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A Nazareth-illit, la population vote Lieberman "pour faire peur aux...
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10 février 2009 10:23
LE MONDE


Bienvenue à "Lieberman City". Pour la troisième fois en trois scrutins, la ville de Nazareth-Illit, dans le nord d'Israël, s'apprête à plébisciter le chef du parti Israel Beitenou (Israël notre maison), le populiste Avigdor Lieberman. Après les législatives de 2006 (34 % des voix), après les municipales de 2008 où ses partisans se sont imposés, ce politicien célèbre pour sa rhétorique anti-Arabes, né en 1958 dans une famille juive russophone de Moldavie, devrait l'emporter haut la main à Nazareth-Illit, mardi 10 février, jour d'élection à la Knesset.

Bâtie en surplomb de la Nazareth arabe, peuplée de 50 000 habitants, dont la moitié issue de l'ex-URSS, la ville est désormais la vitrine du phénomène Lieberman, auquel les sondages promettent jusqu'à vingt députés.

Le local de campagne est situé au premier étage d'un petit centre commercial. Une pièce de vingt mètres carrés tapissée d'affiches à la gloire du candidat Lieberman. Alex Gadalkin, porte-parole local, brandit un tract portant l'inscription "Pas de citoyenneté sans loyauté", le slogan le plus controversé de la campagne. "Il n'est pas normal que des Arabes se permettent de soutenir les ennemis d'Israël comme le Hamas, tout en continuant à toucher des allocations de l'Etat", dit-il.

.Israel Beitenou milite pour la création d'un serment d'allégeance à Israël et pour l'instauration d'un service national obligatoire, notamment pour les Arabes qui sont dispensés du service militaire. Une mesure raciste comme le dit la gauche israélienne ? "Non, la loyauté est une valeur qui ne devrait pas se discuter, plaide M.Gadalkin. On ne veut pas en arriver à la situation de la France, où l'hymne national est sifflé dans les stades de foot. On ne veut plus de ces politiciens qui ont peur. Lieberman, il fait peur aux Arabes. C'est pour cela qu'il nous plaît."

Fondée au milieu des années 1950 par David Ben Gourion, le père de l'Etat, Nazareth-Illit était censé endiguer le développement de Nazareth, la ville mère, pour lui ravir le rang de capitale de la Galilée. Or l'ironie de l'histoire veut que la nouvelle localité, contrairement aux calculs initiaux, soit en voie d'absorption par ses voisins arabes. Faute de pouvoir construire chez eux, ils déménagent dans les quartiers juifs, à tel point qu'ils représentent désormais 20 % de la population municipale.

Un effet boomerang qui ouvre en grand la boîte à fantasmes. "Les jeunes de Nazareth débarquent en voiture pour draguer nos filles", lâche Thomas, 16 ans, dans la cafétéria du centre commercial. Avec des dizaines de camarades de lycée, c'est là qu'il vient, sitôt les cours terminés, distribuer des tracts à la gloire de leur nouveau héros. "Les Arabes nous toisent, ils n'arrêtent pas de nous narguer. Demain, si l'on ne fait rien, ils viendront nous taper. On ne se sent plus chez nous. Heureusement, Lieberman nous rassure."

Quelques boutiques plus loin, Mikhaïl tient un salon de coiffure. La trentaine, arrivé de Biélorussie en 1995, il est l'un de ces juifs russophones qui vénèrent Avigdor Lieberman, l'ancien videur de boîte de nuit, pour ses épaules larges et ses idées simples. Mais pas seulement. A l'inverse des boutefeux d'extrême droite "classiques", dont la haine des Arabes dérive d'un fanatisme religieux, le patron d'Israël Beitenou est un laïc militant. Il propose notamment l'instauration d'un mariage civil. Une idée forcément populaire dans la communauté slave, dont une grande partie n'est pas juive.

"Plein de mes copains ont dû aller à Chypre pour se marier, dit Mikhaïl. Moi je suis juif, mais je ne veux pas d'un mariage religieux et je refuse de prendre l'avion pour épouser ma copine. Du coup, je ne peux pas me marier."

"FINIR LE BOULOT À GAZA"

Au-delà de l'électorat russophone, la hantise des Arabes et l'obsession de l'ennemi de l'intérieur demeurent, à Nazareth-Illit, le ciment du vote Lieberman. Il l'a bien compris. Durant la campagne, il a mis en sourdine ses thèses les plus iconoclastes, notamment celle où il envisage, sous conditions, la création d'un Etat palestinien.

"On a besoin de Lieberman pour finir le boulot à Gaza, lâche Yaffa, 52 ans, la gérante d'un magasin de vêtements pour enfants. Mille trois cents morts [bilan de l'offensive israélienne], ce n'est pas suffisant. Il faut qu'ils sortent tous avec le drapeau blanc."

Pendant la guerre, si les policiers ne s'étaient pas déployés à chaque carrefour, Yaffa ne serait pas sortie de chez elle le soir. Depuis vingt-cinq ans, elle n'a pas mis les pieds à Nazareth. "Trop dangereux", dit-elle. "Les seuls qui y vont ce sont les Russes, les femmes surtout, qui veulent épouser des Arabes." Elle marque une pause puis glisse. "Mais ça, ne l'écrivez pas, sinon les juifs de France ne viendront jamais vivre à Nazareth-illit."


Benjamain Barthe
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11 février 2009 16:28
Israël : victoire inachevée de Tzipi Livni et de Kadima

LE MONDE | 11.02.09 |


Puisque les électeurs israéliens n'ont pu véritablement départager les deux principaux candidats, ce sera désormais au chef de l'Etat, Shimon Pérès, de désigner qui, de Tzipi Livni ou de Benyamin Nétanyahou, aura pour tâche de constituer une coalition et de former le prochain gouvernement en Israël.


Les urnes ont donné un léger avantage à Kadima ("En avant"winking smiley, le parti de centre droit, et à son chef de file, la ministre des affaires étrangères Tzipi Livni, avec 28 sièges à la Knesset (Parlement) sur 120. Un score honorable puisque le parti créé par Ariel Sharon ne perd qu'un député par rapport à l'ancienne législature. Mme Livni, donnée perdante par les sondages pendant très longtemps, a finalement réussi à rattraper et à dépasser sur le fil M. Nétanyahou. Cette victoire est d'autant plus inespérée qu'elle survient alors que le réflexe sécuritaire de la société israélienne jouait en faveur de la droite.

Tzipi Livni était radieuse, mardi soir 10 février, lorsqu'elle a annoncé que "le peuple a choisi Kadima". Celle qui peut prétendre être la deuxième femme à diriger le pays après Golda Meir (1969-1974) a immédiatement offert à son rival de former un gouvernement d'union nationale, rappelant qu'elle avait déjà fait cette proposition avant le scrutin du 10 février, mais que M. Nétanyahou l'avait décliné. Fort des sondages qui le donnaient vainqueur, il avait alors répondu : "Le peuple doit choisir."

"Le peuple a choisi, et il ne reste plus qu'à respecter ce choix, à respecter la décision des urnes", a indiqué Mme Livni. Et d'ajouter : "Je veux dire de façon nette et claire que la terre d'Israël n'appartient pas à la droite comme la paix n'appartient pas à la gauche."

Un point de vue que ne partage pas Benyamin Nétanyahou. Pour "Bibi", comme on le surnomme, "le peuple s'est exprimé clairement, le camp national dirigé par le Likoud enregistre une nette avance". Il revient donc au Likoud de former le prochain gouvernement, même si ce parti n'obtient que 27 sièges contre 12 lors de la précédente législature en 2006.


"VAINCRE LE HAMAS"


M. Nétanyahou estime qu'il est en bien meilleure position que son adversaire puisque le camp de la droite peut réunir une majorité de 65 députés sur 120, alors que Tzipi Livni n'en rassemble que 55. Tout dépendra, en bonne partie, du choix que fera Avigdor Lieberman, l'ultranationaliste d'Israel Beitenou ("Israël, notre maison"winking smiley, qui devient effectivement la troisième force politique du pays avec 15 représentants à la Knesset. Il n'obtient pas cependant les 19 - voire 20 - sièges que lui attribuaient les sondages avant la consultation.

M. Lieberman ne s'est pas prononcé clairement en faveur de Benyamin Nétanyahou, mais il a affirmé : "Nous voulons un gouvernement de droite." Ce qui laisse supposer que son choix se fera en faveur du Likoud, même s'il a ajouté : "Je n'exclus personne. Nous nous battrons pour nos principes, (c'est-à-dire) un Etat juif, sioniste et démocratique". Son premier objectif, a-t-il précisé, sera de "vaincre le Hamas."

Dès que le vote de quelque 175 000 soldats sera pris en compte - ce qui, en principe, ne devrait pas changer fondamentalement les résultats déjà acquis -, il reviendra au chef de l'Etat, Shimon Pérès, conformément à l'usage, de désigner le candidat susceptible de former le prochain gouvernement. Pour ce faire, il va consulter, à partir de la semaine prochaine, tous les dirigeants des formations ayant des représentants à la Knesset avant de faire connaître sa décision. La personne choisie aura 28 jours pour rassembler une majorité et, si elle n'y parvient pas dans le délai imparti, elle disposera à nouveau de 14 jours supplémentaires.

A priori, Benyamin Nétanyahou dispose d'un avantage sur son adversaire, car il pourra disposer assez facilement du soutien d'Israel Beitenou et du parti religieux séfarade Shass (11 députés), avec lequel un accord a manifestement été conclu. Il n'est pas impossible également que les travaillistes d'Ehoud Barak qui, avec 13 parlementaires, essuient le plus grave revers de leur histoire, se joignent à la coalition de droite. Ehoud Barak souhaite en effet rester ministre de la défense, comme le lui aurait promis M. Nétanyahou. Les jeux ne sont pas encore faits, et les tractations ne font que commencer.

Tzipi Livni, désignée à la tête de Kadima au mois de septembre 2008, n'était pas parvenue à former un nouveau gouvernement après la démission du premier ministre Ehoud Olmert, le 21 septembre 2008. Cet échec avait amené Shimon Pérès à convoquer des élections anticipées afin que les citoyens décident. Leur choix n'ayant pas été suffisamment clair, la parole revient une nouvelle fois au chef de l'Etat. Sa décision ne sera pas facile à prendre.



Michel Bôle-Richard
 
Emission spécial MRE
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