Saurons-nous égaler El Hajja ? Si la volonté existait, avons-nous le temps
de nous plier au rituel ? Parmi les femmes consultées, il y a les révoltées qui pensent que la séduction n’est pas le monopole des femmes : “Je veux bien faire des efforts si c’est réciproque. Pourquoi c’est toujours la femme qui doit entretenir la passion du couple ?”. Il y a celles qui déplorent le manque d’énergie : “En semaine, c’est impossible. On fait les choses rapidement à cause de la fatigue. On se rattrape le samedi soir et les vacances.” Il y a tout de même celles qui s’organisent, de manière à être sur tous les fronts : “J‘essaye de me dégager un moment, une ou deux fois par semaine, pour égayer notre intimité, sinon mon désir diminue. J’ai horreur de faire les choses toujours de la même manière, dans le lit, juste avant le sommeil. L’amour n’est pas un devoir conjugal. Il faut de l’imagination.” Enfin, il y a celles qui affirment ne pas avoir besoin de rituel : “Quand j’ai envie de lui, je lui saute dessus”, “Je le caresse”, “Je lui dis que j’ai envie de faire l’amour”, “Je me déshabille et je me colle à lui”. “Je fais partie de cette catégorie de femmes qui marchent au feeling ; la spontanéité est notre mot d'ordre. Rien n'est préparé à l'avance… On se prend comme on est sur le moment. En plus, pas spécialement la nuit. Il existe des nuits plus propices, plus spéciales : froufrous, bougies, lumière tamisée, musique douce, champagne et fraises, câlins et mots doux et tendres… Nos nuits érotiques préméditées restent exceptionnelles car nous nous séduisons en permanence et cela marche encore, après quelques décennies de mariage !!!”, nous confie Najat, journaliste, 54 ans. Et si les rituels étaient un moyen de communication ? “Les femmes de mon âge étaient élevées dans la honte. Elles ne pouvaient montrer leur désir au mari. Elles créaient une ambiance érotique pour faire l’amour”, nous raconte Fatima, 79 ans. Le spectre de la polygamie tournait autour de toute épouse : “Si l’épouse ne faisait pas attention, son mari pouvait ramener une autre femme ou une esclave. Il fallait rester vigilante et rassasier le mari.” Il y a cependant une autre catégorie de femmes aigries, déçues. Malika, 29 ans, institutrice : “Au début, je croyais que la vie conjugale était à l’image des films d’amour. J’accordais une grande importance à notre vie intime. Je chouchoutais mon mari. J’ai arrêté ! Ce qui l’intéresse, c’est l’éjaculation. Jamais il n’a pris le temps de savourer des préliminaires. Il m’appelait pour le rejoindre au lit, me sautait dessus et s’allongeait pour ronfler !”. Le rituel doit être reconnu : “J’ai arrêté. Il ne m’a pas donné l’impression d’apprécier mes efforts. Jamais un compliment. C’était un dû !” “Mon mari, 37 ans, se déshabille et me demande de me déshabiller avant de me sauter dessus. Ensuite, il dort ! La misère ! Les parfums, les bougies, tout ça c’est de la perte de temps. Il n’y a que sa bougie qui compte !”. L’attitude du mari est primordiale. Fouad, 48 ans, commerçant : “Ma femme est adorable. Je la désire depuis 18 ans. Elle fait tout pour me séduire. Je lui suis reconnaissant : mots doux et gestes délicats. La femme a besoin de se sentir aimée. Si l’homme en est conscient, il sauvegarde le désir du couple !” Selon nos femmes, ces hommes sont rares. Amal, 44 ans, femme au foyer : “Peu d’hommes expriment leur reconnaissance aux femmes. Ils sont égoïstes, coincés ou indifférents ! Pour leur bonheur, il suffit qu’ils disent : “Merci ma chérie, tu as été adorable” ! Les Marocains sont radins en affection !” Néanmoins, si les hommes paraissent aussi “radins”, c’est parce que leur éducation ne leur permet pas d’exprimer les sentiments, considérés comme une faiblesse qui porte atteinte à leur virilité. Education véhiculée par les mères !
Une dernière catégorie de militantes mènent un combat permanent. Les programmes sont pratiquement les mêmes : multiplier les innovations pour toucher les 5 sens du mari. Les plus âgées commençaient par le hammam et s’occupaient elles-mêmes de leurs corps. Les jeunes livrent leur corps à des professionnelles. C’est le cas de Halima, 37 ans, dentiste : “Mariée à 23 ans, j’ai divorcé parce que je n’avais pas fait d’efforts pour garder mon mari. Ma mère et ma grand-mère me conseillaient de faire de la séduction un atout. Mais j’étais trop jeune pour comprendre. Avec mon second mari, vigilante ! Aujourd’hui il y a danger avec toutes ces gamines qui se pavanent devant les hommes “prêts”. J’ai une lourde charge, mais je veille à garder un moment pour mon couple.” Si la polygamie a quasi disparu, les jeunes épouses ont une autre menace. Zhor, commerçante, 38 ans : “Les maris sont menacés ! Les filles marocaines sont devenues tellement faciles et à un âge de plus en plus jeune ! Elles sont sans scrupules et rêvent d’hommes déjà mariés, car ils ont déjà une assise. Il faut rester vigilante et ne pas affamer le mari. Même les maris les plus en harmonie avec leurs épouses sont menacés. Il n’y a plus de valeur, plus d’éducation chez les jeunes filles. Elles font tourner la tête des maris les plus sages !” Et pour être vigilante, Halima se plie, 2 à 3 fois par semaine, à un rituel. “L’esthéticienne. Soin de visage et du corps. Epilation du pubis comme il l’aime : la totale, en laissant, au milieu du pubis, un trait vertical de poil.” Les salons d’esthétiques sont d’ailleurs très créatifs pour combler les fantasmes de nos hommes. Samira, fonctionnaire, 46 ans : “Mon esthéticienne s’occupe de près de ma sexualité. Elle a toujours de bonnes idées pour le look de mon sexe pour éviter que mon amant ne s’en lasse.” Les poils du pubis sont source d’inspiration : pubis rasé avec un cœur formé par les poils, damier, ticket de métro, serpent, étoiles, fine tresse ornée d’un fil doré, poils teints en rouge, violet, bleu, blond… Le pubis se transforme en tableau : “Je tatoue des images qui restent une semaine : soleil, cœur, étoiles, serpent, fleurs… En tant qu’esthéticienne, j’innove pour le plaisir de mes clientes. Je leur place parfois des anneaux dorés sur les grosses lèvres.” Le programme continue à la maison. Halima : “Je lui sers un dîner avec ses plats préférés. J’entretiens son ventre et son s***. C’est ça le secret de la séduction et de l’emprise sur le mari ! Jamais je n’ai dit à mon mari que je voulais faire l’amour. Je préfère le lui suggérer par des signes pour aiguiser son excitation, garder un cachet romantique. Ma mère m’a toujours dit qu’il faut laisser l’homme venir. L’homme est un chasseur. Il recherche des proies difficiles. Je joue à la proie ! Pendant le dîner, je porte des tenues sexy, je lui caresse la nuque, le dos, le s*** que j’effleure pour l’enflammer.” La chambre à coucher a son rituel : “Je brûle de l’encens, mets de beaux draps, jette dessus des pétales de rose, asperge les oreillers de parfum. J’allume des bougies dans tous les coins, ainsi que dans la salle de bains.” Notre Shéhérazade en puissance continue son rituel : “Crème parfumée sur le corps. Ensuite, mon produit miracle : de l’extrait de vanille diluée dans de l’eau tiède sucrée pour parfumer mon s***. Quand je me présente à mon mari, un nuage de vanille embaume la chambre et le rend fou. Il se jette alors sur mes parties génitales pour mon plus grand plaisir.” L’odeur est si envoûtante que Halima a développé chez son mari une sorte de réflexe de Pavlov : “Dès qu’il sent cette odeur, même en dehors de notre intimité, il s’embrase !” De nombreuses femmes jouent sur l’odorat pour aiguiser l’excitation du mari : “Des gouttes d’huiles essentielles dans un brûleur pour embaumer la chambre”, “Un déodorant à l’odeur fruitée”, “un désodorisant épicé”, “de l’eau de toilette dans les coins de la chambre”… La lingerie fine est l’alliée des jeunes. Les plus âgées, pudiques, portent des caftans. Porte-jarretelles, culotte string, lingerie transparente, colorée, pailletée, bordée de dentelle, de plumes. Et bonjour la fantaisie : “J’ai un dessous vert fluorescent. Quand mon mari me touche, une musique romantique fuse d’un système incorporé dans les soutiens-gorge ”, “Un ensemble rouge avec des lumières qui scintillent au toucher. C’est sexy et drôle !” Halima dépose également des serviettes brodées sur les deux tables de nuit : “Après l’éjaculation, il sait que sa serviette l’attend. Il s’essuie avec. C’est plus délicat que le kleenex. J’aime rester dans ses bras après le coït. Avec la serviette, il ne se lève pas aussitôt pour se laver. Je tiens à ce qu’il trouve tout à portée de sa main et qu’il se sente chouchouté.” Halima pense également à la douche post-coït : “je dépose sa sortie de bain, après l’avoir parfumée et déposé dessus des pétales de roses.” Epouse exemplaire, Halima ? Femme rusée ? “C’est le père de mes enfants, mon amour. Je veux le garder, qu’il sente que je suis unique, la seule à lui offrir le paradis” Fin du programme pour Halima ? “J’ai un réfrigérateur dans la salle de bains. La première fois que nous avons fait l’amour, il a été à la cuisine pour manger des mets sucrés. Depuis, je suis prévenante : après un bon orgasme partagé, je sors du réfrigérateur une coupe de fruits préparée au préalable, du chocolat, une coupe de champagne… Il est heureux et son bonheur se répercute sur moi et sur nos enfants.” Certaines femmes refusent de “faire les mêmes choses, au même endroit” : “Attendre toujours de rentrer dans la chambre à coucher, de se déshabiller, de s’allonger pour commencer… ! Quelle tristesse ! Moi je l’attire au salon, à la cuisine, au couloir. C’est plus excitant !” assure Hanaa, 32 ans, opticienne. Quant à Khadija, 44 ans : “A chaque anniversaire de mariage, nous prenons une chambre d’hôtel pour une nouvelle une nuit de noces. Je te dis pas la suite !” Pour de nombreuses femmes, les hommes sont très faciles à satisfaire : “Il suffit les chouchouter et de jouer à la maîtresse et à la mère.” “Les hommes sont des adolescents : s***, tendresse, bons plats qui compensent chez eux la rupture du cordon ombilical qui les liait à leur mère !” C’est pourquoi certaines femmes préfèrent faire vite et court : “Pour le rendre heureux, je vais directement à son phallus, jusqu’à l’orgasme.” dit Houda, étudiante, 24 ans. Malika, 25 ans, elle, précise : “La fel*****, oui, mais après mon orgasme. Je refuse de le rendre heureux en restant frustrée !” Ouafaa, 34 ans, femme au foyer : “Les femmes ont un pouvoir énorme. Elles savent que l’homme vit pour son pénis. Il faut lui faire croire que le monde tourne autour pour l’attendrir. C’est ce que je fais. Je voue une grande admiration pour son s****, le complimente sur ses performances, sa taille, sa force. J’entretiens ainsi sa virilité, sa fidélité et mon bonheur.” Cette perception de l’homme n’a pas évolué ; elle perdure même chez les plus âgées comme Hajja Khadouj, 85 ans : “La femme intelligente tient son homme par hammou (ennui). Enfin, certaines de nos geishas avouent se donner au rituel pour elles-mêmes et pour favoriser une seconde partie en une même nuit. Mais si la flamme de la passion doit être entretenue, les femmes refusent de plus en plus d’en adosser la responsabilité : “Je suis prête à faire des efforts, mais il doit aussi en faire. C’est NOTRE relation, vécue à deux. Il doit la sauvegarder !”, insiste Amina, 27 ans, banquière. Nos hommes sont-ils conscients de cette responsabilité ? Peut-être suffirait-il d’en parler : “S’il ne fait plus d’effort, nous dialoguons et il s’implique.” “Il a tendance à se laisser aller. Je le lui rappelle et il en tient compte.” Un vieux proverbe perdure même chez les plus jeunes : “Aucun chat ne quitte la maison où l’on célèbre un mariage” car il y a abondance de nourriture et donc de plaisirs. Mais de plus en plus de jeunes femmes affirment qu’il n’y a pas que le chat qui ne quitte pas la maison où il y a abondance. Ceci n’est pas valable uniquement pour le mari, mais pour la femme également !
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Modifié 1 fois. Dernière modification le 16/10/05 22:40 par wiham-tachlahit.
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