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Les musulmans s'inquiètent de la future loi sur la laïcité (LE MONDE)
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5 janvier 2004 18:28

Deux manifestations sont prévues à Paris, les 17 janvier et 7 février, par des associations.

La rapidité avec laquelle le gouvernement souhaite faire adopter un projet de loi interdisant les signes manifestant "ostensiblement l'appartenance religieuse" dans les établissements scolaires suscite des réactions contrastées. Le texte, comportant seulement deux articles, doit en effet être déposé cette semaine au Conseil d'Etat (Le Monde du 2 janvier). Jean-Pierre Raffarin annonce, dans un entretien au quotidien Sud-Ouest du 5 janvier, que le projet de loi sera débattu au Parlement "le plus tôt possible". "Il y aura sans doute au moins une lecture avant les régionales", précise-t-il.

Le premier secrétaire du PS, François Hollande, s'est déclaré, dimanche 4 janvier, partisan d'"un texte clair dans son énoncé" et "simple dans son application". Invité du "Grand jury RTL-Le Monde-LCI", il a dit préférer le mot "visible" à celui d'"ostensible". "Ostensible ? Personne n'y comprend rien. Visible aurait été plus clair. Je suis pour que tous les signes religieux visibles soient proscrits de l'enceinte scolaire", a développé M. Hollande. Il a en outre annoncé que les députés PS proposeraient par amendement un deuxième article prévoyant "la recherche de la médiation, de la concertation avant toute décision d'exclusion d'un élève".

"STIGMATISATION"

Le secrétaire national du PS aux questions de société, Malek Boutih, a estimé, pour sa part, dimanche 4 janvier sur Europe 1, que le ministre de l'intérieur avait "commis une faute en faisant -des- intégristes des interlocuteurs", au sein du Conseil français du culte musulman (CFCM). Il a qualifié l'intellectuel musulman Tariq Ramadan de "petit Le Pen arabe" défendant une "vision totalitaire" et un "intégrisme politique".

Nicolas Sarkozy a rencontré, samedi 3 janvier, les présidents des Conseils régionaux du culte musulman (CRCM) réunis à la Mosquée de Paris. Ceux-ci ont surtout exprimé devant le ministre le mécontentement de leur base : "Tout le monde s'inquiète de nombreux dérapages et de la stigmatisation quotidienne de la religion musulmane, témoigne Mourad Zerfaoui, président du CRCM de Provence-Alpes-Côte d'Azur. Nous sentons une inquiétude et une colère, et notre rôle est de faire remonter les sentiments de la base qui nous a élus."

Néanmoins, le président du CFCM, Dalil Boubakeur, a appelé au calme à l'issue de la rencontre : "Nous pensons que le message d'apaisement, d'assurance, de responsabilité de la communauté musulmane aura été reçu", a-t-il déclaré. M. Boubakeur s'est interrogé par ailleurs sur des "possibilités d'aménagements" au projet de loi, permettant par exemple le port de "quelque chose de symbolique" à la place du voile.

Au ministère de l'intérieur, on se félicite que le CFCM non seulement résiste au "choc" de la loi, mais contribue aussi à apaiser les esprits. On juge aussi qu'il est "normal" qu'un certain mécontentement trouve à s'exprimer.

La contestation continue de s'organiser, en dehors des instances officielles de l'islam de France. Deux manifestations sont prévues à Paris. Un grand rassemblement doit avoir lieu le 17 janvier, à 14 h 30, place de la République. Il est organisé par la même nébuleuse informelle qui est à l'origine de la manifestation du 21 décembre, qui avait rassemblé, à la surprise générale, 3 000 personnes (Le Monde du 23 décembre). La seule association clairement identifiée est le Parti musulman de France (PMF), un groupuscule de Strasbourg dirigé par Mohamed Latrèche.

Le 7 février, c'est une "marche" qui doit avoir lieu devant l'Assemblée nationale, à l'appel d'un collectif d'associations parmi lesquelles le MJD (Mouvement pour la justice et la dignité), le Fares (Face au racisme ensemble et solidaires), la Lidim (Ligue internationale pour la défense de l'islam et des musulmans) et l'UFCN (Union française pour la cohésion nationale)

Par ailleurs, Jeunes musulmans de France (JMF) et Etudiants musulmans de France (EMF), deux associations satellites de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), se sont joint au Collectif des musulmans de France, proche de Tariq Ramadan, pour organiser une "journée nationale de réflexion", le 17 janvier, à Paris, prenant implicitement leur distance avec la manifestation organisée le même jour dans la capitale.

Du côté de l'éducation nationale, Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU, première fédération syndicale d'enseignants, estime que la future loi "ne réglera pas le fond du problème" : "Il n'est pas évident que les termes de la loi répondent aux attentes de ceux qui souhaitent une règle claire", a-t-il déclaré. En revanche, le secrétaire général du principal syndicat de chefs d'établissements (SNPDEN), Philippe Guittet, s'est déclaré satisfait "qu'une loi sorte rapidement" et a souligné que "cela n'empêchera bien évidemment pas le dialogue".

Xavier Ternisien

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 06.01.04

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