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Pourquoi la révolution ne se fera pas au Maroc
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18 février 2011 23:05
Pourquoi la révolution ne se fera pas au Maroc

18/02/2011 à 20h05

20 Février 2011, un groupe de jeunes marocains appelle sur Facebook à coup de "I like" à mimiquer la révolution du Jasmin pour un Maroc meilleur, plus digne, avec le droit à l' "emploi pour tout le monde", la "santé pour tous", la "dissolution du gouvernement et du parlement", en "priorité des priorités, l'organisation d'une journée nationale pour la démolition des bidonvilles dans tout le territoire national" et tenez-vous bien : "La mise en place de ‘comités populaires’ dans le but d’alléger le fardeau de l’Institution judiciaire"...et bien entendu, la révision des prérogatives du Roi, l'assainissement du climat des affaires, etc…

Au delà de l'amateurisme et du populisme de telles revendications, on ne peut s'empêcher de sourire à la lecture de cette liste où aucun chiffre n'est donné et où aucune trace de programme n'est proposée, ni politique, ni économique, ni social. C'est en quelque sorte, un appel à marcher pour marcher.

Mis à part les demandes de révision de constitution afin de réduire les pouvoirs de la monarchie, ce pamphlet de revendications écrit à la va vite n’apporte rien de nouveau et dénote d'un manque de perspective, de réalisme et tout bonnement de créativité. Pourquoi?

D'abord parce que contrairement a la Tunisie et a l'Egypte, les marches et manifestations ne sont pas interdites au Maroc. Dans ce pays, vous pouvez manifester pour a peu prés toutes les causes possibles et imaginaires. Les revendications sociales et économiques sont au centre de l'action d'une societé civile dynamique, proactive et volontariste qui dans plusieurs cas, travaille main dans la main avec l'état dans un pragmatisme que l'on ne voit nulle part ailleurs dans le monde arabe avec une logique de résultats chiffres, dates et vérifiables. Voila la première différence de taille.

Coté revendications donc, rien de neuf, le comité du 20 Février semble avoir raté le coche et n'apporte rien de nouveau. Pire, il nous bombarde de slogans d'un Maroc d’un autre temps où la démagogie et le populisme étaient de mise.

Concernant la forme, ce comité a essayé par tous les moyens dans ses déclarations officielles d'expliquer qu'il n'avait pas de visée particulière de changement de régime au Maroc. Or, il suffit de faire un tour sur sa page Facebook pour se rendre compte exactement du contraire. La stratégie est évidente: ne pas froisser publiquement certains marocains qui pourraient rejoindre le mouvement en faisant des revendications aussi génériques que démagogiques afin de ratisser large et de gonfler les rangs durant la manifestation. Ceci risque de coûter cher aux organisateurs en termes de crédibilité.

Ce manque de visibilité et d'hésitation à prendre une position claire a déjà poussé certains groupes à émettre leur réserve et à sonner l’alarme, en se retirant de la manifestation. Mme Ghizlane Benacher, de l’association Joussour Forum des Femmes Marocaines, estimant que cette marche doit se dérouler dans le civisme et la tolérance, a déclaré aujourd’hui : "Nous ne sommes pas contre les manifestations. En tant que mouvement féministe, nous avons participé à plusieurs mouvements, mais nous voulons que cela soit organisé dans un cadre clair, net et précis. (http://www.marocjournal.net/actualites-maroc/26582.html)

Mais la plus surprenante des revendications est ce que le comité appelle "l'organisation d'une journée nationale pour la démolition de bidonvilles dans tout le territoire national" (sic!). Sachant que c'est l'un des domaines où l'état a marqué des points et où des efforts non négligeables ont été consentis afin de diminuer le nombre de bidonvilles et reloger les personnes qui y habitent, le but recherché derrière cet appel à cette frange sociale des plus défavorisées et des plus frustrées au Maroc qui est en attente de jours meilleurs reste un mystère...


Elections, ou étiez vous?

L'un des autres points soulevé par ce comité révolutionnaire est selon leurs dires, l'omniprésence de fassis dans le gouvernement et l'hégémonie d'une seule et même famille qui constitueraient les "Trabelsi du Maroc contemporain". Qu'en est-il au juste? Il se trouve que le premier ministre Abbas El Fassi, aussi incompétent puisse-ton penser de lui, est issu d'une famille originaire de Salé et non de Fès. Avant M.El Fassi exerçait un certain M. Jettou, et avant M. Jettou exerçait un certain M. Filali, etc…

Faisant de la xénophobie une composante de leur programme politique (ce qui s’avère dans les faits être une stratégie implacable pour attirer plus de foules), le comité révolutionnaire du 20 février ne discute en détail ni des réalisations ni des manquements du gouvernement actuel.

Lorsque l'on sait que lors des dernières élections, seulement 30% de marocains ont daigné aller voter pour diverses raisons ; alors que partis politiques, societé civile et tout ce qui constituait le Maroc officiel urgeait tous les marocains à voter et à s’intégrer dans le champ politique, il y a lieu de se demander de l'utilité de créer un dangereux vide en dissolvant gouvernement et parlement afin de faire des élections anticipées alors que les prochaines élections sont dans un an.

Après la publication des revendications du mouvement du 20 février, c'est un sentiment de gros "bof" qui laisse place au vu de la dialectique et du manque de substance. Ce qui subsiste c'est la perception d'un mouvement flou de (très) jeunes marocains qui essaient coûte que coûte de mimiquer ce qui s'est passé sous d'autres cieux en ignorant volontairement que le Maroc et les marocains ne vivent pas sous la même configuration et en faisant fi des avancées d’un pays qui manque de moyens mais qui néanmoins a une vision pour l’avenir, est stable et se démène pour aller de l’avant..

Revendications du comité du 20 février: [www.facebook.com]

Karim B.
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