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Le printemps musulman au Maroc: Bilan
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21 décembre 2011 21:47
" Le printemps musulman au Maroc : Bilan
Par Younes Fennich

Le 21.12.2011

Le PJD à la tête du gouvernement c’était une idée qui relevait de la pure fiction il y a tout juste quelques mois. Aujourd’hui le Maroc est, dans la réalité, mené par le PJD, un parti dit islamique. Mais si le PJD est aujourd’hui à la tête du gouvernement, c’est bien grâce au mouvement du 20 février puisque l’on sait comment le pouvoir avait empêché auparavant le PJD de couvrir toutes les circonscriptions... Mais à ce moment là il n’y avait pas le 20 février. Le PJD avait donc accepté et exécuté les directives du pouvoir dans une tactique intermédiaire qui s’est révélée aussi judicieuse qu’efficace. Dieu récompense toujours les plus sages et les plus patients.

Cependant, n’oublions surtout pas que si le Mouvement du 20 février a constitué une force de pression efficace sur le pouvoir c’est bien parce que l’Association Justice et Spiritualité, une association dite islamique, avait engagé sa jeunesse dans ce mouvement. De l’avis d’observateurs neutres, les trois quarts des manifestants depuis le 20 février 2011 étaient constitués par les partisans de l’Association du cheikh Abdeslam Yacine. Pour faire entendre sa voix à l’échelon international, le mouvement du 20 février s’était associé ou donné, dans un certain élan d’opportunisme politique, à la gauche dite radicale, à l’AMDH, au PSU, à Annahj, autant d’entités laïques logiquement appréciée par l’occident officiel qui devait donc aider le Mouvement du 20 février… Faute ! Ni l’Occident ni quoi que ce soit d’autre ne peut efficacement aider un mouvement sans bases populaires respectables.

Or étant donné que dans la réalité, dans l’espace public, ce sont surtout les militants de Justice et Spiritualité qui étaient visibles, les choses commençaient à se compliquer puisqu’il s’agit de militants d’une association dite islamique que l’occident ne saurait aider…C’est d’ailleurs sur la base de cette réalité que l’on pourrait expliquer certaines sorties médiatiques totalement inopportunes de l’adjoint de la présidente de l’AMDH avec des propos offensants pour monsieur ou madame quelconque, pour tout simple bon marocain musulman au moment où les manifestations du Mouvement du 20 février risquaient de prendre de l’ampleur. C’est à croire que le retrait de Justice et Spiritualité a été provoqué pour éviter que le caractère musulman du Peuple marocain soit nettement affiché devant l’opinion publique occidentale qui reste une opinion publique largement manipulée selon un bon nombre d’experts.

Mais au-delà de cette lecture superficielle, l’Association Justice et Spiritualité, dite islamique, ne pouvait pas continuer à alimenter en manifestants du dimanche un mouvement laïc contre un parti politique, dit islamique, qui a accédé à la tête du gouvernement. C’est comme si l’Association Justice et Spiritualité se retirait après avoir poussé le pouvoir à accepter comme chef du gouvernement le leader du PJD, selon une stratégie bien établie qui consisterait à prouver qu’un parti dit islamique qui accepte les jeux du pouvoir sans les discuter ne peut pas changer le vécu des Marocains en termes de dignité, de liberté et d’équité dans la répartition de la richesse. Si le PJD déçoit, Justice et Spiritualité aura donc réussi à prouver définitivement que le changement de l’intérieur des institutions est impossible au Maroc, étant donné que le PJD est perçu comme étant le seul et dernier grand parti politique encore globalement intègre. Or le PJD sera certainement jugé dès les deux ou trois premiers mois de la constitution de son gouvernement…

En outre, l’Association Justice et Spiritualité a décidé de quitter le Mouvement du 20 février juste au moment où quelque intervenant dans quelque manifestation reprise par la presse électronique avait scandé, certes timidement, la fin de la revendication pacifique (la silmya) …Or l’Association du cheikh Yacine est une association pacifique. Beau message donc que celui-là adressé par cette association dite islamique à toutes les parties hostiles aux « islamistes » en général. Les observateurs notent que Justice et Spiritualité aurait l’art de sortir victorieuse de toutes les batailles grâce à la perspicacité et à la clairvoyance de ses décideurs qui feraient de la grande politique.

Dans tous les cas et sous tous les angles d’analyse, l’Association Justice et Spiritualité sort donc gagnante de cette première étape d’animation politique que connait le Maroc à l’instar d’autres pays musulmans, sauf qu’au Maroc les choses semblent se concrétiser, jusque là, sans dégâts ou presque comparé aux autres pays qui ont connu ou qui connaissent le printemps dit arabe, sachant pertinemment qu’au Maroc le printemps n’est pas ou ne sera pas arabe, mais musulman car même les amazighs y ont droit. Au Maroc, on pourrait être tenté de considérer que la première révolution est finie et que nous nous apprêtons à vivre la deuxième révolution, décisive, pour contenter vraiment le peuple avec toutes ses composantes.

En attendant, Abdelilah Benkiran se révèle encore et de plus en plus excellent tacticien et bon politicien. Selon la presse écrite, à la question qui lui aurait été posée au sujet de son grand conflit avec le conseiller royal le plus célèbre bien que très récemment nommé, Abdelilah Benkiran aurait répondu qu’il avait tout oublié dès la nomination de ce dernier à son nouveau poste. Cela confirmerait donc, selon les gens, qu’Abdelilah Benkiran a effectivement bon cœur et qu’il est prêt à toutes les réconciliations pour l’intérêt de sa patrie et de son pays et qu’il fait tout son possible pour la réconciliation nationale.

Abdelilah Benkiran aurait ajouté, selon la presse écrite, que le conseiller royal le plus célèbre récemment nommé lui aurait confié qu’il serait entrain de revoir certaines de ses positions. Conclusion : Notre chef du gouvernement continue de briller. Mais jusqu’à quand, se demandent certains opposants ? Ce sera du quitte ou double. Soit que les bonnes décisions, les décisions attendues par le Peuple sur des charbons ardents, seront rapidement prises pour marquer le pas du changement, soit que dure sera la chute, pensent les uns et les autres.

Mais quelles sont donc ces bonnes décisions tant attendues par le Peuple ? La libération des détenus d’opinion, des salafistes, des détenus politiques, la réhabilitation des dénonciateurs de la corruption…Le PJD n’a-t-il pas promis de lutter contre la corruption et de réhabiliter l’honnêteté dans l’Administration ? Le PJD fait désormais partie du pouvoir et ce n’est donc que justice qu’il soit comptable des actes de ce même pouvoir. Alors soit que les détenus d’opinion et les détenus politiques seront libérés et les dénonciateurs de la corruption réhabilités, soit que le PJD aura non seulement failli à sa tâche mais aussi à ses promesses auxquelles le bon peuple aura cru naïvement.

Entendons-nous bien et soulignons une ultime fois que le but c’est le développement du Maroc en évitant l’éclatement et la zizanie. A cette fin, le PJD devra bien évidemment composer même avec les tendances qui auraient mené le Maroc à tant de sous développement sur de très nombreux plans. Dans toute révolution pacifique il est normal que même ceux, partis politiques, qui ont le plus nui à la Patrie cherchent à obtenir des garanties en négociant des postes bien placés aux leurs… Cela ne pose pas de problème majeur dans le cas du Maroc tant que le repentir de ces derniers est sincère, tant que le PJD pourra lutter véritablement contre la corruption, tant que le PJD pourra immédiatement réhabiliter les agents de l’administration qui refusent de faire dans la corruption ou de la cautionner, tant que le PJD pourra faire cesser l’Humiliation, tant que le PJD pourra obtenir la libération des prisonniers politiques et d’opinion, tant que le PJD pourra obtenir immédiatement la libération du journaliste emprisonné…

Mais ce n’est pas là le travail de fond qui est demandé au PJD. Ce ne sont là que de simples gestes minimes sans lesquels le PJD n’arrivera jamais à convaincre de sa bonne volonté de mener le changement au Maroc. Des gestes simples mais qui permettraient pourtant au PJD d’être largement épaulé dans le dur travail de fond qui l’attend à savoir sortir le Maroc du sous développement, chose parfaitement possible en cinq ans. Mais à cette fin, le PJD devra élargir la réconciliation nationale aux mouvements amazighs sérieux, à l’association Justice et Spiritualité et au parti politique radié par le gouvernement El Fassi. Parce que le Maroc aura besoin de la collaboration de toutes ses forces politiques pour avancer.

Ce serait vraiment dommage de continuer à se priver de l’apport serein de tant de cadres brillants et de tant de compétences au détriment de la Patrie, au détriment du développement du Maroc. Nous avons besoin d’une opposition forte et constructrice certes mais ce n’est pas en marginalisant toutes les voix dissidentes que nous l’obtiendrons. Or sans opposition sérieuse et compétente de l’intérieur des institutions nous resterons fatalement sous développés. Ceux qui disent non au régime aujourd’hui tout en bloc, pourraient peut être surprendre positivement le régime si le PJD prouve qu’il a fait le bon choix, si le Chef du gouvernement associe, dès la constitution de son gouvernement, le geste à la parole… Qui vivra verra, et qui mourra verra aussi. "

Source: [complotpacifiquecontrelesousdeveloppement.blogs.nouvelobs.com]
c
22 décembre 2011 14:46
Alors le 20 février c'est donc du passé maintenant ?
o
22 décembre 2011 16:15
Oui, c'est pas trop tôt.
Ils ont fait leur temps.

Au départ c'était un très beau mouvement populaire, puis ça s'est transformé en attroupement de gens sans idées.

Ils n'ont jamais rien proposé et ne se sont jamais "mouillé" en s'engageant pour des idées.

Toujours des slogans certes nécessaires au départ mais qui n'ont pas survécu à l'épreuve de la réalité et du pragmatisme.

"Laaaa lilfasad wa rachwa" ça déplace les foules pendant quelques jours, mais après il faut de vraies idées concrètes à mettre en oeuvre, et il n'y en avait malheureusement pas.
c
23 décembre 2011 09:02
Citation
oleole a écrit:
Oui, c'est pas trop tôt.
Ils ont fait leur temps.

Au départ c'était un très beau mouvement populaire, puis ça s'est transformé en attroupement de gens sans idées.

Ils n'ont jamais rien proposé et ne se sont jamais "mouillé" en s'engageant pour des idées.

Toujours des slogans certes nécessaires au départ mais qui n'ont pas survécu à l'épreuve de la réalité et du pragmatisme.

"Laaaa lilfasad wa rachwa" ça déplace les foules pendant quelques jours, mais après il faut de vraies idées concrètes à mettre en oeuvre, et il n'y en avait malheureusement pas.

En plus, le 20 février est devenu un mouvement laïc déclaré maintenant, et le fondateur du 20 février là qui s'est fait corrompre à la première occasion. Ces jeunes ne sont pas mûrs et sont trop incultes, ils ne lisent pas, ils n'ont que des slogans dans la tête et les slogans ça ne fait pas de révolution.
 
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