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Pour une meilleure compréhension à propos des soufis
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1 février 2007 15:09
Pour une meilleure compréhension à propos des soufis


Lorsqu'on parle "spiritualité musulmane", on pense souvent "soufisme", cette fameuse science dont on entend dire, parfois, qu'elle serait "une version ésotérique de l'islam". Les opinions sont très tranchées, et les débats souvent passionnés au sujet du soufisme :
# certains affirment qu'il s'agit du développement et de l'approfondissement de l'aspect intérieur des enseignements de l'islam ;
# d'autres leur répondent sèchement qu'il s'agit d'une pure innovation (bid'a).


Qu'en est-il exactement ?


En fait tout dépend de ce qu'on entend par le terme "soufisme". Le savant Abul-Hassan an-Nadwî (mort en 1999) a ainsi fait une analyse remarquable de la question dans son livre Tazkiyah wa ihsân yâ tasawwouf wa souloûk (qui, je crois, a été traduit en arabe sous le titre "Rabbâniyya, lâ rahbâniyya"winking smiley. Les 4 points suivants ressortent de son ouvrage :


1) A étudier les enseignements de l'islam, on s'aperçoit que plusieurs thèmes y sont développés. Ainsi, le Hadîth Jibrîl (qui relate la venue d'un homme venu poser des questions au Prophète afin que les Compagnons de celui-ci entendent leurs réponses) met en exergue trois grands domaines dans ce que l'islam offre aux hommes. Il y a bien sûr des croyances (croyance en l'existence et en l'unicité de Dieu, en le message de tous les prophètes, en l'acceptation de la soumission à celui apporté par le dernier prophète, en l'existence des anges, des démons, en la venue d'une vie spirituelle après la mort, en la venue d'un jugement denier, etc.). Il y a également des choses qui concernent "l'extérieur de la vie humaine" : actes cultuels (prières légales, jeûnes, pèlerinage, etc.), actes sociaux (aumônes, justice sociale, etc.). C'est la dimension juridique. Mais il y a aussi le fait d'"adorer Dieu comme si on le voyait", ce qui est décrit dans ce Hadîth comme étant "al-ihsân", la perfection dans l'adoration ; il s'agit donc de se préoccuper de son coeur, de "l'intérieur" : dévelloper en soi le sentiment de la Présence de Dieu, l'amour pour Dieu, la crainte révérentielle vis-à-vis de Dieu, la sincérité envers Dieu, etc. Si le premier domaine est l'objet de la science des croyances (ilm ul-aqîda) et le second celui de la jurisprudence (ilm ul-fiqh), le troisième est l'objet de ce qui mériterait d'être nommé "ilm ul-ihsân". Et c'est ce que certains musulmans des générations postérieures ont appelé "soufisme".


2) Cependant, on ne peut pas être d'accord avec tout ce qui se fait ou se dit sous le nom de "soufisme". En effet, on ne peut pas être d'accord avec les opinions de ces soufis qui diffusent des croyances erronées ou des pratiques cultuelles autres que celles enseignées par le Prophète (bid'a), ou qui prétendent n'avoir pas besoin des Hadîths du Prophète car capables par illumination (ishrâq) d'atteindre la connaissance des choses, etc. [Voir la page de ce site consacrée à certaines de ces conceptions qui, justement, doivent être abandonnées.]

3) Et puis, le mieux aurait été que l'on mette l'accent davantage sur l'objectif (la purification du cœur et l'acquisition des qualités morales et spirituelles évoquées dans les Hadîths).

4) Enfin, le mieux aurait peut-être été qu'au lieu d'adopter le terme "soufisme", on garde la dénomination "al-ihsân" ou "tazkiyat un-nufûs". Beaucoup de déviances et d'incompréhensions auraient été alors évitées.


Ibn Taymiyya, Ibn ul-Qayyim et le soufisme :


Ibn Taymiyya a élaboré une position qui se trouve être assez proche de celle que devait élaborer plus tard Abul-Hassan an-Nadwî. En effet, si ses critiques par rapport aux bid'a présentes chez des soufis sont très connues, il reconnaissait lui aussi ce qui, chez eux, relevait en fait de l'enseignement authentique des sources de l'islam en matière de spiritualité, et que chaque musulman et musulmane se doivent d'acquérir en tant qu'objectif. Il écrit : "Il est erroné de penser que la foi n'est que croyance et connaissance, avec lesquels il n'y aurait ni action ni état ni mouvement, ni intention, ni amour ni crainte révérentielle. Les actions du cœur — que les soufis appellent "états", "stations", etc. —, font partie de la foi : une partie de ces actions du cœur a été rendue obligatoire (fardh) par Dieu et Son Messager ; une autre partie d'entre elles est recommandée (mustahabb) par Dieu, sans obligation" (Kitâb-ul-îmân, p. 168).


Ibn Taymiyya a également relaté les explications données chez les uns et les autres quant à l'origine du terme "soufisme". Il écrit : "Les musulmans des premières générations appelaient "al-qurrâ'" les hommes versés dans la science des sources musulmanes et dans la piété ; ce terme englobe donc à la fois "al-'ulamâ" et "an-nussâk". Puis, à un certain moment, le nom "as-sûfiya" ("soufis"winking smiley apparut." Cette dénomination, poursuit-il, serait issue d'un des mots suivants : "sûf [laine], ou safwa [extrait, quintessence], ou suffa [petit banc à l'extérieur de la Mosquée du Prophète à Médine, où des pauvres musulmans restaient], ou safâ [pureté], ou l'expression as-saff ul mutaqqadam bayn yadayillâh [la première rangée, rapprochée de Dieu]" (Al-furqân bayna awliyâ' ir-Rahmân wa awliyâ' ish-shaytan, Ibn Taymiyya, p. 24).

Ibn ul-Qayyim, élève de Ibn Taymiyya, a pour sa part écrit Madârij us sâlikîn ("Les voies de ceux qui cheminent"winking smiley, où il a repris ce qui relève de la "tazkiya" et de l' "ihsân" authentiques (tel qu'enseignés dans le Coran et les Hadîths), tout en se démarquant des déviances (bid'a) survenues ici ou là au cours des siècles.

L'analyse de Hassan al-Bannâ est aussi intéressante et rejoint ce que nous venons de voir chez les savants suscités (Mudhakkirât ad-da'wa wad-dâ'iya, pp. 25-26).


Tout ceci montre bien que le terme "soufisme" recouvre des réalités fort diverses ; il convient donc ni de tout rejeter ni de tout prendre les yeux fermés. Pour éviter les malentendus, le mieux serait peut-être, en sus de la vérification de l'authenticité des dires et des pratiques à la lumière du Coran et de la Sunna, d'employer, comme l'a suggéré an-Nadwî, les termes "al-ihsân" et "tazkiyat un-nufûs".


Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).


Source : [www.maison-islam.com]



Modifié 1 fois. Dernière modification le 01/02/07 15:10 par srnit.
s
5 février 2007 14:55
s
9 février 2007 15:23
Dernier up
p
9 février 2007 15:46
le soufisme, c'est le fond même de la religion. C'est l'application, l'empirisme ou l'expérienciel, l'éveil de personnes qui ont saisi l'Islam et en fait la Vie dans toute sa profondeur. Je ne suis pas musulman mais il y a de véritables trésors dans le Coran pour évoluer dans la vie; des éléments que l'on retrouve dans d'autres religions aussi. En cela, elles appellent toutes au même dessein, l'évolution vers notre être fondamental, "le Bien aimé intérieur" comme disent les soufis, le Soi par le processus d'individuation selon le merveilleux psychanalyste Carl Gustav Jung. C'est le processus dans la vie d'un individu le plus difficil à atteindre, c'est la raison pour laquelle Jésus a dit "il y a beaucoup d'appelés mais peu d'élus". Beaucoup ne souhaitent pas se remettre en question car cela serait trop douloureux, c'est pourtant le passage obligé pour entreprendre l'évolution; c'est l'attitude de millions et de millions de gens pratiquants qui délèguent leur vie à Dieu, sans faire l'effort de le rencontrer en eux -mêmes. Les soufis le font.
 
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