Parce que son professeur de philo était souvent absent, un ancien lycéen porte plainte
chopenhauer, c'est tout juste s'il connaissait son nom, Jérôme. Alors, commenter l'un de ses textes le jour de l'épreuve de philo du bac en 2003, c'était le plantage assuré. Verdict: 6 sur 20. Manque de chance? Non, manque de formation, estime cet ancien lycéen, aujourd'hui étudiant en droit, qui a déposé une requête devant le tribunal administratif de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) pour faire reconnaître le préjudice matériel et moral dû aux absences répétées de son professeur de philosophie pendant son année de terminale. Il réclame 169 000 euros à l'Etat pour «défaut d'obligation légale d'enseignement», explique son avocat, Me Gilles-Jean Portejoie. «Je ne le fais pas pour l'argent, assure le jeune homme. L'enjeu, c'est de faire reconnaître la faute de l'administration.»
Son bac, Jérôme l'a eu. Mention très bien, même. C'est quand il a voulu entrer à Sciences po, directement en deuxième année, que le problème s'est posé. En effet, pour toute demande de dispense de l'examen d'entrée, le jury étudie les notes obtenues en français, en philosophie, en histoire et en première langue vivante. Et a refusé, au regard des faibles résultats en français et en philo, d'accorder cette dispense. Amer, l'élève? «J'ai toujours eu pour ambition d'intégrer la fonction publique et je me disais que Sciences po était la voie royale, explique Jérôme. Mais ce n'est pas la fin du monde. Ce que je n'accepte pas, c'est que cet enseignant ait été couvert par sa hiérarchie.»
Manque de devoirs en classe Car, dit-il, parents et lycéens ont alerté plusieurs fois l'administration de l'établissement pendant l'année, notamment à propos du manque de devoirs en classe. «Un chef d'établissement n'a pas à intervenir sur la pédagogie, souligne Christiane Morand, proviseure du lycée Blaise-Pascal. Cet enseignant est délégué syndical. Ses absences étaient justifiées.» Au rectorat, on sort les chiffres: 9,09 de moyenne au bac en philo pour les élèves de l'enseignant incriminé, 9,54 pour une autre classe de cette section dans le même lycée. «Rien d'anormal», estime-t-on. Le prof a tout de même fait l'objet d'un rapport de l'inspection générale et a été suivi pendant un an par deux collègues «chevronnés».
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