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Offensive imminente
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2 avril 2005 11:02
Nous vous avons présenté dans nos précédents numéros John Bolton, désigné par George W. Bush comme son ambassadeur à l'ONU, puis Paul Wolfowitz, choisi par le même George W. Bush pour présider la Banque mondiale.

Dans le monde entier, on a interprété le choix de ces deux néoconservateurs, réputés pour être deux « coriaces », comme une décision désinvolte ou un défi : « Ce que je juge bon pour l'Amérique doit être accepté par le reste du monde », semblait vouloir dire le président des États-Unis.

Dans ces deux nominations, il y a plus qu'un défi, à mon avis : la volonté de l'Amérique bushienne de prendre, plus nettement encore que par le passé, le contrôle de ces deux institutions et de les mettre au pas.

S'agissant de l'ONU, Bush et ses hommes ont achevé les préparatifs de l'offensive, et son déclenchement est désormais imminent. Le but est de déconsidérer le secrétaire général, Kofi Annan, et de l'affaiblir pour le contraindre à se soumettre davantage encore ou à se démettre.

Son crime ? N'avoir obéi à l'actuelle administration américaine qu'à 70 % ou 80 %, avoir osé dire, avec d'infinies précautions et très tardivement, que l'invasion de l'Irak pouvait être considérée comme « illégale ».

Écoutées et enregistrées, ses conversations téléphoniques parviendront à la presse et seront utilisées contre lui. Déjà, dans le Wall Street Journal, dont les éditorialistes sont mobilisés contre l'ONU et son secrétaire général, on en est arrivé à écrire dès le 23 mars :

- « M. Annan présente son nouveau plan de réforme pour sauver le monde au moment opportun, détournant ainsi l'attention des affaires de pétrole contre malversations, de sexe contre nourriture, de vol, de gaspillage, d'abus et d'incompétence qui, depuis deux ans, virevoltent autour de cette ONU qu'il a déjà réformée pour nous en 1997. [...]

- « On attend, ces jours-ci, le rapport Volcker concernant M. Annan et son fils, Kojo, dont les activités commerciales pendant le mandat de M. Annan ont assez malheureusement impliqué divers partenaires de l'ONU, dont un intervenant important du programme "Pétrole contre nourriture". [...]

- « Si l'on avait suivi M. Annan et l'ONU, plutôt que le président George Bush, les Irakiens vivraient toujours sous la férule de Saddam Hussein (et l'ONU gérerait toujours son sale programme "Pétrole contre nourriture"winking smiley. [...]

- « Si M. Annan est toujours partisan du tout ou rien, il n'y a qu'à jeter son rapport au panier et se mettre en quête d'un secrétaire général digne de ce nom... »

En pages 24-25, nous publions à titre de document l'enquête du Financial Times (britannique) et de Il Sole (italien). Nos deux confrères, qui sont, eux, pour une ONU multipolaire, universelle et forte, ont enquêté en commun et révèlent en avant-première ce que dévoilera sans doute le rapport Paul Volcker - commandé par Kofi Annan -, dont les premières constatations et conclusions vont être publiées début avril.

L'offensive trouvera un Kofi Annan moralement affecté et, de surcroît, très affaibli car, dans l'espoir d'apaiser ses adversaires américains, il a cru bon, fin 2004, de se séparer de quelques-uns de ses plus fidèles collaborateurs pour les remplacer par des Anglo-Saxons mieux vus à Washington.

Les toutes prochaines semaines montreront à qui va la loyauté de ces derniers.

BÉCHIR BEN YAHMED
La liberté des autres étend la mienne à l'infini.
 
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