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Les principes pour les rapports entre jeunes et plus âgés en Islâm.
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8 septembre 2005 12:58
Bismillâhir Rahmânir Rahîm...

Assalâmou 'alaykoum wa rahmatoullâhi wa barakâtouh...






"Lui, il est encore jeune !"… "Lui, il est âgé maintenant !" Qui n'a jamais entendu dans la Communauté musulmane ces réflexions peu engageantes, témoignages d'une sorte d'incompréhension entre plus jeunes et plus âgés. Parfois on se base sur les dires traditionnels (de l'Inde ou d'ailleurs), d'autres fois sur sa propre perception. Et on semble oublier que l'islam lui-même a énoncé à ce sujet peut-être pas des règles détaillées comme dans ce qui est purement cultuel, mais des principes cultuels sur lesquels on doit se baser si on veut éviter les à priori, les malentendus et les incompréhensions. Nous allons ci-après évoquer quelques-uns de ces principes. Nous n’aborderons pas les directives parlant des liens entre parents et enfants (ces liens étant particuliers), mais uniquement celles qui évoquent les relations, plus générales, entre jeunes et plus âgés. Ayant choisi de parler de ce que l'islam dit sur le sujet, nous nous référerons aux Hadîths, qui forment avec le Coran les deux sources essentielles de notre religion.

L'islam a offert des droits fondamentaux — des droits de l'homme — à tous les humains, qu'ils soient hommes ou femmes, jeunes ou vieux. Et à chacun, qu'il soit plus jeune ou plus âgé, il a demandé de respecter les droits de l'autre, qu'il soit vieux ou jeune. Il s'agit du droit de croire et de pratiquer sa religion, du droit à l'intégrité physique, du droit d'acquérir des biens (dans le cadre de ce qui est licite), d'en faire usage (dans le cadre de ce qui est licite), du droit de ne pas être humilié par des paroles sans raison reconnue valable, du droit de se marier (dans le cadre de ce qui est licite), etc. etc.


En sus de cela, l'islam demande au plus jeune d'honorer ("ikrâm", qui est le mot employé à ce propos dans un Hadîth) celui qui est plus âgé. Qu'est-ce que cela implique en clair ? De respecter ses droits fondamentaux tels qu'énumérés en partie ci-dessus ? Assurément non, puisque ceux-ci doivent être respectés pour le plus âgé comme pour le plus jeune. Cet "ikrâm" implique en fait de faire plus : premièrement de faire ce qui relève du bien ("tabarrou'"winking smiley, et, deuxièmement, de donner la priorité ("taqdîm"winking smiley.



Faire ce qui relève du bien vis-à-vis du plus âgé consiste par exemple à choisir des paroles respectueuses pour lui parler, à s'enquérir de son état, à lui rendre service en l'aidant à porter ses affaires, etc. etc., bref à lui témoigner de beaucoup plus que ce qui relève des simples devoirs humains.

Quant au fait de donner la priorité, il intéresse plusieurs domaines:




- Priorité, d'abord, à recevoir le salut ("salâm"winking smiley :

"Le plus jeune saluera en premier le plus âgé" a dit le Prophète, que la paix soit sur lui (rapporté par Al-Bukhârî).




- Priorité, aussi, dans le droit de diriger la salât. Dans le cas où il n'y a pas d'imâm fixé (râtib), le Prophète a ainsi demandé de donner la priorité à celui qui réunit un certain nombre de compétences. Or, après un certain nombre de critères entre aussi en jeu celui de l'âge :

"… et si (les gens présents) sont semblables par rapport à l'Emigration, alors c'est le plus âgé d'entre eux qui dirigera la prière." (partie d'une parole du Prophète rapportée par Muslim).




- Priorité, également, dans le fait de prendre la parole. Ainsi, Abdurrahmân ibn Sahl, était venu, accompagné de deux autres Compagnons plus âgés que lui, exposer au Prophète (sur lui la paix) que son frère avait été assassiné à Khaybar. Il commença à parler, mais le Prophète lui dit :

"Laisse le plus âgé (prendre la parole)." (rapporté par Al-Bukhârî).




- Priorité, encore, à recevoir un cadeau (lorsque celui qui offre n'a pas les moyens d'en offrir à la fois au plus âgé et au plus jeune). Le Prophète, par exemple, se vit un jour en rêve rencontrant deux personnes. Toujours dans son rêve, il offrit son miswâk à la plus jeune d'entre elles. Il s'entendit alors recommander de l'offrir à la plus âgée des deux. C'est ce qu'il fit. (Rapporté par Muslim.) Par analogie, le plus âgé bénéficie de la priorité à être servi en premier lors d'un repas.



Ces deux principes d'agir en bien et de donner la priorité font donc partie des enseignements de l'islam, et il nous faut les mettre en pratique. Il serait cependant incomplet de ne pas mentionner l'étendue que leur a conférée l'islam. En effet, les quatre priorités énumérées ci-dessus (et toutes celles que les ulémas ont pu en déduire par analogie) ne sont pas sans limites au point de devenir absolues.






* Les limites fixées par la Sunna pour les principes ci-dessus:



- Le fait que ce soit le plus jeune qui doive saluer en premier concerne par exemple le cas où les deux personnes — la plus jeune et la plus âgée — sont toutes deux en train de marcher. Mais dans le cas où la plus jeune marche et la plus âgée est sur une monture, le juriste Ibn Rushd a expliqué que le critère d'être sur une monture l'emportait alors sur celui d'être plus âgé (cf. Fath ul Bârî), comme le dit cet autre Hadîth :

"Celui qui est sur une monture saluera en premier celui qui marche…" (rapporté par Al-Bukhârî).

C'est donc à celui qui est sur une monture de saluer en premier, fût-il plus âgé que celui qui marche ; la même règle s’applique pour celui qui est en voiture et qui croise un musulman à pied. Et puis, dans ce cas comme dans le précédent, la priorité du salut n'est que recommandée (mustahabb). Aussi, en cas d'oubli ou de négligence du plus jeune, rien n'empêche le plus âgé de faire le salâm en premier. En agissant ainsi, il ne fera d'ailleurs que suivre l'exemple du Prophète, qui, comme le rapporte Anas, faisait en premier le salâm à plus jeune que lui (rapporté par Al-Bukhârî).




- Pour ce qui est de diriger la prière, il faut savoir que la priorité revient tout d'abord à celui qui est fixé comme imâm, et que c'est seulement au cas où il n'y a pas d'imâm fixé que l'on regarde les compétences. D’autre part, d'autres critères entrent en compte avant celui de l'âge. Le Hadîth complet se lit en effet comme suit :

"Dirigera la prière celui qui connaît le mieux le Coran. Et si (les gens présents) sont d'égale compétence pour connaître le Coran, c'est celui d'entre eux qui connaît le mieux les Hadîths. S'ils sont d'égale compétence pour connaître les Hadîths, c'est celui d'entre eux qui est le plus ancien en Emigration. Et s'ils sont semblables par rapport à l'Emigration, alors c'est le plus âgé d'entre eux qui dirigera la prière." (Muslim).

On le voit, ce n'est pas le critère de l'âge qui est retenu en premier.




- Quant à la priorité pour prendre la parole, elle revient effectivement au plus âgé. Mais priorité ne signifie pas exclusivité. Le plus jeûne a le devoir de laisser le plus âgé s'exprimer d'abord ; mais il a le droit, ensuite, de demander respectueusement la parole, et enfin, de s'exprimer tout aussi respectueusement. Umar l'avait bien compris qui, pendant son califat, avait nommé membres de sa Majlis ush-Shûrâ (Assemblée Consultative - équivalent musulman, avec ses spécificités, de ce qu’on appelle maintenant une assemblée parlementaire) "les qurrâ'" (ceux qui étaient versés dans la compréhension profonde du Coran), "qu'ils soient âgés ou jeunes" (rapporté par Al-Bukhârî). Abdullâh ibn Abbâs (qui était âgé d'environ 15/16 ans au début du califat de Umar et d'environ 25/26 ans à la fin de celui-ci) en faisait d'ailleurs partie. (Rapporté également par Al-Bukhârî).




- Enfin, la priorité à être servi en premier concerne le cas où tous les convives sont placés de même. Sinon, le critère d’être à droite l'emporte sur celui d'être plus âgé. Le Hadîth suivant le prouve :

le Prophète (sur lui la paix) était une fois assis avec des Compagnons : à sa droite un jeune et à sa gauche des hommes plus âgés. Ayant bu dans un récipient, et étant donné le principe qu’il avait lui même énoncé de la priorité à droite, il tint à demander au jeune homme si celui-ci voulait bien délaisser la priorité qui lui revenait de fait et lui permettre de faire passer le récipient aux gens âgés qui se trouvaient à sa gauche ; il lui dit donc :

"Permets-tu que je serve ceux-là ?".

Mais le jeune Compagnon lui dit gentiment :

"Non, par Dieu, je ne voudrais pas donner priorité à quelqu'un pour la part qui me revient de toi."

Le Prophète plaça alors le récipient dans sa main. (Rapporté par Al-Bukhârî et Muslim.)



Cette dernière anecdote fait apparaître très clairement le modèle du Prophète (sur lui la paix) : celui-ci a voulu être conciliant entre plus jeunes et plus âgés. Il ne s'agit donc ni de faire une mainmise de type "brejnevien" (qui est un extrême), ni de tomber dans un esprit de revendication de type "Mai 68" (qui est un autre extrême). Il s'agit d'être conciliant, comme le Prophète l'a été dans ce récit. Comme, également, il l'a montré dans cette parole :

"Ne fait pas partie des nôtres celui qui n'a pas de douceur (rahmah) pour celui d'entre nous qui est (plus) jeune (que lui) et ne reconnaît pas la dignité (sharaf) de celui d'entre nous qui est (plus) âgé (que lui)." (rapporté par At-Tirmidhî et par Aboû Dâoûd).


C'est cela, l'enseignement du Prophète : les devoirs entre jeunes et plus âgés sont mutuels, et non unilatéraux. Si nous voulons éviter les incompréhensions, nous ferons bien de nous souvenir de cette parole de sagesse prophétique.



Nous ferons bien, également, de nous rappeler une autre parole de sagesse et de bon sens. C'est une parole rassurante, qui montre que notre Communauté ne pourra pas — inshâ Allah — connaître de fossé entre les uns et les autres, puisqu'elle n'est pas formée, d'un côté, de jeunes, et, d'un autre, de gens âgés, mais elle est formée de gens qui, tous, sont tout à la fois jeunes et âgés. Cette autre parole se dit comme suit :

"Chacun est le jeune et le vieux d'un autre."






* Notes :



- Le Hadîth "Anzilou-n-nâssa manâzilahoum" (rapporté par Aboû Daoûd, et où il est également relaté comment Aïcha a agi différemment avec deux personnes) est un Hadîth dont la chaîne de transmission est faible (car mounqati') (voir les ouvrages spécialisés de Hadîths). On ne peut donc pas en extraire de règle.

- Le Hadîth "Khayrou shabâbikoum man tashabbaha bi kouhoûlikoum, wa sharrou kouhoûlikoum man tashabbaha bi shabâbikoum" est aussi un Hadîth dont la chaîne de transmission est faible d'après Al-Albânî (Dha'îf al-jâmi' as-saghîr). On ne peut donc non plus en extraire de règle.


Dieu sait mieux.


Source: [www.maison-islam.com]




Wassalâmou 'alaykoum wa rahmatoullâhi wa barakâtouh...


 
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