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le patron d'une PME flamande est menacé de mort parce qu'il tolère le voile...
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10 janvier 2005 16:00
En Belgique, le patron d'une PME flamande est menacé de mort parce qu'il tolère le voile d'une employée

LE MONDE | 06.01.05 | 14h07


L'affaire, qui survient dans une région où l'extrême droite xénophobe est devenue la première formation, dépassant 25 % des intentions de vote, embarrasse les partis politiques.

Ledegem (Belgique) de notre envoyé spécial

Sur le coup de 10 heures, lorsque la Renault rouge de la Poste pénètre dans la cour de son entreprise, Rik Remmery dévale les marches de son bureau. "Cela a déjà dû être examiné par la police", se rassure-t-il en scrutant le paquet d'enveloppes que lui remet le facteur. Rita, son épouse, n'est pas moins anxieuse. "Ça va, ça va, rien aujourd'hui...", lâche le patron flamand. Ce ne sera pas le jour de la sixième lettre de menaces.

C'est le 22 novembre que la série a commencé. Un envoi anonyme exige que Naïma Amzil, une Belge d'origine marocaine, âgée de 31 ans, employée depuis 1996 par cette entreprise de plats préparés, ôte son voile lorsqu'elle travaille. "Il n'y avait pas de quoi rire, mais j'ai cru à une blague", raconte Rik Remmery, un ancien policier de 51 ans, qui a commencé à cuisiner dans sa maison en 1987. Huit ans plus tard, il rachète un bâtiment qu'il agrandit et se lance dans une activité industrielle qui lui permet désormais d'employer une cinquantaine de personnes. Parmi elles, quelques Françaises venues de la banlieue lilloise, proche de cette zone baptisée la "Californie flamande" parce que les success stories d'entreprises y abondent.

Ici, le chômage est quasi inexistant et un foulard n'est pas un obstacle à une embauche. "Moi, je n'ai pas d'avis sur cette question du voile, explique le patron, dans un savoureux mélange de flamand et de français. Dans l'usine, tout le monde porte d'ailleurs un couvre-chef, pour des raisons d'hygiène. Mais, bien sûr, je sais qu'il n'y a qu'une femme voilée dans notre coin."

Remise à la police, la première missive de menaces se retrouve un peu plus tard dans un quotidien. L'affaire alerte la Flandre, une région où l'extrême droite xénophobe est devenue la première formation politique, dépassant 25 % des intentions de vote. A Ledegem, un gros bourg sans âme et sans histoire, 2 élus, sur les 5 du conseil municipal, sont membres du Vlaams Belang, l'ancien Vlaams Blok. Signée "Vrij Vlaanderen" (Flandre libre), la lettre reprend la dénomination des jeunes du parti, mais les dirigeants du Belang assurent à Rik Remmery que leur formation n'a rien à voir dans cette histoire.

Une deuxième lettre suit, menaçant la femme de Rik Remmery ainsi que ses deux enfants, et leur prédisant "un cauchemar". La troisième, signée cette fois "Nieuw Vrij Vlaanderen" (Nouvelle Flandre libre), exige de Naïma Amzil qu'elle ôte également son foulard hors de l'usine. La quatrième traite M. Remmery de "mauvais Flamand" et l'accuse de "collaborer avec les musulmans". Elle annonce que 250 000 euros seront offerts à celui qui le tuera dans l'année. La cinquième, enfin, parvenue le 29 décembre, fait "craquer" nerveusement Rita Remmery. Manuscrite, elle contient une balle, destinée, selon l'auteur, au patron de Ledegem. Désormais, son entreprise et sa maison font l'objet d'une surveillance quasi permanente.

DÉMISSION REFUSÉE

Rik Remmery a les larmes aux yeux lorsqu'il dit son espoir que tout cela s'arrêtera bien vite, d'autant qu'un suspect a été arrêté il y a quelques jours, sans que l'on sache si cette piste mènera plus loin que celles qui ont déjà été suivies. Le patron a, en tout cas, refusé la démission que son employée lui a présentée. "Elle a besoin d'argent et, après toute son histoire, qui voudra l'embaucher ?, s'emporte-t-il. Je ne veux pas qu'elle reste chez elle, qu'elle n'ait plus de contacts sociaux ; ce n'est pas cela l'intégration."

Avant cela, la jeune femme avait accepté de retirer son foulard dans l'usine. "Elle a longuement pleuré, cela a été très poignant pour nous tous", dit Rik Remmery. "La douleur est semblable à celle d'une mère privée de son bébé, mais ma religion me force aussi à songer au bien d'autrui", explique, quant à elle, la jeune femme, qui s'est mise en congé. Elle évite de se montrer, même si ni elle ni son mari marocain n'ont été directement menacés. "C'est triste de voir à quoi conduisent certains débats", ajoute la jeune femme.

Elle ne parle pas des critiques de certains sites Web islamistes, qui lui reprochent d'avoir cédé au chantage. Pas plus que des coups de fil d'autres jeunes musulmanes, qui lui racontent que des employeurs ont profité de cette affaire pour forcer leurs employées à ôter leur voile, "par crainte des ennuis possibles". Rik Remmery, lui, a reçu les encouragements de plus de 20 000 personnes, sur le site Web d'Unizo, une association de PME flamandes. "Je ne veux être un exemple pour personne, réplique-t-il. Et je n'avais aucun besoin de notoriété", ajoute-t-il. Quelques voix discordantes affirment, en effet, qu'il a organisé sa propre publicité en montant l'affaire en épingle.

Les politiques flamands, tétanisés par le Vlaams Belang, sont silencieux, se contenant d'indiquer qu'"une enquête est en cours". Le roi Albert II, lui, recevra Rik et Rita Remmery, ainsi que leur employée, dans quelques jours. "Cela me donne du courage", commente le patron devenu, à son corps défendant, un symbole.

Jean-Pierre Stroobants

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 07.01.05
k
10 janvier 2005 19:21
Le travail c'est la dignite de l'homme pas le voile. Ceux-ci est un tissu est rien d'autre.

L'employée malgré la pression n'a pas perdu sa dignité mais juste un voile. Nous sommes face à des gens réalistes : un patron qui refuse une démission et une femme qui prend ses responsabilité. Ce n'est pas beau ça et c'est une histoire belge mes amis. De quoi être jaloux!!
t
11 janvier 2005 09:24
la femme et le patron seront recu par le Roi des belges le 12 janvier
 
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