Menu
Connexion Yabiladies Ramadan Radio Forum News
Petite estocade laique à Vincent Peillon
X
18 février 2013 18:38
Citation
a écrit:
Les références hasardeuses de Vincent Peillon sur la « morale laïque »

Bernard Girard
Enseignant en collège
Publié le 18/02/2013 à 11h29

Auditionné par la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale le 30 janvier dernier, Vincent Peillon s’est de nouveau attardé sur la morale laïque qu’il entend promouvoir dans le cadre de la prochaine loi d’orientation sur l’école.

Vincent Peillon, en 2009 (Audrey Cerdan/Rue89)

Les références historiques dont il a cru bon faire état auprès des députés sont pour le moins hasardeuses, tout comme les vertus magiques prêtées aux leçons de morale chères à l’école de Jules Ferry.

« Qu’est-ce qu’une morale laïque ? » s’est interrogé le ministre.

« C’est une morale non confessionnelle, qui ne repose pas sur le fondement d’une révélation. Elle doit rassembler, et non diviser. Autrefois, ce concept était compris de tous […] La république s’est d’ailleurs construite sur le refus de séparer morale et politique.

De la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen au refus de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain en passant par l’affaire Dreyfus, il existe une continuité d’actes supérieurs aux lois. Tous les enfants savaient cela mais comme ce n’est plus le cas, cela doit être de nouveau enseigné et j’ai installé une mission chargée de l’organiser. »

Morale la république ?

Si l’on comprend bien le ministre, la république trouverait sa spécificité et sa légitimité dans « le refus de séparer morale et politique », une affirmation étayée par quelques aperçus historiques aussi imprudents qu’abusifs, en réalité bien peu respectueux de l’histoire. Ainsi, la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen, dont la rédaction (août 1789) est pourtant antérieure de trois ans à la proclamation de la république (septembre 1792).

C’est indéniablement un régime monarchique certes finissant et non un régime républicain qui a accouché de la déclaration, de la même manière que c’est bien la justice de la république qui en 1895, condamne au bagne le capitaine Dreyfus. La fiction atteint des sommets avec la prétention affichée par le ministre de rattacher le « refus de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain » à un idéal républicain plus virtuel que réel et dont on aurait peine à retrouver la trace dans les événements de l’été 1940.

Car enfin, s’il y eut bien 80 parlementaires à refuser de voter les pleins pouvoirs à Pétain en juillet 1940, il s’en est trouvé 569 autres, pas moins « républicains » que les premiers, pour les lui accorder, ouvrant ainsi la voie au régime de Vichy et à la collaboration. Dans l’histoire, la morale républicaine a toujours su trouver les accommodements nécessaires.
Les prétentions abusives d’un régime politique

Qu’un régime politique détienne le monopole du respect des droits de l’Homme – et qu’à ce titre, il devrait faire l’objet dans les écoles d’une vénération sans borne – ne résiste pas à l’examen des faits. Dans son histoire chaotique des origines à nos jours, la république s’est illustrée plus d’une fois par une brutalité et une intolérance qui ne lui donnent aucune légitimité indiscutable.

De la Terreur aux centres de rétention pour les sans-papiers, en passant par les guerres coloniales ou aux essais nucléaires dans le Pacifique, on aurait peine à trouver cette essence supérieure qui ferait de la république française un modèle de vertu digne d’enseignement.

Lorsqu’un ministre prétendument attaché à défendre les « valeurs de la république » s’accommode de la discrimination officielle dont font l’objet les enfants roms pour l’accès à l’école, ou encore que le gouvernement auquel il appartient refuse obstinément de reconnaître aux immigrés les droits civils les plus élémentaires, on peut en toute justice s’interroger sur la nature véritable du régime politique en question. L’attribution inconsidérée d’une valeur éthique à des institutions politiques – dans le cas présent, celles de la république, parée de toutes les vertus – porte en germe cette contradiction.
Les vaines leçons de morale de la Troisième république

République, morale, laïcité, cette trilogie fantasmée sur laquelle Vincent Peillon prétend vouloir bâtir une nouvelle matière scolaire, la morale laïque, était, selon ses dires, « autrefois, comprise de tous […] Tous les enfants savaient cela mais comme ce n’est plus le cas, cela doit être de nouveau enseigné et j’ai installé une mission chargée de l’organiser ».

Quel autrefois, au juste ? Un autrefois imaginaire, qui sent la blouse grise et le tableau noir, que le ministre s’obstine à vouloir ressusciter, au nom d’une réalité historique illusoire. Si l’on accepte l’idée selon laquelle l’enseignement scolaire de la morale laïque et civique serait porteur d’un message suffisamment fort pour former des citoyens, on ne comprend pas, dans cette hypothèse, comment les leçons de morale dont étaient imprégnés les écoliers de la Troisième république n’ont pas empêché les Français de cautionner massivement, au moins pendant quelques années, une politique objectivement inhumaine, celle de Vichy. Une interrogation qui renvoie à la nature réelle du régime républicain d’avant-guerre, colonisateur sans honte, aux tendances lourdement xénophobes.

D’une certaine façon, l’éducation civique, morale ou laïque prend tout son sens à travers ce qu’elle dissimule plutôt que par ce qu’elle prétend mettre en œuvre. Tout au long de son histoire, la république ne fut pas si belle pour qu’elle puisse s’ériger en éducatrice.

Excellente remise en perspective.
X
18 février 2013 18:40
c
19 février 2013 09:18
que vient faire cette liste de français juifs? quel rapport avec l'article?
c'est une maladie...............
19 février 2013 11:09
Salam aleikûm,

Ce même brillantissime ministre ( je suis sérieuse ) qui a l'air de bien connaître ses dossiers, et le travail d'un enseignant sur le terrain, explique que la "morale laïque" c'est de pouvoir distinguer le bien du mal !

Chouette, les enseignants n'ont plus qu'à attendre de recevoir les textes du programme expliquant ce que c'est que le Bien et ce que c'est que le Mal afin de pouvoir, à leur tour, l'expliquer aux élèves.

La légende ne nous dit pas qui va écrire ces textes explicatifs, autrement dit qui va nous définir ces deux antonymes et en se basant sur quelle culture ? Vous avez une idée vous ?
X
19 février 2013 11:29
En fait des l'école maternelle, il y aura des jeux éducatifs. La maîtresse viendra avec des panneaux et les exposera aux élèves. Quand elle lèvera le panneau "mariage homosexuel", les élèves devront dire "c'est bieeeeeeeeeeen" (comme des moutons). Et quand ils verront un panneau "religion", ils diront "pas bieeeeeeeen".

Pétillon s'est bien ridiculisé et ce professeur d'histoire le lui a bien rappelé.
25 février 2013 10:37
En ce moment-même, une émission sur france culture sur Jean Jaurès, évoquant ce sujet.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 25/02/13 10:38 par سرور.
 
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com
Facebook