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LE PANTHEON DU MAROC
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10 avril 2005 14:47
Pour rendre hommage à des personnalités politiques hors du commun que nos historiens n’osent évoquer de peur de mécontenter les usurpateurs du pouvoir.

Source: [www.lejournal-hebdo.com]

Au cours de l'histoire du Maroc contemporain des personnages, par leurs actes, par leurs discours et leurs réflexions, ont bousculé une société caractérisée par l'immobilisme. Ils constituent le « Panthéon marocain », un monument à inventer pour consacrer la citoyenneté. Des historiens racontent ces hommes qui ont tenté de construire un Maroc moderne.



Le Panthéon, un terme désignant à la fois l'ensemble des dieux d'une religion ou d'une mythologie et l'édifice consacré par les Grecs et les Romains à toutes leurs divinités. Plus tard, il deviendra le monument où reposent les grands hommes d'une nation. Constituer et imposer un Panthéon de grands personnages historiques, offrir des héros ou des figures emblématiques à la postérité, sont des gestes politiques qui n'ont jamais été entrepris au Maroc. Pour quelles raisons ? Le chercheur Mohamed Layadi impute cette démystification des « pères fondateurs » du Maroc contemporain au fait principal que l'hagiographie officielle est une histoire dynastique où « le fait du Prince » domine et marginalise les autres figures. D'autre part, les courants politiques se sont appropriés toutes les sommités de notre histoire. La référence à chaque figure renvoie à une vision de l'Etat national. Et ses différentes appréciations se sont alors trouvées en compétition… à cause de cette filiation politique. Au lieu que les pensées de ces figures s'agrègent, elles ont été fatalement affaiblies par cette concurrence politicienne.


Un travail académique nécessite une liberté totale
D'un côté, on trouve un Etat qui ne se soucie que du « fait du Prince », de l'autre, des partis politiques qui s'approprient les parcours, les faits d'armes de ces figures étiolant par là même la portée idéologique de leurs discours. Il revenait donc aux historiens et à la recherche scientifique d'entreprendre un travail de réhabilitation pour rapprocher ces figures du citoyen sans le prisme obscurcissant de la filiation partisane. Les contraintes politiques, les rapports de ces figures à la monarchie ont bâillonné la pensée scientifique. Ces personnages ont été soigneusement évités par les historiens marocains, se réfugiant derrière un argumentaire méthodologique, arguant que l'histoire récente n'était pas un sujet académique. Ce sont donc, jusqu'à une date récente, leurs confrères étrangers, moins touchés par le tabou, qui effectueront le travail. Que peuvent apporter ces personnages à la pensée démocratique ? Chacun, à une période donnée de l'histoire du Maroc contemporain, s'est d'abord distingué par une volonté d'indépendance vis-à-vis du pouvoir absolu du roi. Au retour de Mohammed V, Belarbi Alaoui pourtant nommé ministre conseiller de la Couronne, se distingue par un discours moderniste et gêne parfois le Palais par des positions jugées radicales. Pour Belarbi, ni les cheikhs de confréries qui prétendent être les héritiers spirituels du Prophète ni les chorfas, ses descendants charnels, ne peuvent prétendre à la Siyyada. Puisque celle-ci, dans l'ordre cosmique, appartient à Dieu seul et dans l'ordre profane, au peuple... ce qui constitue en soi les prémices de la laïcité.


Abdelkrim utilisé
L'historiographie marocaine contemporaine n'a voulu retenir d'Abdelkrim que l'homme d'Anoual, celui qui était à l'origine de « L'épopée d'or et de sang ». Pourtant, son apport à la relation entre le sujet et le puissant aurait pu être le ferment d'une nouvelle vision de la citoyenneté. Quant à Ben Barka, sa vie fut un galop effréné, une course irraisonnée contre le temps. Pourtant, à part l'indépendance du Maroc, il n'achèvera aucune des grandes tâches qu'il s'est fixé. Ne reste dans l'inconscient collectif marocain que l'épisode lugubre de son assassinat. Pourtant sa pensée restera la seule matérialisation évidente de la confrontation du cartésianisme avec la pensée féodale makhzenienne. Allal El Fassi a tenté de mettre en place un premier statut moderne de la condition de la femme. Ces dialogues constructifs, résolument avant-gardistes, avec d'autres ouléma plus conservateurs, ne laisseront aucune trace. Quant à El Ouazzani, une des personnalités méconnues du 20ème siècle, il sera le seul à envisager de nouveaux rapports entre la monarchie et les citoyens. Si un certain nombre de politiques actuels s'inspirent des réflexions de ces immenses personnages, très peu en revendiquent la filiation intellectuelle. Une filiation intellectuelle, terreau du débat et du développement. Parce que l'histoire est le ciment de la modernité.



1) Abdelkrim, l'Emir et le Sultan: [www.lejournal-hebdo.com]
2) Ben Larbi Alaoui, Cheikh Al Islam: [www.lejournal-hebdo.com]
3) Ben Barka, l'icône: [www.lejournal-hebdo.com]
4) Allal El Fassi, le zaïm mythique: [www.lejournal-hebdo.com]
5) El Ouazzani, le réformateur: [www.lejournal-hebdo.com]




Modifié 4 fois. Dernière modification le 10/04/05 14:57 par kardach.
 
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