à Omar : "Allons rendre visite à Umm Ayman, comme le Prophète le faisait." Anas raconte : "Comme nous arrivâmes chez elle, elle pleurait. "Pourquoi pleures-tu ? lui dirent Abû Bakr et Omar. Ne sais-tu donc pas que ce qui se trouve auprès de Dieu est meilleur pour le Prophète ? – Je ne pleure pas, répondit-elle, parce que je ne saurais pas que ce qu'il y a auprès de Dieu est meilleur pour le Prophète. Je pleure parce que la révélation ne viendra plus jamais du ciel". Elle les fit alors pleurer tous les deux aussi" (Muslim 2454).

Les Compagnons avaient encore les paroles du Prophète qui résonnaient à leurs oreilles : "Votre rendez-vous est au Bassin" ; c'était ce qu'il leur avait dit quelques jours avant de mourir, lors de son dernier discours. Ils se consolaient en se remémorant ces paroles-là aussi ; le Prophète leur avait donné rendez-vous le Jour Dernier, près du Bassin, là où il donnerait à toute sa Communauté à boire de l'eau de Al-Kawthar. Ce jour-là viendra et alors ils le reverraient. Oui, ce jour là ils le reverraient : il leur avait donné rendez-vous.


"Dieu et Ses anges prient sur le Prophète. O vous qui avez apporté foi, appelez sur lui les prières et les salutations de paix" (Coran 33/56).

O Dieu, nous témoignons que Ton Dernier Prophète a transmis le message, s'est acquitté du dépôt, a conseillé sincèrement l'humanité, T'a adoré et a fait des efforts dans Ton chemin jusqu'à ce que Tu l'aies rappelé à Toi. Salue-le de notre part et déverse sur lui Tes Bénédictions.

 
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