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ENA : La promo Voltaire
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25 mai 2012 12:41
La promo du Président

Avec l’élection de François Hollande, le mythe de la promotion Voltaire de l’ENA prend une nouvelle ampleur. Deux de ses anciens camarades travaillent à ses côtés à l’Élysée, un autre est le bras droit de Vincent Peillon à l’Éducation. Sans oublier le ministre du Travail, Michel Sapin. Moins connus, beaucoup occupent des postes clés de l’administration. Focus sur cette génération d’énarques très politisée sortie de l’école un an avant l’alternance de 1981.

Ils avaient 15 ans en mai 1968 et 28 en mai 1981. Entretemps, ils sont passés par Sciences-Po, HEC, voire les deux, pour enfin sortir de l’ENA en 1980 dans la promotion Voltaire. À l’époque, personne ne prévoyait que cette “promo” serait exceptionnelle. Chacun observait simplement qu’elle était plus politisée que d’autres, plus à gauche aussi. La traditionnelle élection des représentants des élèves au conseil d’administration donne lieu à une âpre bataille électorale. Au lieu du traditionnel duel gauche-droite entre la CFDT et FO, une troisième liste joue les trouble-fête.

Il s’agit du Comité pour la rénovation démocratique de l’ENA, le désormais célèbre “Carena”, emmené par un certain François Hollande, qui entraîne dans son sillage une bande de copains : Michel Sapin, Jean-Pierre Jouyet, Christian Tardivon, Dominique Villemot, Colette Horel, Pierre Duquesne, Jean-Maurice Ripert, Bernard Cottin, Jean-Marc Janaillac et quelques autres. À l’époque, le futur président de la République gagne grâce à son charisme et à un discours de… rassemblement. L’art du consensus, déjà. Mais le score est très serré. “Le Carena n’a eu la majorité qu'une année et nous avions réussi à rallier certains suffrages d'élèves de gauche modérée”, raconte Jean-Ludovic Silicani, son concurrent à la tête de FO, qui est par la suite devenu président de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) et ferraille aujourd’hui avec les grands opérateurs des télécoms et d'Internet.

1981, accélérateur de carrières

“Nous n’étions pas favorables à une suppression de l’ENA, relate Christian Tardivon, ancien trésorier du Carena et aujourd’hui membre du conseil général de l’industrie, mais nous souhaitions revoir son fonctionnement de fond en comble, ce qui était assez inédit chez les élèves.” Chacun y va de sa proposition. L’ouverture aux cadres des collectivités est ardemment défendue par Michel Sapin. D’autres appellent à une refonte du mode de classement. La principale concession du directeur, Pierre-Louis Blanc, est l’“occultation des notes”, c’est-à-dire la confidentialité des évaluations jusqu’au jour du classement définitif afin que la concurrence ne mine pas les relations entre élèves. “L’ambiance était très bonne, se souvient Jean-Ludovic Silicani, qui sera l’un des deux majors avec Jérôme Turot. Nous étions tous passionnés et nous débattions des nuits entières, même si c’était parfois un peu gazeux.”

Pour les sympathisants socialistes, la perspective d’une victoire de la gauche en 1981 constitue un formidable espoir. Et se révélera un puissant accélérateur de carrières. Après l’élection de François Mitterrand, la nouvelle génération d’énarques intègre tout naturellement les cabinets ministériels des gouvernements de Pierre Mauroy, puis de Laurent Fabius. Pierre-René Lemas, aujourd’hui secrétaire général de l’Élysée, Jean-Marie Cambacérès, ancien député socialiste du Gard, et Christian Tardivon se retrouvent auprès du ministre de l’Intérieur, Gaston Defferre, et sont aux premières loges de la décentralisation. Benoît Chevauchez, chef de mission au contrôle économique et financier, débute comme conseiller du ministre de l’Agriculture, Michel Rocard. François Hollande et Ségolène Royal rejoignent l’Élysée.

“Le côté exceptionnel de cette promotion tient dans son caractère politique et dans l’élan dont elle a bénéficié avec l’alternance”, décrypte Jean-Marie Cambacérès. Plusieurs briguent des mandats nationaux ou locaux. Michel Sapin est élu député PS de l’Indre dès 1981. Yvon Robert, vice-président de la communauté d’agglomération de Rouen depuis 2010, est maire adjoint du Grand-Quevilly à partir de 1989. Jean-Marie Cambacérès est élu maire de Sommières, dans le Gard, en 1983 et conseiller régional du Languedoc-Roussillon en 1986. Ségolène Royal devient députée des Deux-Sèvres en 1988, après avoir été chargée de mission à l’Élysée sous le premier septennat de François Mitterrand.

De Mauroy à Jospin

D’autres enchaînent les postes en cabinets ministériels et traversent parfois tous les gouvernements socialistes jusqu’à celui de Lionel Jospin. Michel Raymond, aujourd’hui conseiller régional de Rhône-Alpes, est ainsi conseiller de la secrétaire d’État à la Famille Georgina Dufoix de 1984 à 1986, puis devient son directeur de cabinet en 1988, avant d’intégrer les équipes de René Teulade aux Affaires sociales en 1992-1993 et de Christian Paul à l’Outre-mer en 2000-2001. Colette Horel, directrice du développement territorial à la RATP, est conseillère sociale à l’Élysée en 1989, après avoir été auprès de la ministre des Droits des femmes Yvette Roudy, du Premier ministre Laurent Fabius et du ministre du Budget Michel Charasse de 1984 à 1988. Entre 1997 et 2002, Jean-Pierre Jouyet, l’actuel président de l’Autorité des marchés financiers, et Pierre Duquesne, ancien responsable de la mission de reconstruction en Haïti, passent tous les deux par le cabinet du Premier ministre, Lionel Jospin, tandis que Jean-Christophe Chouvet, magistrat à la Cour des comptes, est conseiller auprès du président de l’Assemblée nationale, Laurent Fabius.

L’itinéraire du président de la République est mieux connu. Après son passage à l’Élysée comme chargé de mission, François Hollande est le directeur de cabinet de Max Gallo, puis de Roland Dumas, porte-parole du gouvernement, en 1983 et 1984. Il entame parallèlement une carrière politique en terres corréziennes, d’abord en tant que conseiller municipal d’Ussel en 1983, puis comme député de Corrèze en 1988 et adjoint au maire de Tulle à partir de 1989. Coïncidence : il retrouve là en guise de premier adversaire politique un ancien camarade, Raymond-Max Aubert, aujourd’hui président du conseil d’administration du Centre national pour le développement du sport. Ce dernier lui ravit la première circonscription de Corrèze en 1993, avant que François Hollande ne la lui reprenne en 1997 et le chasse de la mairie de Tulle en 2001.

Ministre et dircab’ de la même promotion

La promotion Voltaire donne aussi quelques figures à la droite. Dominique de Villepin est le secrétaire général de Jacques Chirac à l’Élysée à partir de 1995, avant d’être ministre de l’Intérieur, puis Premier ministre. Renaud Donnedieu de Vabres est ministre de la Culture de 2004 à 2007, après avoir été ministre des Affaires européennes en 2002 et chargé de mission auprès du ministre de la Défense François Léotard entre 1993 et 1995. Tous deux imitent l’exemple de leur ancien condisciple Raymond-Max Aubert en recrutant comme directeur de cabinet un ancien camarade de promotion. Le secrétaire d’État au Développement rural Aubert avait choisi en 1995 Michel Cadot, aujourd’hui préfet de la région Bretagne. Dominique de Villepin appelle à ses côtés Pierre Mongin, à l’Intérieur puis à Matignon, entre 2004 et 2006. Le directeur de cabinet prend ensuite la tête de la RATP où il retrouve Jean-Marc Janaillac, directeur général du développement, et Colette Horel. Renaud Donnedieu de Vabres nomme Henri Paul à la tête de son cabinet rue de Valois, qui devient ambassadeur en Roumanie après 2007.

Avec l’élection de François Hollande à la tête de l’État, le mythe de la promotion Voltaire prend une nouvelle ampleur. En mai 2012, le Président a décidé de s’entourer de deux anciens condisciples : Pierre-René Lemas, ex-préfet de la région Lorraine, et Sylvie Hubac, ancienne directrice de la musique au ministère de la Culture, respectivement secrétaire général et directrice de cabinet à l’Élysée. Pierre-Yves Duwoye, ancien directeur de cabinet de Jean-Pierre Chevènement et ex-secrétaire général du ministère de l’Éducation, a quant à lui été nommé à la tête du cabinet de Vincent Peillon rue de Grenelle. Sans oublier Michel Sapin, nouveau ministre du Travail, et Ségolène Royal, qui vise la présidence de l’Assemblée nationale.

Six préfets, deux ambassadeurs

Moins en vue, nombre d’anciens de la promo occupent aujourd’hui des postes clés au sein de l’administration. “Cela n’a rien d’extraordinaire puisque ce sont des hauts fonctionnaires en fin de carrière”, observe Jean-Marie Cambacérès. “Il y a tout de même eu un effet d’émulation”, estime un autre de la promo Voltaire. Le jour de son investiture, François Hollande a ainsi salué Claire Bazy-Malaurie, devenue membre du Conseil constitutionnel après avoir été présidente de chambre à la Cour des comptes. Il peut également s’appuyer sur trois préfets de région, trois préfets de département et deux ambassadeurs sortis des rangs de sa promotion (lire ci-dessous) ou encore sur le directeur de l’Agence française de développement, Dov Zérah, ex-directeur de cabinet de Corinne Lepage à l’Environnement entre 1995 et 1997.

Dans le privé, c’est Henri de Castries qui porte le plus haut les couleurs de la promotion en présidant la compagnie d’assurances Axa depuis 2000. Il a versé 7 500 euros pour financer la campagne de son ancien camarade avant la primaire socialiste. Dans le secteur bancaire, il y a Nicolas Duhamel, directeur financier du groupe Banques populaires-Caisses d’épargne, Agnès de Clermont-Tonnerre, directrice des affaires générales de LCL, et Jean-Yves Colin, directeur au Crédit agricole. Une liste à laquelle il faut ajouter Jérôme Bédier, secrétaire général du groupe Carrefour, et Hubert Loiseleur des Longchamps, directeur des affaires publiques chez Total.

Au sein de l’Association des anciens élèves de l’ENA, enfin, c’est un ancien de la promotion Voltaire, Gilles Marchandon, qui est chargé du service “Carrières”. Son rôle est “d'informer, de conseiller et de guider les anciens élèves dans la conduite de leur parcours professionnel” et d'aider “ceux qui ont eu, à un moment donné, un problème réel d'orientation”. Pour ses camarades de promo au moins, il n'a pas trop à s'en faire.

Laurent Fargues

Les politiques

- François Hollande, président de la République

- Michel Sapin, ministre du Travail

- Ségolène Royal, présidente du conseil régional du Poitou-Charentes, ancienne candidate à l’élection présidentielle

- Dominique de Villepin, ancien Premier ministre

- Renaud Donnedieu de Vabres, ancien ministre de la Culture

L’équipe de l’Élysée

- Pierre-René Lemas, secrétaire général de l’Élysée

- Sylvie Hubac, directrice de cabinet du président de la République

Les “gendarmes”

- Claire Bazy-Malaurie, membre du Conseil constitutionnel

- Jean-Ludovic Silicani, président de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep)

- Jean-Pierre Jouyet, président de l’Autorité des marchés financiers (AMF)

Les préfets

- Michel Cadot, préfet de la région Bretagne

- Christian Decharrière, préfet de la région Franche-Comté

- Michel Delpuech, préfet de la région Picardie

- Michel Jau, préfet des Yvelines

- Pierre Dartout, préfet du Val-de-Marne

- Pierre Bayle, préfet de l’Aisne

Les ambassadeurs

- Philippe Thiebaud, ambassadeur au Pakistan

- Philippe Étienne, ambassadeur représentant de la France auprès de l’Union européenne

Les patrons

- Henri de Castries, P.-D.G. d’Axa

- Pierre Mongin, P.-D.G. de la RATP
assalam o alykoum
h
25 mai 2012 12:43
méritocratie?? ou copinage??

quand est ce que les portes de la politique s'ouvreront aux autres?

ou est la democratie dans tout ça??
assalam o alykoum
o
25 mai 2012 13:01
et on reproche à Mohamed 6 de nommer Elhimma conseiller !!!!
h
25 mai 2012 13:07
Citation
omar625 a écrit:
et on reproche à Mohamed 6 de nommer Elhimma conseiller !!!!

les marocains connaissent mal la politique a "l'europeenne" , croient que tout est rose chez eux ...

confiance aveugle, naiveté ou meme ignorance ??

y a trop de copinage en politique, mais là c'est vraiment enorme, tous les postes clés de la société française passent d'une main a l'autre, a l'interieur d'un cercle ...


et ils osent parler de la democratie, que c'est le peuple qui choisi !!!
assalam o alykoum
o
26 mai 2012 03:29
Citation
habiiib a écrit:
méritocratie?? ou copinage??

Les deux.

Citation
a écrit:
quand est ce que les portes de la politique s'ouvreront aux autres?
ou est la democratie dans tout ça??

Quand ils se casseront le cul et seront assez bons pour entrer à l'ENA.
C'est pas un moulin l'ENA et on a beau être le plus grand fils à papa de la terre, si tu réussis pas le concours tu rentres pas.
M
24 avril 2013 09:42
Bonjour,
Promotion Voltaire de l’ENA, certes…
Mais Voltaire lui-même, qui était-il ?
Je vous invite à partager ma surprise, en consultant, si vous le voulez bien :
[voltairecriminel.canalblog.com]
Très cordialement,
Michel J. Cuny
 
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