Menu
Connexion Yabiladies Ramadan Radio Forum News
Le Proche-Orient, l’avenir et nous
2
24 novembre 2004 20:41
La mort de Yasser Arafat laisse un grand vide et fait naître de nombreuses questions quant à l'avenir du conflit et du processus de paix. Du côté des Palestiniens, la mort d'un symbole, du « Vieux » leader charismatique de plus d'un demi-siècle de résistance, est perçue comme le dernier épisode d'un interminable drame : Arafat n'a pas obtenu d'Etat et rien ne semble présager que les Palestiniens l'obtiendront. Ces derniers sont plus pessimistes que jamais. De son côté Ariel Sharon affirmait, avec l'accord implicite de Washington, qu'Arafat était un obstacle à la paix : avec sa disparition, Sharon comme Bush affirment que « quelque chose » est à nouveau possible. Peut-on encore les croire ? Plus de treize ans après les accords d'Oslo, de négociations en accords intermédiaires, de plans de paix en feuille de route, qu'ont donc obtenu les Palestiniens ? Rien, et la situation a gravement empiré avec la pauvreté, l'isolement, la politique sécuritaire, la construction du mur de la honte en Cisjordanie et plus de 4100 maisons détruites par les forces armées israéliennes ces quatre dernières années, sans compter la multiplication exponentielle des colonies de peuplement... Quels (faux) espoirs entretenir ? Comment faire encore confiance à Bush ou croire que Sharon veut vraiment la paix ? Même le retrait de Gaza sonne faux dans l'esprit des Palestiniens : ils prennent au mot, et sans l'ombre d'une hésitation, le chef de cabinet de Sharon qui affirmait que ce retrait signifiait, dans les faits, la non création de l'Etat palestinien, effectivement repoussée aux calendes grecques.

On peut, ainsi, sombrer dans le pessimisme absolu et constaté la lente destruction d'un peuple et d'un espoir. On peut aussi, comme certains analystes ou journalistes l'ont fait, se poser la question de savoir si un nouveau leader charismatique pourrait apparaître sur le devant de la scène palestinienne. On peut enfin continuer à espérer la paix et observer passivement le désastre. Ou alors, on peut essayer, de là où nous sommes, de penser et de proposer des alternatives et impliquer plus largement les citoyens du monde au cœur et à la périphérie d'un conflit qui est devenu « universel », comme le dit justement Etienne Balibar, parce que ces conséquences sont internationales et que ces dernières sont vivement ressenties, à plusieurs niveaux, jusque dans les sociétés américaines et européennes.

Avec ou sans Arafat, le conflit israélo-palestinien nous semble exiger une réflexion en cercles concentriques : il faut d'abord s'arrêter aux belligérants eux-mêmes et analyser quels sont les termes, présents et futurs, de ce face à face. Il faut, ensuite, tenter d'analyser les positions des Etats alliés et partenaires comme les Etats-Unis et l'Europe, mais plus largement encore les pays du Proche et Moyen Orient, d'Afrique, d'Asie ou d'Amérique du Sud. Enfin, il est urgent que nous nous posions la question de savoir comment les citoyens du monde peuvent contribuer à faire évoluer la situation vers plus de justice et une paix respectueuse des droits de chacun.

La résistance palestinienne est entrée dans une ère nouvelle. Avec la disparition du symbole Arafat et de la centralité de sa figure mythique (dont on doit reconnaître la force et la capacité de mobilisation qu'elles ont eues sur tout un peuple), il faut également que disparaisse avec lui de vieilles pratiques politiques et financières absolument indignes d'un gouvernement élu, transparent et démocratique (tout le monde sait combien et comment le clientélisme, la corruption et l'autoritarisme prévalaient du temps d'Arafat). Ce dont les Palestiniens ont un urgent besoin désormais, c'est d'une plateforme de représentation et de concertation politiques qui soit la plus large possible et la plus représentative. Après le charisme discrétionnaire, il faut le pluralisme démocratique et l'écoute des aspirations du peuple. On ne voit rien poindre en ce sens malheureusement (et ce même avec les élections qui se préparent), et pourtant c'est bien en ce sens qu'il faudrait aller : intégrer toutes les forces politiques actives, ouvrir le débat et choisir une ligne de revendication et de résistance communes face au déni de droits israéliens. Du côté des Israéliens, il faut aussi poser les questions clairement : on a longtemps affirmé que Arafat n'était pas l'homme de la paix, or, il faut le dire sans contorsions intellectuelles : Sharon n'a jamais accepté l'idée d'un Etat palestinien indépendant et de fait il n'a jamais voulu de paix au sens où l'entendent les Palestiniens et la communauté internationale. Parce que les Israéliens ont peur, parce qu'ils ne se sentent plus en sécurité, ils ont élu et acceptent d'avoir à leur tête un dirigeant d'extrême droite qui n'exprime aucun état d'âme en matière de politique répressive : construction du mur, destruction des maisons palestiniennes, meurtres ciblés aux nombreuses victimes civiles « collatérales » assumées sans regret. Le cercle est vicieux et sans un réveil profond de la société civile israélienne, il ne pourra y avoir de dialogue. Il faut dépasser les peurs, observer la réalité de la vie des Palestiniens dans les territoires, et faire le choix politique de sortir de l'impasse à l'intérieur même de la société israélienne. Le camp de la paix a quasiment disparu, où sont donc les voix israéliennes appelant aujourd'hui à une véritable alternative politique ? Nous avons un urgent besoin de les entendre et de les voir concrètement à l'œuvre.

On peut continuer à se lamenter devant l'unilatéralisme américain et le soutien quasi aveugle de l'administration Bush au gouvernement Sharon. Après les dernières élections américaines, cet état de fait n'est pas prêt de changer et ce même si Bush a immédiatement affirmé qu'il défendait l'idée d'un Etat palestinien. Que peut-on alors espérer ? Il est temps que d'autres pôles politiques se constituent et s'engagent. L'Union Européenne doit absolument proposer des alternatives dans la gestion du conflit : plus équilibrée dans son approche, elle peut déterminer une ligne qui soit plus à l'écoute des légitimes exigences palestiniennes. L'Europe en a les moyens politiques et elle peut aujourd'hui s'appuyer sur une sensibilité populaire majoritairement favorable aux Palestiniens (64% selon des estimations récentes). C'est une nouvelle donne qui devrait encourager les gouvernements européens à prendre une position concertée plus courageuse. C'est cette dernière qui, en amont, pourrait permettre aux Etats arabes et musulmans (aujourd'hui lâches, hypocrites et indignes) de se positionner d'une façon nouvelle et plus volontariste quant au soutien des Palestiniens. Avec ce concert des nations européennes et arabes, on devrait aujourd'hui constater un vrai changement de la part des Etats du Sud, de l'Afrique, de l'Amérique du Sud et de l'Asie. C'est cette mobilisation qui permettra de renverser le rapport de force et ouvrira les voies d'une résolution. La passivité des gouvernements de la communauté internationale est l'une des causes majeures de l'aggravation de la situation et l'attitude de l'axe Tel Aviv - Washington n'est possible que parce que le monde entier a accepté de rester spectateur de cette oppression, de cette humiliation, de ce désastre humain.

D'où pourrait naître la mobilisation ? Qui pourrait donc faire réagir les gouvernements européens, africains, asiatiques ou sud-américains frileux et attentistes ? Nous le savons tous : agir ou s'exprimer contre la politique d'Israël est, pour n'importe quel gouvernement, périlleux et souvent impossible. La pression politique, les sphères d'influence, la puissance de la réaction peuvent être telle que personne n'ose s'y aventurer : a-t-on simplement les moyens de proposer autre chose ? Nous pensons que c'est exactement à ce niveau que les citoyens du monde entier peuvent jouer un rôle efficace de pression, de résistance et de revendication efficaces. Rappelons-nous de la mobilisation internationale contre l'apartheid en Afrique du Sud. Après l'engagement des idéalistes, ce fut au tour des citoyens, des ONG et des institutions internationales d'appeler au respect des droits des Noirs, à la libération des prisonniers et à l'instauration d'une démocratie égalitaire. Beaucoup, puis plus en plus, n'ont pas hésité à s'engager dans la voie d'une résistance internationale, structurée et non violente, qui passait par l'appel au boycott ou par une politique de pression globale et populaire. Il faut conscientiser les populations car ce sont elles qui, au bout du compte, forceront les gouvernements à agir.

De nombreuses réformes sont nécessaires et les stratégies qui mènent à une paix juste passent par plusieurs cercles : entre les belligérants immédiats d'abord, avec les gouvernements de la scène internationale ensuite, puis au niveau des citoyens. Ce sont ces mobilisations larges, structurées et non violentes qui permettront à terme l'émergence d'un nouveau rapport de force. La résistance palestinienne est légitime et dans un contexte terrible d'oppression quotidienne, elle en est venue, depuis 1994, à utiliser des moyens illégitimes avec les attaques ciblant les civils et les innocents : on peut les expliquer, certes, mais il n'est pas possible de les justifier. Il faut que cela cesse mais il faut aussi que nous comprenions que nous avons un rôle à jouer et qui consiste à nous engager là où nous sommes et à exiger plus de justice. Notre silence au cœur des démocraties libres produit leur violence sous l'oppression du terrorisme d'Etat : ni ce silence ni cette violence ne peuvent durer ni se justifier. Le conflit israélo-palestinien nous concerne tous et s'il faut espérer voir naître un Etat démocratique unique où tous les citoyens, de différentes croyances ou appartenances, pourront vivre ensemble et égaux, il serait impératif que le privilège de vivre déjà dans des démocraties ne nous endorme pas au point de devenir aveugles et sourds face à l'oppression d'un peuple dont on ne pourra pas dire qu'on ne savait pas et la souffrance et le martyre.


lundi 22 novembre 2004,
Tariq RAMADAN
t
25 novembre 2004 09:28
Pour la première fois de l´ histoir saoudien, en fevier prochaun sera organisé les premiers élection municipal dans ce pays.
Que pensez vous de ce changement smiling smiley)?
2
25 novembre 2004 20:16
Qu'est ce que cela va changer?
Ca sera encore la famille régnante ou les notables du pays qui vont se présenter et les femmes n'auront pas le droit de voter.
t
26 novembre 2004 16:16
On parle de tous les problemes, Mais on oublie les notres. Je me demande est ce que on est devenu aveugle de ce qui ce passe en Europe avec notre jeunesse perdue.

oubliez ce proche -Orient et laissons nous regarder dans la glasse et en face de nous.
La jeunesse Marocaine a perdu tout son credit dans ce monde. Et l'Islam dont on porte le drapeau est devenu la victime.

Merci
2
26 novembre 2004 19:36
Salam taforalt!

Ta liberté s’arrête là ou commence la mienne.
Chacun est libre de choisir le sujet qui lui convient.
d
26 novembre 2004 21:50
dans la presse Francaise , les journalistes se pose de plus en plus la question.
pourquoi le Roi du Maroc n'a pas été au funéraille de Mr Arafat !
vous avez une Idée vous ?
@++
s
26 novembre 2004 23:03


Nous le savons... mais il nous faut le condamner sans cesse...
mercredi 24 novembre 2004, par Mehr Licht.



Voilà deux heures qu’un jeune garçon et son père attendent d’un air résigné, leurs modestes vélos à leur côté, la permission de rentrer chez eux. L’un de retour de petits boulots grappillés ça et là et l’autre de l’école située à quelques kilomètres de leur village natal. Le père et le fils espéraient arriver chez eux à temps pour le repas du soir, « Trop tard » leur ont fait savoir les soldats qui montent la garde, mitraillette à la main, en bordure de la barrière qui bloque désormais la route vers leur village. Ils ont pourtant leur « ausweis ».


NON ! Nous ne sommes pas sur la ligne de démarcation lors de la période pendant laquelle la moitié de la France fut occupée par les Allemands de 1940 à 1944, mais près du petit village natal de nos deux compères : La bourgade d’Azzoum en Palestine, située de l’autre côté de la clôture israélienne.

Clôture ? Mur ? Pour les élèves de Beit Amin, qui envahissent bruyamment la cour de l’école en ce doux matin d’automne, cette querelle de sémantique a bien peu d’importance : la barrière fait désormais partie de leur quotidien. En plus de leur sac d’école et leur maigre repas du midi, les adolescents de Beit Amin doivent penser d’apporter leur permis de passage avant de quitter leur foyer ; bien qu’arrivés à la barrière, ce sera tout de même le bon vouloir des soldats israéliens qui déterminera leur passage. Depuis plusieurs mois, l’unique établissement d’enseignement secondaire du village se trouve de l’autre côté de cette foutue clôture électrifiée qu’érige sans cesse Israël autour de la Cisjordanie. Et impossible de la franchir sans le passeport « ausweis » remis par l’armée israélienne.

Ces deux villages formaient une grande famille, elle est désormais divisée. Le père et le fils doivent maintenant surveiller l’heure si le soir ils désirent rendre visite à leur famille et leurs amis à Beit Amin. La barrière entre ces deux villages, ferme quotidiennement de 21 heures à 7 heures. Ce système fasciste est pire qu’une prison, car dans les prisons, les gardiens ont au moins la responsabilité de nourrir les incarcérés.

Plus loin, dans la bande de Gaza, la fumée s’échappe encore des décombres. Au milieu des grues, dans un vacarme assourdissant, une vieille dame fouille dans les ruines de sa petite maison, à la recherche de photos jaunies, de vieux souvenirs et d’autres objets personnels. Les bulldozers de Tsahal, fidèles à leurs habitudes, ont rasé le pâté de maisons...bilan : cinq morts, dont un enfant de quatre ans et plusieurs familles à la rue. Deux faits anodins par rapport à ce qui se passe de jour en jour sur cette terre de misère Palestinienne.

Aux dernières nouvelles, un processus électoral palestinien s’est officiellement ouvert le 20 novembre dernier. Parmi les aspirants à la candidature on trouve Cheikh Talal Sidr, ex dirigeant du mouvement extrémiste Hamas, qui avait fait alliance avec Arafat en 1996 et Abdel Sattar Qassem, professeur de sciences politiques et pourfendeur soi-disant d’une certaine corruption. Pour l’instant c’est Farouk Kaddoumi qui succède à Yasser Arafat. Mais parmi tous ces chefs ou futurs chefs Palestiniens...un seul dirige vraiment l’avenir de la Palestine. Un ÉNORME MOLOCK, en hébreux « ha-Molek », qui jamais ne lâchera prise malgré toutes ses belles promesses de décolonisation. Il continuera d’asservir jusqu’à l’os, le reste du territoire Palestinien. D’autant que son copain Bush et sa bande d’Évangélistes envoient un milliard de dollar aux colons Juifs par an. Et si je me trompe, je boufferai non seulement l’os mais la moelle avec.

Sharon et sa clique de sionistes, sont revenus à la case départ. Il faut le dire même si cela ne plait pas à tout le monde, car cela est vrai. Depuis la prise de Jérusalem en l’an mille avant J.C par le Roi David, victorieux des Philistins, des Moabites, du Roi de Çoba, des Araméens de Damas, des ammonites, des Amalécites et des Édomites. Tout comme David, Sharon poursuivra sa lutte jusqu’à ce qu’il obtienne pour le peuple Hébreux, la mainmise sur toute la Palestine. Et si ce n’est lui, comme disait Lafontaine, ce sera donc son frère. Son frère de Sion, son frère du peuple élue, un frère qui comme tous ses semblables, estimera que ceux qui ne sont pas comme lui devront disparaître de cette région.

Tout cela n’est pourtant pas difficile à comprendre, puisque l’histoire se répète.








Modifié 1 fois. Dernière modification le 26/11/04 23:04 par siryne.
siryne
 
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com
Facebook