" Alors que j'accomplissais les tournées rituelles, je vis trois jeunes femmes du même âge. Quand elles m'aperçurent, elles dirent : " Voilà al-Abbâs !" L'une d'elles s'approcha de moi et me dit :
" Ô, Abbâs, c'est bien toi qui as dit :
Combien j'ai souffert de l'amour et de son enfer ! quel malheur m'est venu par sa porte !
- Oui - Tu mens, fils de prostituée; si tu disais vrai, tu serais comme moi!" Et elle découvrit des membres décharnés. Puis elle récita cers vers :
Quand je me plains de l'amour, elle me dit : " Tu mens! quoi, avec des membres aussi charnus ? Pas d'amour si la peau ne colle aux os et si tu n'es muet et à quiconque ne réponds. "
Ibn Bakkâr m'a raconté : " J'ai vu un homme près d'une forteresse, portant les traces de l’humiliation, de la soumissions, de l’apathie et de l'humilité. Il soupirait beaucoup, se montrait silencieux, gémissait sans retenue. Les mouvements de l'amoureux paraissaient dans son attitude, il ne pouvait les cacher par sa discrétion. Je l'ai interrogé un jour sur son état à un moment où nous nous trouvions seuls. Il me répondit, en larmes :
Je me trouve entre deux choses graves entre guerre sainte et expédition Mon cœur se lance contre mon ennemi et contre mon cœur, ma passion"
Modifié 1 fois. Dernière modification le 16/01/14 22:12 par Figue De Barbarie.
- Si ce n'est pure sorcellerie, c'est une espèce de folie..."
Puis il récita :
En mon coeur une chose indescriptible mais en toute manière insoutenable Elle voit les jours défiler sans hâte Les jours s'épuisent ainsi mais elle, reste neuve.
Par ma vie, la prière pour les amants est une obligation! La voilà devenue prescription et décret pour les gens d'éducation, tant l'affaire est grave et pénible à supporter.
D'après al-Asmaî : " J'ai vu Abû al-Sâ'ib s'accrocher aux tentures de la Kaâba en disant :
" Seigneur, fais miséricorde aux amoureux, adoucis le cœur de leurs amants, emplis-le de tendresse et de compassion, ô Miséricordieux!
- Ô Abû al-Sâ'ib, c'est en ce lieu que tu dis cela ?
- Laisse-moi! Prier pour eux est plus méritoire qu'un pèlerinage joint à une Umra"
Puis il se mit à dire :
Séparation, demeure loin de la passion ! Laisse-la pour les amoureux s'adoucir, je t'en prie Que veux-tu de ceux dont les paupières sont blessées, les poitrines emplies de braises De ceux dans les larmes affluent sur les joues telle une longue pluie à grosses gouttes Gisant sur le pont de l'amour, accablés de chagrin quand de leur âme, le Temps se joue."
D'après al-Asmaî également : " J'ai entendu une jeune femme prier ainsi :
" Mon Dieu, Maître du Jour du Jugement et Créateur de la Terre et du Ciel ! Fais miséricorde aux gens de passion, sauve-les des épreuves immenses, adoucis pour eux le coeur de leurs amis et emplis-le de pureté à leur égard ! Car Tu écoutes les prières et Tu es proche de celui qui T'invoque".
Puis elle ajouta :
Seigneur, Tu possèdes bonté et pardon offre aux amoureux une nuit paisible Après avoir veillé ils invoque la passion comme en une prière, le front prosterné.
Je dis alors :
" Hé là, tu chantes au milieu des tournées rituelles ?
- Laisse-moi, et que l'amour ne te tourmente ! - Qu'est ce que l'amour ? Et je le connaissais mieux qu'elle.
" Trop grand pour être caché, trop fin pour être vu, il se cache comme le feu dans la pierre : si tu la bats, il jaillit, si tu la laisses, il y reste coi"
Je la suivis jusqu'à sa maison. Le lendemain, il y' eut une forte pluie, je passai devant sa porte et la trouvai assise avec des jeunes femmes au teint éclatant, qui lui disaient : " La pluie nous incommode, sans cela nous serions allées accomplir les tournées rituelles." Elle récita :
Elles disent : " Nous gênent les larmes des nuages alors qu'ils disent simplement mes pleurs Que ce spectacle ne vous étonne ces nuages par pitié pour moi s'épanchent."
Certains prétendent qu'aucun péché n'est compté aux gens de passion à cause de leur constante affliction, du nombre de leurs soupirs et des chagrins infligés par leurs amants.
On interrogea le cadi Sharîk à propos des amants. Sa réponse fut : " Ceux dont l'amour est le plus intense auront la plus grande récompense."
De même on raconte qu'on porta jusqu'à Ibn Abbâs un jeune homme que son mal avait miné, on lui demanda:
" Invoque Dieu afin de guérir ce malade, ô cousin du Prophète."
Ibn Abbâs le questionna :
" De quel mal souffres-tu, jeune homme?"
Il ne répondit d'abord point, puis il leva la tête et dit d'une langue éloquante et déliée :
Je suis sujet à un tourment qui, frappant les rocs les plus durs, les ferait s'écrouler et les fracasserait Et si Dieu partageait la passion que j'endure entre les âmes, chacune y participerait.
Il cessa de parler un moment, puis ouvrit les yeux en disant :
Le feu d'un amour insoutenable me tourmente au point de faire presque fondre l'âme de l'ami compatissant C'est là le dernier souffle de celui que tu vois, il survit malgré la douleur, accroché là-bas à une branche solide.
Ibn Abbâs demanda :
"D'où es-tu ? - Des banû Udhra", répondit-il, puis il poussa un râle et mourut.
Ibn Abbâs dit à ses compagnons : " Avez-vous déjà vu visage plus élégant et langue plus déliée ? Par Dieu, c'est là une victime de la passion, ni vengeance ni compensation pour lui; je supplie Dieu ardemment de nous protéger contre ce que nous venons de voir."
On dit encore : " La victime de la passion est un martyr."
C'est la conclusion unanime - mais seul Dieu le sait- des hommes d'éducation, des gens de savoir et des raffinés au vu des récits qui existent et des traditions sûres remontant jusqu'au prophète.
D'après Qâsim al-Zubaydi, avec une chaîne de transmission qui remonte à Ibn Abbâs, le Prophète sur lui la paix et le salut ! a déclaré : " Qui aime ardemment mais reste chaste est martyre."
De Bashhâr :
Auprès de l'aimée, fraîcheur de l’œil l'éloignement est au cœur perte et deuil Certes la mort d'amour chaste surpasse toutes les autres.
D'un homme d'éducation:
Le cœur terrassé par la passion, ainsi voudrais-je mourir car la victime de la passion meurt en martyr.
Mais sache que l'amour ardent est beau de la part des êtres parfaitement chastes et fidèles mais détestable chez les fornicateurs obscènes. De toute façon, la passion s'est dégradée, la fidélité est devenue rare, la traîtrise et la fourberie bien répandues. Les gens ont introduit dans l'amour ardent un usage étranger à la tradition du raffinement et au caractère des raffinés : Dès que l'un d'eux atteint sa bien-aimée et rencontre un moment d'inattention du guetteur à l'affût, il n'est satisfait que par l'union. Voilà corruption de l'amour, destructeur de l'amour ardent, négation de la passion et altération de la pureté.
Al-Maltî m'a récité :
"L'amour est corrompu, la passion facilitée, l'amoureux maintenant est pressé Il veut posséder sa bien-aimée avant d'avoir veillé ou de s'être consumé.
D'après al-Jâhis : " Un raffiné écrivait à Mulk, une esclave d'Abû Jafar :
Ô Mulk j'ai mis au point un plan mais tu ne me rends pas justice à ce propos Les gens me blâment pour ton amour alors que c'est toi qu'ils devraient blâmer !
Elle lui répondit :
Si la lubricité s'empare de toi par le jeûne apaise-la Ce n'est guère l'amour qui t'anime tu ne recherche que l'étreinte."
Nous n'avons jamais vu aucune Arabe y faillir, ni même être porté à le faire, L'on aimait ardemment, du début de sa vie à la fin, sans jamais essayer de se conduire indignement ni s'approcher de l'étreinte. Les amants n'avaient d'autre désir que de se regarder, d'autre joie que d'être réunis, de se tenir compagnie, de se parler et de réciter de la poésie, comme le dit al-Farazadaq :
Pour moi l'amour n'a de remède qu'une rencontre qui étanche la soif violente J'aime chez les femmes, en leurs réunions, regards alanguis, douce conversation Sans arrogance, se refusant à l'interdit mais prodiguant ce qui leur est permis.
Abû Nuwâs fut introduit auprès de Khâlid Khaylawayh;celui-ci vit une bague à sont doigt et le pria de la lui montrer. Il la lui tendit. Cette bague était en réalité un signe de reconnaissance entre lui et une jeune femme qu'il aimait. Après le départ d' Abû Nuwâs, Khâlid fit faire une bague pareille puis l'envoya à la jeune femme en question, celle-ci n'en reconnut pas le sceau, la renvoya à Abû Nuwâs et ne revient plus le voir. Il pénétra chez Khâlid alors qu'il était seul et se mit à réciter :
Pour toi, ô Abû Jafar, je sacrifie mon âme telle la lune dans son éclat une jeune femme S'est éprise de moi, je me suis épris d'elle déjà dans le berceau et puis en grandissant Tous deux nous partagions passion à l'aide d'une bague qu'elle reconnaissait Elle ne la reconnut pas quand elle vit ton sceau et les doutes excitèrent sa jalousie Elle se dit ; " Il possédait jadis une bague rouge qu'il me réservait, elle était précieuse Aujourd'hui voilà qu'il s'est épris d'une autre ! il lui a donné sa bague, je n'en doute point Par la foi que j'ai en Dieu et en Ses signes : je le quitterai gare à lui!"
Ce n'est pas, ô ami, mon temps que je maudis : Je maudirais plutôt les hommes de ce temps. Je n'en suis plus à dénombrer tous les amis Dont les mots étaient doux et le cœur si peu franc.
Elles disent : " Si jeune, et tant de cheveux blancs !" Et moi : " Blanc ils seraient, pour peine moins affreuse ! " Tout est malheur en cette vie, Abû H'assan, Puisque je vis sans toi, et partant malheureuse, Il était la jeunesse et l'âge sûr de lui, Calme mais chaleureux, main offrante et offerte, Il était le mérite absolu, non pas certes De tel sot qui devant ses chefs se rembrunit. Quand on parle d'un homme et qu'un juste propos Dit avec art sa bienveillance et son honneur, C'est à toi que je pense, et je pleure, un sanglot Étouffe tout mon être et fait fondre mon cœur. Ce cœur, tu l'as brisé, j'en jure, il 'n'en peut plus ! Le deuil emplit mon âme et ma tête fléchit. Le dur bois de ma lance aujourd'hui s'est rompu, Cessé comme le cœur si solide du buis.
A moi, mon Dieu ! J'y pense et pense sans arrêt! Laylâ, quel est mon crime ? Oh! J'en reste égaré ! Pourquoi m'as-tu quitté ? Seigneur, je ne sais pas! Et que t'ai-je donc fait ? Apprends-le moi, Laylâ ! Ne plus nous voir ? La mort est une moindre épreuve! Boirai-je cette eau trouble où pas un ne s'abreuve ? Fuir, loin, plus loin sans plus personne à mes côtés ? Vais-je faire.. mais quoi ? Ce secret, l'ébruiter ? Je me perdrais. Laylâ hésite entre deux joies : Un homme que l'on fuit, un autre qu'on renvoie. Mais si, après la mort, nos âmes se trouvaient ? L'échine de la terre aurait beau s'élever Pour masquer nos tombes l'une à l'autre, aussitôt, Hors de mes os rongés mon âme faite oiseau Pour répondre à ta voix n'aurait aucune peine, Oui, mon âme , ô Laylâ, ferait fête à la tienne, Et je dirais : " Mes yeux, soyez obéissants ! Pleurez, pleurez sans fin, soyez larmes ou sang!"
Mère d'Abd al-Malik, dis-moi pourquoi Tu veux me fuir, ou alors viens à moi. Je pleure : en veux-tu savoir la raison ? Je pleure à la peur de ton abandon : Si près de toi, te voir me préférer Tel qui est loin! Tes parents ont juré, S'ils me trouvaient, de me couper la tête Et de ma mort ne point payer la dette. Par Dieu, c'est bien assez que j’apparaisse, Et chacun, et tous, crient : " Je te laisse!" L'ennemi le sait : noir est mon assaut, Comme excrétion de femelle en gésine! Contre l'infamie se taire me vaut. J'en jure par l'eau qui court à Dafine, Par les chevaux d'al-H'ajûn, de ses sables, On a fait de moi l'épreuve innombrables...
Ah! Te souffler ce que je porte en moi, Ô toi mon repos, ô toi tourment! Vienne le jour où ma langue saura Mieux qu'une lettre expliquer savamment... Ainsi,Dieu le sait, j'ai changé de vie : Je suis en toi pour tout ce que je suis. De tous les mets j'ai perdu la caresse Et quant à boire, un supplice j'endure. Vent de folie sur mes saintes lectures, Toi qui justifies amour et jeunesse, Tu es soleil, soleil évanoui, Voilant à mes yeux sa fuyante image. Et quand la lune éblouissante luit Sur le troupeau servile des nuages, Je vois en elle, unique, ton visage Qui, par-delà ses voiles, resplendit.
Ibn Zaydûn
Edit : Le verbe fouffler n'existe pas, du moins pas encore
Modifié 1 fois. Dernière modification le 06/02/14 12:13 par 평.
Elle a pris mon coeur aujourd'hui. Venue d'Arafât, la gazelle. Ses amies allaient, avec elle, Aux Pierriers d'un pas alangui. Elle était vêtue de soie pure, De soie mêlée, de chamarrures. Comment veux-on que je l'oublie, Cette gazelle ? Elle est ma vie.
La rencontre
Toute une nuit d'alarme, à surveiller ses gens, Épiant une ronde possible, et guettant L'instant où le sommeil enfin viendrait les prendre ! Seul, le plaisir promis me permettait d'attendre. La nuit et le désert avaient pris ma chamelle, A tout passant s'offrait, abandonnée, ma selle, Et moi, je me disais : " Quelle tente l'abrite ? Et de cette équipée quelle sera la suite?" Mon cœur la reconnut à un parfum, le sien, A cette fougue en moi, prête à se proclamer. Leurs voix s'étaient perdues, et les feux allumés Dans le soir, les flambeaux, tout était noir, éteint. La lune, de bon gré, pâle s'était cachée. Les bergers revenus. et les bavards couchés, Tous les bruits apaisés, je calquai mon allure Sur celle du serpent, sinueuse, apeurée, Je la saluai; surprise, elle faillit crier Ce salut éperdu qui vint comme un murmure.
Le dialogue des amants
Elle, en mordant ses doigts : " Je suis déshonorée! Tu dis : " Facile!" Et le danger ? C'est bien d'un homme! Les femmes ? Peuh! Sans peur, Dieu aidant, tu fais comme Si nous n'étions, ici, d'ennemis entourés. Je ne sais plus, mon Dieu, pourquoi tu viens à moi : Hâte d'aimer ? Sommeil de ceux que tu redoutes? " J'ai dit : " Passion et désir ont guidé ma route, Alors, le coeur en paix, elle se radoucit : "Que le Seigneur Très Grand te garde en sa merci! Que nul ne te conteste, 'Umar! Je t'appartiens : Sois, pour toute ta vie, mon prince souverain!"
La brouille
Elle pleurait. Je dis : " Pourquoi pleurer ?" Et son amie : " Pour ce que tu as fait." Boudeuse, elle tournait la tête, puis, Me regardant : " C'est toi qui l'as voulu : Une autre tu préfères, tu oublies Ce qui nous unit, tu ne m'aimes plus... - Là, doucement! Pardonne, sois gentille! - Non, par ma vie, dussé-je te voir mort!" Vers Khabt, sa mule l'emmena. Alors, Passé ce lieu, elle et les jeunes filles Firent halte et me vint, du haut des monts, Son cri : " Jamais, nous ne nous reverrons!"
Le souvenir
Ô longue nuit, où tant d'émois m'ont visité! Ô mémoire envahie par ma folle jeunesse! J'ai pensé, repensé à Ruqayya, sans cesse. De tout cela, avec les ans, qu'est-il resté ? Je te voudrais, Umm 'Amr, près de moi, ma passion Appelle, sois ardente, une fraîche boisson. Ce salut que ta lettre est venue m'apporter, Dieu, mille et mille fois, veuille te l'accorder, Autant qu'il est de monts où le sentier chemine, De pierres et de terre, et plaines, et collines.
Bonjour, je suis heureux de constater qu'il y a toujours des amoureuses et amoureux de poésie qui alimentent régulièrement ce post depuis plus de 4 ans! Une petite contribution de ma part et je ne vais pas faire dans l'originalité, je poste (encore) du Darwich
Il fut ce qu’il aurait été (extrait) Je ne rêve maintenant de rien. Je désire désirer. Je ne rêve maintenant que d’harmonie. Désirer Ou Disparaître Non. Ces temps ne sont pas mes temps.
Je dis tant de choses Je dis tant de choses sur la différence ténue entre les femmes et les arbres, Sur la magie de la terre, sur un pays dont je n’ai trouvé le tampon sur aucun passeport Et je demande : mesdames et messieurs aux cœurs bons, La terre des hommes est-elle, comme vous l’affirmez, à tous les hommes ? Où alors ma masure ? et où suis-je ?l’assemblée m’applaudit Trois autres minutes. Trois minutes de liberté et de reconnaissance…l’assemblée vient d’approuver Notre droit au retour, comme toutes les poules et tous les chevaux, à un rêve de pierre. Je leur serre la main, un par un, puis je salue en m’inclinant…et je poursuis ce voyage Vers un autre pays, où je dirai des choses sur la différence entre mirages et pluie Et demanderai :mesdames et messieurs aux cœurs bons, la terre des hommes est-elle A tous les hommes ?
Que ferons –nous de l’amour ?tu as dit Pendant que nous rangions nos vêtements dans les valises. L’emporterons-nous, le laisserons-nous suspendu dans l’armoire ? J’ai dit : qu’il parte où bon lui semble Car il a grandi et s’est propagé.
Je t’étreins jusqu’à disparaître, blanche brune. Je disperse ta nuit puis je te ramasse, toute … Rien en toi n’excède ou ne manque à Mon corps. Tu es ta mère et sa fille Et tu nais ainsi que tu le réclames à Dieu…
Bonjour D3C9 (chez moi ton pseudo s'affiche en rectangle avec à l'intérieur D3 et C9! je suppose que c'est un idéogramme asiatique) Merci pour ton accueil et je tiens à te féliciter pour la qualité de tes posts. Ce n'est pas évident de trouver de la poésie arabe ancienne traduite en français, à moins que ça soit tes traductions. PS: Nizar, ce n'est pas trop ma tasse de thé, à part son magnifique poème Belqaiss. Mais j'avoue ne pas trop connaître son œuvre.
Rien n’est précaire comme vivre Rien comme être n’est passager C’est un peu fondre comme le givre Et pour le vent être léger J’arrive où je suis étranger Un jour tu passes la frontière D’où viens-tu mais où vas-tu donc Demain qu’importe et qu’importe hier Le coeur change avec le chardon Tout est sans rime ni pardon Passe ton doigt là sur ta tempe Touche l’enfance de tes yeux Mieux vaut laisser basses les lampes La nuit plus longtemps nous va mieux C’est le grand jour qui se fait vieux Les arbres sont beaux en automne Mais l’enfant qu’est-il devenu Je me regarde et je m’étonne De ce voyageur inconnu De son visage et ses pieds nus Peu a peu tu te fais silence Mais pas assez vite pourtant Pour ne sentir ta dissemblance Et sur le toi-même d’antan Tomber la poussière du temps C’est long vieillir au bout du compte Le sable en fuit entre nos doigts C’est comme une eau froide qui monte C’est comme une honte qui croît Un cuir à crier qu’on corroie C’est long d’être un homme une chose C’est long de renoncer à tout Et sens-tu les métamorphoses Qui se font au-dedans de nous Lentement plier nos genoux O mer amère ô mer profonde Quelle est l’heure de tes marées Combien faut-il d’années-secondes A l’homme pour l’homme abjurer Pourquoi pourquoi ces simagrées Rien n’est précaire comme vivre Rien comme être n’est passager C’est un peu fondre comme le givre Et pour le vent être léger J’arrive où je suis étranger
Dans le ciel gris des anges de faïence Dans le ciel gris des sanglots étouffés Il me souvient de ces jours de Mayence Dans le Rhin noir pleuraient des filles-fées
On trouvait parfois au fond des ruelles Un soldat tué d’un coup de couteau On trouvait parfois cette paix cruelle Malgré le jeune vin blanc des coteaux
J’ai bu l’alcool transparent des cerises J’ai bu les serments échangés tout bas Qu’ils étaient beaux les palais les églises J’avais vingt ans Je ne comprenais pas
Qu’est-ce que je savais de la défaite Quand ton pays est amour défendu Quand il te faut la voix des faux-prophètes Pour redonner vie à l’espoir perdu
Il me souvient de chansons qui m’émurent Il me souvient des signes à la craie Qu’on découvrait au matin sur les murs Sans en pouvoir déchiffrer les secrets
Qui peut dire où la mémoire commence Qui peut dire où le temps présent finit Où le passé rejoindra la romance Où le malheur n’est qu’un papier jauni
Comme l’enfant surprit parmi ses rêves Les regards bleus des vaincus sont gênants Le pas des pelotons à la relève Faisait frémir le silence rhénan