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Du plutonium américain en route pour la France
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21 septembre 2004 03:25
COLUMBIA, Caroline du Sud (AP) - Une cargaison de plutonium a récemment quitté les Etats-Unis pour rejoindre la France, déclenchant les protestations de militants pacifistes qui estiment que le transport d'un tel produit constitue à la fois un danger pour l'environnement et une menace terroriste.

Des responsables du gouvernement américain ont confirmé que du plutonium avait quitté les Etats-Unis à bord d'un bateau blindé escorté d'un autre navire, mais ils n'ont pas précisé quand les bateaux étaient partis, pour des raisons de sécurité.

Une vingtaines de militants ont affiché lundi des panneaux et des bannières le long des quais Charleston lundi en signe de protestation.

"C'est vraiment le mauvais signe à envoyer aux pays dans le reste du monde", a déclaré Tom Clements, de Greenpeace, décrivant le transport et l'utilisation de matériel nucléaire de guerre comme "la mauvaise chose à faire pour le climat sécuritaire dans le monde actuellement".

Une fois arrivé en France, le plutonium sera transformé en carburant nucléaire et sera renvoyé l'an prochain pour être utilisé dans un réacteur commercial. Le Département américain de l'Energie doit envoyer le plutonium en France pour réussir cette transformation car les Etats-Unis ne possèdent pas de centrale capable de le faire.

Bryan Wilkes, porte-parole de l'administration de sécurité nucléaire nationale, s'est montré confiant quant à la réussite du transport.

"Chaque bateau est équipé d'un armement important... avec des forces spéciales à bord. Les personnes qui s'en occupent ont l'expérience de ce genre de chose. Ils ne transportent pas des oranges". AP
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26 septembre 2004 07:56
Il arrivesad smiley
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26 septembre 2004 07:59
LE MONDE | 24.09.04
Cent quarante kilos de cette matière radioactive doivent bientôt arriver par bateau à Cherbourg, avant de rejoindre Cadarache (Bouches-du-Rhône) via la Hague (Manche). Ce combustible provient du démantèlement d'armes nucléaires.
La cargaison que le Pacific-Teal, ou son jumeau, le Pacific-Pintail, va décharger ces prochains jours sur les quais du port de Cherbourg n'est pas de celles dont les écologistes et les représentants des associations antinucléaires raffolent. Il s'agit de 140 kilos de plutonium américain de qualité militaire, embarqués dans le port militaire de Charleston (Caroline du Nord) et en route pour l'usine de retraitement de combustibles irradiés que la société Areva exploite à la Hague (Manche), via une de ses filiales, la Cogema. 140 kilos d'une matière fissile si pure qu'elle permettrait de fabriquer plus d'une vingtaine de ces têtes nucléaires dont les Etats-Unis et la Russie équipent leurs missiles stratégiques (Le Monde du 23 septembre).

Il n'est donc pas étonnant que les écologistes et les antinucléaires commencent à se mobiliser pour protester contre le transport de cette matière nucléaire, qu'ils considèrent non comme un combustible mais comme un redoutable déchet radioactif. L'affaire est pour eux d'autant plus grave que le plutonium, même répandu en très petites quantités, présente des risques importants de contamination pour l'environnement. Il peut aussi, s'il n'est pas correctement manipulé, donner lieu à des accidents de "criticité", générateurs de dangereuses bouffées de rayonnements. C'est la raison pour laquelle les 140 kilos de ce matériau en poudre ont été répartis dans de multiples boîtes étanches, elles-mêmes placées dans d'épais conteneurs.

A première vue, il y a quelque chose de paradoxal à mobiliser deux bateaux de 100 m de long et 15 de large, armés de canons et surveillés comme le plus précieux des coffres, avec des soldats à bord, pour transporter d'aussi petites masses. Mais celles-ci sont enserrées dans des tonnes de blindage : pour des questions de poids, de volume et de sécurité en cas de chute, cela écarte le transport aérien. La sûreté est à ce prix, tant pour assurer la protection de l'environnement que pour tromper ceux qui pourraient avoir l'intention de mettre la main sur la cargaison à des fins terroristes. En effet, l'un des deux navires engagés dans cette opération, baptisée Eurofab, sera vide de toute matière nucléaire.

Lequel ? Mystère. Tout comme est gardée secrète la date d'arrivée dans les eaux cherbourgeoises du Pacific-Teal et du Pacific-Pintail. Les deux navires sont bien connus des industriels du cycle du combustible et des associations de défense de l'environnement. Ils assurent le transport de combustibles usés et de déchets nucléaires vitrifiés entre la France et le Japon.

EN RUSSIE AUSSI

Le convoi du plutonium américain vers l'usine de retraitement de la Hague, où il sera reconditionné avant de partir pour le centre d'études nucléaires de Cadarache (Bouches-du-Rhône), sera sans doute bruyamment suivi. Et ce tout au long de son transit vers le sud-est de la France.

Là, et c'est une des raisons de la colère de Greenpeace, de l'association Robin des bois ou du réseau Sortir du nucléaire, la poudre d'oxyde de plutonium sera mélangée à de l'uranium naturel ou appauvri et reconditionnée sous forme de pastilles et de crayons dans une installation - l'atelier de technologie du plutonium (ATPu) -, dont la production a été arrêtée le 31 juillet 2003 parce qu'elle n'était plus en conformité avec les nouvelles normes antisismiques...

Mais ses capacités en tant que laboratoire de recherche sont intactes. Elles permettront donc de fabriquer ce mélange plutonium-uranium, le Mox, qui sera ensuite transféré dans l'usine Melox qu'Areva exploite à Marcoule (Gard) pour fabriquer quatre "assemblages combustibles" analogues à ceux que certaines centrales nucléaires françaises brûlent aujourd'hui dans leurs cœurs. Durée de toute cette opération : quatre mois. Coût : une vingtaine de millions d'euros. Ce n'est qu'au début de 2005 que ces assemblages repartiront pour les Etats-Unis. Au printemps, l'électricien Duke Power les chargera dans les réacteurs de Catawba pour les brûler.

On peut s'étonner que les Américains n'aient pas fabriqué leur propre Mox. En fait, jusqu'à maintenant, ni les Russes ni les Américains n'avaient éprouvé le besoin de développer cette technologie que les Français maîtrisent. D'où la mission Eurofab, qui cache une opération plus importante encore : Mox for Peace, qui vise à débarrasser Moscou et Washington de 34 tonnes de plutonium chacun.

C'est pourquoi les Etats-Unis ont engagé avec Areva, au sein du consortium industriel DCS (Duke-Cogema-Stone & Webster), des études pour la construction, dès la mi-2005, à Savannah River, d'une usine américaine (DEMox) de fabrication de Mox. Celle-ci pourrait entrer en service en 2008. Le combustible produit sera ensuite brûlé, à partir de 2009, dans les réacteurs de Catawba et de McGuire qu'exploite Duke Power. L'entreprise pourrait rapporter quelque 250 à 300 millions d'euros à la société française. La même opération devrait se répéter en Russie, où sera construite une autre usine, CHEMox, tant il est important pour les contrôleurs du désarmement que les deux grands se débarrassent de leurs stocks "excédentaires" de plutonium à peu près au même rythme.

Jean-François Augereau

 
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