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Parler de Dieu aujourd'hui
J
JD
17 novembre 2007 09:26
bonjour

voici un extrait d'un interview d'André Gounelle
(Doyen de la faculté de théologie protestante de Montpellier)

personnellement, si je suis pret à accepter un dieu dans ce qu'il appelle la première référence, je refuse catégoriquement celui de la seconde référence, alors que j'ai l'impression que c'est l'inverse pour la plupart d'entre vous.

que pensez vous sa proposition de combiner les deux dans la théologie du process ?



"La théologie du process propose l'idée de Dieu qui est mouvement ; dynamisme créateur.

Il est frappant que la question de parler de Dieu se pose comme elle le fait actuellement. On a assisté en quelques dizaines d'années d'un net recul du langage sur Dieu, de la référence à Dieu, de la notion de Dieu, de l'idée de Dieu, de la croyance en Dieu, même et y compris dans les milieux religieux. Comme si on n'osait plus, on ne pouvait plus en parler.

Cette difficulté vient certainement d'un discours sur Dieu classique et traditionnel qui masque Dieu plutôt qu'il ne le fait apparaitre.

Je ne veux pas dire que les générations qui nous ont précédé n'ont dit que des bêtises. Mais ce qu'elles ont dit l'a été et avait un sens dans une culture extraordinairement différente. Ces affirmations n'ont plus de sens dans notre culture d'aujourd'hui.

Un exemple classique est celui des conciles de Nicée, Constantinople et Chalcédoine qui ont définit la doctrine des deux natures en Christ, cela avait du sens à l'époque. Ils reprenaient d'ailleurs des catégories de la philosophie de leur temps. Les contemporains comprenaient ce que l'on voulait dire à travers les mots que l'on employait. Mais nous ne les comprenons plus. Ces formulations sont des doctrines qui ne nous touchent plus, qui n'ont pas de sens pour nous, qui nous paraissent absurdes et qui le sont effectivement si l'on y réfléchit avec les catégories de notre époque.



Pour parler de Dieu aujourd'hui, on peut dire deux choses.

D'abord, le discours sur Dieu a traditionnellement et depuis toujours deux références.

- La première référence vient des religions de la sagesse, de la culture. Des religions qui essayent de découvrir Dieu dans le monde, dans la réflexion, dans l'intériorité, dans le travail sur soi. Trouver Dieu dans ce qui nous entoure.

Ces religions sont méfiantes à l'égard de toute révélation surnaturelle.

C'est notamment le cas dans la "confession de foi d'un vicaire savoyard" de Jean-Jacques Rousseau, qui voit Dieu partout dans la nature mais pas dans la Bible ni dans le Coran.

- La seconde référence vient des religions de la révélation, en particulier du christianisme et de l'islam, selon lesquelles on ne peut pas parler de Dieu à partir de soi car en s'y efforçant, on ne parle que de soi. On ne peut parler de Dieu qu'à partir d'une révélation qui est coupure avec la logique du monde, les cultures, ce que nous pensons. Religion de la rupture.


Il me semble qu'il faudrait dépasser cette opposition. Je propose l'image de la Belle au Bois dormant. La Belle dort dans un château et un prince la cherche. La Belle est l'image de l'intériorité et le prince est l'image de la parole extérieure, celle qui vient du dehors.

Si la Belle ne rencontre pas son prince, elle ne se réveillera pas et les virtualités qui sont en elle ne se développeront pas.

Si le prince ne trouve pas la Belle, il tournera en rond, il sera comme celui qui cherche constamment son but sans jamais le trouver.

Il nous faut apprendre aujourd'hui, beaucoup plus que les générations précédentes, à joindre la sagesse et la parole extérieure.

C'est seulement si on parle de Dieu, en se fondant certes sur l'Écriture, mais en fonction de ce que nous vivons, pensons, de ce qu'est notre situation, que quelque chose se passera et que le discours redeviendra sensé.




Modifié 1 fois. Dernière modification le 17/11/07 12:26 par JD.
"Quiconque prétend s'ériger en juge de la vérité et du savoir s'expose à périr sous les éclats de rire des dieux puisque nous ignorons comment sont réellement les choses et que nous n'en connaissons que la représentation que nous en faisons." (Albert Einstein / 1879-1955)
p
17 novembre 2007 12:55
Citation
JD

Dieu qui est mouvement ; dynamisme créateur. a écrit:


Tout à fait.

Un être hûmain qui stagne, reste figé, est hors du champ de Dieu, du mouvement de la vie. J'entends par Dieu, tout ce qui est; une vibration universelle, qui est là sans jugement, ne juge pas, n'est pas jugée.
m
22 novembre 2007 19:58
Depuis le début de l’humanité, il est surprenant de constater que pratiquement toutes les civilisations ont eu leur dieu, ou leurs dieux, ou leurs divinités, et que même des peuples sans véritable religion, croient au moins à des puissances qui les transcendent.
Même les scientifiques les plus cartésiens finissent un jour ou l’autre par se poser la question d’une « Intelligence supérieure ».
« Celui qui réfléchit peu ne croit pas en Dieu, celui qui réfléchit beaucoup ne peut que croire en Dieu » (Isaac Newton)

Cela signifie que la croyance en une puissance supérieure est innée et spécifique aux hommes. Les hommes auraient alors déjà « l’intuition de Dieu ».

Donc la première référence (Trouver Dieu dans ce qui nous entoure) s’applique, à l’origine, à tout le monde, ou presque.
Vient ensuite la seconde référence (Les religions de révélation comme le Christianisme et l’Islam). Or cette seconde référence ne pourrait se développer que si le terrain est déjà propice, c'est-à-dire que si les hommes ont déjà l’intuition de Dieu, que les révélations viennent ensuite conforter.

N’oublions pas qu’avant le Coran, les peuples devenus ensuite musulmans, croyaient en une multitude de divinités. Ils avaient donc déjà la foi, même si celle-ci portaient sur des idoles.
Le Coran n’a donc pas crée la foi elle-même mais il a guidé et transféré celle-ci de l’idolâtrie au monothéisme.
Un peuple idolâtre possède déjà la foi (même si elle est imparfaite). Il sera plus facile pour lui d’accepter ensuite les révélations.
Un peuple qui ne croit absolument à rien, même pas aux esprits ou à des forces surnaturelles, (ce qui est rare), restera forcément insensible aux révélations.

Donc la seconde référence doit avoir comme terrain de culture la première : l’homme ressent d’abord l’intuition de Dieu, qu’il cherche, et il se retrouve dans les livres de révélation.
Il ressent une harmonie entre les révélations et sa foi qui est éclairée, renforcée et dirigée.

La première référence, quant à elle, peut exister sans la seconde : Il se peut que certains hommes soient persuadés de l’existence de Dieu, mais qu’ils ne se retrouvent pas dans les livres de révélation.
Ils recherchent alors Dieu par eux-mêmes. Pourquoi ne le trouveraient-ils pas s’ils ont la foi ??

« Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas; on le sait en mille choses. C'est le coeur qui sent Dieu, et non la raison. Voilà ce qu'est la foi, Dieu sensible au coeur, non à la raison. »
Blaise Pascal.
J
JD
24 novembre 2007 11:13
Citation
marco0 a écrit:
La première référence, quant à elle, peut exister sans la seconde : Il se peut que certains hommes soient persuadés de l’existence de Dieu, mais qu’ils ne se retrouvent pas dans les livres de révélation.
Ils recherchent alors Dieu par eux-mêmes. Pourquoi ne le trouveraient-ils pas s’ils ont la foi ??

tout à fait, mais beaucoup confondent la foi avec la croyance en la révélation.
voici un autre texte du même courant chrétien protestant qui s'efforce de rénover la foi.

Comment concevoir Dieu


Il est normal de personnaliser Dieu dans notre méditation et notre prière. Mais il ne faut pas prendre ces personnifications à la lettre.

Du début jusqu'à la fin, la Bible est l'histoire de Dieu. Elle n'est bien sûr pas écrite par Dieu. La Bible hébraïque est l'histoire de Dieu écrite par l'ancien Israël et le Nouveau Testament est l'histoire de Dieu écrite par la communauté des premiers chrétiens, notamment telle que Jésus l'avait révélée.

Comment ces deux anciennes communautés ont-elles compris le personnage central de leurs récits ? Comment ont-elles conçu Dieu et sa relation au monde ?

La Bible donne à ces questions une réponse double.


D'une part, la Bible emploie un langage imagé qui présente Dieu comme une personne humaine, un roi, un seigneur, un père, une mère, un guerrier, un berger, un potier pour ne citer que certaines de ces images anthropomorphiques.

Le seul fait que ces images soient nombreuses et diverses indique qu'il s'agit de métaphores. Dieu n'est littéralement aucune d'elles, il est comme un roi, comme un père ou une mère, comme un guerrier, un berger etc.

Prendre ces métaphores anthropomorphiques à la lettre entraîne une notion de Dieu appelée « théisme surnaturel ». Dieu est considéré comme demeurant « là-haut », comme ayant créé il y a longtemps l'univers comme une entité séparée de Dieu. C'est donc de l'extérieur que Dieu intervient lorsqu'il le veut, notamment dans les événements les plus dramatiques rapportés par la Bible. La plupart du temps, Dieu n'est donc pas « ici » mais « là-haut ».

C'est ainsi que l'on dit : « Notre Père qui es aux cieux. »



D'autre part, la Bible dit aussi que Dieu est « ici parmi nous » et davantage même. Dieu est alors considéré comme l'Esprit immatériel enveloppant l'humanité et toute chose.

- Dans le livre des Actes, Paul dit de Dieu :

En lui nous avons la vie, le mouvement, et l'être. 17.28.

Ceci implique que Dieu n'est pas ailleurs, mais qu'il nous entoure : nous vivons et nous mouvons « en Dieu ».

- Dans le Psaume 139 on trouve la même idée qu'on ne peut jamais être en dehors de Dieu. 7-11

Où irais-je loin de ton esprit,
Où fuirais-je loin de ta face ?
Si je monte aux cieux, tu y es,
Si je me couche au séjour des morts, t'y voilà.
Si je prends les ailes de l'aurore,
Et que j'aille habiter à l'extrémité de la mer,
Là aussi ta main me conduira,
Et ta droite me saisira.
Si je dis : Au moins les ténèbres me couvriront,
La nuit devient lumière autour de moi.



Dans l'hébreu de l'Ancien Testament, comme dans le grec du Nouveau Testament, le mot que nous traduisons par « esprit » signifie aussi « vent » et « respiration ». Dieu est comme un vent, comme une respiration. A l'époque on ne concevait pas le vent comme une réalité matérielle, des molécules d'air en mouvement, mais comme une force invisible mais puissante. La respiration aussi est, en nous, comme une force invisible de vie.

Dieu est comme le vent qui souffle à l'extérieur de nous et comme la respiration qui est en nous.

Nous sommes en Dieu et Dieu est aussi en nous.

Cette manière de comprendre Dieu se nomme en théologie le « panenthéisme » (ce qui signifie en grec « tout est en Dieu »). Nous sommes en Dieu, nous vivons et nous mouvons en Dieu. Dieu n'est pas un être là-bas mais une présence en nous et autour de nous.

Il est normal de personnifier Dieu et de nous adresser à lui, dans la méditation et la prière, comme s'il était une personne, en lui disant « tu ». Mais si l'on prend cette personnification littéralement, on tombe dans le théisme surnaturel, Dieu devient un être, à côté et en plus des autres êtres de l'univers et il s'éloigne de nous.

Il d'ailleurs peu crédible dans le monde moderne, qu'un tel être existe là-haut. La conception du théisme surnaturel me semble responsable du refus de Dieu par l'athéisme moderne.

Par contre, la conception panenthéiste de Dieu ne génère pas de telles difficultés : un Dieu présent en nous et autour de nous, aussi proche de nous que notre propre souffle. Une religion qui ne consiste pas à croire en un Dieu qui existe ou qui, peut-être n'existe pas, mais qui nous fait prendre conscience du Dieu qui est présent en nous.

"Quiconque prétend s'ériger en juge de la vérité et du savoir s'expose à périr sous les éclats de rire des dieux puisque nous ignorons comment sont réellement les choses et que nous n'en connaissons que la représentation que nous en faisons." (Albert Einstein / 1879-1955)
 
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