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Obligations et interdits en islam
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13 mai 2006 12:25
Source : [www.maison-islam.com]

Obligations et interdits ont-ils pour objectifs la contrainte et la privation ?

On remarque que les musulman(e)s se réfèrent à des normes qui induisent une certaine exigence et une certaine privation par rapport à tout ce que l'homme est capable de faire : les musulman(e)s doivent se lever à l'aube pour prier quand les autres sont dans les bras de Morphée ; pendant les journées de tout un mois de l'année, ils et elles doivent jeûner, ce qui fait qu'ils et elles ne mangent ni ne boivent durant un douzième de l'ensemble des journées de leur vie ; ils et elles ont le devoir de respecter des normes précises de pudeur en matière vestimentaire également, alors qu'il est plus "dans le vent" de s'habiller de façon plus ou moins légère ; en ne buvant pas de vin, ils et elles "ne savent pas ce qu'il perdent" (c'est ce qu'on entend ci et là) ; ils et elles ne peuvent goûter aux plaisirs de la chair que dans le cadre d'un mariage ; la liste est longue de tout ce qu'ils et elles s'astreignent à faire parce qu'ils le considèrent obligatoire et de tout ce qu'ils s'interdisent de faire (ou du moins dont ils considèrent qu'ils ne devraient pas le faire)...

"Pourquoi vous privez-vous de tant de bonnes choses de la vie ? Et pourquoi vous astreignez-vous à tant d'obligations ?" demandent certaines personnes aux musulmans. "Qu'est-ce que Dieu obtiendrait en vous privant de ce qui pourrait vous faire plaisir ?"

Les normes voulues par Dieu auraient-elles pour objectif de priver l'homme et d'être contraignantes ? La réponse selon la perception musulmane, ci-après, en 7 points...

1) L'homme est constitué de forces diverses, entrant parfois en concurrence et nécessitant qu'il fasse un choix : il est désir autant que morale, plaisir aussi bien que devoir. Il est individuel mais doit vivre au milieu de ses semblables et au milieu de la biosphère (animaux, végétaux, terre et eau). Il ne voit que la matière mais son cœur est naturellement lié à la Transcendance

2) L'homme naît porté naturellement sur le plaisir. Il espère la satisfaction immédiate de ce qu'il veut. C'est le devoir et la patience qu'il doit apprendre au fur et à mesure de son développement psychique.

3) L'homme doit faire des choix occasionnels, et, en même temps, s'éduquer pour accéder à la droiture de son intérieur.

4) Dans le for intérieur de l'homme se trouve une lumière qui est à même de lui permettre de distinguer le licite de l'illicite, le bien du mal, le devoir du facultatif. Mais cette lumière est concurrencée par celle du désir et de l'intérêt personnel.

5) Dieu offre donc à l'homme des normes qui le guident sur le plan des croyances et de l'éthique.

6) Ces normes communiquées par Dieu à l'homme entraînent pour ce dernier une certaine exigence (dans le cas des obligations) par rapport à son envie de se prélasser ou se divertir, et une certaine privation (dans le cas des interdits) par rapport à tout ce qu'il serait capable de faire et que ceux qui ne croient pas font autour de lui. Ainsi, il est certain que se lever à l'aube pour prier est quelque peu contraignant par rapport au fait de faire la grasse matinée. De même, jeûner est moins facile que de ne pas le faire. Pareillement, il est moins facile de se réserver pour le mariage que de vivre sa sexualité avec des petit(e)s ami(e)s. On pourrait multiplier les exemples...
Et c'est bien pourquoi le Prophète (sur lui la paix) a dit : "Le Paradis a été entouré de ce qui est contraignant ("al-makârih"winking smiley, et le Feu de ce dont on a envie ("ash-shahawât"winking smiley" (Muslim 2823).

Cependant, il n'y a pas, dans la conception musulmane, le fait de percevoir cette exigence et cette privation comme étant l'objectif de ces normes, même si exigence et privation sont inhérentes à certaines d'entre elles par rapport à ce que l'homme pourrait ne pas faire et faire (al-Muwâfaqât, tome 1 pp. 429 et suivantes ; "Wa layssa-l-maqsûd min al-'ibâdât wa-l-awâmir : al-mashaqqata wa-l-kulfata bi-l-qasd il-awwal, wa in waqa'a dhâlika dhimnan wa tab'an fî ba'dhihâ" : Ighâthat ul-lahfân 1/49-50). Les perspectives sont différentes : être l'objectif de et être inhérent à ne constituent pas du tout la même chose...
Et cest bien pourquoi, en islam, le principe premier est l'absence d'obligation tant qu'il n'y a pas un texte des sources (al-barâ'a al-asliyya) et, dans le domaine temporel, l'absence d'interdiction tant qu'il n'y a pas un texte des sources ou un raisonnement fait sur la base d'un principe extrait de ces textes (al-ibâha al-asliyya).
C'est également pourquoi le musulman n'a pas à rechercher la difficulté dans sa pratique de l'islam (al-Muwâfaqât 1/434) ; le Prophète (sur lui la paix) l'a souligné dans plusieurs hadîths : "La religion est facilité. Et nul ne cherchera la dureté par rapport à la religion sans qu'elle ne le domine. Optez donc pour la droiture, rapprochez-vous et recevez la bonne nouvelle. Et aidez-vous de (moments) le matin, en soirée et quelque peu la nuit" (Riyâd us-sâlihîn, n° 145) ; "Optez pour la droiture, rapprochez-vous, allez le matin, en soirée et quelque peu la nuit ; choisissez la modération, choisissez la modération, et vous atteindrez le but" (Idem).
C'est enfin pourquoi nous percevons ces interdits et obligations comme ayant un objectif précis (autre que l'exigence et la privation). Nous allons le voir ci-après...

Le fait que l'homme soit sujet de la part de Dieu à cet ensemble de normes se dit : "taklîf", qui s'applique à l'homme parce qu'il est doué de raison et donc capable de choisir. Par le biais de la taklîf, Dieu met l'homme à l'épreuve de la vie terrestre : Il veut voir si l'homme d'une part reconnaît Son existence et ne divinise que Lui, et d'autre part s'il agit et se comporte sur terre conformément aux normes qu'Il a communiquées.

C'est la dimension d'obéissance à Dieu. Or ici il faut noter deux choses.

# La première est que l'homme n'est pas dans un rapport d'obéissance mécanique à Dieu qui lui ordonnerait et lui interdirait à la seule fin de le mettre à l'épreuve ("lâ" ... "li mujarrad il-ibtilâ' wa-l-imtihân" : Ighâthat ul-lahfân 1/49) ; ou à la seule fin de pouvoir rétribuer ses actes dans l'au-delà, le bien par des récompenses, le mal par la menace d'une sanction" ("lâ" ... "li mujarrad it-ta'wîdh"winking smiley. L'obéissance aux normes édictées par Dieu se fait non pas seulement parce qu'Il est celui qui décrète (hâkim) mais aussi et surtout parce qu'Il est Celui que l'on aime : si l'homme est dans un rapport de servitude avec Dieu, Auquel il obéit parce qu'il est Son serviteur, il est aussi et surtout dans un rapport d'amour avec Lui, et s'il se conforme aux normes communiquées par Dieu, c'est aussi parce qu'il cherche à faire ce qui plaît à son Créateur et Pourvoyeur et à s'éloigner de ce qui Lui déplaît (cf. al-'Ubûdiyya, Ibn Taymiyya, pp. 33-34) ("'ibâdatuhû wa ma'rifatuhû wa tawhîduhû wa shuk'ruhû : qurratu 'ayn il-insân wa afdhalu ladhdhatin lir-rûh wa-l-qalb il-hayyân" : Ighâthat ul-lahfân 1/49 ; "Fa awâmiruhû sub'hânahû wa haqquhu-l-ladhî awjabahû 'alâ 'ibâdihî, wa sharâ'ï'uhu-l-latî shara'ahâ lahum, hiya qurrat ul-'uyûn wa ladhdhat ul-qulûb wa na'îm ul-arwâh wa surûruhâ" : Ibid. 1/50).

# La seconde chose qu'il est important de noter ici est que le fait de percevoir le code normatif d'origine divine sous l'angle de l'obéissance à Dieu (par la volonté de Lui plaire et la crainte de Lui déplaire, comme nous venons de le dire), ce n'est là qu'une perception de la taklîf, faite selon un angle particulier seulement. Car selon une autre perception, tout aussi présente dans les sources de l'islam, la taklîf a, simultanément, un ensemble d'objectifs. (Car il est possible de dire des normes instituées par Dieu qu'elles ont un objectif.).
Quels sont les objectifs globaux de ces normes ? Eduquer l'âme de l'homme, sur le plan spirituel comme sur le plan moral ("riyâdhat un-nafs wa tah'dhîbuhâ" : Ighâthat ul-lahfân 1/49), préserver chez lui les différentes facettes de sa personnalité, et donner naissance à une société humaine régie par les meilleures normes qui soient (al-Muwâfaqât, 1/429, 469) ("wa bihâ sa'âdatuhâ wa falâhuhâ wa kamâluhâ fî ma'âshihâ wa ma'âdihâ" : Ighâthat ul-lahfân 1/50).
Chaque impératif et chaque limite fixés par Dieu pour l'homme ont ainsi un objectif (maqsad), et cherchent à élever l'âme de l'homme et à protéger quelque chose chez lui : soit sa spiritualité par rapport aux possibles excès de sa corporalité, soit sa vie par rapport aux atteintes que les autres individus pourraient porter à celle-ci, soit sa santé mentale par rapport à ce qu'il pourrait consommer qui altérerait celle-ci, soit le cadre familial et / ou le cadre social par rapport aux tentations individualistes, etc. Cliquez ici pour découvrir quels sont les objectifs supérieurs des enseignements de l'islam.

En fait ces deux perceptions du cadre normatif sont liées :
– c'est parce qu'on a foi en Dieu qu'on cherche à se conformer à ce qu'Il a édicté pour soi, par crainte et par amour pour Lui ; par fidélité envers Lui (fidélité se disait "foi" autrefois, comme dans l'expression "la foi conjugale"winking smiley ;
– mais la foi sous-entend aussi la confiance, c'en est également un des sens étymologiques ("Ne t'en fais pas, j'ai foi en toi"winking smiley : le fait de se conformer à ce qu'Il veut de soi se fait donc aussi parce qu'on a confiance en Lui, parce qu'on a confiance qu'Il veut le bien pour soi.

7) L'objectif de ces normes est de montrer à l'homme la voie pour qu'il puisse vivre une vie d'harmonie et de plénitude, en lui faisant accéder à un état où tous ses composants se retrouvent équilibrés (al-Muwâfaqât 1/463, 469).

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).
s
16 mai 2006 09:43
p
16 juin 2006 12:53
salam

suite relative au sujet


En islam, un travail sur soi-même, sur sa famille ou sur ses frères et sœurs musulmans ne doit pas être constitué du simple fait d'édicter un grand nombre d'obligations et d'interdits. La révélation a, au contraire, choisi la voie de la formation des cœurs, de l'éducation, du pragmatisme et de la patience, et c'est cette voie qu'il nous faut suivre, aujourd'hui encore, pour vivre l'islam.

Aïcha, épouse du Prophète (sur lui la paix), raconte ainsi : "Parmi les premiers passages coraniques à avoir été révélés se trouve une sourate parmi les sourates mufassal, dans laquelle il est question du Paradis et de l'Enfer. C'est ensuite, lorsque les hommes furent retournés à l'islam, que le licite et l'illicite furent révélés. Si dès le début Dieu avait révélé : "Ne buvez plus d'alcool", les hommes auraient dit : "Nous ne le délaisserons jamais !". Si dès le début Dieu avait révélé : "Ne commettez plus l'adultère !", les hommes auraient dit : "Nous ne la délaisserons jamais !"…" (rapporté par Al-Bukhârî, n° 4707). Jundub ibn Abdillâh raconte lui aussi la même expérience, vécue en la compagnie du Prophète : "Nous étions, jeunes hommes, auprès du Prophète. Nous apprîmes la foi avant d'apprendre le Coran [= les lois coraniques]. Puis nous apprîmes le Coran, ce qui fit augmenter notre foi" (rapporté par Ibn Mâja, n° 61).

Ce n'est qu'après un profond travail sur les cœurs que la révélation s'est mise à édicter obligations et interdits. Et même ici, elle a encore choisi la voie du pragmatisme. Le texte coranique témoigne ainsi, aujourd'hui encore, de la patiente progression et de la pédagogie qui furent les siennes dans la mise en place de l'interdiction : l'exemple bien connu de la législation relative à l'alcool l'illustre parfaitement, puisqu'il montre une progression s'étendant sur une période de nombreuses années et comportant plusieurs étapes intermédiaires avant l'interdiction complète, survenue seulement en l'an 8 de l'hégire (Fat'h ul-bârî, tome 8 p. 353), soit quelques... 18 années après le début de la prédication publique du Prophète. Et lorsque cette interdiction complète fut révélée, les musulmans étaient prêts à accueillir celle-ci au point que Anas ibn Mâlik raconte : "J'étais en train de verser à boire chez Abû Tal'ha, et à l'époque l'alcool que les gens buvaient était un alcool de datte. Le Prophète dépêcha une personne pour annoncer : "L'alcool a été interdit". (En entendant cela,) Abû Tal'ha me dit : "Va verser l'alcool dehors". Je sortis le faire et il coula dans les ruelles de Médine…" (Bukhârî 2332, Muslim 1980). Les cœurs ayant été formés, une législation de ce genre ne pouvait en effet qu'être bien accueillie.

Aujourd'hui encore, il faut donc, d'une part, ne pas oublier le travail primordial sur la profondeur et l'intensité de la foi, et, d'autre part, comprendre les priorités (awlawiyya) par rapport à la situation d'un lieu donné, à un moment donné, pour rappeler graduellement obligations (wâjibât) et limites (manhiyyât).


Une objection formulée par certains frères et sœurs :

On entend parfois objecter à cela que cette progressivité était possible à l'époque où la révélation, elle-même graduelle, se faisait au Prophète (sur lui la paix), mais qu'aujourd'hui, l'ensemble des préceptes (et donc les obligations et les interdictions) ayant été donné et la révélation ne se faisant plus, nul ne peut plus déclarer permis ce que Dieu a déjà interdit.

En fait la réalité est plus nuancée :
– déjà il est des obligations et interdits dont l'applicabilité même dépend du contexte dans lequel les musulmans vivent, en correspondance étroite avec les différentes situations (dawr makkî / dawr habashî / dawr madanî) que le Prophète et/ou ses Compagnons ont connues (lire à ce sujet notre article Comprendre les différences de situation) ;
– ensuite, s'il est certain qu'il est d'autres obligations et interdits qui sont aujourd'hui applicables même s'ils ont été révélés vers la fin de la mission du Prophète, ce qu'il faut comprendre c'est que personne ne remet en cause leur applicabilité : c'est seulement respecter la progressivité dans l'appel et le rappel (da'wa) de ces règles dont il s'agit...


La progressivité dans le rappel des règles :

C'est bien là ce que le Prophète (sur lui la paix) avait enseigné à Mu'âdh quand il l'avait envoyé au Yémen : il l'avait fait vers la fin de sa mission, quand la plupart des obligations et des interdictions de l'islam étaient déjà révélées ; et pourtant il lui avait bien recommandé d'être progressif lorsqu'il informerait ceux qui se convertiraient à l'islam des obligations leur incombant ; il lui avait dit : "Tu vas te rendre auprès de Gens du Livre. Que la première chose à laquelle tu les invites soit l'adoration de Dieu. Lorsqu'ils connaîtront Dieu, informe-les que Dieu a rendu obligatoires cinq prières dans la journée et la nuit. Lorsqu'ils feront cela, informe-les que Dieu a rendu obligatoire sur eux une aumône qui sera prise de leurs riches et donnée à leurs pauvres…" (rapporté par Al-Bukhârî n° 1425, Muslim n° 19, etc.). An-Nawawî écrit en commentaire : "...Le Prophète (sur lui la paix) a enseigné une progression dans l'invitation, commençant par le plus important, et ainsi de suite. Ne vois-tu pas qu'il a parlé d'abord de la prière puis de l'aumône, alors que personne n'a jamais dit qu'(après l'acceptation de l'islam) la prière devenait obligatoire mais non pas l'aumône ?" (Shar'h Muslim, tome 1 p. 198).

Au mois de ramadan de l'an 9 de l'hégire, une délégation de la tribu Thaqîf, qui avait auparavant combattu les musulmans, se rendit à Médine rencontrer le Prophète et embrasser l'islam. Parmi les choses qu'ils demandèrent au Prophète, il y avait que pendant trois années encore on ne fasse rien à leur temple dédié à leur idole al-Lât. Le Prophète refusa. Ils demandèrent qu'on le leur laisse deux années encore. Le Prophète refusa. Ils demandèrent une année. Le Prophète refusa. Ils finirent par demander qu'on le leur laisse un mois. Le Prophète refusa de s'engager à le laisser subsister pendant un laps de temps défini ("abâ 'alayhim an yada'ahâ shay'an mussamman"winking smiley. Ils demandèrent que ce ne soit pas eux qui soient chargés de briser leurs idoles et qu'ils n'accomplissent pas les cinq prières quotidiennes. Le Prophète répondit : "Pour ce qui est du fait de briser vos idoles par vos mains mêmes, nous vous en déchargerons. (Mais) pour ce qui est de la prière : il n'y a pas de bien dans une religion dans laquelle il n'y a pas de prière" (Zâd ul-ma'âd 3/498-500). Ils demandèrent aussi qu'ils ne remettent pas d'aumône [= zakâte] et qu'ils ne mènent pas de lutte armée contre l'ennemi. Jâbir rapporte que "le Prophète dit après cela : "Bientôt ils donneront l'aumône et participeront à la lutte lorsqu'ils seront devenus musulmans"" (rapporté par Abû Dâoûd, n° 3025). Voyez : le Prophète refusa de s'engager à ce que le temple idolâtre ne soit pas démoli immédiatement (c'était une nécessité pour l'Arabie ou pour le Hedjaz : cliquez ici pour lire notre article à ce sujet) ; de même, le Prophète refusa qu'ils ne se mettent pas à prier immédiatement après leur conversion à l'islam : "Il n'y a pas de bien dans une religion dans laquelle il n'y a pas de prière" leur dit-il. Mais pour ce qui est de démolir le temple et de briser leurs idoles, le Prophète accepta que ce ne soit pas eux qui le fassent, et il dépêcha deux Compagnons chez eux pour le faire à leur place ; de plus, le Prophète ne dit rien quand ils dirent qu'ils ne donneraient pas l'aumône obligatoire (la zakâte) et ne participeraient pas au service militaire : ce n'est pas que le Prophète releva d'eux le caractère obligatoire de ces deux actes (puisqu'un acte obligatoire doit nécessairement être considéré obligatoire, cela relève de la croyance même) ; c'est qu'il savait qu'il s'agissait pour eux de progresser dans leur pratique de l'islam, selon le degré de priorité des actes, et qu'au bout d'un certain temps de pratique des actes prioritaires (notamment la prière), ils progresseraient et viendraient à la pratique des autres actes obligatoires : "Bientôt ils donneront l'aumône et participeront à la lutte lorsqu'ils seront devenus musulmans."

Lorsqu'il avait envoyé Mu'âdh ainsi que Abû Mûssâ au Yémen, le Prophète leur avait également recommandé ceci : "Rendez facile et non difficile. Donnez la bonne nouvelle et ne faites pas fuir". An-Nawawî écrit en commentaire : "Ce Hadîth ordonne de donner la bonne nouvelle de la grâce de Dieu et de Sa grande Miséricorde, et interdit de faire fuir en ne mentionnant que les menaces de châtiment sans mentionner avec celles-ci les bonnes nouvelles. Ce Hadîth enseigne d'être doux avec ceux qui se sont récemment convertis, de même qu'avec ceux qui sont enfants et adolescents, de même qu'avec ceux qui se sont repentis : il faut être doux avec eux et leur communiquer progressivement les actes de dévotion. Les enseignements de l'islam ont été révélés progressivement. Si on rend les choses faciles pour celui qui entre dans la dévotion ou qui veut y entrer, elles seront faciles pour lui, et le plus souvent il progressera et augmentera. Mais si on rend ces choses difficiles pour lui, il ne se mettra pas à les pratiquer ; et s'il les pratique, il ne le fera pas longtemps ou ne les appréciera pas" (Shar'h Muslim, tome 12 p. 41). Car il faut comprendre qu'un homme ou un groupe d'hommes qui étaient jusqu'à présent éloignés de la religion ont besoin d'une certaine progressivité pour se mettre à pratiquer tout ce qui est obligatoire sur eux. Il faut être patient avec eux, tout en rappelant la nécessaire constance dans la pratique.

Aujourd'hui encore, il faut donc respecter la progressivité dans le rappel des règles. Et il faut savoir à ce sujet qu'en islam les croyances et la spiritualité sont fondatrices par rapport aux actes ; parmi les actes, ce qui est obligatoire est prioritaire par rapport à ce qui est facultatif ; se préserver de ce qui constitue une grande faute morale (kabîra) est prioritaire par rapport à arrêter ce qui constitue une petite faute morale (saghîra) ; obligation ou interdiction, un acte qui fait l'objet d'un consensus (mujma' 'alayh) doit être considéré prioritairement par rapport à un acte qui fait depuis les premiers temps de l'Islam l'objet d'une divergence d'avis entre les savants (mukhtalaf fîh).


La progressivité dans l'application concrète de celles des règles qui sont applicables dans le milieu où l'on vit :

Par rapport aux pays musulmans, il faut également respecter la progressivité dans l'application des règles. Un jour, Abd ul-Malik demanda à son père, Omar ibn Abd il-Azîz, le calife omeyyade célèbre pour sa justice et sa droiture : "Père, pourquoi n'appliques-tu pas [toutes] les choses ? Je ne me soucie pas que nous ayons à supporter des difficultés à cause de la vérité". Le sage Omar répondit : "Ne te presse pas, mon fils. Dieu a dans le Coran fait la critique de l'alcool deux fois et l'a interdit la troisième fois. Je crains que si j'applique brutalement aux gens tout ce qui est vrai, ils délaissent ensuite tout ce qui est vrai ; ce serait alors cause d'épreuve" (Al-Muwâfaqât, ash-Shâtibî, volume 1 p. 402). Voyez : l'alcool a été interdit en l'an 8 de l'hégire et cette interdiction est complète et définitive, applicable pour tout musulman et musulmane quel que soit le lieu qu'il ou elle se trouve ; Omar ibn Abd il-Azîz parle bien, pourtant, de progressivité dans le fait de faire respecter sur la scène publique cette interdiction, par la société musulmane du début du 2ème siècle. Du début du 2ème siècle de l'hégire ! Aujourd'hui, en ce 15ème siècle de l'hégire, comment ne pas être pragmatique et ne pas tenir compte, avec les normes, de l'état des lieux ? Ibn Qayyim écrit : "L'idéal (al-wâjib) est une chose et le réel (al-wâqi') est une chose. Le (bon) juriste est celui qui fait le lien entre idéal et réel et applique l'idéal en fonction des possibilités. Ce n'est pas celui qui provoque l'inimitié entre idéal et réel" (A'lâm ul-muwaqqi'în, tome 4 p. 169).

Il ne s'agit pas de devenir paresseux et, au nom de la progressivité, se donner bonne conscience en remettant tout à des lendemains toujours plus lointains ; il s'agit concrètement de déterminer ce qui est applicable dans le contexte où l'on vit, puis de faire de la situation une fine analyse qui nous permette de :
– fixer les objectifs qui sont nôtres dans ce contexte (tahdîd ul-maqâssid),
– penser les moyens devant en permettre la réalisation (tahdîd ul-wassâ'ïl),
– enfin, déterminer les étapes devant rendre possible bi idhnillâh la concrétisation de ces moyens(tahdîd ul-marâhil) en fonction des priorités (fahm ul-awlawiyya) (lire à ce sujet As-siyâssa ash-shar'iyya fî dhaw'i nussûs ish-sharî'ah wa maqâssidihâ, pp. 298-307).


Récapitulatif

Il faut comprendre les priorités dans le travail sur soi-même, sur le terrain, sur ses frères et sœurs. Sinon le risque est grand de faire des "islamisations de surface, creuses et vides à l'intérieur".

Malheureusement, combien d'entre nous commencent aujourd'hui par ce qui devrait normalement être rappelé ou appliqué à la fin ! Pourtant le seul rappel ou la seule promulgation d'une règle ne change pas les hommes tant qu'elle n'est pas précédée et accompagnée d'une réforme des mentalités et des cœurs. L'échec de la tentative de prohibition de l'alcool aux Etats-Unis au début du XXème siècle le prouve. A comparer avec l'interdiction de l'alcool faite en Arabie au VIIème siècle sous la direction du Dernier des Messagers de Dieu, Muhammad (sur lui la paix) : ici l'interdiction fut non seulement réalisée de façon graduelle mais fut aussi et surtout précédée et accompagnée d'une profonde réforme spirituelle et morale.

Il faut donc, d'une part, graduellement rappeler les normes et les règles. Et il faut aussi et surtout, d'autre part, ne pas oublier le travail sur l'intensité de la foi : renforcer son lien avec Dieu, intensifier pour Lui l'amour et la crainte révérentielle dont tout croyant porte une parcelle dans les profondeurs de son cœur. Il faut commencer par le commencement, par là où a commencé le Coran, parler des rétributions de l'au-delà, évoquées dans le Coran et la Sunna… Alors nous pourrons inshâ Allâh vivre nous aussi ce que Jundub a raconté : apprendre la foi et apprendre les normes, la foi préparant le terrain pour l'acceptation des normes, et la connaissance des normes faisant augmenter la foi.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

[www.maison-islam.com]
s
16 juin 2006 17:30
barakaAllah o fik Patience
s
19 juin 2006 12:27
s
10 juillet 2006 15:08
s
21 juillet 2006 15:55
-
13 août 2006 20:08
s
13 août 2006 21:57
salam aleycoum SNIRT ET PATIENTE

quel plaisir de vous lire!
franchement, je suis reconfortee et ravie!
vous mettez dieu en avant et dieu seulement,
l'interet de la foi, la vocation de la foi, et surtout , les dangers de l'extremismes dont justement, comme dit, dieu a horreur, et se rapprocher de dieu, c'est ne pas aimer ce que dieu n'aime pas!


verset "je n'adorerez pas ce que vous adorerez, vous n'adorerez pas ce que j'adorerez, je n'adorerates pas ce que vous adorates, et vous n'adorerates pas ce que j'adorates, A VOUS VOTRE RELIGION A MOI MA RELIGION"
ainsi, dieu laisse le libre arbitre a chacun et en paix, et cela veut dire aussi en franc parle"faire son choix librement"
merci et merci encore, que dieu vous benisse
tres sinceremetn
salam
XCXXXXXXX
-
21 août 2006 22:38
S
8 avril 2013 07:02
Bjr,
Un grand UP de 7ans juste pour dire que n'importe quel religion que ça soit Musulman, Bouddhiste, Chrétien ou quoi que se soit d'autre ne DOIT JAMAIS ET AU GRAND JAMAIS OBLIGER DES GENS À SUIVRE LEUR RELIGION.

Par exemple un Musulman qui va dans un pays OCCIDENTAUX ne doit pas être obligé de suivre leur traditions religieuse et PAREIL pour un occidentaux ( CHRÉTIEN OU AUTRE ) dans un pays PROCHE ORIENTAUX ne DOIT JAMAIS ET AU GRAND JAMAIS ÊTRE OBLIGÉ À SUIVRE LA RELIGION MUSULMAN
 
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