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Au Niger, le président Mamadou Tandja s'offre un bail illimité à la tête de...
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21 octobre 2009 12:29
Au Niger, le président Mamadou Tandja s'offre un bail illimité à la tête de l'Etat

La cause vacillante de la démocratie en Afrique n'avait pas besoin de cela. A peine plus de six mois après avoir promis publiquement, à Niamey devant Nicolas Sarkozy, de quitter le pouvoir "la tête haute" en vertu de la Constitution, le président du Niger, Mamadou Tandja, a achevé, mardi 20 octobre, la mise à sac des institutions de son pays qui fait de lui un président omnipotent, à vie s'il le désire.

Les élections législatives organisées mardi étaient en effet destinées à renouveler les 113 députés du Parlement nigérien que le président avait dissous en mai parce qu'il s'opposait à son projet de réforme constitutionnelle. Dans la foulée, le chef de l'Etat avait convoqué les électeurs par décret pour leur faire entériner, le 4 août, la nouvelle Loi fondamentale qui supprime la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels.

Grâce à ce tour de passe-passe, M. Tandja, au pouvoir depuis dix ans, s'est dispensé de l'élection présidentielle qui devait avoir lieu – sans lui – à la fin de 2009 et s'offre la possibilité d'un bail illimité à la tête de l'Etat. Parallèlement, il a multiplié les arrestations d'opposants politiques et au sein de la société civile.

Même si la participation semble avoir été minime pour ces législatives boycottées par l'opposition, le vote crée l'illusion d'une validation populaire. Mamadou Tandja ne justifie-t-il pas son acharnement par le souhait du peuple de le voir "achever les chantiers de développement" lancés dans le pays ?

Après Madagascar, la Mauritanie et la Guinée, le Niger s'ajoute à l'inquiétante liste des coups d'Etat militaires ou "constitutionnels" qui ont marqué l'année 2009 en Afrique francophone. Sans parler des élections contestées au Congo et au Gabon, ni de celles, retardées depuis cinq ans, en Côte d'Ivoire…

Le scénario en cours au Niger place Paris en première ligne, en raison de l'intérêt stratégique de ce pays pour l'industrie nucléaire française. "A chaque étape de son coup de force constitutionnel, Mamadou Tandja a cherché à mouiller la France", explique au "Monde" Marou Amadou, responsable du Front uni pour la sauvegarde des acquis démocratiques, poursuivi pour "provocation à la désobéissance".

VOLTE-FACE

Après avoir joué les bons élèves de la démocratie devant M. Sarkozy en mars, M. Tandja a saisi l'occasion, en mai, de la pose de la première pierre de la mine d'uranium géante d'Imouraren (Nord) dont la société française Areva a obtenu l'exploitation, pour faire volte-face. Il a alors annoncé son référendum constitutionnel devant Alain Joyandet, secrétaire d'Etat à la coopération, et Anne Lauvergeon, présidente d'Areva.

Paris assure que ses intérêts miniers ne pèsent en rien sur son attitude "puisque le contrat est déjà signé". Mais un haut diplomate reconnaît qu'"il est impossible de couper les ponts avec Tandja". Les opposants, eux, ont du mal à croire en la neutralité française. "Nous n'acceptons pas que la France ferme les yeux sur le vol de notre démocratie, contre le droit d'exploiter l'uranium, déclare M. Amadou. Comment Paris peut-il croire qu'un dictateur est capable d'assurer une stabilité à long terme ?"

Mais, dans la balance, entre la défense des droits de l'homme et celle des intérêts économiques, la Chine, qui a signé un gros contrat pétrolier avec le Niger et exploite déjà l'uranium, pèse en faveur des seconds.

De fait, les pressions internationales destinées à faire renoncer Mamadou Tandja restent modérées et, en tout cas, inefficaces. En juillet, Nicolas Sarkozy avait dénoncé le "dévoiement" de la Constitution. Mardi, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) a "suspendu" le Niger "jusqu'à ce que la légalité constitutionnelle soit rétablie".

Mais, aux yeux de la communauté internationale, les massacres sanglants du 28 septembre à Conakry semblent avoir relativisé la gravité de la dérive politique, jusqu'à présent pacifique, que subissent les Nigériens.

Philippe Bernard

Source
s
21 octobre 2009 23:51
Ah le parfum enivrant du pouvoir !
 
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