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Proche-Orient, l'UE solidaire : par Laurent Fabius...
b
25 janvier 2006 14:48
Rebonds
Il nous faut aider à lancer une sorte de plan Marshall européen dans les territoires palestiniens.

Proche-Orient, l'UE solidaire

par Laurent FABIUS
QUOTIDIEN : mercredi 25 janvier 2006

Laurent Fabius député PS
de Seine-Maritime.





Je suis français, européen et socialiste, triple identité qui peut susciter en Israël une certaine réserve. Pourtant, il existe entre Israël et la France, entre Israël et l'Europe, entre Israël et la gauche, une proximité naturelle et une communauté de valeurs qui doivent nous aider à dépasser certaines incompréhensions récentes. Pourquoi nos relations ont-elles pu, ces dernières années, se distendre ? Le moment est venu de reconnaître que nous, Européens, légitimement soucieux d'une paix juste et durable entre vous et les Palestiniens, n'avons sans doute pas suffisamment mesuré le traumatisme créé dans la société israélienne par l'horreur des attentats-suicides et l'aspiration à la sécurité. Aucune cause ne justifie que la mort puisse frapper, au coin d'une rue ou à la terrasse d'un café, plongeant dans le deuil, non seulement des dizaines de familles, mais tout un peuple. Beaucoup de voix se sont élevées en Europe contre la réponse parfois apportée par Israël à ces crimes odieux. Déjà très éprouvée par une trop longue occupation, la société palestinienne a beaucoup souffert, des vies ont été brisées et des barrières ont été dressées. Mais ces voix ont-elles été aussi fortes et aussi nombreuses pour dire notre compassion à l'égard des victimes du terrorisme ? Ici comme partout, le terrorisme est le grand ennemi de la paix.

Je suis français, européen et socialiste, c'est-à-dire que je me sens à la fois pro-israélien et propalestinien. «L'irréductible droit de vivre», pour reprendre les mots que prononça François Mitterrand devant la Knesset en 1982, s'applique également au peuple israélien et au peuple palestinien et à tous les peuples qui vous entourent. Me semblent toujours essentiels les deux principes de la sécurité pour l'Etat d'Israël et du droit des Palestiniens à un Etat, un Etat viable qui ne soit pas d'emblée condamné par sa géographie. C'est en ami préoccupé uniquement par la paix, la sécurité et la solidarité que je rappelle ces deux principes.

Il ne peut y avoir de solution durable aux principaux conflits et désordres du monde sans de nouveaux liens de solidarité, c'est-à-dire sans une forme renouvelée de gouvernance mondiale. Dans le contexte de la mondialisation, certains croient que l'alliance du marché et de la force militaire peut apporter la prospérité et la sécurité. Je suis convaincu que la force sans le droit ne peut rien construire de durable : ainsi la situation chaotique à Bagdad et l'audience des groupes extrémistes dans la région montrent que la guerre d'Irak, à laquelle je me suis fermement opposé, n'a pas résolu les difficultés. De même, le marché sans la solidarité risque d'accroître les déséquilibres du monde. Nous ne pouvons pas nous satisfaire d'un monde où les 20 % les plus riches voient leurs revenus augmenter, alors que ceux des 50 % les plus pauvres baissent en chiffres réels. Nous avons besoin de davantage de solidarité.

Ces déséquilibres sont aussi écologiques. Vous savez qu'à l'heure de l'émergence de l'Inde et de la Chine les ressources de six planètes terres seraient nécessaires si l'ensemble de la population mondiale adoptait les mêmes modes de consommation de chaque Américain. Réchauffement climatique, biodiversité, risques de pandémie sanitaire, je me limiterai ici à deux enjeux qui vous touchent tout particulièrement : l'eau et l'énergie. Dans quelques années, 95 % des habitants du Moyen-Orient pourraient être affectés par des pénuries d'eau. Aujourd'hui, à l'échelle de la planète, un milliard d'individus n'ont pas accès à l'eau potable. Quant à l'énergie, la raréfaction des carburants fossiles est une réalité évidente. Le risque est de voir cette situation entraîner une multiplication des conflits sur les ressources, dont le Proche et le Moyen-Orient seraient les premières victimes.

Ma conviction est qu'une réponse efficace ne peut être que solidaire au sein même des nations et dans le cadre des grandes régions du monde qui doivent aller vers davantage d'intégration économique, politique et sociale. Ce combat pour la solidarité, je l'attends en particulier de l'Union européenne, car là est sa vocation même. Mais nous devons aussi penser et agir à l'échelle du monde : mise en oeuvre effective du protocole de Kyoto, préfigurant une Organisation mondiale de l'environnement ; meilleure prise en compte des normes de l'Organisation internationale du travail et interdiction du travail forcé ; réforme des institutions internationales, garantissant une représentation équitable et permanente à chaque continent, avec la création d'un Conseil de sécurité économique capable de prévenir les crises systémiques.

Oui, la solidarité est un facteur de sécurité. A l'échelle du Proche-Orient, Ariel Sharon, tout comme Yitzhak Rabin avant lui, a compris qu'une réponse militaire ne peut suffire à construire une paix durable. L'Europe et la France devraient prendre des initiatives concrètes pour aider le chemin de la paix.

Cela suppose d'abord de conforter les Palestiniens modérés, de les légitimer par notre reconnaissance et de leur permettre d'apporter des améliorations concrètes à la vie quotidienne des habitants de Gaza, de Cisjordanie et de Jérusalem-Est ­ c'est, d'ailleurs, une demande prioritaire de nombreux Israéliens. Il nous faut aider à lancer une sorte de plan Marshall européen dans les Territoires palestiniens et singulièrement à Gaza en veillant, plus que nous ne l'avons fait dans le passé, à ce que notre aide parvienne effectivement aux populations. J'insiste à cet égard sur l'enjeu essentiel de l'éducation, car l'éducation, aujourd'hui, c'est la violence ou la paix demain : la pédagogie pratiquée doit être conforme aux droits fondamentaux que nous nous sommes donnés et que nous souhaitons partager avec tous les pays de la région.

En parallèle, nous devons soutenir la société israélienne. La paix n'a rien à gagner de l'isolement d'Israël. Elle passe, certes, par le démantèlement de certaines implantations juives et la restitution progressive des territoires, mais nous devons être conscients que les Israéliens sont confrontés à des défis qui à bien des égards sont aussi les nôtres : l'emploi, l'éducation, la citoyenneté, l'intégration, les nouvelles technologies... Dans bien des domaines Israël a su développer des politiques innovantes qui justifient pleinement la défense et même le renforcement de l'accord de partenariat privilégié avec l'Union européenne. Je crois même que l'Union européenne devra à moyen terme établir avec son voisinage des relations beaucoup plus étroites ­ ce que j'ai appelé l'«Europe associée». Israël, tout comme demain l'Etat palestinien, a vocation à faire partie de cette série d'Etats associés à l'Europe.

Rien de durable ne se fera si la sécurité d'Israël n'est pas réellement garantie. Là encore l'Europe pourrait agir pour consolider les bases de la paix. Les offres de forces d'interposition ont jusqu'ici été rejetées notamment parce qu'irréalistes, insuffisantes et souvent perçues comme partiales ou déséquilibrées. Il s'avère souvent peu efficace de tenir le langage du droit si l'on ne dispose pas des attributs de la puissance. Je suis depuis longtemps partisan d'une armée européenne. Est-il utopique de penser que, en s'affirmant comme une véritable puissance, l'Europe pourrait préparer un traité de défense pour garantir la sécurité existentielle d'Israël autant que les bonnes conditions d'insertion et de développement d'un Etat palestinien ?

Une croissance durable et une expansion des échanges impliquent sécurité et dialogue. Ce dialogue ne peut exister sans reconnaissance mutuelle, sans acceptation et respect de l'autre. Je pense que tous les voisins d'Israël et les autres pays arabes devraient, comme l'ont déjà fait avec courage la Jordanie et l'Egypte, accepter cette forme de dialogue que seraient la reconnaissance d'Israël et l'établissement de relations diplomatiques normales avec lui. Je suis convaincu que cette reconnaissance, parce qu'elle apporterait un surcroît de sécurité à la population israélienne, serait aussi bénéfique à la cause palestinienne et ouvrirait la voie à de nouvelles concessions après le retrait de Gaza.

A très court terme, une meilleure intégration d'Israël dans son environnement proche pourrait être facilitée si votre Etat était accueilli dans les institutions de la francophonie. La France devrait plaider pour que la francophonie s'ouvre à Israël, où un million de personnes parlent, chaque jour, notre langue.

Enfin, s'agissant de stabilité du Proche-Orient, je voudrais redire la répulsion et l'inquiétude suscitées par les déclarations du nouveau président iranien, diatribes que l'on croyait appartenir à un âge révolu. J'aurais aimé que les divers pays d'Europe et la France rappellent pour consultation provisoire leur ambassadeur à Téhéran. Partisan d'une politique de fermeté, je pense que l'heure est venue, pour le Conseil de sécurité des Nations unies, d'examiner le dossier du nucléaire iranien. L'Iran est une grande nation, héritière d'une grande civilisation, une partie importante de sa population aspire à la démocratie. Nous ne devons pas nous faire les complices de l'orientation détestable que soutient son actuel président.

Les hommes et les femmes de paix, qu'ils soient israéliens ou palestiniens, n'attendent pas de nous, Européens, que nous transposions ici nos schémas anciens ou les séquelles de notre propre histoire. Ils attendent que nous les accompagnions sur le chemin de la paix. L'Europe doit respecter pleinement Israéliens et Palestiniens. Je souhaite que dans ce monde globalisé, tirant les leçons de l'expérience, nous soyons là pour vous aider sur le chemin de la sécurité et de la solidarité.

Cet article est extrait d'un discours prononcé lundi soir lors de la conférence Herzliya à Tel-Aviv.



source: Libération.





WAOUW!!! IL Y A AU MOINS UN ARGUMENT REFUTABLE PAR PARAGRAPHE!!!!
"Si les singes savaient s'ennuyer ils pourraient devenir des hommes." (Goëthe)
b
25 janvier 2006 18:56
c'est parce qu'il y a trop (même beaucoup trop!) de choses à dire sur cette tribune de FAFA que personne ne veut réagir? lol grinning smiley
"Si les singes savaient s'ennuyer ils pourraient devenir des hommes." (Goëthe)
s
26 janvier 2006 20:38
pfffffffff
D
26 janvier 2006 23:20
Re !


Il a déjà commencé sa campagne présidentielle ? No no

A ces socialos, ils ont vraiment du mal à prendre leur retraite ! thumbs down
Vivre sous occupation, c'est l'humiliation à chaque instant de sa vie ... Résister à l'occupation, c'est vivre libre !Aujourd'hui Gaza, demain Al-Qods !
b
26 janvier 2006 23:30
re djenine smiling smiley


un sujet comme celui-ci ne pouvait interesser que toi lol.

il faut croire que fafa se sent tellement hors jeu, qu'il ressent le besoin de s'attirer les sympathies de la diaspora juive en France.

encore une preuve que PS= PRO-israel...

il parle de terrorisme palestinien et gratifie le rôle de Sharon... et tellment d'autres aberrations encore!
D
26 janvier 2006 23:47
Ben mince alors ! Je vais voter pour qui en 2007 !


Si je procède pas élimination il me reste :

la LCR ! Euh non j'aime pas le rouge ! les Verts, euh non je ne suis pas trop écolo ! UDF ? Non j'aime pas les têtes à claque ! UMP ? je ne supporte pas le bruit du Karcher et l'odeur des bouzes de Corèze ! Le FN ? Euh non je ne suis pas trop Fear Factor !thumbs down

Je crois que le Kazastan s'approche !spinning smiley sticking its tongue out
Vivre sous occupation, c'est l'humiliation à chaque instant de sa vie ... Résister à l'occupation, c'est vivre libre !Aujourd'hui Gaza, demain Al-Qods !
b
27 janvier 2006 00:03
effectivement la présidentielle 2007 relève d'un vrai dilemne...

tu n'as toujours pas renoncé au Kazakhstan à ce que je vois lol?


winking smiley
h
27 janvier 2006 13:18
Bonjour Bulle et Djenine,
Bulle, quels sont pour toi les points refutables dans la tribune de Fabius?
Personnellement je trouve que son discours ressemble à celui de tous les hommes politiques français qui appartiennent aux partis du gouvernement. les deux seuls partis gouvernementaux qui ont un discours plus pro-palestinien sont les verts et les communistes. Reste que la cause palestienne n'est pas une cause nationale française et ni les verts ni les communistes (ni même la LCR!!) ne posera comme condition un "réequilbrage" de la politique française envers les palestiniens pour former un gouvernement avec le PS! personne ne fera une compagne éléctorale sur ce thème pour nous faire plaisir!!!
maintenant, si le seul problème que les maghrebins ont en france est la libération de la palestine, il vaut mieux dans ce cas de s'abstenir et rester en dehors du jeu politique. Si on pense par contre qu'on a d'autres soucis, dans ce cas vaut mieux voir ce que les uns et les autres proposent.
Je ne vais pas revenir sur la discussion qu'on a eu sur la droite et la gauche, mais j'aimerais bien rappeler quand-même que la gauche et la droite ce n'est pas la même chose, que le PS ne représente pas toute la gauche et que le PS n'est pas éternel! un parti quand il n'est plus en phase avec les aspirations de la société, il se marginalise! le parti communiste jusqu'aux années 70 était le premier parti de gauche en france avec des scores souvent au dessus des 20%! ceci n'a pas empêché le PS dans sa configuration actuelle en 10 ans de devenir le premier parti de gauche et de réduire les scores du PCF en peau de chagrin!
b
28 janvier 2006 00:09
bonsoir hux,

il y a beaucoup d'éléments sujets à controverse dans le discours de fabius. bien sûr ses prises de position semblent claires et nettes, et je n'en attendais pas moins de lui à la limite.

seulement le choix des mots est pervers dans cette tribune, il y a la diabolisation d'un camp avec des mots forts comme "terroriste", et pour l'autre camp, une tendance à politiser, et donc légaliser les actes du gouvernement actuels en place, ainsi que les choix politiques de l'homme fort de ce gouvernement. et tout cela est subtilement placé dans un discours démagogique, dans lequel on prône la paix et l'équilibre. l'inversement des rôles est aussi affligeant... cette manière de culpabiliser les "innocents" et d'innocenter les coupables.

l'hypocrisie de l'homme qui s'exprime est flagrante, et c'est ce genre de discours qui exporte le conflit ici en france, quand on essaie de créer des liens avec un pays dont l'histoire est peu liée à la notre. seulement après, on vient dire que ce sont les arabo-maghrébins-musulmans etjenesaisquoidautre qui exportent ce conflit pour développer l'antisémitisme.


si j'ai posté cet article, c'est parce qu'il me semblait interessant pour connaître les positions politiques d'un homme presque hors-jeu (si ce n'est déjà le cas). ce n'était en aucun cas à mettre en lien avec la présidentielle 2007, et je ne cherche pas à influencer les votes.
c'est la façon dont est tourné ce texte qui m'intéresse, mais j'avoue ne pas avoir eu le courage de reprendre les différentes subtilités de ce discours politique, ma foi on ne peut plus démagogique et malsain à la fois.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 28/01/06 00:09 par bulle.
"Si les singes savaient s'ennuyer ils pourraient devenir des hommes." (Goëthe)
a
28 janvier 2006 00:11
Citation
bulle a écrit:
bonsoir hux,

il y a beaucoup d'éléments sujets à controverse dans le discours de fabius. bien sûr ses prises de position semblent claires et nettes, et je n'en attendais pas moins de lui à la limite.

seulement le choix des mots est pervers dans cette tribune, il y a la diabolisation d'un camp avec des mots forts comme "terroriste", et pour l'autre camp, une tendance à politiser, et donc légaliser les actes du gouvernement actuels en place, ainsi que les choix politiques de l'homme fort de ce gouvernement. et tout cela est subtilement placé dans un discours démagogique, dans lequel on prône la paix et l'équilibre. l'inversement des rôles est aussi affligeant... cette manière de culpabiliser les "innocents" et d'innocenter les coupables.

l'hypocrisie de l'homme qui s'exprime est flagrante, et c'est ce genre de discours qui exporte le conflit ici en france, quand on essaie de créer des liens avec un pays dont l'histoire est peu liée à la notre. seulement après, on vient dire que ce sont les arabo-maghrébins-musulmans etjenesaisquoidautre qui exportent ce conflit pour développer l'antisémitisme.


si j'ai posté cet article, c'est parce qu'il me semblait interessant pour connaître les positions politiques d'un homme presque hors-jeu (si ce n'est déjà le cas). ce n'était en aucun cas à mettre en lien avec la présidentielle 2007, et je ne cherche pas à influencer les votes.
c'est la façon dont est tourné ce texte qui m'intéresse, mais j'avoue ne pas avoir eu le courage de reprendre les différentes subtilités de ce discours politique, ma foi on ne peut plus démagogique et malsain à la fois.


tres pertinente et juste ton analyse , bravo
"L'orgueil du savoir est pire que l'ignorance"
b
28 janvier 2006 00:16
merci rifton smiling smiley


je ne sais pa si c'est pertinent mais c'est mon point de vue, il faudra s'y faire smiling smiley
h
30 janvier 2006 10:17
Bonjour Bulle,
je reviens sur deux points que tu as relevés dans le discours de Fabius.
- Sur le terrorisme, curieusement c'est sous la droite et précisement quand de Villepin était ministre des Affaires Etrangères que le quai d'Orsay a commencé à utiliser le mot terroriste pour les attentas-suicides. Je te renvoie au post sur le PS pour voir la différence du ton des communiqués du Quai d'Orsay sous Vedrine et de Villepin. [www.yabiladi.com]

- sur l'histoire peu liée à celle de la France. Je te rappelle que ce sont les français qui ont aidé dans les années 1950 Israël à développer son arsenal nucléaire!
Je te copie aussi des extraits du discours de de Villepin lors d'une visite officielle en Israël pour voir que son discours est aussi "hypocrite" que celui de Fabius.
Visite en Israël

Discours de Monsieur Dominique de Villepin,

ministre des Affaires étrangères

à l’hôtel King David

(Jérusalem, Dimanche 25 mai 2003)

Mesdames et Messieurs les ambassadeurs,

Mesdames et Messieurs,

Je suis heureux d’être parmi vous, ici dans cette ville de Jérusalem, que je retrouve avec une grande émotion. Et je vous remercie pour votre accueil.

Une fois de plus le Moyen-Orient vient de connaître l’épreuve d’une guerre, une fois de plus nous sommes confrontés au terrorisme et à l’intégrisme, toujours à la haine et à l’intolérance : c’est un immense défi, que nous devons relever ensemble. Nous le voyons bien : l’insécurité crée l’urgence, crée l’exigence.

Et au-delà des circonstances, le rendez-vous entre nos deux nations est dicté par une ambition commune. C’est pour cela que nous devons donner un élan, un nouvel élan à nos relations. Recréons la confiance, développons l’échange, le dialogue et la coopération et ce dans tous les domaines où israéliens et français aspirent à faire fructifier leur héritage, à mobiliser leur énergie pour construire l’avenir : l’art, la science, la culture, la recherche.

Terre chargée d’histoire, Israël est un pays moderne, témoignant de sa créativité, de sa victoire sur l’adversité, mais aussi de son aptitude à transmettre les valeurs que son peuple véhicule depuis toujours. Une démocratie vivante, une mosaïque de cultures, riche d’une capacité économique et technologique de premier plan, de grande densité, la plus grande densité de scientifiques au monde.

Berceau du peuple juif, Israël est devenu son refuge et sa patrie après des siècles de dispersion marqués par les plus grandes souffrances. Vous en avez gardé, avec raison, le devoir d’inquiétude et de vigilance. Ceux qui ont construit l’Etat d’Israël ont fait le serment que jamais plus les Juifs ne seraient livrés aux forces aveugles de la haine et de la barbarie. Votre pays témoigne aujourd’hui de cet engagement. Rappelons-nous les propos d’André Malraux : "Israël porte sur son visage le plus ancien passé du monde et l’Etat d’Israël n’est que le plus récent chapitre de l’histoire d’Israël ".

C’est chez vous, en juin 2002, que j’ai effectué l’un de mes premiers déplacements. J’y reviens aujourd’hui avec deux objectifs : imprimer une nouvelle dynamique à la relation franco-israélienne ; marquer ma conviction que la nouvelle chance qui est donnée à la paix peut et doit être saisie.


La France entretient avec votre pays une relation passionnée, et parfois même passionnelle, fondée sur des liens profonds, marquée par des moments forts, certains heureux, d’autres tragiques, éclairée par tant de nos compatriotes. Enrichie, enfin, par les liens multiples qui existent aujourd’hui entre nos peuples.

Il s’agit là de plus de deux siècles d’histoire universelle, commençant avec une double rencontre : celle de la Haskala juive et des Lumières européennes, et surtout celle de la France de 1789 et de l’Emancipation, à partir de laquelle s’est forgée la modernité juive. Léon Blum le rappelait : " L’émancipation des Juifs a été l’un des piliers de la mise en application réelle, immédiate, des idéaux de la Révolution française. La naissance du Juif moderne - avec sa dignité de citoyen et son intégrité d’homme libre - est venue de cette grande accoucheuse de libertés que fut la Révolution".

Emancipation individuelle, dont l’abbé Grégoire fut le maître d’œuvre intellectuel, mais aussi émancipation collective avec la création du premier Consistoire par Napoléon Bonaparte. Une nouvelle ère s’était ouverte avec la Déclaration des Droits de l’Homme, qui appelait à la reconnaissance de tous les citoyens et les unissait dans la même universalité. Ce sont ces principes, proclamés par la Révolution, qui furent portés sur le pourtour méditerranéen par la première association francophone internationale dans l’Histoire, l’Alliance Israélite Universelle, véhiculant un message d’ouverture et de partage, et enseignant dès sa création les valeurs de la République aux futurs citoyens de l’Etat juif.
Aujourd’hui, portés par cette histoire, nous devons réfléchir ensemble à la manière de construire l’avenir. Car dans le cœur des Français, votre peuple éveille de vives résonances : celle de la tragédie, celle de la capacité créatrice, celle d’un devoir de paix partagée. La Shoah appartient à votre histoire, à notre histoire, à celle de toute l’humanité. En me rendant il y a un an au mémorial du Yad Vashem, je me suis incliné devant l’immensité de la souffrance et de l’horreur vécue. La France, par la voix du Président de la République dans son discours du Vel d’Hiv en 1995, a reconnu la responsabilité de l’Etat français dans le drame de la déportation des juifs de France. Il l’a encore rappelé il y a quelques jours : la France est " à jamais inconsolable " de cette " faute inexpiable ".
La volonté de notre pays de rétablir la justice a amené le gouvernement français à créer la Mission d’étude sur la spoliation des Juifs de France, puis à appliquer ses recommandations : en particulier la création de la Commission d’Indemnisation des Victimes de Spoliations, et de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Le préjudice moral reste imprescriptible. Tous ces noms, toutes ces âmes du martyre rappellent chaque jour à notre conscience la part obscure qui se tapit en tout homme. Ils rappellent à la France et à l’Europe leur devoir de paix et de tolérance, leur devoir de mémoire devant un drame dont jamais le souvenir ne devra être banalisé. Et si la France et l’Europe portent en elle depuis toujours la marque créatrice du peuple et de l’identité juive, elles n’oublient pas aujourd’hui, après cinquante années d’efforts pour construire un espace de paix et de partage, qu’elles doivent en grande partie l’énergie d’accomplir ce devoir au rejet absolu de l’horreur et de la barbarie qu’a du subir le peuple juif.

Chers amis,
Entre la France et Israël, entre les Français et le peuple juif, il y a une relation du cœur. En pleine affaire Dreyfus, le père d’Emmanuel Levinas ne rappelait-il pas, paradoxalement, " qu’un pays où l’on se déchire à propos du sort d’un petit capitaine juif est un pays où il faut aller " ?
Très tôt, la France a compris la vigueur du mouvement qui entraînait l’immigration de Juifs venus de toute l’Europe vers la Palestine mandataire. Très tôt, elle a reconnu le miracle de la renaissance de la langue hébraïque après vingt siècles d’absence. D’une certaine manière, elle en fut même le berceau, comme le raconte Eliezer Ben Yehouda, le fondateur de l’hébreu moderne : " c’est dans une des rues de Paris, dans un café du boulevard Montmartre, que je me mis à parler l’hébreu, pour la première fois, avec un de mes amis, assis à une table ronde où étaient servies deux tasses de café noir ". C’est bien au cœur de Paris que votre langue a resurgi de ses longues années de sommeil, et au-delà de l’anecdote, comment ne pas y voir le signe d’un avenir à construire ensemble ?

La France et le peuple juif, c’est deux histoires qui se croisent et se répondent. D’un côté, le premier grand monothéisme, fondant les règles d’une morale universelle. De l’autre, le pays des droits de l’homme, des idéaux des Lumières, une France reconnaissant dès l’origine la vocation spirituelle du peuple juif. Ces deux pensées universelles sont aujourd’hui indissociables, tant elles se doivent l’une à l’autre.

Je garde la mémoire de tous les Juifs de France qui ont marché vers la mort ; nous nous souvenons aussi des justes français qui se sont mobilisés pour sauver tant de vies. Marqué par le souvenir des années noires, le peuple français s’est mobilisé pour la création de l’Etat d’Israël. La France a défendu votre place à part entière dans la communauté des Nations. Elle a été l’une des premières à reconnaître l’Etat d’Israël et à lui apporter un soutien résolu lors des années les plus difficiles de cette renaissance. Nous avons en commun d’immenses atouts, que nous devons utiliser davantage.

D’abord, la communauté francophone d’Israël, qui tisse un lien si fort entre nos deux sociétés. Israël, second pays francophone du Proche-Orient, a vocation à adhérer à l’Organisation internationale de la Francophonie. Nous souhaitons plus que jamais, comme l’avait souligné le Président de la République ici même en octobre 1996 au Président Weizmann, qu’Israël soit admis dès que possible au sein de cette Organisation.

Ensuite, la communauté juive de France, qui est une chance pour la France. Elle est la deuxième dans le monde en dehors d’Israël, et joue un rôle majeur dans notre pays. La France ne serait pas ce qu’elle est sans Marcel Proust, Léon Blum, René Cassin, Albert Cohen et tant d’autres, aujourd’hui comme hier. Nous gardons le souvenir de ce lignage. Ces Français, fortement attachés au génie du judaïsme puis à Israël, tissent un lien privilégié entre nos deux pays. Je leur renouvelle ma reconnaissance et mon engagement attentif face aux inacceptables provocations de certains afin qu’ils puissent pleinement vivre et s’épanouir au sein de notre République. L’antisémitisme est intolérable. Le peuple français et le gouvernement sont mobilisés pour le combattre sous toutes ses formes.

Il nous appartient de donner un souffle nouveau à nos relations. Ensemble, convaincus qu’il ne faut pas laisser s’éroder la relation entre nos deux pays, nous avons eu à cœur de la restaurer. Je me souviens de l’entretien pour lancer cette idée que j’ai eu avec mon ami Shimon Péres. Je le salue. La France constitue l’un des principaux fournisseurs d’Israël, son troisième partenaire au plan scientifique et le seul pays européen à déployer une présence culturelle dans tout votre pays avec nos centres de Haïfa, Beer Sheva et Nazareth. Notre pays est aussi votre deuxième destination touristique. Et l’Europe constitue aujourd’hui votre premier partenaire commercial.

Nos liens sont intenses et ne demandent qu’à s’épanouir, à se diversifier. Nous avons désigné du côté français le Professeur David Khayat, éminent cancérologue, grand homme que j’estime et que je salue, présent parmi nous, pour faire des propositions audacieuses. Je me réjouis que vous veniez de nommer M. Yéhuda Lancry, ancien Ambassadeur en France et haute personnalité culturelle comme co-président israélien. Sachez que je veillerai à ce que les conclusions des travaux de ce groupe soient appliquées.

Dans ce cadre, de part et d’autre, des projets ambitieux ont été préparés dans tous les domaines, du dialogue politique à la coopération scientifique, commerciale, culturelle et universitaire. Et permettez-moi de vous annoncer, pour souligner notre engagement et notre confiance, que la France bâtira à Tel Aviv, haut lieu de la création contemporaine dans le monde, un nouvel institut français, à la mesure de la vitalité culturelle de nos deux pays. Espace de rencontre et d’échange où pourront débattre intellectuels, artistes et hommes de science français et israéliens, il aura vocation à devenir un foyer de rayonnement pour la culture française comme pour la francophonie.

Relançons également notre dialogue politique dans tous les domaines : sécurité, lutte contre la prolifération et le terrorisme, gestion des conflits. Face aux nouvelles menaces, nous avons le devoir de travailler ensemble, avec toute la communauté internationale. Le peuple israélien, qui est durement frappé par le terrorisme, connaît cette exigence. Nous comprenons ce que ressentent les Israéliens depuis de trop longs mois, depuis des années. La menace du terrorisme hante ici chaque famille. Le sentiment d’insécurité avive une angoisse permanente. L’horreur des attentats nous révolte, comme elle vous révolte. La France condamne tous les actes terroristes. Elle lutte sans merci, avec tous ses partenaires de la communauté internationale, contre ce fléau.
La France n’a jamais transigé sur la sécurité de votre pays. Israël a droit à une sécurité pleine et entière. Cela passe par la construction d’une paix fondée sur la justice. C’est le sens de l’engagement de la France au Proche-Orient. Nous comprenons qu’Israël mette au premier plan de ses préoccupations la sécurité de ses concitoyens, et nous serons toujours à ses côtés contre le fanatisme, contre la haine et la violence. C’est précisément pour cela que nous ne devons pas laisser la logique de l’affrontement l’emporter sur la volonté de réconciliation, à un moment où se dessine peut-être la perspective d’une nouvelle chance.

La paix, en effet, se construira dans le respect des identités et des droits des peuples. Le droit du peuple israélien à vivre en pleine sécurité dans des frontières sûres et reconnues. Le droit à s’intégrer dans son environnement régional et à être reconnu par tous. Vos voisins, peu à peu, le reconnaissent, à la suite des Egyptiens, courageux pionniers de la paix, en 1978, puis des Jordaniens en 1994.
Ce droit absolu s’impose désormais comme une nécessité dans la région. Tous les Etats arabes, par la résolution du Sommet de Beyrouth de mars 2002, ont proposé une normalisation des relations avec Israël dès lors que les territoires occupés seraient évacués. Cela signifie qu’il n’y a plus aujourd’hui de vraie contestation portant sur l’existence d’Israël dans ses frontières internationalement reconnues, et si contestation il devait y avoir, elle rencontrerait l’opposition résolue de la France.
h
30 janvier 2006 10:20
pour le discours voici le lien

[www.diplomatie.gouv.fr]
b
30 janvier 2006 11:56
bonjour hux,


ce que j'essaie de t'expliquer, c'est que je ne cherche pas à mettre en opposition droite et gauche dans les rapports qu'ils entretiennent avec israel. il se trouve que j'ai lu cet article dans libération, et j'ai pensé qu'il pourrait intéresser certains.

sache que je ne me place avec ce post, aucunement dans l'optique des présidentielles. la tribune est de fabius, soit, mais je l'aurais posté aussi si elle avait été rédigée par un homme politique d'une autre mouvance.


encore une fois, ce que je trouve intéressant dans ce texte, et on peut en dire autant de celui que tu as posté écrit par de Villepin, est le schéma argumentaire utilisé (je ne sais pas si cette expression que j'invente est claire lol).


en outre, je suis tout à fait d'accord avec la pertinence de tes propos.

voilà, je ne fais donc pas une campagne pro-droite et anti-gauche. à vrai dire, mes convictions politiques sont quasiment nulles pour ne pas dire inexistantes.


encore une chose: je ne pense pas que la vente d'armes à israel puisse être considéré comme un lien historique avec le pays. même si effectivement, cela a contribué au développement d'israel


bien à toi smiling smiley
"Si les singes savaient s'ennuyer ils pourraient devenir des hommes." (Goëthe)
h
30 janvier 2006 12:29
Bonjour Bulle,
je sais que tu es ni pour la gauche ni pour la droite! et comme je ne suis pas français on ne peut pas me taxer de rouler non plus pour le PS!! pour moi, comme je l'avais dit auparavant, les politiciens français, mis à part l'extrême gauche, fontt tous allégeance à Israël, chaque fois qu'elle le peut. Est-ce par culpabilité envers leur passé ou par l'existence d'un fort lobby juif en france? A mon avis les deux. La cause palestinienne, à mon sens, n'est pas le critère le plus probant, pour choisir entre la gauche et la droite en France ou ailleurs en Occident! (et là je ne m'adresse pas particulierement à toi Bulle).
Pour les liens, si tu as bien lu les propos de Villepin, tu remarqueras que lui ces liens ils les remontent aux lumières!! pour lui, Israël n'est que la continuité de ce qu'étaient les juifs en Europe et tout ce qu'ils ont apporté à la culture occidentale!! la phrase de Malraux qu'il cite est aussi très éloquante!! Israël n'est pas un pays de 58 ans mais le dépositaire de tout l'héritage juif depuis toujours! Faire mieux dans l'obséquiosité, ce serait difficile!
Pour les armes, la France n'a pas aidé les arabes à avoir l'arme atomique alors qu'on nous rabache tout le temps avec 'la politique arabe de la france' et l'histoire commune qu'on a en héritage des deux côtés de la méditerranée
a
30 janvier 2006 14:08
hux
je ne vois pas ce qu' a dit villepin d'extraordinaire ds son discours ???? pour pouvoir en tirer des conclusions !!!

saches que cette visite a été effectuée suite a des circonstances particulieres , la tension avait atteint son apogée entre israel et la france (de chirac) donc villepin a fait un discours dans un souci d'appaisemnt , c pas sorcier a comprendre
de la a comparer les positions de chirac et villepin sur la question palestinienne avec celles des socialistes c un peu grotesque tu trouves pas
c pas villepin mais hollande and co qui vont faire les toutous chez le crif

des liens si tu veux sur ce que pense les sionistes de cvillepin , en voila:
[villepin.over-blog.com]



Modifié 1 fois. Dernière modification le 30/01/06 14:10 par rifton75.
"L'orgueil du savoir est pire que l'ignorance"
h
30 janvier 2006 14:48
rifton, quand de VIllepin dit:
"Relançons également notre dialogue politique dans tous les domaines : sécurité, lutte contre la prolifération et le terrorisme, gestion des conflits. Face aux nouvelles menaces, nous avons le devoir de travailler ensemble, avec toute la communauté internationale. Le peuple israélien, qui est durement frappé par le terrorisme, connaît cette exigence. Nous comprenons ce que ressentent les Israéliens depuis de trop longs mois, depuis des années. La menace du terrorisme hante ici chaque famille. Le sentiment d’insécurité avive une angoisse permanente. L’horreur des attentats nous révolte, comme elle vous révolte. La France condamne tous les actes terroristes. Elle lutte sans merci, avec tous ses partenaires de la communauté internationale, contre ce fléau." Ces paroles, il ne les reniera pas sous aujourd'hui! le climat tendu entre Israël et la france ne lui permet pas de ne pas différencier entre les attentats commis contre Israël qui n'ont qu'une portée nationale et ceux de type Al Qaida par exemple! le Hamas (comme le Hizbollah) est un mouvement nationaliste qui a pour but de libérer son pays et qui ne rentre en aucun cas dans une stratégie djihadiste internationaliste chère à Al-Quaida. Faire l'amalgame sciemment comme le fait de Villepin est grave et rejoint dans ça tous les prosionistes.
depuis l'arrivée de de Villepin au Quai d'Orsay, le discours de son ministère était de considérer ces attentats comme actes terroristes condamnables et qui n'ont aucune justification! ce discours tranchait avec celui d'un certain Vedrine...même aux yeux des prosionistes!!!!! voici un petit aprerçu (c'est du réchauffé mais c'est toujours d'actualité):

Hubert Védrine est parti, son vocabulaire aussi... Le Quai d'Orsay, qui a pendant 5 longues années refusé de qualifier de " terroristes " les attentats qui se produisaient en Israël, semble avoir changé de vocabulaire depuis l'arrivée de Dominique de Villepin. En effet, nous avions remarqué dans OPO du 25 avril que les attentats commis en Israël n'étaient jamais qualifiés de " terroristes " alors que ceux qui se produisaient ailleurs l'étaient toujours. Les choses semblent avoir changé depuis le changement de gouvernement et la tonalité générale des interventions de M. de Villepin est différente de celle de son prédécesseur. Voici pour mémoire comment le Quai d'Orsay commentait auparavant les attentats sous Védrine : " Point de presse du Quai d'Orsay du 20 mars 2002 PROCHE-ORIENT La France condamne l'attentat horrible commis ce matin dans un bus en Israël. De tels actes criminels ne doivent pas dissuader les parties de s'engager dans la voie tracée par la résolution 1397 : la cessation de toutes les violences et la reprise des négociations politiques. " Et voici maintenant la nouvelle tonalité du Ministre des Affaires étrangères et de son administration : 5 juin 2002, déclaration de M. de Villepin : " Je voudrais vous dire ma réaction et mon émotion après l'attentat d'Haifa. La France condamne avec la plus grande fermeté le nouvel attentat terroriste commis à Meggido ce matin près d'Haifa en Israël. Aux victimes, à leurs proches, au peuple israélien meurtri, la France tient à exprimer sa profonde compassion dans l'épreuve qui les frappe. Des actes d'une telle barbarie déshonorent ceux qui s'en rendent coupables et desservent la cause qu'ils prétendent défendre. Aucune lutte politique, rien ne peut justifier de tels crimes. Cette tragédie rend plus urgentes que jamais la lutte contre le terrorisme et la relance du dialogue politique. 18 juin 2002, déclaration de M. de Villepin : " Je voudrais dire toute mon horreur et ma révolte après le nouvel attentat terroriste perpétré ce matin à Jérusalem. Aux familles des victimes de cet acte barbare, au peuple israélien, j'exprime la vive sympathie de la France dans le malheur qui les frappe. Comme je l'ai déjà souligné, de tels actes discréditent leurs auteurs et desservent la cause qu'ils prétendent promouvoir. Le peuple palestinien ne doit pas être l'otage des terroristes. Chacun doit le comprendre en ces temps où la communauté internationale se mobilise pour faire avancer la paix ". 20 juin 2002, déclaration de M. de Villepin : " Le terrorisme a encore frappé aujourd'hui à Jérusalem. Je condamne ce nouvel attentat de la façon la plus ferme. Rien ne justifie l'utilisation du terrorisme contre des innocents. Je pense aux victimes, à leur famille, au peuple israélien tout entier, à qui je souhaite dire ma profonde émotion. " Nous noterons simplement qu'à peine une semaine après l'arrivée de M. de Villepin au Quai d'Orsay, les attentats en Israël sont devenus " terroristes " et la compréhension pour leurs auteurs et leur " désespoir " a disparu.
[moise.sefarad.org]

Je le répète encore une fois, la droite et la gauche gestionnaires sont à mettre dans le même panier!
b
30 janvier 2006 21:18
de toute façon, la droite pro-arabe je n'y crois pas. par contre, la gauche sioniste oui.
"Si les singes savaient s'ennuyer ils pourraient devenir des hommes." (Goëthe)
h
31 janvier 2006 09:36
Citation
bulle a écrit:
de toute façon, la droite pro-arabe je n'y crois pas. par contre, la gauche sioniste oui.
Bonjour Bulle,
jolie phrase smiling smiley
je suis tout à fait d'accord avec toi! mais à gauche du PS, tu as de vrais amis des palestiniens! moi je me rappelle de toutes les manifestations que le PCF organisait en soutien aux palestiniens dans la région où j'habite. J'ai eu la chance d'y rencontrer le feu Toufik Zyad qui était un grand poète palestinien de l'intérieur et ancien maire de Nazareth. Ils avaient également invité Laabi pour présenter une pièce théâtrale qu'il avait écrite sur la palestine...même au sein du PS, les choses ne sont pas aussi catégoriques comme on semble le croire! voici un article de Politis sur le PS et l'affaire Boniface

Proche-Orient : le trouble des socialistes
Denis Sieffert

L’apparition d’un cercle animé par des amis de M. Strauss-Kahn accentue le malaise de nombreux socialistes à propos de l’attitude du parti à l’égard du conflit israélo-palestinien. L’absence de débats met en évidence des prises de position individuelles qui finissent par identifier le PS à la politique coloniale israélienne. Comme si les socialistes français avaient suivi la dérive d ?une certaine gauche israélienne. Retour sur une longue histoire.


Le conflit israélo-palestinien fait tanguer le parti socialiste. Certes, le vieux navire en a vu d’autres. Mais plusieurs responsables de fédérations constatent que le fossé se creuse dangereusement entre une base très majoritairement pro-palestinienne et une direction perçue, à tort ou à raison, comme pro-israélienne. L’affaire Boniface, au printemps dernier, avait agi comme un révélateur. Et la récente création dans la mouvance socialiste d’un Cercle Léon-Blum, aux desseins pour le moins ambigus, relance le débat. On se souvient qu’au lendemain du congrès de Dijon, en mai dernier, le directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) avait été sèchement relevé de ses fonctions de délégué national. Le torchon brûlait avec une partie de la direction depuis que l’expert en relations internationales avait adressé à François Hollande, Premier secrétaire du PS, et Henri Nallet, alors président de la commission internationale, une note dans laquelle il conseillait un rééquilibrage de la position du parti dans le conflit israélo-palestinien. Pascal Boniface estimait notamment « qu’on ne peut mettre sur un même plan l’occupant et l’occupé ». Il notait encore qu’on « ne combattra pas l’antisémitisme en légitimant l’actuelle répression des Palestiniens par Israël ». Et il concluait en mettant en garde la direction du PS contre le sentiment de jeunes Beurs de banlieue : « Une attitude jugée déséquilibrée au Proche-Orient ­ et bien sûr, pensent-ils, une fois de plus en défaveur des Arabes vient confirmer que la communauté arabo-musulmane n’est pas prise en compte ou est même rejetée par la famille socialiste. » Il n’en fallait pas plus pour que cette note, et une tribune dans Le Monde du 4 août 2001 qui en reprenait l’essentiel, soit jugée « à la limite de l’antisémitisme » par l’ambassadeur d’Israël en France, Élie Barnavi. Le signal était donné pour ce que Pascal Boniface a qualifié de « fatwa à Paris » (1). Messages de haine, insultes, menaces physiques, pressions sur le conseil d’administration de l’Iris pour obtenir le licenciement du paria, l’affaire a rapidement pris une ampleur insoupçonnée. Ainsi, le député UMP Pierre Lellouche, membre du CA de l’Iris, démissionna de cette instance et ne manqua pas de le faire savoir à l’hebdomadaire Actualités juives.

L’étonnant, au-delà de la disproportion des réactions d’hostilité en regard du propos de Pascal Boniface, c’est la rapide propagation de l’information sur la place publique. Un homme joua dans cette campagne un rôle particulier. Il s’agit de l’un des responsables de la fédération socialiste du Val-de-Marne, Laurent Azoulay. La haine tenace, il diffusait dans le parti, au lendemain du 21 avril 2002, une lettre circulaire sobrement titrée : « Le Pen doit remercier Pascal Boniface. » Il y spéculait sur le fait que la prise de position du délégué national aurait poussé « une grande partie de la communauté juive » à « massivement » apporter son soutien à Alain Madelin... « l’un des rares candidats, ajoutait-il, à prendre une position claire et courageuse sur le Proche-Orient ». Puis, comme se ravisant devant l’énormité de son propos, Laurent Azoulay ajoutait : « Le vote juif n’existe pas... sauf quand on le provoque. »

Un an et demi après, et avec ses prolongements du congrès de Dijon, l’affaire Boniface reste aujourd’hui encore comme un traumatisme au sein du parti. « La direction n’a pas été courageuse », avoue un haut responsable socialiste qui a requis l’anonymat. Ce qui tendrait à prouver que le courage en la matière n’est décidément pas facile. Rares ont d’ailleurs été ceux qui ont osé s’émouvoir directement du départ de l’expert auprès de François Hollande. C’est le cas notamment de la sénatrice Monique Cerisier Ben Guiga. Dans une lettre adressée au Premier secrétaire en juillet 2003, elle estimait que « l’engagement pro-israélien inconditionnel de la direction de notre parti contredit ses principes et lui fait perdre beaucoup d’audience en France et dans le monde ». Guy Lengagne, député du Pas-de-Calais, au retour d’une mission en Israël et en Palestine, écrivait avoir eu « honte » « en tant que socialiste » en apprenant la mise à l’écart de Pascal Boniface. Mais à la base du parti, on n’a guère eu vent de ces protestations. Et on ignore plus encore les critiques formulées dans les couloirs de la rue de Solferino. D’où le sentiment qu’une chape de plomb s’était abattue sur le parti.

La plaie encore vive s’est rouverte avec l’apparition publique d’un Cercle Léon-Blum où se retrouvent quelques-uns des censeurs les plus opiniâtres de Pascal Boniface, à commencer par Laurent Azoulay lui-même, qui en est le président. Créé en mai dernier, ce cénacle se présente comme l’instrument d’une bataille sans concessions pour les valeurs de la République, pour la laïcité, et contre l’antisémitisme. Autant d’objectifs louables. Mais dans sa première expression publique, un quatre pages diffusé à l’université d’été du PS, fin août à La Rochelle, les responsables du cercle ne manquaient pas de s’en prendre vivement à Pascal Boniface, décidément l’homme à abattre. Plus éclairant encore : la secrétaire générale adjointe du cercle, Véronique Bensaid, signait le seul article de ce document (hormis la présentation du cercle lui-même) sous le titre « Sionisme antisionisme », qui laissait supposer que la défense des valeurs de la République ne serait peut-être pas la seule vocation du nouveau club de discussion. L’auteur y définissait le sionisme comme « le mouvement politique de libération national du peuple juif », et une « variante du socialisme européen ». Ce qui en effet condamne les Palestiniens à un antisocialisme définitif... Plus fâcheux encore, Véronique Bensaid constatait avec effroi que « l’antisionisme nous dépeint le sionisme comme un mouvement colonial. » Connaissant mal l’histoire du mouvement dont elle se réclame, la responsable du Cercle Léon-Blum semble ignorer que ce ne sont pas les « antisionistes », mais le fondateur du sionisme, Theodor Herzl lui-même, qui définissait le sionisme comme « un mouvement colonial » (2). Enfin, et pour faire bonne mesure, elle récusait le mot « colonie », qui ne peut être, selon elle, que « l’exploitation d’un territoire étranger ». « Peut-on parler de territoire étranger, s’interrogeait-elle, lorsque le lien qui unit les juifs à Israël est ancestral ? » À lire ces lignes, on éprouve un sérieux malaise. En effet, s’il n’est plus permis d’employer le mot « colonie » pour désigner les implantations israéliennes en Cisjordanie et à Gaza, c’est que ces territoires sont unis à Israël par un « lien ancestral ». On le voit, un tel discours reproduit jusqu’à la caricature l’embrouillamini habituel confondant l’existence d’Israël dans les frontières de 1967 et les rêves annexionnistes de la droite israélienne dans les territoires palestiniens. D’où l’idée qui se répand, chez beaucoup de militants, que le Cercle Léon-Blum est surtout destiné à instrumentaliser la lutte pour la laïcité et contre l’antisémitisme au profit d’un soutien à la politique d’Ariel Sharon. D’autant plus que le document n’évoque à aucun moment les droits des Palestiniens à un État aux côtés d’Israël. Les craintes n’ont pas été dissipées, c’est le moins que l’on puisse dire, par la furieuse réunion du cercle, dimanche 23 novembre. Ils étaient quelque cinq cents personnes dans une salle des fêtes de la mairie du XIIIe arrondissement en surchauffe où dérapages et surenchères se sont multipliés, mêlant tout : antisémitisme, antisionisme, forum social européen, islamisme...

Une salle saisie par le délire quand un orateur s’est exclamé : « Oui, antisionisme égale antisémitisme » pour mieux inviter une assistance tout acquise « à comprendre l’attitude de Sharon ». À la sortie, un militant parisien qui avait espéré autre chose commentait, désabusé : « J’ai assisté à une grand-messe bien pro-israélienne et bien sectaire ». Mais il est vrai que le cercle Léon-Blum, s’il s’inscrit dans la mouvance socialiste, n’est pas une officine du parti. Il n’empêche ! Son discours, d’une impeccable homogénéité (3), couvrira pour longtemps la parole officielle du parti.

Lire l’ensemble de notre dossier dans Politis n°777

Un reportage dans la fédération de Haute-garonne du parti socialiste à Toulouse et un entretien avec Pierre Moscovici


1) Est-il permis de critiquer Israël ?, Pascal Boniface, Robert Laffont,2003

(2) Voir notamment une lettre de Herzl à Cecil Rhodes, colonisateur britannique de l’Afrique australe, citée par Alain Gresh, Israël-Palestine, vérité sur un conflit, Fayard, 2002.

(3) Homogénéité doctrinale à peine ébréchée par François Hollande, et surtout Bernard Kouchner, qui se gardèrent de flatter la salle.(2) Voir notamment une lettre de Herzl à Cecil Rhodes,

[www.politis.fr]
b
31 janvier 2006 20:43
bonsoir hux,

merci pour l'article.

aujourd'hui, au ps, il ne reste plus de "pascal boniface". et quand bien même il y en aurait, tu es d'accord avec moi que ce ne sont pas ceux-là qui sont au devant de la scène.
par ailleurs, si pascal boniface s'est retiré, c'est bien à cause des dérives sionistes de ce parti.
"Si les singes savaient s'ennuyer ils pourraient devenir des hommes." (Goëthe)
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